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Manu Dibango répond à Ferdinand Oyono

 
Il est des émotions qui font bouger les murs de maisons ; des colères que personne n’arrive à contenir. A 71 ans, un peu comme si le ciel tombait sur un crâne nu, comme si les voix résonnaient de tout le bruit du tonnerre, l’auteur de «Soul Makossa»,


14.04.2005


INTERVIEW PARUE DANS MUTATIONS , Avril 2005

Entretien réalisé à Paris, par Serge Alain Godong


Il est des émotions qui font bouger les murs de maisons ; des colères que personne n’arrive à contenir. A 71 ans, un peu comme si le ciel tombait sur un crâne nu, comme si les voix résonnaient de tout le bruit du tonnerre, l’auteur de «Soul Makossa», «artiste du siècle au Cameroun», selon Paul Biya, se trouve engagé dans une ultime bataille contre le père du «Vieux nègre», au firmament de la Cmc, sans que personne ne puisse dire jusqu’où va aller l’escalade. A 6.000 km de distance, l’un de l’autre, se parlent à travers la presse. Et la rancune pour se dire, qu’au-delà de toute chose, au-delà de l’argent et des chrysanthèmes qui circulent dans cette atmosphère, deux choses imprescriptibles jouent l’essentiel de leur avenir cœur de la boue et de la putréfaction : l’honneur des hommes et l’avenir du Cameroun.

La crise au sein de la Cameroon Music corporation’( Cmc) connaît, ces derniers temps, un certain nombre de développements aussi inattendus que spectaculaires : où en est-on exactement aujourd’hui?

Jusqu’à présent, je me suis tu afin que les gens se ressaisissent, parce qu’il faut donner le temps au temps à un moment donné. Mais, ce n’est pas parce qu’on se tait qu’on n’a rien à dire. Il faut toujours faire attention au silence des gens parce que le silence fait partie de la musique. En ce moment donc, nous sommes dans une dramaturgie extraordinaire, dans une situation où on est en train, depuis huit ans, et même un peu plus, d’enterrer la notion même de culture au Cameroun. Parce que, au-delà de la Cmc, c’est un grave problème. C’est pourquoi je me suis tu jusqu’à présent pour donner la possibilité aux gens de se ressaisir. Mais, il y a quand même des questions simples : depuis huit ans, où en est l’orchestre national au Cameroun ? Depuis huit ans, où en est la danse, le théâtre ? Où en sont les écrivains, les cinéastes, en dehors de ce pauvre Bassek qui se bat tout seul, alors qu’il y avait, dans ce pays, les Dikongue Pipa, les Daniel Kamwa et d’autres ? Tout d’un coup, il n’y a plus rien. Un silence extraordinaire se passe en matière culturelle au Cameroun. Depuis huit ans, on n’a pas réussi à monter une société de droits d’auteur et si nous sommes arrivés là, c’est bien parce que, depuis huit ans, celui qui est là et qui est censé tout remettre en place n’a rien fait de ce qu’il devait faire et, qu’au contraire, il s’est même arrangé à tout saccager. Alors, moi je le dis, M. Oyono qui est ministre de la Culture aujourd’hui est clairement l’ennemi de la culture dans ce pays. Il est même – et je pèse bien mes mots – l’opposant numéro un, sur la culture, de ce que le président Biya tente de mettre sur pied depuis un certain temps. Il n’y a qu’à voir : j’ai été désigné musicien du siècle au Cameroun. J’ai eu parmi les plus grandes décorations dans ce pays. J’ai eu une lettre personnelle du président de la République demandant que je m’occupe de la Cmc, je suis un notable chez moi ; et tout ça, M. Oyono le balaie d’un revers de main et me traite dans la presse panafricaine de «vieil escogriffe». Ce qui veut dire que ce ministre de la Culture est contre son président ; lequel m’avait pourtant désigné quelques mois auparavant comme musicien du siècle. Le même président écrit, pour me demander de m’occuper de la Cmc, et là encore, son ministre dit «non», prend une double page de publi-infos dans un magazine international ‘Jeune Afrique L’Intelligent, Ndlr) pour m’insulter. Or, cet argent est quand même l’argent des deniers publics qu’il utilise pour me salir, moi Manu, qui, sur le plan international, représente quand même quelque chose, même si je ne suis rien au Cameroun.

