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Quand le Cameroun et l’Afrique secouraient une France violentée

 
Doit-on dédier des monuments à la France alors que les OSSENDE AFANA, OUANDJIE, MOUMIE ou Ruben UM NYOBE (Mpodol) qui est classé « au premier rang des martyrs africains de l’indépendance » ne sont pas encore honorés au Cameroun ?


Bruxelles - 29-08-2007 (Betran KOMNANG)


Même s’il déclare à Dakar le 26 juillet, que « la France n’oublie pas le sang africain versé pour sa liberté », très vite, dans le même discours, le nouveau président français montre qu’il a la mémoire courte. Alors que, dans sa deuxième sortie contre l’indécence et le « pouvoir de nuisance » de Nicolas Sarkozy à Dakar, le chercheur et Professeur Camerounais Achille Mbembé s’offusque contre la mémoire sélective du Président de la France (« que dire donc de la collaboration française sous occupation nazie ? Que dire du régime de Vichy donc la chute eut été impossible sans la contribution des gens d’origine africaine ? »), nous nous proposons justement de re-feuilleter les pages sombres de l’histoire française afin de tirer une réponse à une autre question d’actualité récurrente au Cameroun : Doit-on dédier des monuments à la France dans ses ex-colonies alors que les Ruben UM NYOBE (Mpodol), OSSENDE AFANA, Ernest OUANDJIE et autres Félix MOUMIE, ect… ne sont pas encore honorés ? Ouvrons une parenthèse des repères historiques qui éclairent notre interrogation :
 
(C’était au tournant des années 1940. Le monde était plongé dans la guerre la plus meurtrière et la plus destructrice de tous les temps. Dans le souci de « l’espace vital », l’Allemagne nazie avait décidé de sceller sa suprématie en occupant toute l’Europe. Par le Blitzkrieg ou guerre-éclair, les troupes d’Hitler venait d’occuper en quelques semaines la Pologne à l’Est (septembre 1939). Elles se dirigeaient désormais vers le Nord scandinave (avril 1940), occupant le Danemark sans coup férir, ainsi que les ports norvégiens et suédois. Un Atlas historique français précise que seule « la longue et héroïque résistance que les Finlandais opposèrent à l’armée rouge (du 30 novembre au 13 mars) contrastait avec l’amollissement des soldats français réduits à l’inactivité et le pourrissement de leur moral »[i]. Mettant le cap vers le Sud le 10 mai, les Allemands qui envahirent simultanément ses prochaines cibles le matin à 4h40min firent d’une bouchée l’armée hollandaise (4 jours) ainsi que celle de la Belgique (en 48 heures), toutes prisent dans une nasse. Dès le 15 mai, les Panzerdivisionen du Führer Allemand se dirigeaient vers la France. Ce fut la débandade générale devant ce rouleau compresseur car la résistance franco-britannique qui portait déjà leur aide militaire dans tous les pays alors sous occupation nazie ne pu tenir le coup.
 
Les troupes Allemandes guerrières se trouvèrent bientôt à Abbeville ( France) le 20 mai, à Boulogne le 23, à Calais le 24, à la Seine près de Rouen le 8 juin, à Châlons-sur-Marne le 12 juin, enfin à Paris le 14. Mais le Gouvernement Français avait déjà fuit la capitale quatre jours auparavant, le 10 juin 1940 donc, jour de la déclaration de guerre de l’Italie mussolinienne à la France. De château en château sur la route du Sud, à Tours, puis à Bordeaux, ce fut la débâcle des autorités nationales françaises qui cédèrent à la panique générale. Les ministres abandonnèrent un à un leur chef, Paul Reynaud, président du Conseil, qui, trois mois plus tôt, succédait au socialiste Edouard Daladier. Il finira lui aussi par craquer et abandonner la plus prestigieuse fonction de la République Française, reprise par le Maréchal Pétain (le 16 juin 1940). Au niveau local ce fut l’affolement et le sauve-qui-peut. Les maires, les préfets et d’autres autorités locales délaissèrent leurs fonctions et se massèrent avec le reste de la population dans les gares où les trains bondés étaient trop surchargés et où les voitures croulaient littéralement sous le poids de leurs très nombreux passagers, apeurés à mort. L’on estime en ce seul mois de juin 1940 à 7 millions le nombre de réfugiés sur les routes, à 2 millions celui des soldats en déroute, certains à la recherche de leur troupe, et d’autres s’empilant presque, les uns sur les autres dans des refuges improvisés. D’autres militaires venaient renflouer les longs cortèges des marcheurs crevés sur les chaussées en direction de nulle part, vers le sud. Bref, c’était un désordre fou.
 
