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 Révérend Père Meinrad Hebga


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Hebga tel qu’en lui-même

 
1. Enfance en famille. Mon feu père Marc Hebga, né vers 1897, avait été élève au petit séminaire de Buea que la première guerre mondiale fit fermer en 1914. Il poursuivit ses études dans une bonne école, et se vit proposer la fonction de gérant d’une


1. Enfance en famille

Meinrad est un prénom allemand, et signifie Mon conseil : ceux qui ont vécu sous la colonisation allemande donnaient volontiers des prénoms allemands à leurs enfants. Hebga signifie en basaa “ respirez ! ” ou “ reposez-vous ! ”.
Mon feu père Marc Hebga, né vers 1897, avait été élève au petit séminaire de Buea que la première guerre mondiale fit fermer en 1914. Il poursuivit ses études dans une bonne école, et se vit proposer la fonction de gérant d’une boutique. Marc préféra la profession de catéchiste, profession qu’il exerça de 1920 à 1966 date de sa mort. Ma feue mère Xavérie Ngo Nka, née en 1903, modeste ménagère, connut une mort prématurée en 1948, à sa demande, semble-t-il. En effet, un Dimanche elle revint toute rayonnante de la messe et dit à son mari : “ Jésus m’a enfin exaucée : je lui demandais de mourir avant toi, car dans notre pays la vie des veuves est exposée : nul homme ne veut leur rendre service à moins qu’elles ne consentent au péché. ” Elle alla de ce pas réclamer les derniers sacrements, les reçut et ne tarda pas à rendre l’âme. Mes parents eurent 10 enfants : 3 garçons et 7 filles. Je fus le cinquième à voir le jour. Plusieurs moururent en bas âge.

L’aînée de tous, Thérèse, ancienne novice épousa un ancien séminariste. La benjamine, Xavérie Ngo Hebga est aujourd’hui grand-mère. Mon frère cadet, Joseph Hebga fut remercié du petit séminaire d’Akono à son très grand regret. Il fit ensuite de brillantes études d’économie politique en Allemagne, et enseigna cette discipline à l’université de Cologne, puis à Lovanium (Congo Démocratique, appelé à l’époque Zaïre). Depuis lors il a fait carrière comme haut fonctionnaire des Nations Unies à l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel), à Vienne.

Aujourd’hui veuf et retraité, il veille sur les études secondaires de ses deux fils. Quant aux filles, leurs aînées, elles ont fait leurs études universitaires, respectivement en France et aux USA. J’ai vécu dans ma famille jusqu’à l’âge de 10 ans. J’étais très attaché à ma mère qui m’aimait bien ; son premier fils était mort à l’âge de deux ans. Elle ne me donna jamais de correction physique, mais ses paroles sévères, quand j’étais en faute, me faisaient pleurer. Elle trouvait que je préférais le jeu à l’étude. Ma mère me sauva la vie une fois quand j’avais trois ans : on se baignait à Edéa, dans la Sanaga lorsque le courant m’entraîna. Ma mère nagea et me ramena sur la rive. Mon père était sévère pour lui-même et pour nous. La prière était une institution sous son toit. Lui-même passait de longues heures devant le tabernacle, en contemplation, le visage rayonnant. Souvent il m’emmenait avec lui, et lorsque je somnolais (j’avais à peine 5 ou 6 ans), il me réveillait d’une petite taloche. Nous faisions partie d’une demi-douzaine de confréries dont la Confrérie Réparatrice qui nous obligeait à l’Heure Sainte le Jeudi précédant le Premier Vendredi du mois, et nous jeûnions jusqu’au repas du soir .Mon père m’emmenait très souvent visiter les malades à l’hôpital. Il en logeait l’un ou l’autre à la maison. Un jour l’un de ces malheureux se plaignit que sa défunte épouse venait la nuit lui brûler les pieds. Mon père m’ordonna un soir de rester auprès de cet homme, parce que, disait-il, les démons ont peur des enfants ! Cela n’était guère du goût de ma mère. Ceux qui n’avaient pas retenu au moins une phrase du sermon dominical étaient privés de repas. L’indiscipline, les mauvais bulletins scolaires, la paresse dans les travaux manuels étaient passibles d’une bastonnade sévère. Plus tard, dans les années 50, étant séminariste étudiant à la Grégorienne, je rendis visite à Limburg (Allemagne) au P. Pallotin qui avait béni le mariage de mes parents. Il me dit que ce furent des chrétiens très fervents et même des saints.
En général frères et soeurs s’entendaient bien. Mon aînée Marie, qui me faisait des répétions à la maison, trouvait que j’étais lent à apprendre l’écriture. Elle me sermonnait puis me livrait à la férule paternelle. Odile, ma cadette de deux ans, qui avait été refusée au noviciat pour raison de santé, était fort intelligente et m’était très liée.