Alors, cette affaire finit par tourner autour d’une sorte de fixation entre le ministre Oyono et vous-même : quel problème, au juste, vous oppose à ce point, alors même que tout avait pourtant si bien commencé entre vous ?

Pourquoi y aurait-il un problème ? Moi je suis musicien, ce qui est mon métier et lui, ministre, ce qui est une fonction ; même si, dans son cas, tout indique qu’il a fini par en faire tout un métier… Nous avons eu une élection pour mettre en place les organes statutaires de la Cmc que lui, le ministre, avait jusque-là entérinés sans se rendre compte de ce que je n’étais que le «vieil escogriffe» qu’il vilipende aujourd’hui. Et il n’y a qu’à revenir dans le passé pour voir, lorsque je suis allé au Cameroun prendre en charge cette affaire, qui a payé les billets d’avion de ce voyage, avec les quatre autres représentants de l’Association des musiciens de la diaspora camerounaise à Paris qui m’accompagnaient ; qui a payé les hôtels… Je ne vois pas très bien ce qui pourrait nous opposer parce que lui et moi ne sommes pas du même monde ; nous ne partageons pas les mêmes valeurs, en tout cas, pour ce qui concerne le Cameroun.

Il y a pourtant eu, entre vous, au départ, un début de collaboration sinon, un début d’entente…

Bien entendu, puisque c’est lui qui m’a appelé, en tant que ministre. J’ai accepté mais, croyez-moi, je ne suis pas allé au Cameroun pour ce poste ou parce que je recherchais une promotion quelconque. C’est vrai que j’aurais pu dire non, mais je pensais simplement être utile et c’est ça qui m’a emmené à accepter cette affaire. Mais il fait savoir que c’est une charge pour moi, par rapport à ce qui me reste comme peu de temps à vivre. J’ai quand même 71 ans ; je n’allais pas là-bas pour une gloire quelconque ou pour une reconnaissance de quelque type. Je suis déjà connu, au Cameroun comme ailleurs; ce que le ministre ne sait peut-être pas.

A quel moment donc, à votre avis, s’est opéré cet irréversible basculement dans votre relation?

Sans doute au moment où j’ai nommé le directeur général parce que lui pensait davantage à quelqu’un d’autre à ce poste. Alors même que lorsque j’ai nommé ce directeur général, il a dit oui; pour les premières décisions que la nouvelle équipe a prises, tout a été Ok, le ministre ayant dit oui. Le directeur général a écrit au ministre, au mois de janvier, pour demander à être reçu ; mais ce dernier n’a pu trouver du temps que douze mois plus tard, c’est-à-dire au mois de décembre, pour recevoir le directeur général qui voulait pourtant, depuis longtemps, lui présenter son programme d’activité. Pour des raisons qui m’échappent, je constate avec d’autres que le ministre n’est jamais dans son bureau ; et je doute fort qu’il puisse jamais avoir connaissance de ses dossiers et, en particulier, celui concernant les droits d’auteur au Cameroun. Comment dès lors travailler avec quelqu’un qui est, le trois-quarts du temps, hors de son bureau ?

Votre relation avec lui est donc à ce point devenue impossible…

J’ai pas de relation personnelle avec lui. Je le connais parce que nous étions en colonie de vacances ensemble, en 1951, à Saint-Germain-en-Laye ; ce qui avait alors été la première sortie du genre, pour les Camerounais en France. Nous étions avec les Francis Bebey et autres Dooh Kingue, qui vient de mourir. Nous sommes donc de la même génération, ce qui ne veut pas dire que nous avons des rapports personnels.