La France « martyrisée » mais « libérée » par l’Afrique et le Cameroun (De Gaulle).
 
C’est dans ce contexte on ne peut plus chaotique, alors que l’on envisage même le 15 juin à Londres d’unir les deux alliés français et anglais en un seul Etat pourvu d’un seul Gouvernement, que le Général de Gaulle, réfugié à Londres le 17 et qui n’est pas encore reconnu comme le chef d’un gouvernement, lance son fameux appel du 18 juin 1940. A cet appel, « il reçoit des messages nombreux ; ceux de l’AEF (Afrique Equatoriale Française, NDA) lui précise parfois avec violence, la volonté du Tchad et du Cameroun de ne pas accepter l’armistice »[ii]. Un tel engouement va contraindre le gouvernement britannique à désavouer le Maréchal Pétain et reconnaître De Gaule comme le chef des « français libres » le 28 juin.
 
Le 25 juillet 1940, le capitaine Philippe-François-Marie de Hauteclocque, instructeur à l’école militaire de Saint-Cyr part pour Londres via le Portugal, avec l’aide du consul de France au Portugal qu’il a rejoint, après avoir traversé l’Espagne franquiste à vélo. Pressé de rallier le Cameroun et l’empire, De Gaule l’envoi en mission avec pour instruction d’«  amener tout ou partie des colonies françaises d’Afrique occidentale et équatoriale et le Cameroun à se joindre au général de Gaule, pour refuser l’exécution des armistices et continuer la guerre contre les allemands et les italiens »[iii]. Quelle fierté retrouvée grâce au Cameroun qui a toujours été à « l’avant-garde du sentiment nationale de l’Empire, parce qu’il a senti plus que tout autre, dès l’avant-guerre, la menace de l’Allemagne »[iv] (René Pleven, plusieurs fois ministres et même deux fois président du Conseil).
 
Le jeune capitaine de Hauteclocque, qui emprunte désormais le pseudonyme de   Leclerc afin de protéger sa famille restée au nord de la France, prend la direction du Gold Coast (Ghana) le 5 août en compagnie de deux autres militaires ralliés à la cause Africaine de De Gaule ; il s’agit de René Pleven et Hettier de Boislambert. A Lagos, le Général Larminat les rejoint avant d’effectuer sa mission sur Brazzaville. Pleven part pour Fort-Lamy le 24 août et déclenche le ralliement tchadien, ce que fait également Leclerc et Boislambert au Cameroun, au même moment.
A Victoria (Limbé, Cameroun britannique), ils rencontrent 3 capitaines français évadés du Dahomey (actuel République du Bénin), puis d’autres camarades et officiers à Tiko et sont désormais 23 militaires qui formeront la toute première troupe « française libre ». Dans un canot à moteur prêté par les britanniques, ils y prennent place en direction de Douala par le Wouri après avoir reçu des armes du Révérend Père Dehon[v] , prêtre catholique français. Le capitaine Leclerc apprend au Cameroun, sa nomination au grade de colonel. A Manoca, trois piroguiers camerounais les attendent depuis, car 10 jours auparavant, Boislambert avait effectué un bref séjours à Douala pour nouer des contacts, préparer l’expédition et reconnaître l’itinéraire.
 
