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Magloire Kede Onana interview

 
si j’avais un souhait à émettre, c’est celui de créer dans nos grandes agglomérations des « Maisons de jeunes et d’éducation à la citoyenneté ». C’est pour moi, le seul gage pour favoriser l’épanouissement de la jeunesse. Les jeunes ont besoin de lie


Il est impossible de ne pas être accroché par la verve prolixe du Prof Magloire. Généreux à souhait, humble et autocritique, cet assoiffé de connaissance et bourreau de travail a décidé de laisser son Lycée d’où il officiait comme proviseur pour revenir s’asseoir sur les bancs de Paris 12. Dans le cadre d’une nouvelle série intitulée: PAROLE AUX AUTEURS. Votre site Icicemac.com donne la parole aux Camerounais quelque soit leur situation sociale ou niveau intellectuel. Aujourd’hui Magloire Kede Onana, le pédagogue, parle de sa passion:l´éducation. Accrochez vous! "On ne le dira jamais assez. Tout enseignant est un passeur culturel. Mais de plus en plus aujourd’hui, lui, qui coule les générations dans son moule, est trop mal en point pour transmettre des contenus d’enseignement sans rapport avec la réalité."



Modeste Mba Talla : Magloire KEDE ONANA : qui êtes-vous ?
Magloire KEDE ONANA : Je n’aime pas parler de moi. Mais comme vous voulez que je décline mon identité, je me présente : Camerounais, je suis né le 24 Mai 1960 à Yaoundé. Originaire du département de la LEKIE, petit-fils du Chef du groupement de MINKAMA  (arrondissement d’Obala), vous comprenez bien que je suis ETON (Province du Centre). Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé (promotion 1990) et titulaire d’un DEA soutenu  la même année au département de philosophie à l’Université de Yaoundé, je suis enseignant de carrière dans le domaine de la philosophie.


Depuis quand vivez-vous en France ? Quel est le but de votre séjour ?

Comme je le signalais plus haut, en 2004, j’avais moi-même demandé à venir parfaire  et réorienter mes compétences. Pour échapper à la routine qu’impose le système bureaucratique, j’ai décidé de passer de l’école de la vie  pour une autre toute nouvelle, qui est la vie de l’école.  Je termine donc en ce moment même une thèse à l’Université de Paris 12, intitulée «  EDUCATION ET PROBLEMATIQUE DE LA CITOYENNETE VERTUEUSE DANS LES ETATS MODERNES ». Malgré toutes les situations intenables que j’endure pour terminer ce travail, à cause de la précarité de mes moyens, accentuée par le niveau de vie trop élevé en France, je dois me plier en quatre pour faire honneur à mon pays. Pour rompre définitivement avec une tradition devenue trop improductive, qui a toujours voulu chez nous que le fonctionnaire reste compétent par habitude, sans formation continue, toujours prisonnier de la capricieuse vielle machine à dactylographier nos textes, inapte à la culture des NTIC, l’humeur pas toujours à l’avenant, à cause des interminables manies aussi bien de la secrétaire que du « comptable manières » ou de l’intendant, eux-mêmes appelés désormais à se former aux nouvelles techniques de gestion, j’ai profité de mon séjour en Europe pour suivre une autre formation de haut niveau en administration et gestion des entreprises. J’ai donc parallèlement présenté en un an, un Master en management des Organisations (option gouvernance éducative) à L’IAE (Institut d’Administration des Entreprises) de  Bordeaux4. J’y ai soutenu un mémoire intitulé «  La gouvernance éducative : le cas du Cameroun dans le contexte global des engagements internationaux ». Par rapport aux impératifs de la mondialisation, je dois dire que le contenu de cette aventure intellectuelle est édifiant !


Les enseignants « craie en main », c’est-à-dire les professeurs qui enseignent effectivement se plaignent du traitement que leur infligent leurs collègues appelés à occuper une fonction dans l’administration. En votre qualité d’ancien proviseur, dites comment s’explique un tel  clivage dans un même corps ?


Je pense pour ma part qu’il ne faut pas généraliser cet état de fait. Il y a de bons chefs d’établissement chez nous, comme il peut aussi en exister des médiocres, des parvenus, toujours coupables de prévarication. Il faut interroger les psychopédagogues, qui s’accordent à démontrer que la conduite de chacun de nous est fonction des situations que nous endurons au quotidien, parfois depuis notre prime enfance. J’illustre ce  premier propos, en démontrant qu’il est indéniable que l’élève  « X » qui entre dans une salle de classe à 7heures du matin cesse d’être le même élève à 9heures, surtout s’il n’a pas pris le petit-déjeuner le matin, pire encore s’il transporte perpétuellement dans son cerveau l’image  d’une mère ou d’un père trop autoritaire, ou  alors toujours en état d’ébriété, comme pour noyer au quotidien ses soucis dans un verre.

Pour le cas d’espèce, je reconnais que le malaise est profond. Il faut en rechercher les causes à tous les niveaux. Depuis que la crise frappe durement et durablement nos pays, la culture scolaire  est en crise. Le présent n’a plus d’épaisseur dans le vécu quotidien  de ces passeurs culturels que sont les enseignants. Les humeurs ne sont donc plus à l’avenant dans les milieux éducatifs. C’est comme si nos cadres de formation étaient devenus à l’image de nos sociétés en décrépitude. Tous les acteurs, qui déchantent déjà pour la plupart sur les lendemains de l’Ecole y passent des moments anxiogènes et phobogènes. Plusieurs causes accentuent le malaise ici :

-le porte-monnaie ne répond plus jamais à tous les défis ;

-le lieu d’affectation n’est pas toujours motivant, certains ont du mal à oublier leur belle chambre d’étudiant à « Ngoa »,

-d’autres malaises relèvent des profils de carrières très souvent en dents de scie ;

