Downloads   Galeries   Forums   Audios   Vidéos   Liens   Livre d´or   Partenaires   Contact   
  Accueil
  Actualité
  Régions/Peuples
  Historique
  Sawanité
  Le Ngondo
  Tourisme
  Littérature
  VIP
  F.A.Q
  Agendas
  Evénements
  Annonces
  Projets
  Communauté



      


Dossiers noirs sur le Cameroun, de Pierre Ela

 
"L`ingérence étrangère a atteint le seuil de l`insupportable dans notre pays (...) Le Cameroun se retrouve dans une situation identique à celle d`avant l`indépendance, où l`ensemble de ses ressources naturelles sont bradées et des projections sont él


Par Rédaction Bonaberi.com (Yann MB.)

Bonaberi.com revient cette semaine sur Dossiers noirs sur le Cameroun, un livre de Pierre ELA, pouvant être assimilé à un pamphlet, particulièrement à charge contre le régime de Paul Biya. Ce livre n’est écrit que par un « ancien homme » fort des services secrets camerounais, qui, ne pouvant visiblement plus supporter les ignominies du régime en place, donne sa démission en 2000 et souhaite par ce biais, partager sa lugubre expérience avec tous ses compatriotes, bien trop longtemps floués par les jeux d’intérêts et les complots au sommet même de l’état.

Sécurité nationale, services secrets, ingérence étrangère et plus particulièrement la souveraineté de l´Etat camerounais sont les principaux thèmes évoqués par Pierre ELA dans ce livre. Ce serait donc uniquement au nom de cette sécurité nationale que cet ancien agent secret de PAUL BIYA a écrit ce livre, prenant soin de préciser dans son introduction que "L´ingérence étrangère a atteint le seuil de l´insupportable dans notre pays (...) Le Cameroun se retrouve dans une situation identique à celle d´avant l´indépendance, où l´ensemble de ses ressources naturelles sont bradées et des projections sont élaborées depuis l´étranger sur le choix de ses dirigeants."

Si les sujets abordés ont toujours été au centre des préoccupations du citoyen camerounais lambda, le livre a le mérite de disséquer différents processus conduisant notamment à la réalisation de coups d´état ou à leurs tentatives, avec pour originalité une description précise, un diagramme, non seulement des faits mais aussi des principaux protagonistes. L’auteur recueille ainsi dans son livre, un certain nombre de témoignages, surtout des personnalités qui ont marqué de leur empreinte, la vie politique et sociale du Cameroun, sous le régime Biya. On peut dénoter des personnalités telles que Paul BIYA, John FRU NDI, François SENGAT KUO, Samuel EBOUA, Cardinal Christian TUMI, Maïgari BELLO BOUBA, Robert MBELLA MBAPPE, William Aurélien ETEKI MBOUMOUA ainsi que la très célèbre Germaine AHIDJO, veuve du premier président du Cameroun.

Au delà des termes d´ordre technique et parfois incompréhensibles pour le commun des mortels, le contenu du livre nous donne une vision beaucoup plus explicite de certains phénomènes politiques et sociaux qui ont jalonné notre pays depuis l´époque d´AHIDJO jusqu’à l’ère de Paul Biya. Sans faire une réelle critique de notre système de défense nationale auquel il a longtemps appartenu (rappelons que Pierre ELA fût commissaire de police en 1984,a passé environ huit ans dans les services secrets camerounais D.S.T. et R.G, il a été, au moment de sa démission en 2000, tour à tour commissaire aux Renseignements Généraux à Douala et chef de la Division Provinciale de la Police Judiciaire du littoral à Douala), il y est faite une analyse sans complaisance, qui, par delà l´évolution politique et stratégique, pose l´épineuse question de l´alternance politique au Cameroun, avec au centre, la dénonciation de l´ingérence française dans de ce grand pays de la sous région d´Afrique centrale.

C´est à travers huit chapitres au total, que l´auteur nous démontre l´impuissance face à laquelle sont confrontés nos services secrets, relevant que cette impuissance est la conséquence logique d´une véritable bataille rangée au sein même des différents services et les successives réformes, qui n’ont pu fournir les effets escomptés.