Au sortir de la pirogue, les français du Cameroun les attendent. La poste centrale de Bonanjo, qui deviendra la Place de l’Indépendance et d’où se trouve la statue de Leclerc (dénoncée par Mboua Massock), est le lieu de rassemblement. Les populations de Douala, Yaoundé, Nkonsamba, Koumden et de toutes les régions du Cameroun adhèrent massivement à la proclamation du 27 août du colonel Leclerc. Il y a même de nos jours encore, l’avenue du 27 août à Yaoundé et à Douala. Dans la ville portuaire, cette avenue   est située à Akwa, parallèlement avec et entre la rue Gallieni (Maréchal de France) et la rue Pau (ville de France) et coupant tour à tour l’avenue Ponty, l’avenue du président Poincaré (homme politique français), etc. pour rejoindre à Bonanjo, le boulevard du général Leclerc, et tout près, la rue French et l’avenue Clemenceau (homme politique français) qui coupent tous les deux, l’avenue du Général De Gaule[vi]. Des populations gabonaises et brazzavilloises que De Gaule a rejoint avant de retourner à Londres se joignent massivement à la nouvelle « légion du Cameroun », devenue la principale base militaire de la France libre, puisque « le Cameroun était devenu sa plus fidèle, sa plus forte alliée de guerre. Il (Leclerc, ndlr) en tirait du matériel et des troupes (…) la population l’accueillait toujours avec enthousiasme. Il en était profondément ému »[vii].
 
Entre le 23 et le 25 septembre, De Gaule subit un cuisant échec à Dakar[viii] où il a débarqué avec les troupes franco-britanniques pour étendre son influence sur l’armée française du Sénégal encore fidèle au maréchal Pétain. Son armada est détruite. Psychologiquement abattu, le général en fuite ne trouve aucun autre pays sur la côte Ouest de l’Afrique pour l’accueillir, sauf le Cameroun, où il arrive le 8 octobre 1940 par le port de Douala. Les camerounais lui redonnent courage car ils sont des milliers qui sortent à sa rencontre pour l’accueillir sur le quai, en compagnie de Leclerc, et sont prêts à faire le don de leur sang pour la France. Très ému par des encouragements qui fusent de partout, De Gaule y passera un long séjour, tranquille, pour y structurer sa principale base arrière d’où il lancera sa campagne en vue de la libération de la France.
 
Pour le front de guerre, Leclerc obtient plusieurs fois des camions et de l’essence par le délégué Saller en poste à Yaoundé et prend la direction de la France en traversant l’Afrique enclavée. Avec ses très nombreuses troupes africaines communément appelées « tirailleurs Sénégalais », il passe par la province du Nord-Cameroun (Garoua) où il sillonne les marais de la Bénoué, traverse le Logone et Chari, arrive à Fort-Lamy au Tchad. Dans le massif du Tibesti, à Faya (Largeau), il prend le commandement de la garnison de Pleven qu’il rencontre le 2 décembre 1940. Avec ses chars il continue son expédition à Zouar où ses hommes et lui font face au baroud du sable quasi mouvant sous la chaleur tonitruante du désert. Ils sont bientôt à Kanem, puis à Chrea au groupement Delange. Au Fezzan ensuite, vers la Tripolitaine, Uigh-el-Kébir, Mourzouk, Sebha, Brack, Mizda, et, avant Tripoli, le célèbre oasis de Koufra.
 
Durant tout ce parcourt, c’est la guerre implacable contre l’ennemi Italien et Allemand qui disposent des balles traceuses explosives et un avantage en armement de guerre. Le sang coulera à flot. La mort sera semée dans ces contrées hostiles à nos braves compatriotes donc beaucoup perdent la vie. Un « équipage de camerounais égaré entre Koro-Toro et Zouar est retrouvé après quinze jours de recherches. Auprès des cadavres desséchés, un papier griffonné porte ces mots : ‘’si vous ne venez pas dans deux jours, nous sommes morts. Vive la France !’’ »[ix].
 
Les troupes ralliées se reconstituent : 5000 hommes, 2000 véhicules, car sur le fleuve Chari, « les bacs de Kousseri et de Yagoua vont presque sans arrêt d’une rive à l’autre, transportant hommes et matériel (…) 1 300 000 litres d’essence transporté à 1500 kilomètres de Fort-Lamy (venant du Cameroun, ndlr), au prix d’un effort que les techniciens chiffrent brutalement : pour transporter 10 000 litres d’essence, il en faut 35 000 ! »[x]. Fort de ces renforts constants qui lui viennent parfois du cœur même du Cameroun, Leclerc doute peu et continue à harceler l’ennemi dont les soldats meurent sous les obus. Attaques aériennes des deux camps, ripostes stratégiques ; la guerre est rude et l’issue n’est point certaine durant cette année 1941. Les mois passent encore, l’ennemi italien demande enfin les conditions de la capitulation et finit par céder. Le serment de Koufra (Libye) est prononcé.  Nous y reviendrons infra en re-feuilletant Remember Ruben, un émouvant récit de Mongo Béti[xi].
Pour l’instant, Leclerc pense déjà embarquer pour la France. Mais il y a encore Tunis où il y aura des batailles rudes, des tires d’artilleries. Ils vont et reviennent sur leur pas pour re-combattre l’ennemi tenace, enterrent leurs morts, prennent les armes de l’ennemis ainsi que leurs chars et continuent les combats, acharnés.
 