Lorsqu’elle mourut à Edéa en 1949, je me trouvais au Séminaire Français de Rome. J’entendis distinctement sa voix m’appelant de mon petit nom : Man ! je sus plus tard que c’est à cet instant même 294 qu’elle venait d’expirer. Mon frère Joseph, garçon fort doué, était, ce me semble plus espiègle que moi. Il faut dire que de dix ans mon cadet, il ne m’a connu que comme élève de Troisième venu d’Akono, pour quelques jours de congé à Edéa. Il redoutait mes invectives.

Dans les familles de la Mission catholique d’Edéa, la séparation des sexes avait un relent de puritanisme : la corvée d’eau, les jeux n’étaient jamais mixtes. Frère et soeur n’étaient pas autorisés à s’asseoir sur un même banc ! J’observerai que c’est moi, premier recteur camerounais du collège Libermann qui introduisit la mixité dans cette école, les mentalités ayant considérablement évolué. Ce fut dans les années 70.

Je me souviens qu’à l’âge de 8 ou 9 ans, je me plus à placer un petit autel en bambou sur le mur de pisé, au dessus de mon lit. J’y mimais la célébration de la messe, ayant pour calice mon petit gobelet, pour hosties des rondelles de banane très minces, pour vin de messe un peu de limonade. Mon minuscule tabernacle était une boîte d’allumettes placée verticalement la surface plate me regardant. Je fis une fente sur toute la longueur du coin gauche et dégageai ainsi un battant de porte. Ma soeur aînée, ainsi que les cadettes jouèrent le jeu : elles venaient assister à ma messe, et recevoir la communion.

A la Mission catholique d’Edéa, les enfants de catéchistes formèrent spontanément un groupe de camaraderie et d’amitié. Nous recevions sensiblement la même éducation scolaire et religieuse, et c’est parmi nous que les prêtres recrutaient le plus souvent servants de messe et garçons de chambre. Et comme nous étions en même temps des adeptes fervents de la balle au pied, il se créa entre nous bien des affinités. Mes meilleurs amis furent Jean Bisohon, Jean-Paul Aoué , Jean Mbassi. Le premier mourut dans la première adolescence, le second à la veille de son sous-diaconat en 1956. Quant au troisième, je l’ai rencontré deux ou trois fois dans la vie. J’ignore s’il est toujours vivant. C’est pourtant à lui que je m’attachai le plus, car il avait un caractère sociable et doux.

J’ai fait mes études primaires dans l’école de notre Mission, de 1934 à 1938. Je dois dire que les conditions de travail n’étaient pas des plus favorables. La plupart des élèves habitaient très loin de l’école, et devaient faire 5 à 7 kilomètres à pied pour y accéder. Pendant la saison des pluies nous nous abritions sous des feuilles de bananier ou de macabo. De plus, les missionnaires d’une part, et les instituteurs (nous disions moniteurs) d’autre part nous accablaient de travaux manuels. Si bien qu’un petit malin définissait ainsi la récréation : “ un 295 petit moment où les élèves portent des briques. ” Je sautai une ou deux classes et me trouvai candidat au CEPE dès le cours moyen 1ere année.

La première communion et le sacrement de confirmation reçus le même jour, à 7 ans me marquèrent beaucoup. Je me souviens d’avoir vu en songe, la nuit suivante, le Jésus de mon livre de prière déposant une hostie sur ma langue. Un autre épisode important est la maladie qui me frappa à 9 ans. Je souffrais du genou droit. Le médecin désespérant de me guérir, ma mère suggéra que l’on m’administrât l’extrême onction comme l’on disait alors. Je pense maintenant qu’il s’agissait peut-être d’un cancer de l’os ! J’étais plutôt effrayé. Au lieu du prêtre redouté vint une religieuse spiritaine alsacienne qui parlait souvent allemand avec mon père, Soeur Gertrude frotta mon genou malade avec un peu d’eau de Lourdes, et me mit au cou une médaille miraculeuse. Le lendemain matin, j’étais complètement guéri.