Dans tous les cas, et d’après mes observations d’homme de terrain ayant eu la chance d’exercer dans certaines des zones les plus enclavées du pays, l’itinéraire existentiel de l’étudiant qui sort de l’ENI ou de l’ENS est généralement jonché d’obstacles et d’embûches. D’ailleurs, dès son entrée dans ces Ecoles jusqu’à sa sortie, qui s’effectue traditionnellement sans tambour ni trompette, le jeune « fonctionnaire » va vivre la réalité de sa formation la queue entre les jambes. Comprenons donc que dès l’abord, il ne peut que porter un regard désabusé sur son métier. Comme si cela ne suffisait pas, il lui sera demandé d’aller chercher sa prise de service, sans le premier salaire. Comment prend-on du service ? Dans une salle de classe ou alors sur du papier ? Tous les écarts de conduite commencent à ce niveau. D’un niveau à l’autre,  il aura toujours honte de regarder derrière. Une autre manière de dire que même s’il était entré dans ces Ecoles par vocation, sa conscience professionnelle s’émoussera dès les premiers jours.


Signalons pour le déplorer qu’il existe aussi dans nos lycées et collèges en ce moment même, une autre catégorie d’enseignants ; composée d’ingénieurs et de techniciens formés dans nos écoles de formation que je ne citerai pas ici parce que ça me fait trop mal. Après ce premier cursus,  Ils se sont rabattus à l’ENS quand l’Etat avait suspendu les recrutements et le lancement de certains concours d’entrée pour le compte de la fonction publique. A l’époque,  seule l’éducation nationale organisait des recrutements. Mais l’ineptie, c’est qu’on entrait à l’ENS sur étude des dossiers. Il y eu là, une sorte de méritocratie sur fond de clientélisme. Voilà donc une génération d’imposteurs qui tombaient pieds joints devant les élèves, l’unique but étant d’avoir la sécurité alimentaire. En ma qualité d’ancien proviseur, je dois vous avouer que j’ai eu à accueillir comme partout ailleurs des enseignants ayant parcouru un tel cursus. En tout état de cause, il fallait fonctionner comme dans une douche écossaise en cas d’incompatibilité d’humeurs. Je ne me contentais pas d’infliger des traitements ignominieux à mes jeunes collègues, ni de porter coûte que coûte à la connaissance de ma hiérarchie, des cas traduisant des comportements odieux et belliqueux. J’utilisais la méthode compréhensive. Sans être  faible, ni trop humain, je les coulais dans le moule de la connaissance et du respect des textes en vigueur, que je ne tardais pas à mettre rapidement à leur disposition au CDI (Centre de documentation et de l’information) ou bibliothèque du Lycée. Convaincu qu’il ne faut jamais désespérer de l’être humain, je profitais de la tenue des «  Assemblée générale »de début et de fin de trimestre pour faire des bilans et perspectives. Ces grands moments de rencontre-débat permettaient aux uns et aux autres, plus humbles, de garder présent à l’esprit qu’en matière de pratique pédagogique, nous sommes tous des ignorants, mais que nous n’ignorons pas toujours  les mêmes choses. La mise sur pied de la communauté éducative venait par la suite, favoriser l’intégration facile des jeunes enseignants dans ce nouveau microcosme.  Les textes existent, qui codifient les comportements de tous, mais j’ai l’impression que tout dépend aussi du coefficient personnel du dirigeant.


Je termine en soumettant à notre méditation cette pensée de Jules CLARETIE «  Tout homme qui dirige, qui fait quelque chose, a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire, et surtout la grande armée des gens d’autant plus sévères qu’ils ne font rien du tout »


C’est dire que chacun de nous doit toujours avoir à admirer un mentor. Mais il faut savoir et pouvoir faire l’épreuve et la preuve de ses engagements avec clarté d’esprit et distinction.Une telle entreprise, qui s’élabore sur le long terme, n’est possible que si très tôt, le jeune fonctionnaire use d’un bonne dose d’humilité pour se poser à lui -même cette redoutable question :   au nom de quoi et en vue de quoi je m’engage à devenir enseignant, ou alors, à servir l’Etat ?

 L’état de délabrement des Lycées camerounais est inquiétant : bâtiments sales, toitures pas toujours étanches, si elles existent, les bibliothèques vides ou dépassées. Que prévoient les budgets des Lycées pour qu’au fil des ans, rien ne soit fait pour améliorer le cadre de travail des élèves et des enseignants ? La question est d’autant plus pertinente que l’on retrouve dans certains Lycées des vestiges de bibliothèques, de salles de musique qui témoignent d’une gloire passée. Qu’est-ce qui a changé ?

Je reste de ceux qui soutiennent que le tout n’est plus tellement aujourd’hui de changer les choses, mais de penser, voire de re-penser perpétuellement le changement même, et pouvoir adapter les idées et projets aux multiples défis du temps qui nous interpellent. Certes que dans les dix provinces que compte le Cameroun, on retrouve des établissements scolaires qui présentent un état de délabrement inquiétant. Mais, comment comprendre que l’on y trouve aussi d’autres, qui présentent un visage neuf,  régulièrement réfectionnés, avec de somptueux  Centres multimédias  et des bibliothèques bien fournies ?  Je crois qu’il y a là un sérieux problème de répartition équitable des offres éducatives à repenser. La même préoccupation soulève la redoutable question du suivi et de l’évaluation des textes. J’y vois aussi celle de la continuité de l’œuvre de l’Etat.
 Tout n’est pas souvent mauvais dans le contenu de nos politiques éducatives. Ce qui reste préoccupant chez nous, c’est la mal gouvernance. Comment mettre en œuvre les politiques déjà  retenues avec continuité, efficacité, transparence, lisibilité, efficacité, efficience visibilité, responsabilité, autant de mots chers à la gouvernance mondiale ?