Camerounais et tchadiens entrent à Tripolis le 24 janvier 1942, sous les acclamations des soldats de Montgomery qui s’écrient : « Français, Francesi ! » Au contact des alliés britanniques, la troupe de Leclerc devient la force ‘‘L’’ alors qu’il y a « transformation de la compagnie d’infanterie portée du Cameroun en compagnie de défense antichar »[xii]. Dans la campagne de Tunisie, les balles claquent encore, les tireurs ennemis sont invisibles, mais Djebel Melab sera finalement pris; c’est ensuite le tour d’Alger avec le risque perpétuel de sauter sur les trop nombreuses mines qui pullulent dans la région. Beaucoup perdent une jambe, ou la vie, comme le lieutenant Gué, un ancien du Cameroun.
 
Rencontre avec les Panzergrenadiere allemands, super équipés, sur Ksar-Rhilane le 10 mars. Marocains, Algériens, Tchadiens, camerounais et autres subsahariens (Gabonais, Congolais, Centrafricains, ect… appelés tirailleurs Sénégalais) s’illustrent aux cotés de Montgomery. Hautes colonnes de fumées noires ; il n’y a plus un seul avion dans le ciel pendant des jours ; face à face sans merci donc. L’on enregistre des prisonniers Allemands et Italiens, mais aussi des prisonniers du côté de la force ‘‘L’’. Une bombe éclate tout près du général Leclerc mais quelques jours après, c’est le « well done » de Montgomery aux forces de Leclerc qu’il présentera au roi GeorgeVI à Tripoli : « Sire, voici le général Leclerc, sans lui, je n’aurais pas pris la ligne Mareth »[xiii]. Le combat continu sur Matleb, puis Gabès à partir du 28 mars 1943. C’est bientôt 3 000 prisonniers et Leclerc dira : « A part la question famille, victoire, etc…, l’Europe est vraiment moche à côté du Cameroun ou du Tchad et je comprend les coloniaux » (INGOLG (François), déjà cité, p. 100).
 
Par ordre du Général De Gaule, la force ‘‘L’’ devient la 2ème division blindée, cette « 2e DB qui est la première grande unité dans laquelle se trouve réunis les français qui, depuis trois ans, étaient séparée par les circonstances ». Joints par les évadés d’Espagne et de France et des volontaires d’Afrique du Nord (Cf. Voir les films, La couleur du sacrifice ou Indigènes[xiv]), les grands anciens du Tchad, du Gabon, du Congo-B et du Cameroun sont à la tête des groupements de la 2e DB qui sera transportée en Angleterre au début du mois de mai 1944 : « Le Cameroun lui avait appris la valeur de l’initiative et brusquement avait élargi son champs d’action (…) mais c’est le Tchad qui devait lui fournir le plus vaste et le plus ardent de ses champs d’expérience » (Duflay, in Leclerc De Hauteclocque, op. cit.).
 