J’exprimai alors le désir d’aller à Lourdes pour remercier la Vierge. Ma mère partit d’un grand éclat de rire : la famille n’avait même pas de quoi se payer un voyage à Douala ou à Yaoundé, et moi je parlais d’aller en France ! Je pense que ma dévotion à la Vierge Immaculée date de cette époque. Plus tard, élève du Séminaire Français de Rome, je fis le pèlerinage de Lourdes et servis comme brancardier pendant une semaine. Je fus le témoin oculaire de la guérison subite d’un paralytique italien au moment où un archevêque allemand le bénissait avec l’ostensoir. C’est à cette occasion qu’un médecin juif du Bureau des Constatations, un scientifique agnostique et même athée, m’avoua qu’il était intrigué par le cas d’un adolescent qui avait recouvré la vue dans la fameuse piscine, mais pas la restauration de ses rétines : “ Ce garçon n’a pas le droit de voir, dit-il, il n’a pas l’organe ! ” J’ai observé plus tard, que les événements importants de ma vie avaient quelque relation avec la Vierge Marie : je suis entré au pré-séminaire d’Edéa le 15 Août 1938. Le Séminaire Français, consacré à L’Immaculée Conception m’accueillit en 1948. Je célébrai ma messe des prémices à Sainte Marie Majeure, le 23 Décembre 1951.
J’ai commencé mes études secondaires à l’internat Saint Tarcisius d’Edéa. J’avais 10 ans en entrant en 7 e , mais quelques-uns de mes camarades en comptaient 15, 17 et même 20. Pour une raison inconnue les mathématiques ne m’aimaient guère, et je leur rendais la pareille. Je me permis même le luxe de sortir major de ma classe avec un total de 40/50, mais seulement 1/10 en calcul. Le Père Directeur ne m’adressa pas de félicitations. Il était d’ailleurs un religieux 296 exemplaire, un travailleur méthodique et acharné, mais un peu raciste sur les bords : il exigea que nous servions à table notre petit camarade français qui était un élève médiocre, parce qu’il était blanc ! J’eus un midi l’imprudence de servir la soupe aux bons Pères avec quelque retard, à cause d’un devoir de latin. Le Supérieur de la Mission me poursuivit alors que je fuyais et me rejoignit au bout d’un couloir. Il me donna un violent coup de pied dans le dos. Sautant trois marches d’escalier j’allai me cogner la tête contre la porte du WC. Je souffris de la colonne vertébrale pendant plus de trois ans ! Ce même missionnaire ne mettait jamais les pieds chez un indigène polygame ou concubinaire, entendez non encore marié à l‘église. Mais il fréquentait les Européens qui couraient les négresses au vu et au su de tout le monde.

Au moment de m’envoyer continuer mes études en 5 e au petit séminaire Saint Joseph d’Akono, il envoya sur moi, au R.P. Kapfer l’appréciation suivante : “ Tête de linotte. Signes plutôt négatifs de vocation. ” Mon nouveau Directeur répétait inlassablement à notre adresse : “ Sales nègres, la seule différence entre vous et les singes c’est que vous savez faire le feu. ”. Les gifles et coups de pied, les bastonnades (25 coups de fouet qu’il appelait twentifive), étaient notre menu fréquent. J’avais le don de l’agacer : quand le médecin me prescrivit des lunettes en 4 e , le Directeur me toisa : “ C’est pour regarder les filles que tu prends des lunettes ! ” La réponse fus : “ Les filles sont visibles à l’oeil nu ! Ce ne sont pas des microbes ! ” Le cycle des études secondaires s’arrêtait à la classe de première, et les spiritains, à dessein, évitaient de nous préparer au baccalauréat, de peur de nous voir abandonner le sacerdoce au profit d’une carrière dans le monde. Pour ma part, c’est en France que je pris ces diplômes, à Quimper notamment, au hasard de mes vacances dans l’hexagone.

A suivre

Pierre Meinrad Hebga

Source: la dialectique de la foi et de la raison. Hommage à pierre Meinrad Hebga, édition terroir, 2007



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