J’ai encore en mémoire le fameux Décret 2001/041 du 19 Février 2001 portant organisation des établissements scolaires publics et fixant les attributions des responsables de l’administration scolaire.
Convaincu que la plupart de nos textes n’ont parfois de valeur que le temps de passage d’un ministre à la tête d’un département ministériel, je ne sais plus si celui-ci est resté en vigueur. Mais je dois avouer qu’il a manqué  dans son application, des stratégies efficaces de suivi. Une relecture de ce volumineux décret permet de comprendre son caractère révolutionnaire. Il semblait répondre aux multiples défis du millénaire, et inaugurait une véritable tradition de la gouvernance éducative chez nous. Les objectifs généraux de ce décret ne pouvaient être atteints sans la formation continue des cadres chargés de l’appliquer : le chef d’établissement, ses collaborateurs, à savoir le censeur, l’intendant, et le comptable matière, les bibliothécaires, et tous les autres acteurs de nos communautés éducatives devaient se former par rapport aux multiples défis à relever.
Vous vouliez savoir plus sur le budget de fonctionnement d’un Lycée camerounais. Pour l’essentiel, celui-ci comporte plusieurs lignes : les quotes-parts par élèves, issues des frais de scolarité versés par les parents ; les subventions versées par l’Etat (sous forme de carton selon l’expression consacrée), les dons et legs. Le budget retenu est préalablement voté en recettes et en dépenses par les différents membres du Conseil d’établissement, qui statuent sur les besoins à l’horizon des attentes des enseignants et des élèves. Ils élaborent pour ainsi dire un projet d’établissement. Vous comprenez bien que ce qui avait changé par rapport aux années précédentes, c’est que le chef d’établissement n’était plus autorisé à gérer seul sans le contrôle régulier des membres élus par le conseil. C’est dire que la bonne amélioration du cadre de travail  dépend pour une large part de la décision du Conseil, chargé de se prononcer sur l’état des besoins proposés par le chef d’établissement. S’il existe entre autres rubriques une, qui permet à ce dernier d’équiper la bibliothèque, et d’autres, conçues pour l’amélioration progressive du cadre, il faut préciser que tout dépend ici de l’effectif de chaque établissement pour que ce budget soit consistant en recettes et en dépenses. Un effort est fait par l’Etat pour doter les établissements de quelques subventions. Mais ce qu’il faut savoir et déplorer en même temps, c’est que  le circuit de récupération de ces fonds reste trop long et trop administratif. Dans le même sens, il faudra redéfinir les critères d’attribution des marchés de l’Etat dans un pays où le profil du bon entrepreneur n’est pas connu, où tout le monde veut être entrepreneur et/ou « hommes d’affaires », à condition de brandir son « papier en-tête » aux gestionnaires de crédits et où l’on entretient encore la confusion entre ces deux termes. (Je développe cette préoccupation  dans mon livre).

 Je ne saurai terminer cette réponse, sans vous dire que nos Etats ne peuvent plus tout faire. La fiche de préparation du budget à voter en recettes et en dépenses présente aussi comme signalé plus haut, deux rubriques : dons et legs. C’est donc à ce niveau que les communautés éducatives composées entre autres, des parents (APE),  des élites de tout bord et autres anciens élèves de nos établissements sont interpellées. En ces temps de crise accentuée, où les camerounais sont devenus pour la plupart plus riches que l’ETAT, chaque localité va avoir l’Ecole qu’elle mérite. Ils sont encore nombreux dans nos communautés, parents et enfants qui déchantent  sur les lendemains de l’Ecole. Je pense pour ma part que l’heure des grandes responsabilités a sonnée. Le temps est arrivé où les Elites (politique- opérateurs économiques et intellectuelles), doivent se mobiliser autour de nos écoles. Parmi nos élites, il y en a qui ont toujours gagné les "marchés" de l’Etat. Anciens élèves de tel ou tel établissement de nos localités, il faut par souci de patriotisme, un retour de l’ascenseur. Qu’il est choquant de voir ces élites qui construisent des "Duplex" marbrés à quelques pas de l’établissement où ils ont obtenu leurs diplômes, alors que ce dernier présente un état de délabrement  inquiétant , sans toiture viable, ni table bancs et de bureaux pour les élèves et nos enseignants ? De tels comportements                         consuméristes et antipatriotiques traduisent une ingratitude blâmable, qui doit retenir l’attention de tous. C’est l’alternative pour que cette déplorable situation change


Le débat sur la baisse du niveau des élèves revient constamment. A voter avis, est-ce un problème réel ou un aspect du conflit des générations qui veut que les aînés trouvent toujours à redire sur la constitution et la performance de leurs cadets ? Et si cette baisse de niveau était effective, qu’est-ce qui l’explique dans le contexte Camerounais ? Que proposeriez- vous pour y remédier ?