Y a-t-il eu une tentative de médiation entre vous, dans cette crise ?

Quand on appelle au téléphone quelqu’un qui n’est pas là, qu’est-ce qui se passe ? La plupart du temps, il n’est pas là ; et moi je n’ai pas pour seul travail de tenter de joindre un ministre au téléphone. J’ai quand même des activités, je tourne. Je suis un artiste et j’ai une crédibilité internationale à défendre, ce que certains ont plutôt tendance à oublier ces derniers temps, tous ces pseudos artistes qui tournent autour de lui, et qui jouent dans les bars de quartier. C’est donc à ceux-là qu’on va confier le destin des artistes camerounais ! Je crois rêver : que vais-je donc traiter avec quelqu’un qui ne voit pas exactement de quoi il est question dans cette affaire et qui écrit le genre de choses qu’il a écrites à Jeune Afrique l’Intelligent ? Il y a pourtant que, au lieu d’acheter deux pages dans la presse africaine, il aurait dû tout simplement répondre au courrier que je lui avais adressé.

Justement à propos de cette lettre, on vous a beaucoup reproché d’avoir utilisé un ton hargneux et irrévérencieux envers le ministre qu’il est (je ne reprends là, par exemple, que les termes avec lesquels Aladji Touré par exemple a dénoncé votre démarche)…

Chacun appréciera ce «ton irrévérencieux» que j’ai utilisé. Il reste que les gens font une confusion entre le mémorandum et la lettre que j’ai écrite bien longtemps avant au ministre. Il n’y a jamais répondu. Le mémorandum est arrivé après parce que les artistes, à Paris, commençaient à s’énerver. Et ce mémorandum n’est pas de mon chef, mais du fait des artistes camerounais de la diaspora et qui ne voyaient plus clair dans cette affaire et qui voulaient faire entendre leur voix. Sur le tard, je me dis que je n’aurais peut-être pas dû le signer, car c’est la seule chose que je me reproche à son sujet. Mais je crois qu’on fait de la diversion sur cette affaire, étant donné que, au lieu de donner des réponses sur le fond, on passe le temps à enfler la forme, à gloser sur des questions de politesse alors même que de vrais problèmes se posent. Lui, il est au-dessus des lois, ce ministre ? Qui lui donne le droit de traiter de la sorte des artistes et des personnes qui travaillent pour le Cameroun et pour sa renommée à l’extérieur ? C’est lui qui aurait dû me protéger dans cette affaire ; parce que – et malheureusement pour lui – je suis connu du monde entier et respecté comme artiste important. En France, je suis commandeur dans l’ordre des arts et des métiers, ce qui veut dire que, ici en France, on respecte les gens. Lui, il vit dans un pays où on ne respecte personne et où il se croit tout permis parce qu’il est ministre.

Alors, les raisons réelles de ce conflit...

Tout simple : c’est qu’il a monté une commission complètement illégale, la fameuse «Commission Ondoua» dont tout le monde lui a pourtant déconseillé la mise sur pied. Parce qu’on ne peut pas avoir une société de droits d’auteurs qui est, de cette façon, verrouillée par l’autorité administrative et politique.

Quel mandat lui a exactement été donné et comment s’est installé le malentendu avec elle?

Qu’il y ait une commission de régulation, c’est normal, pour des cas de conflit, ce qui existe partout. Mais je ne vois pas, en France comme ailleurs, le ministre interférer dans le fonctionnement quotidien de la Sacem ou de toute autre société de droits d’auteurs. Ce n’est pas possible. Parce que ces sociétés sont des sociétés civiles, ce qui est le cas de la Cmc. Il est bien précisé, de façon claire, dans les statuts de la Cmc que le ministère ne doit en aucun cas interférer de manière directe dans ses affaires. C’est élémentaire. Mais depuis le premier jour où il n’a pas admis le directeur général actuellement en poste, on a commencé à recevoir des lettres de lui, donnant l’impression que c’est lui qui dirigeait la société. C’est le début de l’affaire. Et la presse, depuis le premier jour où on a été nommés, n’a pas arrêté de déblatérer sur nous, nous accusant de tout. Je me souviens même qu’à un moment, M. Mendo Ze avait envisagé d’interdire tous ces opposants d’antenne, tellement il y en avait dès le départ.