En août 1944, la 2e DB se trouve sous les ordres du général américain Haislip. Objectif : la France ! Forêt d’Ecouves, Le Mans, Alençon, Château Gontier le 9 août, Mamers, Carrouges, Argentan. Ils sont reconnus par les français qui applaudissent au milieu des ruines. Combats sur combats, victoires avec de nombreuses pertes d’engins militaires et en vies humaines. Ce sera le cas des « héros anonymes » (N. Sarkozy) morts le 16 août au bois de Boulogne qu’évoquait avec émotion Max Gallo et le nouveau président français dans les toutes premières heures de son investiture à la l’Elysée. Fin de la bataille de Normandie le 19 août 1944, débandades dans le camp de la redoutable Gestapo, des Sections d’assauts et des SS allemands qui reculent devant la très surprenante force française (et africaine). Le 25 août, la 2e DB marche sur Les Champs Elysées, à Paris : 20 000 hommes, 80 chars, 60 canons. La ville est dans l’allégresse et crie : « Leclerc est dans Paris ». Ce dernier tiendra le serment de Koufra où s’était livré l’une des plus meurtrières batailles, mais sans mettre en exergue les braves négros qui combattirent. Ouvrons d’ailleurs une parenthèse pour laisser Mongo Béti nous évoquer dans son roman Remember Ruben, le comment des choses :
« - Est-il exact qu’on vous tenait reclus comme des pestiférés et qu’on vous excluait des défilés de victoire ?
- Affirmatif ! » déclara comme dans un cri l’ancien combattant (…) « Absolument exact. Ainsi, mon petit gars, qui a pris Koufra ? C’est vrai que tu ne sais pas ce que c’est que Koufra : mais qu’est-ce qu’on vous enseigne dans vos fichues écoles ? Eh bien, moi, je vais te dire qui a pris Koufra ; et ouvre bien tes oreilles. Figure toi que les vainqueurs de Koufra, eh bien, c’était nous !
- Vous qui ?
- Nous, les gars du pays, et autant de Saringalas. En tout quatre à cinq bataillons de négros ! Eh bien, Koufra, c’est çà, mon vieux.
- Et les autres alors ?
- Les autres ? Regarde-les ici déjà : tu les vois aller souvent en tête au coup dur, toi ? Pour crier aux autres ‘‘en avant’’, oui, mais c’est tout. D’ailleurs, à l’époque, si tu mets les gradés de côté, ils n’avaient pas un seul combattant disponible. Il n’y avait que nous. Et que s’est-il alors passé ? Nous n’avons jamais eu les honneurs de la victoire. Quand les Italiens se sont rendus… des Allemands (…) les honneurs de la victoire c’était de pénétrer dans la citadelle. La citadelle, c’était El Tadj : eh bien, devine ce qui s’est passé ? Nous autres, nous n’avons pas été autorisé de pénétrer dans El Tadj, pour ne pas humilier les Italiens : ils avaient posé cette condition là avant de se rendre. (…) Voici le présent : as-tu déjà entendu parler de Ruben, mon petit gars ?[xv] »
Fermons cette parenthèse sur Koufra pour marcher sur Paris. Justement : « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré (…) avec le concours des armées de la France », fut le cri plein de soulagement fièrement lancé par la voix émotive d’un De GAULE enfiévré, dans un discours mémorable, le vendredi 25 août 1944. C’est le jour où le maréchal Leclerc, cette figure emblématique des Forces françaises libres, reçut la reddition de l´occupant Allemand. La guerre terminée, Leclerc meurt dans un tragique accident d’avion en 1947 et entrera au panthéon à Montparnasse. L’architecte Jean Willerwal lui a érigé un musée-mémorial associé à la libération de Paris, et situé au 23 de l’allée de la 2ème DB, dans le 15ème arrondissement à Paris (Jardin Atlantique). Fait remarquable, cette mort survient 13 ans avant la fausse Indépendance du Cameroun (1er janvier 1960) réclamée pour la première fois en Afrique subsaharienne par Ruben Um Nyobè, alias Mpodol, en 1948, après la mort de Leclerc donc, qui n’a évidemment jamais été un artisan de l’Indépendance du Cameroun. C’est pourtant sa statue qui trône sur la place de l’Indépendance, devant la poste centrale de Bonanjo. Voilà l’histoire véridique, refoulée dans le tartare, par la mémoire sélective de Sarkozy, l’homme qui pense que « la France n’a pas à rougir de son histoire. Elle n’a pas commis de génocide ». N’est-ce pas après la libération de la France qu’il y a eut les massacres de Sétif (que l’histoire officielle de la France chiffre au rabais à 60 000 morts), la barbarie de Madagascar, les massacres en pays Bassa et le génocide Bamiléké au Cameroun  (entre 60000 et 600000 morts), ect… La France est accusée au Rwanda (un million de tués), en Côte d’Ivoire, en RCA, au Tchad depuis l’époque de Goukouni Weddeye et d’Hissène Habré ?) 