 Avant de parler de façon récurrente de la baisse du niveau des élèves chez nous, je pense qu’il faut éviter d’organiser une fuite en avant et de pratiquer  la politique de l’autruche, qui consiste à refuser de poser  de vraies questions pour ne pas avoir à les résoudre. Et c’est cela le danger des vraies questions. Le problème est que les aînés regardent toujours les jeunes avec les yeux d’adulte. Les jeunes aussi, qui sont devenus d’un nouveau type les trouvent ridicules. D’où la source de l’éternel conflit des générations évoqué. Si aujourd’hui le fossé ne cesse de se creuser entre les générations, c’est parce que les deux générations ne se donnent plus la main. Il faut donc savoir de quel niveau nous parlons. Niveau de culture scolaire ou niveau d’aspiration de tous par rapport au dégré de réconciliation de l’Ecole avec son environnement ?
 A mon sens, nos élèves ne sont pas bêtes. Je crois qu’ils ont seulement un problème d’adaptation au contexte du moment. Le pédagogue français Philippe MEIRIEU a été interpellé tout dernièrement dans le contexte qui est le sien sur cette grave question. Je lui donne entièrement raison lorsqu’il soutient que ce n’est pas toujours l’orthographe qui manque à nos élèves, mais c’est la capacité à organiser leurs connaissances, elle-même accentuée par la baisse des capacités d’attention. Il y a chez eux un sérieux problème de concentration qui ne dépasse pas aujourd’hui les quatre minutes. Mais, il ne s’agit pas de penser que nos élèves sont moins intelligents ou moins cultivés, ce qui est préoccupant, c’est qu’ils sont plus excités et plus pénibles, avec des capacités d’attention moins grandes. A l’heure de l’utilisation tous azimuts de ce qu’il appelle « les technologies de l’immédiateté » ils passent l’essentiel de leur temps à consommer le petit écran, les jeux vidéo et les musiques, et restent  bombardés au quotidien par l’information non contrôlée par les parents. La question de fond reste de savoir comment les aider à être plus attentifs et concentrés ? Le pédagogue pense que « la pédagogie, le sport, l’enseignement artistique peuvent apporter des réponses ».
 Il y a donc là aussi une baisse de notre niveau par rapport à celui des jeunes, surtout ceux de nos villes, qui  pour la plupart, ont un accès trop aisé aux NTIC qui, généralement ne présentent pas que des aspects positifs. Pour pallier tous les manquements, les parents sont interpellés. L’on ne doit pas vite clamer qu’ils sont démissionnaires, peut-être sont-ils seulement dépassés et démunis, parce que non consultés d’avance sur le choix des programmes télévisés ? A cause d’une conjoncture économique de plus en plus difficile, le niveau d’aspiration de tous est en baisse.  Du coup, pour échapper à toutes les formes de contrôles parentaux, les élèves, en qui se cache toujours des enfants inventent des formes de langages incompréhensibles, réservées aux seuls initiés (camfranglais).  La séduction des images les rassemble. Ils maîtrisent plus facilement les programmes des films et des sports qui passent à la  télé (mémoire visuelle), que ceux des conférences dans les centres culturels (mémoire auditive). A notre époque, nous lisions des romans volumineux comme Germinal de Zola et Black Boy de Richard Wright par exemple. Nos élèves ne supportent plus ce genre d’épreuve. Comment hiérarchiser les  plaisirs des enfants dans nos familles ? Il s’orchestre ici un manque de motivation des parents à tous les niveaux. Il est grand temps d’accorder les générations, en construisant dans toutes nos grandes agglomérations, en ville comme dans les grandes chefferies de nos villages ; des « Maisons de jeunes et de l’éducation à la citoyenneté », sortes  de hauts lieux de rencontres où l’on pourrait débattre des problèmes d’éducation à la parentalité sans jugement de valeur.
                      