Quelles sont les principales zones d’incompatibilité entre le fonctionnement de la «Commission Ondoua» et le fonctionnement de la Cmc ?

Tout. C’est une commission mise en place pour les litiges, tout simplement. Mais dès lors qu’elle est permanente et qu’on débite sa viabilité à la société des droits d’auteurs alors que c’est sous l’émanation du ministère de la Culture qu’elle a été créée, on baigne donc complètement dans Kafka : il a créé une commission dite ad-hoc, censée résoudre les litiges ; et tout d’un coup, cette commission devient permanente. Et tout d’un coup, c’est cette commission qui gère en fait la Cmc puisque c’est elle qui négocie les contrats. A quoi sert donc la Cmc ? Et c’est bien ce que je lui avais demandé dans la lettre que je lui ai faite, étant donné qu’une société de droits d’auteurs est là pour percevoir et gérer. Cette commission a par ailleurs effectué deux enquêtes et produit deux rapports dont nous n’avons jamais reçu copie, c’est quand même curieux, tout ça.

Le ministre a posé, à votre endroit, ce que vos partisans considèrent comme un véritable acte de guerre : suspension de l’agrément et mise de scellés sur les bureaux de la Cmc. Comment avez-vous réagi à cela?

Connaissant le pays, vous croyez que ces scellées-là sont imperméables ? Le Cameroun étant le Cameroun, quelle garantie nous avons de retrouver tous les dossiers qui se trouvaient dans ces bureaux au moment de leur mise sous scellée ? Je ne suis plus sûr de rien. On baigne dans l’inquisition puisque, à tout moment, un ministre peut envoyer des policiers arrêter un directeur général ; ce qui n’est du reste pas le premier exemple de ce type, étant donné qu’il a procédé dans un passé récent, à l’arrestation de Clément Tjomb. Mais dans quel monde on vit ? Est-ce une société civile que l’on peut traiter de la sorte, comme s’il s’agissait d’une société d’Etat ?

Et comment avez-vous réagi à tout cela?

J’ai écrit au président, puisque c’est le président qui m’a donné cette charge en m’écrivant personnellement. J’ai fait tout ce qu’il fallait faire, protocolairement : j’ai écrit au ministre de tutelle qui ne m’a répondu autrement qu’en publiant ce qu’il a publié.

Alors, depuis la suspension de cet agrément, qu’avez-vous fait concrètement ? Y a-t-il eu un acte de médiation, et de quelle sorte ?

Quelle médiation au moment où nous étions en train de préparer une assemblée générale, comme il se doit. Je suis, de par les statuts, celui qui peut convoquer une Ag. Et on a demandé à l’Abbé Bodo, personnalité morale, je le crois, au Cameroun, de préparer cette Ag. Et c’est pendant qu’il préparait cette Ag que les scellées ont été mises de façon complètement illégale à la Cmc, tout en lançant un mandat d’arrêt tout aussi illégal contre notre directeur général. C’est incroyable : il faut que le monde entier sache ce qui se passe au Cameroun.

Je crois savoir qu’il y a une Ag convoquée par le ministre dans les prochains jours : comment allez-vous réagir à cela ?