Dès le départ – l’introduction du livre -, nous pouvons entrevoir la conception que se fait l’auteur, de l’État du Cameroun, ainsi que les enjeux qui l’entourent et les puissances étrangères ayant des vues impérialistes sur notre cher pays. Il y fait référence à Michel ROUSSIN, un personnage qui selon lui, est « l’homme orchestre du vaste programme de rachat, par la France, de nos entreprises publiques et parapubliques à privatiser ». On y dénombre quelques anecdotes concernant des sociétés françaises désirant avoir le contrôle total de secteurs de notre économie. Il explique par exemple, comment après la privatisation de CAMRAIL, le groupe Bolloré « refuse toute collaboration avec la Délégation Générale à la Sûreté nationale » et sollicitera plus tard une augmentation des effectifs des vigiles auprès de la société AFRICA SECURITY, dirigée par Patrick TURPIN, dont le rôle serait prépondérant « lors de la campagne de déstabilisation contre le président Paul BIYA, entre 1988 et 1989 ». Comme pour se défendre d’éventuelles critiques à son encontre – on est toujours très virulent envers les auteurs qui écrivent lorsque leur carrière est derrière eux -, l’auteur nous fend d’une formule justifiant son œuvre : « Il est des moments où le silence et l’inaction peuvent être assimilés à un comportement antinational ou antipatriotique » et c’est tout à son honneur car il a en effet démissionné du poste qui était le sien, à savoir, chef de la Division Provinciale de la Police Judiciaire du Littoral à Douala, en 2000. Il identifie donc ainsi trois choses, qui ont mis en exergue, les failles de notre « sécurité nationale » : l’affaire Sengat KUO, au sein du RDPC en 1990, la démission de John NGU FONCHA du poste de premier vice-président du bureau politique du RDPC et le drame des élections pluralistes de 1992. Il développera ces thèmes plus tard dans le livre. Il ne manquera pas, toujours dans son introduction, de dresser un vif hommage au feu président AHIDJO ainsi que de mettre en lumière ses convictions religieuses en citant de temps à autre la Bible.

L’auteur abordera ensuite – dans le deuxième chapitre du livre, « la sécurité nationale » - la question de la sécurité nationale dans son intégralité, aussi bien en définissant le concept de sécurité nationale, sécurité de l’état, tout en recadrant le contexte dans lequel il a été amené à occuper de hautes fonctions de l’état. Selon lui, la sécurité nationale est une notion englobante. Elle forme un ensemble à plusieurs éléments: la défense nationale, la sécurité de l´Etat, la sécurité des personnes et des biens, la sécurité alimentaire. Ces éléments forment un tout indissociable et il suffit qu´un des éléments soit atteint pour que l´ensemble bascule. Nous apprenons en substance qu´il existe un déséquilibre entre la protection du président et la protection des citoyens, ce qui est tout simplement une entorse à la sécurité nationale. Les crédits qui sont consacrés à la sécurité de l´organe constitutionnel prépondérant dépassent en proportion ceux destinés à l´éducation ou à la santé de millions de camerounais. C’est ainsi qu’il imbrique sur deux évènements découlant du constat précédent : la tentative de putsch d’Avril 1984, menaçant directement la sécurité de l’État et l’agitation sociale des années 1990, s’attaquant, quant à elle, au chef de l’état, politiquement parlant.