Par rapport à ce qui se passe dans d’autres pays et par rapport aux défis que les mutations globales imposent à la jeunesse, comment jugez vous le système éducatif camerounais ?
 Je développe cette préoccupation dans la troisième partie de mon livre intitulée «  éducation et mondialisation ». Vivement que ce livre soit lu. Homme de terrain, mon livre est la résultante d’une réflexion entamée au lendemain des états généraux de l’éducation tenus à Yaoundé du 22 au 27 mai 1995. Je peux seulement vous dire d’emblée qu’aucun système éducatif n’est bon ou mauvais en soi. Ce sont les motivations qui peuvent manquer à ses différents acteurs, à un moment donné de l’histoire du pays. Je suis porté parfois à croire qu’il suffit de motiver les enseignants pour qu’ils vous produisent des résultats à la mesure et surtout à l’horizon des attentes gouvernementales. Je suis arrivé en France en pleine crise du CPE (Contrat Première Embauche), sorte de revendication qui relançait ici le récurrent problème de l’inadéquation formation-emploi. Sans entrer dans les détails de ce mouvement de revendication qui avait mis tous les partenaires sociaux et autres acteurs en émoi, il faut reconnaître que les français se sont tout au moins donnés cette occasion pour faire le bilan de leur parcours depuis MAI 68. Ils ont plusieurs fois fait le deuil  des actes posés et des prises de position de cette nature. Mais le virus est toujours dans le fruit.
 Je termine en ce moment même la lecture d’un journal qui présente un titre fort évocateur : « Redéfinir la mission des professeurs ». Le nouveau Président de la République Nicolas SARKOZY vient d’envoyer une Lettre de 32 pages à plus de 900 enseignants français. La bouche parlant de l’abondance du cœur, tout y porte à croire que le malaise est profond. Ils ont du mal à s’accorder sur l’éternel  problème de la carte scolaire. De même, il se pose encore dans ce contexte, le problème du statut de l’enseignant. C’est donc dire que les enjeux d’un système scolaire et éducatif sont récurrents partout et selon les contextes. Le risque dans ce cas, c’est d’entretenir la confusion entre les valeurs conjoncturelles et les valeurs essentielles.
En ce qui nous concerne, je dois avouer que  chaque fois que l’occasion m’a été donnée de présenter un exposé sur notre système à l’étranger lors des colloques internationaux, nombreux sont les européens qui attestent que c’est une chance pour nous d’avoir le français et l’anglais comme langues véhiculant deux civilisations. Ce qui veut dire que nous avons deux systèmes scolaire et éducatif chez nous. Il faut creuser nos méninges pour mieux exploiter les acquis tout en tenant compte des problèmes de contenant et de contenu.  Par rapport aux multiples défis qui nous interpellent, et avisés des grandes échéances qui attendent la nation et surtout la jeunesse camerounaise, engagés que nous sommes dans le contexte global des engagements internationaux, nous devons sans cesse garder présent à l’esprit que le devenir de la jeunesse dépendra de la manière dont les aînés leur passeront le relais. Il faut travailler dans le sens de la transmission des valeurs à promouvoir. Quel est le type d’homme qu’il nous faut à la place qu’il faut ? Il faut aussi voir à quel niveau notre système fonctionne comme à plusieurs vitesses ? A quel niveau il y a encore persistance des inégalités dans la distribution des offres éducatives ? Combien d’établissements scolaires crées par décret restent encore sur du papier ? Et pourquoi ? Pourquoi une loi d’orientation ? Qu’est-ce qu’une politique d’éducation ? Quelles sont les finalités de notre système ? Qu’appelle-t-on gouvernance éducative ? Dans un système éducatif l’on doit pouvoir trouver des réponses à ces questions.
En tant qu’enseignant, quel commentaire vous suggère la situation qui prévaut dans les lycées et collèges du Cameroun en ce moment ? Quels sont les principaux obstacles auxquels vous êtes confronté au quotidien dans vos tâches comme enseignant ?
 On ne le dira jamais assez. Tout enseignant est un passeur culturel.  Mais de plus en plus aujourd’hui, lui, qui coule les générations dans son moule, est trop mal en point pour transmettre des contenus d’enseignement sans rapport avec la réalité. La culture scolaire est en crise. Comment transmettre par exemple aux enfants la culture de la production des biens et services, voire des richesses, dans un monde où ceux qui accumulent n’ont aucune culture d’entreprise et où les critères de la réussite ne sont pas connus d’avance ? Tant que le « feyman » parlera toujours plus fort que l’universitaire chez nous, et aussi longtemps que de façon ostentatoire, ce dernier  viendra avec sa cohorte de fausses valeurs, aux heures de pointe, à l’entrée du lycée, jouer les « m’as-tu vu ? », dans le strict but de venir distraire et chercher nos jeunes filles comme pour « aller les déposer », nous perdrons toujours au plan des valeurs à promouvoir, le compas éthique recherché. Pourtant, le moment est venu pour que nos opérateurs économiques s’accordent avec les chefs d’établissement, et de concert avec les enseignants, pour l’organisation périodique des journées portes ouvertes, question d’expliquer trop tôt aux enfants quel est le secret de leur réussite. Il y a pourtant là des enjeux certains dans le sens de la mise en place d’une politique de l’employabilité sur le long terme, qui permettrait à ceux qui ont étudié le management et la gestion des entreprises d’organiser des séminaires qui édifieraient toutes les parties prenantes. Je n’oublierai jamais cette année là, où certains de mes brillants élèves étaient revenus me revoir deux jours après la publication des résultats du Baccalauréat, les larmes aux yeux pour me dire : « Prof’, qu’allons-nous faire maintenant avec le bac en poche ? Nous n’avons pas de moyens pour nous inscrire à l’université. Maintenant même qu’il va nous revenir l’immense mérite de ne plus nous vêtir au quotidien de l’uniforme, nous nous rendons compte que nous n’avons pas assez de vêtements  pour pavaner le long des routes, en vue de  la recherche d’un emploi. Pouvez-vous nous autoriser à revenir suivre les cours de philo, même avec le bac en poche ? »
C’est dire que si rien n’est fait pour diminuer le coefficient d’incertitude et d’inquiétude des jeunes, qui déjà, ne manquent pas de s’interroger sur leur devenir, il se développera davantage chez nous, la « culture de l’indocilité », « la démocratie du hold up ». Il se formera pour ainsi dire au quotidien une génération des inutiles, de bons à rien, qui se baladent à longueur de journée, la musique des autres aux oreilles, se spécialisant à un moment donné dans la consommation de la drogue. Et comme le sexe est devenu un objet de consommation et de consolation courante pour certains, ils resteront nombreux chez nous, qui pratiqueraient toujours la sexualité du coq, et qui  ne comprendront jamais la différence entre sexe et sexualité.
Généralement, je n’aime pas parler de l’avenir aux jeunes, car si vous ne donnez rien à ce que l’on appelle avenir, tout reste une simple vue de l’esprit. Je préfère leur parler de leur devenir,  en arguant que s’ils ne se préparent pas eux-mêmes aussi en devenant quelque chose chaque jour, pour  que aujourd’hui soit un peu différent d’hier soir, ils assombriront trop tôt leur existence. Voilà quelques indices de la crise du SENS  à laquelle l’enseignant est confronté au quotidien.
Dix sept années après les premières élections au Cameroun, quelle évaluation le professeur de philosophie fait de ce processus de démocratisation ?
  Les politologues considèrent l’organisation des élections comme  la première étape de la démocratisation. Vous comprenez bien que selon les termes de votre question, il y a bien longtemps que  nous organisons des élections de tous ordres chez nous (municipales, législatives, présidentielles, etc.). Dans ce processus, il s’agit de mettre les choses en place selon les principes démocratiques, autrement dit, il s’agit de rendre les choses accessibles à tout le monde, l’objectif étant et restant de former une société libre et égalitaire, où le peuple a une influence déterminante dans l’invention et l’exécution de la loi. Entendons-nous bien. Je parle de « peuple » à comprendre comme l’ensemble des citoyens. Mais qu’est-ce qu’un citoyen ?  Dans son acception noble, c’est l’habitant d’une Cité. C’est un « membre du corps politique (cité ou Etat), qui jouit de droits et remplit des devoirs propres à ce corps ». Il ne s’appartient plus totalement à lui-même sinon par son corps et son individualité privée fort restreinte. L’on peut donc dignement l’appeler « fils de la cité », « fils de la société civile », « fils de l’Etat ». En bon fils, il peut répondre à tout moment de ses actes au tout politique dont il fait partie. Cette analyse donne à penser que la citoyenneté implique toujours une aliénation volontaire, inconditionnelle et sans réserve. Le problème à ce niveau est de savoir si ce degré d’implication ou d’aspiration est accessible à tout le monde ? De plus, si le  mot démocratie vient de « démos » =peuple, et « kratein »=régner, cela signifie que c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, mieux, c’est le régime politique où la souveraineté (pouvoir légitime) appartient au peuple compris bien entendu comme l’ensemble des citoyens. Mais tout porte à croire que cette conception de la démocratie n’est vraie qu’étymologiquement parlant, dans la mesure où, surtout chez nous, ce n’est pas le même peuple qui gouverne tout le temps. Les gens changent de veste en fonction du temps et des aspirations idéologiques de leur bourreau. D’autres plus versatiles, paniquent quand leur sécurité alimentaire est menacée. Ceux qui possèdent doivent battre les plus démunis en générosité pour aisément se faire des alliés. J’ai parfois la nette impression que nous entretenons la confusion entre les notions de « peuple », « population » et « populace ».

