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LE KABA

 
Sorte de camisole de force, la robe informe imposée à ces filles dont on voulait cacher les formes vit sa renaissance.



Le 31 mai 2003 avait lieu, à Douala, la quatrième édition d’Afrique Azimuts. A ce rendez-vous de la mode africaine, côté créations, le kaba était, à côté des robes du soir ou de mariées, la muse des créateurs. Sur l’estrade où défilaient les modèles, il soufflait alors comme une renaissance de cette longue robe qui se déploie en corolle sous les plis de près de 4 mètres de tissu: le kaba.


A la vérité, la renaissance a commencé depuis une décennie déjà, quoique de manière quelque peu sournoise. En effet, depuis les années 90, le kaba a quitté les frontières nationales, pour conquérir l’étranger, notamment l’Occident. Le constat est indéniable. Et l’un des meilleurs ambassadeurs de ce vêtement, au-delà de la Méditerranée, est la couturière camerounaise Ly Dumas. En ndop (l’un de ses tissus de prédilection) ou autre étoffe, le kaba est l’une des créations que la camerounaise propose à sa clientèle. Dans son souci de promouvoir le patrimoine vestimentaire traditionnel, elle n’hésite pas elle-même à poser en cette robe qui va du cou aux chevilles, et dont les manches n’ont rien à envier à celles d’une soutane.
De toutes les fêtes
Ce 31 juillet, on célébrera la femme africaine. Comme lors de la quasi totalité de manifestations publiques, le kaba pourrait être la tenue de circonstance, parce qu’il est le vêtement de toutes les fêtes, de toutes les marches. Pourtant, il y a encore quelques années, le kaba était boudé par les Camerounaises elles-mêmes. Mme Fanny Madiba, nyangwa kaba de Bonambela (gardienne de kaba d’Akwa, comme tous les cantons de Douala en possèdent), se souvient, aussi loin que portent les souvenirs de ses 78 ans, que dans les années 1940, “seules les femmes d’un certain âge arboraient le kaba, tandis que le jeunes filles s’habillaient à l’européenne. C’en était à un point tel que pour ne pas perdre ce vêtement, des femmes parmi lesquelles ma grand-mère ont créé une association de femmes en kaba”.
Dans les années 1960, le kaba a commencé à rentrer dans les grâces de la société.  Comme moyen d’identification des communautés. Le tissu dans lequel il est alors découpé se pare des armoiries de la famille, du canton ou du village. “ C’est pourquoi le kaba de Bonamikengué, par exemple, est frappé de fourmis, celui de Bonadoumbè d’une houe et d’une feuille de manioc, et celui d’Akwa des 20 villages qui forment le canton”, explique Fanny Madiba.
 
vêtement forcé
 Depuis un peu plus d’une décennie, le kaba conquiert du beau monde. Désormais, il ne se contente plus d’être le vêtement des deuils, réunions et associations, communautés de la région du Littoral surtout. Du Nord au Sud du pays, de l’Est à l’Ouest, dans la cuisine, aux champs ou lors de sorties, de rencontres communautaires ou amicales, les femmes arborent ce vêtement dans lequel elles se sentent à l’aise, car ample et ne gênant en rien les mouvements. Comme le souligne Fanny Madiba, “le kaba a été revalorisé, au point qu’il est devenu le vêtement national”. Qui aurait cru qu’une camisole de force serait un événement de mode? Car, à sa naissance, au 19ème siècle, la kaba est une contrainte imposée aux femmes de la côte camerounaise.


“Le kaba naît autour des années 1830-1840, avec l’arrivée des missionnaires sur la côte camerounaise”, rapporte Emilien Manga Manga, chargé des traditions au Ngondo. Les épouses d’hommes d’églises, ne pouvant supporter que les jeunes filles du terroir affichent insolemment leurs charmes, simplement vêtues de cache-sexes, entreprirent de recouvrir ces corps. Non pas de vêtement semblables à ceux qu’elles-mêmes revêtaient, mais simplement d’une étoffe de tissu dans laquelle on a pratiqué des orifices pour faire passer tête, bras et jambes. Les formes sont alors dissimulées sous l’étoffe. Voilà le kaba, un nom qui serait la déformation du mot recouvrir en anglais, “cover”. On comprend donc que dans la première moitié du 20ème siècle, les populations n’affectionnent pas cet accoutrement qui leur a été imposé. Mais au fil des ans, elles se sont réapproprié le vêtement.
Paco Rabanne aussi

L’attrait croissant des femmes pour le kaba a amené les couturiers à enrichir le vêtement de leur imagination. Ce d’autant plus qu’ils  trouvent que son volume lui confère un côté majestueux. Désormais, comme Chrystalix, ils le rendent “portable pour les grandes sorties comme pour la vie quotidienne”. Chrystalix, comme bien d’autres grands ciseaux camerounais, accorde une place de choix au kaba dans ses collections, “pour que nous revenions aux sources de notre patrimoine vestimentaire”, argue-t-elle. Surtout que “notre kaba a été très copié par les couturiers occidentaux. Beaucoup s’en sont inspiré pour leurs créations. Certaines tenues de Paco Rabanne, au début des années 90, ne sont ni plus ni moins que des kaba cousus dans des tissus coûteux, de haute couture”, affirme Chrystalix.
Sous l’impulsion de nos couturiers aussi, le kaba a pris du galon. Du vêtement usuel, il est devenu précieux. Maintenant, en même temps qu’une client achète une robe du soir d’inspiration occidentale pour un cocktail, elle acquiert le kaba au même prix, et pour le même but. Teys, couturière, n’avoue-t-elle pas qu’elle vend un kaba à plus de 100 000 fcfa? Le kaba a donc bien la côte, et renaît plus de 150 ans après sa création.

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