Il revient en anecdote, sur un acte de bravoure d’Assira ENGOUTE, président de la Commission nationale des votes en 1992 lors des législatives en mars, qui, au nom de la sécurité nationale, avait refusé de valider les votes, selon lui, scènes d’un certain nombre d’irrégularités. Il s’éleva également aux législatives de 1997, avec les voix qui contestèrent les résultats de ces élections. Il établit un parallèle ensuite entre la situation financière de la CAMAIR sous le règne d’AHIDJO lorsque la compagnie était aux mains de Samuel EBOUA et Oussoufa DAOUDA et sous celui de Paul BIYA. Il lui sera donné l’ordre de sceller les bureaux de la direction général et financière de la CAMAIR en juin 2000. Fleuron de notre économie sous l’ère AHIDJO, en sécession d’activités sous l’ère BIYA, pouvant créer de milliers d’emplois supprimés ? C’est un raccourci que veut bien emprunter l’auteur, qui ne tient ainsi pas compte de la conjecture. C’est selon lui, une illustration de l’atteinte à la « sécurité nationale » en ce que la « sécurité alimentaire » est attaquée. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là : comme pour restaurer la mémoire de feu Ahmadou AHIDJO, il arguera que malgré le contexte politique des années 60 et la recrudescence de la rébellion, le premier président du Cameroun serait parvenu à doter notre état « d’une administration moderne, de former des cadres, et d’orienter notre économie sur les sentiers de la croissance » ce que son prédécesseur semble s’être atteler à détruire. Il en veut pour exemple des routes en bon état « avant » qui ne le sont plus de nos jours. En plus de leur état délabré, on y dénote des pillages excessifs. La population est soumise à l’inflation galopante, à l’insécurité, qu’il tente d’expliquer : « Le phénomène criminel camerounais qui touche en particulier la jeunesse camerounaise, apparaît dans toute sa complexité : il ne saurait être dissocié à l’absence d’une politique rassurante en matière de sécurité alimentaire, en matière de bien-être du citoyen ». Ce sont là, des atteintes selon l’auteur à la sécurité dite des biens et des personnes.

Pierre ELA rentrera ensuite dans le vif du sujet dans le chapitre 2 de son livre qu’il intitule : « Les services de renseignements à l’épreuve des faits », et nous parlera avec précision de son travail. Il prendra d’abord le soin de montrer à quel point Ahmadou AHIDJO était un chef d’état minutieux, prenant parfois le temps de corriger les fautes d’orthographe des collaborateurs lui envoyant des courriers, en opposition à l´absence légendaire de Paul BIYA lors des sollicitations de ses collaborateurs. On apprend par exemple que dès 1986, l’auteur avait remis un rapport au Directeur de la Surveillance de Territoire, faisant mention d’ingérence. La sécurité intérieure était selon lui visée ainsi que son secrétaire d’état Denis EKANI.

L’auteur a également rédigé un rapport après la création de la DST en novembre 1985 et le CENER en février 2006, notamment sur l’absence de collaboration entre ces deux services de défense et de prévention. On se rend compte d’après les textes organiques, que notre DST est une copie conforme de sa sœur française. Et l’instruction présidentielle du 2 février 1986 créant le CENER est apparemment le même que la DST. Il déplore donc par là, la signature du chef de l’état pour la création de ces deux structures, sans la moindre réunion préalable avec des experts. Une désinvolture coupable quand on sait l’importance de telles organisations pour un état afin d’en assurer sa souveraineté. Ce qui sera d’ailleurs l’un des nombreux combats, mené par l’auteur : « rationnaliser nos services de renseignement » car d’après Jean Emile EKO, président de la Surveillance du Territoire, la DST constitue le service de sécurité de l’état, mais lors d’un stage en France, l’auteur apprend de ses homologues français que c’est bien le CENER qui est notre service de sécurité d’état. Il sollicitera d’ailleurs l’intervention du président de la république, au travers divers rapports, par l’intermédiaire de Joseph OWONA, secrétaire général-adjoint à la présidence, afin de rapprocher ces deux structures. Ce qui provoqua la fureur de son supérieur hiérarchique, Denis EKANI, dont l’un des objectifs, était d’asphyxier le CENER. Fureur qu’il comprendra plus tard : « C’est bien plus tard, en mars 1989, que j’aurai la réponse à l’énervement de Denis EKANI. Car, au-delà de cet incident, il y’avait une réalité que le SESI (secrétaire d’État à la Sécurité Intérieure) voulait dissimuler : la déstabilisation contre Paul BIYA commençait à prendre corps, et les services secrets français étaient en pleine phase de recrutement, et d’infiltration au sein du Secrétariat d’État à la sécurité Intérieure ».