Il y a comme une différence de degré dans l’usage que nous faisons de ces termes. Par « peuple », il faut entendre l’ensemble d’Hommes constituant une communauté sociale ou culturelle ; c’est aussi l’ensemble d’Hommes habitant sur un même territoire, régis par les mêmes lois, et formant une nation. Bien mieux, c’est l’ensemble des citoyens en tant qu’ils exercent des droits politiques ; ne jouissant d’aucun privilège et ne vivant que de leur travail, par opposition aux classes possédantes.  Quant aux populations, elles regroupent généralement une catégorie particulière de personnes ou d’individus d’un espace déterminé, soumis à une étude statistique. Il faut toujours les recenser, savoir leur nombre, les étiqueter régulièrement et les soumettre ou non aux lois. On parlera donc dans ce cas du « pouvoir du plus grand nombre ». La populace quant à elle regroupe la classe de la population la plus défavorisée, le bas peuple en un mot. Ceux-ci vivent en horizons fermés dans tous les sens.

Il faut remonter à Platon, relire Aristote, séjourner dans les textes de Spinoza, de Montesquieu, de Rousseau, de Machiavel et  de Marx pour ne citer que ces sommités, pour essayer de comprendre si, à chaque moment de l’histoire d’un pays, il y a toujours égal accès de tous les Hommes libres issus d’une même cité aux fonctions politiques, chacun pouvant être à son tour gouvernant et gouverné.
 Pour éviter un long exposé, je vous dirai tout simplement, éclairé par ces préalables, et tenant compte de toutes nos limitations,  que l’évidence ce n’est pas ce qui saute aux  yeux, c’est plutôt ce dont on ne peut plus douter. Il y a un travail de fond qui doit être fait par nos leaders au niveau de leur foyer politique. Ceux-ci doivent lutter contre toutes les formes d’analphabétisme et d’illettrisme, pour éclairer leurs militants et les aider à comprendre ce que parler veut dire. Parler, c’est exprimer son point de vue sur… Il ne s’agit pas de bavarder en politique: c’est-à- dire, dire les choses à tort et à travers. Plusieurs fois chez nous, la démocratie a été considérée comme « emballée » ; « torturée », « apaisée ». C’est peut-être  normal de la rythmer ainsi dans un processus ! Mais je crois qu’il est temps de passer à une autre vitesse dont je ne saurai évoquer le rythme. L’avenir est un choix de tous les jours. Nous semblons avoir choisi la paix, pour qu’elle ne soit pas/plus chez nous un simple mot, mais un état d’esprit de tous les camerounais.
 Si nous voulons parler de « démocratie avancée », je pense que par delà les « dysfonctionnements » souvent enregistrés, il faudra déjà rompre avec une tradition improductive qui pousse certains à donner l’impression que les concepts de « majorité » et de « minorité » sont toujours numériques. Il se met en place chez nous une génération d’hommes et de femmes qui, à eux seuls, incarnent des majorités psychologiques.  On jure en leur nom parce qu’ils ont tout, même s’ils ne sont rien en réalité. Je voudrai rester de ceux qui pensent qu’il n’ y a pas de démocratie sans aspiration de tous à l’égalité des chances. Tant que nous ne l’aurons pas compris et enseigné, le clientélisme social accentuera davantage tous les délits.
Arrêtons aussi de donner l’impression à  la jeune génération que multipartisme et démocratie, ça veut dire la même chose. Qu’est ce qu’un parti politique qui manque de projet de société ? Trop de partis, ça confirme l’idée que chez nous, il y a plus de mécontents que d’opposants. Les mécontents militent toujours pour un intérêt personnel, particulier, égoïste, égotique et égocentrique. Leur projet est typiquement alimentaire. Le bon opposant se pose en s’opposant. Son approche est dialectique. S’il a un projet politique ou de société, c’est parce qu’il a toujours manifesté, par opposition aux autres projets, un vibrant effort pour surmonter les contradictions, après avoir remis au goût du jour ses idées, ses projets. Il épouse la logique du temps, tient compte du contexte et des grandes échéances qui attendent une nation. Seul compte pour lui la nation qui demeure. Lorsque celle-ci est en danger, il participe à l’œuvre d’élaboration nationale. Il s’agit d’avoir toujours de quoi alimenter la réflexion stratégique, convaincu que quand le politique s’en donne une, il ne connaît pas nécessairement les résultats de cette stratégie. La définition de la stratégie ne saura s’arrêter à un seul critère, car, il se pose toujours dans le camp adverse, les sérieux problèmes de dévoilement du contexte et des conflits de critères. La lourde tâche revient donc aux politiques d’éduquer leur regard et celui de leurs militants pour apprendre à voir les choses en face, même s’il se profile une dose d’incertitude. En politique, il faut savoir  traiter l’incertitude, et pouvoir en permanence y jauger le coefficient de pondération axé sur le résultat, l’efficacité et le principe de précaution.
Pour finir, je pense qu’il est temps de dénazifier les plus mauvais qui veulent voir le Cameroun à genoux parce qu’ils n’aimeraient pas le voir debout. Beaucoup de nos compatriotes, opérateurs économiques et leaders politiques évoluent imperturbablement en marge des lois en vigueur. Tout se passe comme si certains se revêtaient du manteau de la politique pour tirer la couverture de leur côté. Et pourtant tout leader doit s’inscrire dans un collectif. L’expression « sais-tu à qui tu as à faire ? » reste d’actualité au bout de leurs lèvres.  Tout ceci constitue un sérieux handicap pour notre système démocratique ; gage pourtant de la promotion d’un échiquier de valeurs, d’où sortira la génération des ensemencements attendue.