Elle est illégale. Mais il faut savoir que tout ça n’est pas bon pour le Cameroun : à un moment donné, il y a d’autres problèmes sérieux à régler. On aurait pu faire l’économie de tout cela, depuis huit ans, en créant une société pour aider les artistes et non pour les appauvrir. C’est une colossale diversion à laquelle on perd du temps en ce moment. On s’échine sur les détails d’un problème qui n’existe pas : depuis huit ans, on s’est bien rendu compte de l’incapacité du ministre à faire quelque événement culturel que ce soit au Cameroun. Le président a décidé d’accorder un milliard de Cfa comme fonds de soutien à l’action culturelle, depuis deux ans : où est passé cet argent ? Il faudrait un audit sur le milliard en question. Cet argent devait être reconduit il y a trois ans, et il faut qu’on nous dise où est passé cet argent. Ne dévions pas les problèmes : pour un milliard, il a créé, comme toujours une commission de gestion parce que ça c’est plus simple que de créer les infrastructures. Quand il me parle dans son article de Beethoven, de Bath, je trouve ça très fort et très cultivé. Mais je constate tout simplement que, dans sa liste, il n’y a aucun nom d’un compositeur noir, pas Duke Ellington, pas Quincy Jones. Je remarque banalement que, depuis huit ans qu’il est là, aucun centre des arts n’a été créé, aucun théâtre camerounais n’existe, plus aucun orchestre national. C’est ça la réalité. Et si je suis là aujourd’hui, c’est bien parce qu’il a échoué.

Alors, puisqu’on commence à entrer dans les détails, allons-y: on vous reproche notamment, en tout cas, à la Cmc, de n’avoir pas respecté la règle de répartition de 30%-70%. Qu’en est-il ?

30%-70%, c’est la règle de répartition lorsque la société est déjà installée. Mais, pour une société qui commence sur un désastre, qui part de rien, il est impossible de lui demander de respecter cette règle. Pourquoi devrions-nous réussir, en un an, ce que lui, n’a pas pu faire en huit ans ? Il faut bien le savoir : lorsque nous sommes arrivés à la tête de cette société, nous n’avons rien trouvé ; pas d’immeuble, pas de matériel de travail, pas de stylo, rien. On n’avait qu’un conseil d’administration. Alors, que fallait-il faire : fonctionner sous les cocotiers ? Où devrions-nous siéger, avec quoi ? Où en est la liquidation ? Nous commençons une société sans rien savoir ni du passif, ni de l’actif. Nous nous engageons dans le droit d’auteur, sans avoir le fichier de répartition ; c’est du pur Kafka, ça ! Sur quoi on va donc se baser pour distribuer ces 30%-70% en question ? Qui, dans ces conditions, est artiste ? Qui peut prouver qu’il passe à la radio, qu’il a fait des disques ? C’est pourtant ce fichier, élément essentiel, que l’on doit pouvoir trouver au lancement d’une société de droits d’auteurs. L’autre chose étant celle des cotisations que nous n’avons pas perçues depuis huit ans. Alors, on va payer les gens avec quoi ? Pourtant, dans le fameux milliard du ministre sur lequel on n’a plus de nouvelle, il y a bien une part qui aurait dû aller au lancement des sociétés de droits d’auteurs. Je ne sais pas si les gens ont une amnésie dans ce pays. Quand j’ai posé la question sur le milliard, on m’a répondu que ça ne me regardait pas. Je crois qu’il faudrait un audit sur ce milliard. Comment donc on pouvait démarrer une société avec zéro franc ? Or, ici à Paris, le ministre nous avait promis de nous débloquer de l’argent pour le lancement de cette société, ce qu’il n’a jamais fait par la suite.

Dans ces affaires d’argent, beaucoup de bruit aussi autour des 100 millions de Cfa que vous avez reçus de Gervais Mendo Ze…