Déstabilisation due au fait qu’après le putsch de 1984, Paul BIYA ayant pensé que la France soutenait AHIDJO, aurait décidé d’attribuer la coopération pour la Sureté de l’État à Israël, ce qui ne fut pas pour plaire à la France. Pierre ELA sera verra d’ailleurs infliger une sanction pour ‘violation de la voie hiérarchique et divulgation du secret professionnel’. Ce qui n’empêchera pas, sur haute instruction du chef de l’état, d’une réunion à la présidence de la république, avec pour acteurs : Samuel MISSOMBA, le directeur général du CENER, Pierre MINLO MEDJO, directeur de la Sécurité présidentielle, Ambassa EYILI, le conseiller technique numéro 1 du SESI, Jean Emile EKO, directeur de la Surveillance du Territoire, deux experts israéliens et Denis EKANI qui présidait la séance, dans le but d’uniformiser ces structures. Visiblement Denis EKANI usa de tout son pouvoir pour que l’harmonisation entre le CENER et la DST n’ait pas lieu. Ce qui a bien évidemment conduit à une succession d’évènements, évitables, si nous étions dotés au sommet de l’État, d’appareils cohérents : « double assassinat de NGONGO OTTOU et de l’abbé MBASSI en 1988, tentative de complot contre Paul BIYA au premier trimestre de l’année 1989, troubles graves à l’ordre public en 1990/1991».

L’auteur reviendra plus en détail sur ces évènements en pointant l’État français comme unique et seul coupable dans le chapitre 3, intitulé « le complot français ». La révolte universitaire du 5 décembre 1987 en serait une parfaite illustration : rapidité d’exécution, organisation parfaite, violence et propos haineux à l’endroit de la première dame de la part des étudiants, sont autant de signes traduisant une « subversion maligne ». Un diplomate en service à l’ambassade de France à Yaoundé quittera d’ailleurs le pays ce jour là. Nos services secrets avaient bien évidemment été pris de court par ces évènements, qui n’ont été anticipés en aucun point. L’auteur va plus loin en affirmant que Denis EKANI était bien le point d’infiltration des services secrets français, à qui il vouait, une inestimable confiance. Ils lui auraient fait comprendre les dangers « de confier l’ensemble de ses services de sécurité et de renseignements au contrôle stratégique d’un seul pays », en faisant référence à l’État hébreu. Il dénombre plus loin trois erreurs fondamentales qui ont sonné le glas des fonctions de Denis EKANI au sommet de l’État : « l’évasion spectaculaire des mercenaires de Sâo-Tomé, gardés à vue à Douala ; ensuite, au plan de la sécurité des personnes, le double assassinat de Me NGONGO OTTOU et de l’abbé MBASSI ; enfin, au plan de la sûreté de l’État, la tentative de complot dirigée contre la personne du chef de l’État ».

L’affaire des mercenaires évadés est tout bonnement révoltante : il s’agit de personnes projetant un coup d’Etat contre le président Pinto Da COSTA, affirmant lors de leur interrogatoire que l’Afrique du Sud leur avait servi de base d’entrainement, qu’ils attendaient leurs armes du Brésil et avaient le soutien de la France. Denis EKANI est dépêché auprès du président Da COSTA afin de le prévenir du complot qui se prépare. Mais consternation lorsqu’un matin, l’auteur apprend sur les ondes de RFI que des mercenaires ont attaqué Sâo-Tomé, en partant du Cameroun. Encore plus tard, il découvrira que les mercenaires arrêtés à Douala s’étaient échappés et s’étaient fait tuer lors de la tentative de coup d’État. Ce qui aurait tiré la colère de Paul BIYA sans pour autant, conduire à l’éviction de Denis EKANI.

Cette même année 1988, le service de Pierre ELA est « informé de l’existence d’une boîte aux lettres par le biais d’un compatriote nommé O ». Cet agent sera suivi et l’on découvre qu’il transmet des courriers et qu’ « il s’agit, en fait, des comptes-rendus de réunions côtés confidentiel en provenance du Secrétariat général de la présidence de la République, et du Comité central du RDPC ». Plus tard, une certaine madame MENAGER, à une réception au Consulat général de France à Yaoundé, fait une « tentative d’approche », comme se plaît à préciser l’auteur, n’hésitant pas à l’inviter en France pour se reposer. Cela aurait été anecdotique mais l’auteur nous apprend par la suite, quelques jours précédant la réception, qu’un ressortissant français a été arrêté aux abords de l’Hôtel Mont Fébé, en train de filmer le palais de l’Unité. L’identification de ses pellicules révèle beaucoup d’autres photos, notamment des gros plans du palais, pris sous différents angles. Et cet homme s’appelle également MENAGER et il travaille à la SGBC! Comme une coïncidence après ces faits divers augurant de sinistres desseins à l’égard du président, la DST reçoit en Janvier 1989, un dossier d’enquête « relatif à un complot en vue de l’élimination physique du Président Paul BIYA ». Après moult enquêtes et intrigues, l’auteur fera parvenir, encore une fois à l’insu de ses supérieurs, une correspondance à la Présidence grâce au concours de Mme Isabelle TOPKANPOU qui aurait remis la correspondance à Mme Jeanne Irène BIYA, en mains propres le 10 février 1989. En mars 1989, Denis EKANI est limogé et depuis ce jour, Paul BIYA ne ferait plus confiance au corps de police.