Quelle analyse pouvez-vous faire sur ce qu’on appelle désormais le problème anglophone avec le mouvement SCNC qui prône ouvertement la sécession ? Est-il possible d’y remédier ?
          Je dirai d’abord que c’est une chance pour le Cameroun d’avoir deux langues nationales : le français et l’anglais. Au-delà de leur usage quotidien, ne perdons pas de vue qu’on véhicule ici deux civilisations. Je comprends parfaitement que dans la pratique des us et coutumes, deux styles de vie s’affrontent ; les uns ont du mal à s’accommoder des autres et vice  versa. Plutôt que de continuer à embrigader certains camerounais dans les carcans d’un moralisme désuet, il faut dire que ce que certains ont qualifié abusivement de « problème anglophone », pouvait aussi être interprété négativement par d’autres comme un problème que les communautés francophones avaient contre la partie anglophone. Seule une bonne relecture de la vraie histoire du Cameroun peut aider à comprendre pourquoi, la nécessité historique a contraint deux figures de proue de notre Histoire : AHmadou Ahidjo et John Ngu Foncha à braver toutes les contraintes et incompréhensions réciproques de l’époque.
Je pense que nous devons décoloniser nos imaginaires et se dire que « l’hier m’a engendré, voici qu’aujourd’hui, je produits des demains ». Il est question de continuer à entretenir aujourd’hui la flamme allumée par les pères fondateurs, et cela à plus d’un titre.
 De nombreuses recherches menées au plan sociolinguistique montrent que nombreux sont les camerounais des provinces du Centre et du Sud, qui ont leurs frères de sang dans la partie anglophone, et vice versa. Comment justifier  aujourd’hui le fait par exemple que  de nombreux  camerounais  des autres provinces, préfèrent  aller inscrire leurs enfants dans les établissements scolaires et universitaires des provinces du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ?
Je ne vois pas dans le problème évoqué, une histoire de sécession. C’est tordre le coup à une valeur chère à notre pays : l’unité, qu’il ne faut pas confondre avec l’uniformité. Il faudra uniquement repenser la politique d’intégration chez nous. En réhabilitant par exemple les anciens projets du style « SODENKAM », « SCNPD »ou « Service civique National de Participation au Développement », nous pouvons davantage rassembler les camerounais de toutes les provinces. Au lieu de donner l’impression à certains compatriotes qu’ils peuvent un jour « rentrer » on ne sait où (drôle d’ineptie), je pense que le vrai problème se trouve ailleurs. Il faut redistribuer les richesses de notre pays et accélérer le processus de décentralisation et de déconcentration.  Je pense comme cet évêque français qui demandait de faire comme les chrétiens. Pour lui « on n’est jamais chrétien en copiant les autres. On est chrétien par un engagement personnel ». Le seul engagement qui vaille la peine, c’est celui qui commande que chaque citoyen fasse de la paix un état d’esprit et non un simple mot du bout des lèvres
Comment expliquez-vous les nombreux blocages dans la société camerounaise malgré les nombreuses initiatives qui s’y développent ? Peut-on blâmer l’intelligentsia de complicité de médiocratie au Cameroun ?
          Plusieurs types de blocages empêchent le décollage harmonieux de notre société.
-ceux qui ont  eu un accès trop facile à l’argent n’ont pas d’idées, encore moins de projets, et ceux qui ont consacré l’essentiel de leur temps à se faire de bonnes idées salvatrices pour le Cameroun n’ont pas d’argent. Du coup, le fossé ne cesse de se creuser entre ces deux catégories d’individus, parce que les premiers ont toujours peurs des seconds.
-malgré les baisses drastiques des  salaires indiciaires des fonctionnaires, on observe toujours qu’ils sont nombreux chez nous, les agents de l’Etat qui vivent très au-dessus de leurs propres moyens. Comment comprendre qu’ils soient nombreux encore, des hauts fonctionnaires qui se rendent coupables de prévarication et restent incapables de se démarquer du seuil de la médiocrité pour celui de l’excellence ? A cause de l’impunité érigée en norme d’action, tout le monde tente de se vêtir de la peau de l’hyène. Une  autre catégorie, pour rechercher l’onction de la protection, préfère la voie des sectes, où, dit-on, on apprend à vivre heureux et à mourir jeunes.
Pour rompre avec cette dictature de la médiocrité, fondée sur le consumérisme, et la pédagogie de la bêtise,  il faudra favoriser déjà sur le long terme l’émergence d’une nouvelle génération d’intellectuels à qui l’on donnerait de gros moyens de lutte pour  décoloniser les imaginaires. De concert avec ceux de la diaspora, avides de rentrer au bercail,  ils doivent jouir des franchises universitaires et êtres titulaires du droit à la parole. Le stylo devrait rester leur arme par excellence. Il faudra dans le même sens mettre en place des moyens technoscientifiques rendant possible l’informatisation de tout notre système bureaucratique. Il y a là, des enjeux certains pouvant contribuer au déblocage de notre système de gouvernance, et cela dans tous les secteurs d’activités de la vie nationale.