Mon souci était de réparer le fait que, depuis huit ans, les artistes ne touchaient pas d’argent. Je me suis donc déplacé et suis allé voir M. Mendo Ze, ici à Paris ; il a accepté de nous débloquer ces 100 millions. Dans ces 100 millions, il fallait bien, pour une partie, distribuer aux artistes et pour une autre, nous installer. C’est ce que nous avons tenté de faire. Mais l’argent que nous avons distribué aux artistes ne pouvait l’être que de façon plutôt subjective, étant donné qu’il n’y avait pas de fichier au départ. Cela dit, 45% de cet argent a été payé aux artistes et pour le reste, on a trouvé des locaux, à Yaoundé, à Douala et à Bamenda, qu’il fallait payer sur plusieurs mois d’avance, restaurer et équiper ; sans compter qu’il fallait bien payer les employés, sur les malheureux 2% des droits de reproduction mécanique. Nous avons des droits importants à percevoir sur le terrain mais nous n’avons fait qu’un budget minimum de ce qu’on devrait percevoir. Avec de telles charges et un argent inexistant, on trouve quand même le temps pour nous coller une commission illégale, greffée à notre budget, dont les comptes ont été tout de suite crédités. Il faut d’ailleurs qu’on en arrive aussi à faire un audit sur tout ce que cette commission a perçu depuis, de façon tout aussi illégale.

On reproche également au Pca et à son équipe leur train de vie relativement important, si ce n’est fastueux…

C’est tout simplement ridicule parce que le Pca, dans nos statuts, n’a pas de salaire, mais une indemnité de 500.000 francs Cfa qu’il n’a d’ailleurs touché que trois fois, depuis que la Cmc existe. Et depuis que la Cmc existe, les billets d’avion du Pca ne sont pas payés par la Cmc, mais de sa propre poche. Je ne compte pas l’ordinateur et autres équipements que j’ai achetés de ma poche, sans jamais me faire rembourser. Où serait donc ce train de vie fastueux ? Les gens me connaissent, savent où je vis en France, savent que ma maison existe bien avant que n’arrive la Cmc. Je ne comprends pas cette histoire parce que je ne touche même pas les indemnités auxquelles j’ai légalement droit. Et dire qu’on m’emmerde pour une affaire de 500.000 Cfa, faut pas rigoler !

On reproche également au Pca la «clique d’amis» avec laquelle il s’est installé à la tête de la Cmc…

Govinal Ndinga Essomba n’est pas un ami. Ekegue n’est pas un ami. Ekambi est un artiste que tout le monde connaît. Qu’on me cite les gens qui sont dans mon entourage et qui sont à la Cmc ! Je trouve en revanche logique que, lorsque j’arrive à la tête de cette structure, comme Pca, je vienne avec un directeur général avec qui je peux travailler. Le Cameroun a la réputation d’être l’un des pays les plus corrompus au monde ; alors, lorsque vous arrivez là-bas, vous faites confiance à qui ? Alors, si vous prenez à droite, ceux qui sont à gauche diront nécessairement que votre choix est mal tourné. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que lorsque je suis arrivé, il y avait quand même deux clans rivaux – Socim et Socadrom – dans cette bataille, qui n’ont fait que se perpétuer, naturellement, avec moi.

Alors, depuis que vous êtes là, quel est votre bilan comptable? Qu’avez-vous concrètement reçu et décaissé comme argent, à ce jour ?

Le ministre a publié des chiffres dans JAI. Il en est le seul responsable. Je dis tout simplement que s’il voulait véritablement savoir la vérité sur les comptes de la Cmc, il n’avait qu’à recevoir le directeur général, au moment où celui-ci demandait à le voir. Ce n’est pas au Pca de donner les détails de gestion, c’est au Dg et le ministre aurait dû le lui demander en premier chef.

Vous dites avoir écrit au président de la République : quel signe avez-vous jusqu’ici reçu de lui ?

Je lui ai fait un courrier il y a quatre jours [entretien réalisé le lundi 11 avril, à 13h 30]. Mais il y avait le deuil du pape auquel il est venu prendre part ; sûr donc qu’il va trouver le courrier à son retour. J’ai également fait un courrier au ministre d`Etat secrétaire général de la présidence. J’attends leur réaction et ne peux plus rien dire en plus.

Comment expliquez-vous l’émiettement de la solidarité des artistes autour de vous ?