Pierre ELA tentera, dans le quatrième chapitre – L’action du Mossad et de la CIA – de nous expliquer le rôle américain et israélien dans tous ces évènements. William Aurélien ETEKI MBOUMOUA, ministre des affaires étrangères de 1984 à 1987, tente d’y apporter une réponse : « Au lendemain du putsch d’avril 1984, j’étais ministre chargé de mission à la Présidence, en charge des dossiers diplomatiques. Le chef de l’État m’avait désigné pour expliquer, auprès de ses pairs africains, la crise d’avril 1984. Je devais rencontrer, entre autres, les Présidents EYADEMA du Togo et HOUPHOUET-BOIGNY de Côte d’Ivoire. C’est à Lomé que j’ai été reçu en audience par le président HOUPHOUET-BOIGNY venu assister aux obsèques organisées en mémoire de la regrettée maman du président EYADEMA. C’est à la suite de ce putsch que le chef de l’État a décidé de faire appel aux États-Unis pour superviser sa sécurité. Les Américains ne pouvant le faire directement, lui ont proposé Israël ». L’on apprendra en substance le rôle trouble qu’ont pu jouer les USA, soutenant le régime en place, tout en préparant le terrain afin d’imposer la « démocratie » au Cameroun, en soutenant par exemple l’opposition pendant les années de braise en 1990.

Arrivent ensuite les chapitres 5 et 6, dans lesquels l’auteur s’étend dans un premier temps sur un grand homme d’État, Sengat KUO – L’affaire François Sengat KUO -, qui a officié sous le régime AHIDJO, ensuite sous le régime BIYA, et une comparaison en substance des « deux règnes » que le Cameroun a connu depuis son indépendance – Le « système Ahidjo » à restaurer -. Sengat KUO est connu en tant que Secrétaire politique du comité central du RDPC bien qu’il ait occupé bon nombre de fonctions avant, notamment celle d’Adjoint de Paul BIYA au secrétariat général de la présidence de la République en 1975. Qui était donc Sengat KUO et quel rôle a-t-il pu jouer pour que l’auteur lui consacre tant de lignes? Assurément un grand homme tel que décrit par Pierre ELA et par Sengat KUO lui-même : « Classé major du Territoire au premier BEPC organisé au Cameroun après le diplôme d’Études Primaires Supérieures, j’ai obtenu une Bourse pour la France qui m’a permis d’achever mes études secondaires au Lycée Pierre d’Ailly et de faire des études de Droit et d’Économie à la Faculté de Droit de Paris. A la veille de l’indépendance, sur la demande du gouvernement autonome du Cameroun, j’ai été, avec d’autres cadres camerounais, choisi pour une fonction administrative et diplomatique à l’École Nationale Française d’Administration (ENA) et dans les ambassades de France à l’étranger ».

En d’autres termes, un brillant personnage, qui aura côtoyé les plus grands nationalistes et se reconnaissant comme tel, en publiant, lorsqu’il était président de l’AEC (Association des Étudiants Camerounais) les lettres d’Um NYOBE qui s’adressaient aux autorités. Homme d’État, il n’en aura pas moins toujours gardé une posture indépendante lui permettant de se démarquer parfois de ses plus proches collaborateurs. Lors du conflit entre AHIDJO et BIYA, il aura pris la défense du second aux dépens du premier, comme on aurait pu le penser : « Le Président Ahmadou AHIDJO a librement démissionné de ses fonctions et a passé le pouvoir à Paul BIYA, conformément à la Constitution ? Comment comprendre que quelque temps après, il ait donné à tort ou à raison, par son comportement, l’impression de vouloir reprendre le pouvoir ? Il m’a paru inadmissible que la direction d’un État puisse dépendre des humeurs d’un homme, fût-il un grand homme». Il s’illustrera lors de l’affaire « YONDO BLACK », il refusera de condamner ce dernier, dont le seul forfait était de caresser l’illusion de l’avènement de la démocratie au Cameroun, en dépêchant notamment avec des acteurs de la société civile, une réunion dans le but de créer un autre parti.