En fermant cette longue parenthèse, loin d’être exhaustive,  le cri vain de Mboua Massock nous résonne encore : « Nos martyrs d’abord ! » Accusé de « destruction de biens publics » pour avoir invité les camerounais « à démolir » la statue de Leclerc, il pose pourtant brutalement une question légitime et épineuse qui concerne tous les peuples d’Afrique, à l’heure du déni, de la tentation du négationnisme et ou il plaît à la France de légiférer sur un étonnant rôle positif de la colonisation. Après la magistrale leçon d’Achille Mbembé à Sarkozy, nous nous interrogeons : Doit-on dédier des monuments à la France alors que les OSSENDE AFANA, OUANDJIE, MOUMIE ou Ruben UM NYOBE (Mpodol) qui est classé « au premier rang des martyrs africains de l’indépendance » (A. Mbembé) ne sont pas encore honorés au Cameroun ?
 
Betran KOMNANG, Bruxelles - Belgique.


[i] Pierre Serryn, Réné Blasselle, Jacques Boudet, L’histoire de France par l’image, Paris, Bordas, 1982, p. 42.
[ii] INGOLG (François), (MOUILLESEAUX) Louis, Leclerc de Hauteclocque, Ed. Littéraires de France, Paris, 1948, p. 39
[iii] INGOLG (François), (MOUILLESEAUX) Louis, op. cit. p. 40
[iv] Idem, p. 46.
[v] Idem, p. 44
[vi] CROWTHER (Geoff), Africa on a shoestring, Lonely Planet Publications, Australia, 1944, p. 107. On retrouve d’autres noms de rues, de constructions et de monuments dans toutes les villes Camerounaises. Citons : à Douala, l’avenue Clemenceau, l’avenue du général De Gaule, la rue French, la rue Bertaut, l’école du camp Bertaut, les collèges (Alfred Saker, etc.) . A Yaoundé, l’avenue De Gaule, l’avenue Joffre, l’avenue Giscard D’Estaing, l’avenue du 27 août 1940, l’avenue Adenauer (Chancelier Allemand), l’avenue Vogt et collège Vogt (naturaliste Allemand),l’ hôpital Docteur Jamot, la rue de Narvick (port norvégien qui rappelle les combats navals et terrestres sans merci entre Franco-Britaniques et Allemands en avril et mai 1940), etc.
[vii] INGOLG (François), (MOUILLESEAUX) Louis, ibidem, op. cit. p. 48
[viii] Le Monde et son histoire – Nos contemporains, Tome X, Ed. Bordas Laffont, Paris, 1971, p. 20. Il y est également fait mention du « ralliement de l’Afrique équatoriale, du Cameroun… » à De Gaule, en 1940.
[ix] INGOLG (François), Idem, op. cit. p. 79
[x] Idem, p. 80
[xi] Mongo Béti, Remember Ruben, Ed. L’Harmattan, Paris, 1982. (Première publication).
[xii] INGOLG (François), Op. cit. p. 85
[xiii] Op. cit. P. 94
[xiv] Indigènes, Réalisation : Rachid Bouchareb, (avec Jamel Debouze, Samy Nacery) – Film historique de guerre, Paris, 2006, 120 min.
[xv] Mongo Béti, Remember Ruben, Ed. Le Serpent à plumes, Paris, 2001 (réédition), pp. 251, 252



Photo:  Du  capitaine Charles NTCHORERE. du  53ème R.I.C.M.S.(Régiment d´Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais).Le capitaine NTCHORERE et ses hommes sont faits prisonniers par les Allemands.  Le 07 juin 1940,pour avoir refusé de se soumettre,le capitaine NTCHORERE originaire du Gabon est froidement et lâchement exécuté par l´armée nazie.Son corps est ensuite broyé par un char allemand
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«Aboul Gnoul», apporte l’alcool- finira par constituer, la marque d’une stigmatisation de ceux qui auront contribué, à vaincre, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.
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Deconstructing the founding myths of France´s greatness Paris le, 11 Octobre 2006 - René Naba
Translated by Xavier Rabilloud, proofread by Nancy Almendras...


Jumeaux Masao "Ngondo"

Remember Moamar Kadhafi

LIVING CHAINS OF COLONISATION






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