Les choses ont toujours été comme ça, même avant mon arrivée. L’émiettement ne date pas de moi ; avant que je n’arrive, il y avait bien deux sociétés, deux camps. Mon arrivée avait, entre autres, pour objectif, de faire en sorte que les uns et les autres se rejoignent, que cet émiettement s’arrête. Mais les choses ne s’arrangent pas, au gré des incompréhensions qui perdurent et du ministre qui attise tout. Et ce sont ces gens-là qui l’entourent, qui le conseillent. Alors, si les gens pensent que c’est ça qui est bon pour eux, je dis, on ne peut pas faire le bonheur des gens sans leur accord.

Ne sentez-vous pas, finalement, qu’en fin de compte, votre aura et votre notoriété sont mises en jeu, de façon considérable, dans cette affaire ?

On ne peut plus rien m’enlever à ce jour. J’ai 71 ans, et j’ai fait des choses que tout le monde a vues, que tout le monde a entendues. C’est trop tard de s’attaquer à moi aujourd’hui.

L’une des choses qui ont étonné les observateurs vient quand même de ce que, dans toute cette situation, vous ayez tenu, alors même qu’à un moment, des rumeurs faisant part de votre démission avaient circulé : avez-vous, à un moment, envisagé d’en arriver à une telle extrémité ?

Bien sûr que j’ai envisagé de démissionner, en me disant, pourquoi donc recevoir des balles tout le temps alors que mon intérêt, dans cette affaire est presque nul. Mais je crois que tout cela fait bien partie de leur stratégie, celle d’amener, à chaque fois, les personnes qui ont un peu de volonté, à renoncer, à fuir le Cameroun et à le leur abandonner comme une cage aux fauves. Or, moi je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça ; parce que je pense que nous pouvons encore faire des efforts, par-delà les frustrations personnelles que nous vivons, pour redresser les choses en affichant des convictions. C’est comme ça que les grandes nations se construisent et que d’autres peuples avancent. Démissionner, d’accord, mais ç’aurait été trop facile, trop rapide. J’ai toujours été pudique sur le Cameroun et ai toujours évité de dire n’importe quoi sur son compte à l’étranger. Moi, je mène des actions pour promouvoir mon pays.

Ce n’est donc que cet amour du pays qui vous a porté ?

Evidemment. Je fais partie de ceux qui sont attachés plus que de raison à ce pays. L’une des preuves étant que, depuis plus de 50 ans que j’en suis parti, je n’ai jamais renoncé à ma nationalité camerounaise et ai conservé mon passeport ; tout à leur différence, eux, qui ont tous des passeports français.

La crise atteint donc sa phase terminale avec l’annonce de cette Ag, dans une dizaine de jours : qu’allez-vous faire concrètement ?

Je vais attendre. J’ai envoyé une lettre au président et je vais attendre ce qui va être répondu. Mais, avant, je ne peux rien prédire.


Repères

15 septembre 2003 : signature de l’agrément de la Cmc par le Mincult
03 mars 2005 : suspension de l’agrément par le Mincult
16 octobre 2004 : Mendo Ze remet 100 millions à Manu Dibango
02 décembre 2004 : la commission Ondoua se fait virer 25 millions de la Cmc
27 janvier 2004 : conseil d’administration extraordinaire de la Cmc
13 juillet 2004 : visite de travail du Sg de la Cisac au Cameroun
03 décembre 2004 : décision du ministre permettant à la Commission pour retenir 70 des montants de chaque société de droits d’auteur, M. Ondoua devient le signataire préalable de tout engagement financier, six administrateurs Cmc sont suspendus
21 septembre 2004 : premier contrôle effectué à la Cmc par la commission Ondoua
22 novembre 2004 : deuxième contrôle de la commission Ondoua
29 décembre 2004 : avertissement du Mincult à la Cmc pour non respect des 30%-70%
25 janvier 2005 : admission de la Cmc à la Cisac
03 mars 2005 : suspension de l`agrément de la Cmc par le Mincult


Source: CAMEROUN LINK
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