Au sein du RDPC, Sengat KUO faisait partie de l’aile dite progressiste du RDPC, opposée aux conservateurs. Il aura, toute sa carrière sous l’ère BIYA, tenté d’apporter la démocratie au sein du parti unique, et de la prendre pour modèle pour notre chère patrie. Il fit tout pour que soit appliqué les préceptes contenus dans « Pour le libéralisme communautaire » signé de Paul BIYA, ouvrage dont il ne fait aucun doute qu’il vient de Sengat KUO. Lors des évènements de 1990, il écrira même : « Aujourd’hui, le contexte national et international ayant changé, les sensibilités, jadis brimées et tenues à l’écart de la vie nationale, appuyées par d’autres patriotes à l’échelle de la nation, estiment que le moment est venu de réconcilier toutes les composantes de la nation entre elles et réconcilier le peuple avec ses institutions, c´est-à-dire, à travers une concertation démocratique ». Cette brillante carrière prit fin quand il tenta de rencontrer Paul BIYA, afin de lui signifier les bienfaits de la tenue d’un Forum National de Dialogue. Son excellente Paul BIYA refusa de le voir, jusqu’à sa démission et son ralliement à l’opposition en 1992, suite duquel il sera traqué par le pouvoir. Et l’auteur pense d’ailleurs qu’avec la mort politique de Sengat KUO, devait mourir les espoirs de l’avènement d’une hypothétique démocratie au Cameroun. Ce qui le conduit à consacrer tout le chapitre 6 de son livre au système AHIDJO, qu’on devrait restaurer. L’auteur y compare les deux régimes sur tous les plans: bonne gouvernance, diplomatie, infrastructures, la santé publique, les sociétés publiques… et il est évident que sur ce référentiel, le système BIYA est à des décades de celui de son prédécesseur. C’est aller un peu vite en besogne de la part de l’auteur, qui en oublierait presque la brutalité et la terreur, qu’inspirait le régime AHIDJO, illustrées on ne peut mieux par Jean FOCHIVE, grand patron des services secrets, symbole d’innombrables répressions et exactions.

L’auteur consacrera son chapitre 7 – Les premières élections pluralistes de 1992 - à décortiquer les élections de 1990, en faisant un rappel historique assez détaillé de l’UPC, célèbre parti d’opposition d’Um NYOBE. Il attribuera un rôle majeur, dans la décevante défaite de l’opposition en 1992, à Bello BOUBA MAÏGARI, devenu complice du pouvoir. Ce chapitre est riche d’anecdotes et de faits incontestables dont l’auteur nous fait part, permettant à chacun de faire sa propre analyse sur ces élections.

Dans le dernier chapitre – La « question anglophone » -, qui, comme l’indique le nom du chapitre, est une brève analyse du problème anglophone. L’auteur y fait une rétrospective des problèmes rencontrés dans cette région, et des conditions de l’unification du Cameroun. Le mérite de l’auteur est évident lorsqu’on sait que de nos jours, cette région du Cameroun, est assimilée à une bombe à retardement tant les injustices qu’on peut dénoter y sont nombreuses.

En conclusion, Pierre ELA, dans Dossiers Noirs sur le Cameroun, est parvenu à faire entrer le lecteur dans une dimension qui était la sienne, lors des diverses responsabilités que l’État du Cameroun a pu lui confier. Dimension au sein de laquelle, le lecteur peut se prévaloir d’apprendre un certain nombre d’informations, en exclusivité. Tout ceci est rendu possible grâce au fait que l’auteur a travaillé dans les services secrets camerounais et nous a fait partager, sans détours, la plupart de ses expériences, surtout celles qui ont matière à la construction ou la déconstruction de notre cher pays.

Bien qu’il soit particulièrement à charge vis-à-vis du système BIYA – et complaisant au système AHIDJO -, ce constat ne doit rien enlever à l’éclairage qui est fait, à propos de dates et d’évènements qui ont marqué le Cameroun depuis 1984 et l’ont conduit dans l’état que nous connaissons aujourd’hui. L’analyse géopolitique, stratégique et historique que l’auteur y fait, peut être contestée, mais nul ne peut nier l’apport d’un tel ouvrage au sein de la société camerounaise. Chacun pourra dès lors, se faire une opinion objective à la base de tous les éléments énoncés ici.

Et bien au-delà des prises de position de Pierre ELA contre le régime en place, à sa charge, on constatera tout au long du livre, une volonté constante du temps où il était au service de l’État, de changer les choses pour de meilleurs lendemains. Il ira donc, jusqu’à déposer sa démission, lorsqu’il se rendit compte qu’il ne pourrait pas contribuer à un meilleur Cameroun. Ce qui est à sa décharge…
Dossiers Noirs sur le Cameroun, Editions Pyramide Papyrus Presse, 2002
 DANS LA MEME RUBRIQUE
PANAFRICANISME: l´Agenda
Le concept de Renaissance convoqué est de dimension civilisationnelle, au sens où ses variables sont simultanément comportementales, structurelles, infrastructurelles, individuelles, collectives, politiques, économiques, géostratégiques, socio-humain...

CRITIQUES - Colonisation - White Supremacy -
Ecrits - Articles - Documents
Sam Ekoka Ewandè et S. Kala-Lobè et Autres...

Le Paradis Tabou - Autopsie d´une culture assassinée - Ebele Wei ( Valère EPEE)
LE PARADIS TABOU dont les résonances du titre évoqueraient volontiers une œuvre de fiction, est un ouvrage de recherche destiné à initier les jeunes générations à l`incroyable richesse d`une civilisation éclose au fond du Golfe de Guinée au 16è s....

Paupérisation et développement en Afrique. Par Engelbert Mveng.
Des chefs d`États, des hommes politiques, devenus mendiants, sont vite transformés en marionnettes ou en toupies entre les mains des manipulateurs invisibles qui font tourner le monde....

Le procès du Roi Rudolph Douala Manga Bell Martyr de la Liberté - Joel KONDO
Le travail que nous allons faire aujourd´hui devra être gravé à tout jamais dans le cœur de nos enfants, afin qu´ils connaissent et maîtrisent parfaitement les coutumes de chez nous, afin que nul n´oublie ces deux héros...

"Mongo Beti parle", testament d´un esprit rebelle: entretiens avec Ambroise Kom
Le patron se lève le matin, on lui montre le porc-épic qu`on va lui préparer pendant qu`il mange son petit déjeuner. Après, il joue au songo, il boit, il joue au songo, il boit. A midi, il se bourre de viande comme Louis XIV. Il a un régime dégueulas...

Innovations sociales et renaissance de l´Afrique Noire
Jean-Marc ELA a publié de nombreux ouvrages. Il a longtemps enseigné à l`Université de Yaoundé (Cameroun) et comme professeur invité à l`Université catholique de Louvain-La-Neuve (Belgique). En 1997, il a été le directeur de l`Institut du CODESRIA su...

de DOUALA à DOUALA
Recueil et Extraits de quelques références Bibliographiques
© douala-net.info...

"The United Independent Compensatory Code: A Text Book/Work Book for Victims of Racism/White Supremacy. (1969)". "The Code." Neely Fuller Jr.
"If you do not understand White Supremacy (Racism)-what it is, and how it works-everything else that you understand will only confuse you". Neely Fuller Jr....

The Isis Papers: The Keys to the Colors
... the first global power system of mass oppression is the power system of racism (white supremacy). Once the collective victim (non-white population) understands this fundamental issue, the ultimate organizing of all of the appropriate behaviors ne...

   0 |  1 |  2 |  3 |  4 |      ... >|



Jumeaux Masao "Ngondo"

Remember Moamar Kadhafi

LIVING CHAINS OF COLONISATION






© Peuplesawa.com 2007 | WEB Technology : BN-iCOM by Biangue Networks