De nombreux jeunes africains accusent leurs élites ou intellectuels d’avoir abandonné la société africaine pour se complaire dans un « griotisme » et un  « ventriotisme » insensé. Quel rôle l’élite camerounaise doit-elle jouer dans le processus de démocratisation au Cameroun ?
Un intellectuel digne de ce nom ne saurait se complaire au griotisme, ni à la politique du ventre. D’ailleurs, il ne saurait se soustraire à sa noble mission, qui  reste celle d’éclairer l’action, aussi bien de l’opinion que des pouvoirs. Le vrai intellectuel hiérarchise ses plaisirs et pratique toujours la politique de la mesure et du juste milieu au sens aristotélicien du terme. Il a donc besoin d’un peu de bien-être pour pratiquer la vertu. Si les objectifs d’un projet de société répondent à ses aspirations légitimes, il peut participer à sa mise en œuvre. C’est donc dire que son adhésion n’est pas nécessairement charnelle, mais intellectuelle. Qu’est-ce que la politique ? Quelle doit être la bonne éducation à donner aux gardiens de la cité ? Quel Cameroun voulons-nous pour nos enfants ? Voilà des questions de fond qui l’interpellent. Il s’agit en général de chercher non de vivre mieux, mais de vivre meilleur, donc, de rechercher le meilleur par des voies et devoirs de la raison.
Il faut distinguer chez nous les vraies et mauvaises élites. La  première catégorie voit toujours  vite et montre le bon chemin. Elle est composée des compatriotes qui apportent toujours des réponses aux incertitudes et inquiétudes de la jeunesse. Quant à la seconde catégorie, composée des fossoyeurs et éternels mécontents, il s’agit de tous ceux-là qui recommandent aux jeunes que pour avoir des chances d’être entendu, il faut élaborer des stratégies agressives de redistribution des richesses, instaurer une démocratie du banditisme, et n’avoir que l’émeute et les sectes pour planche de salut.
Pour opérer des avancées quantitatives et qualitatives dans notre processus de démocratisation, les élites doivent :
-rompre avec la pratique de l’intellectualisme vedettariat qui consiste à s’embourber dans les débats sordides, n’ayant aucune emprise sur nos réalités ;
-se sacrifier pour l’intérêt général, convaincu que ce qui compte au final, c’est la possibilité de « partager un peu du bonheur que l’on fabrique et accumule », pour reprendre un peu ces propos chères à Yannick NOAH,
-cesser d’avoir de l’Etat une conception paternaliste. Dans ce sillage, le mensonge, la vanité, les apparences fausses, la recherche effrénée du gain facile ne doivent plus prendre le pas sur la justice, la vérité et le Bien.
Pour favoriser en permanence l’écoute nuancée et le débat contradictoire sur ces valeurs, il faudra améliorer les conditions de vie des universitaires et leur reconnaître la possibilité de garder une liberté de parole.
En 2004, près de 400 enseignants des universités camerounaises ont tous signé pour la réélection de M. BIYA. Que vous inspire un tel geste de soumission de ces personnes nantis de diplômes ?
          Il faut très rapidement faire chez nous la différence entre le diplômé et l’intellectuel. Le diplômé peut se soumettre. Il y en a même qui jouent les mouchards pour se sentir vu, entrer en bonne odeur de sainteté avec le patron et gravir par ce biais tous les échelons de la hiérarchie administrative. Mais l’intellectuel lui, ne saurait le faire. Il jouit d’une sorte d’indépendance d’esprit qui lui fait adopter une attitude de recul, question de pouvoir se donner la distance pour mieux évaluer l’ensemble des forces en présence et mieux se situer. Il peut donc s’indigner quand plus rien ne conforte ses aspirations. Comme il sait ce que parler veut dire, il exprime son point de vue sur les points sensibles pouvant favoriser la division.
Je pense qu’il est temps que nous renouvellons nos grilles d’analyses  sur nos rapports avec les pouvoirs. Tout ne saurait être négatif dans un régime. Personne n’est pauvre au point de ne rien avoir à donner aux autres. Même un fou perd tout, mais sauf la raison. Ce qu’il perd, c’est l’ordre des raisons, mais jamais les raisons de l’ordre. Il faut donc savoir ce  que nous détestons en l’autre et chez lui. C’est une pédagogie qui relève de la recherche de l’idée claire et de l’idée distincte. Je connais des pays où les citoyens n’aiment pas l’home au pouvoir, mais soutiennent ses idées. La France illustre ces derniers temps un bel exemple de rupture et de rassemblement. Tout n’est pas beau dans cette pratique. Mais reconnaissons tout de même que par ces liens et ces stratégies, les français ont fait des évaluations franches. Le bilan de Mai 68  y a déjà été fait. Ils sont nombreux, intello de la Droite et de la Gauche qui se donnent honnêtement la main,  et qui s’activent en homme plein d’expérience pour redonner une nouvelle chance, non aux hommes qui passent, mais à La France qui demeure, parce qu’elle est en perte de son compas éthique. La pensée  politique y est devenue tiède.
Parce qu’il sait problématiser sur l’incertitude et sur la nature des régimes, l’intellectuel n’opère pas de geste de griotisme. C’est un bon joueur qui peut jouer dans toutes les équipes sans parti pris. Ce qui compte chez lui, c’est l’approfondissement de l’idée sociale qu’il sait décrypter. Il  faut donc arrêter d’interdire aux intellectuels de tenir une position ou de développer une conception de l’histoire qui laisse sa part à la liberté des hommes et aide à changer par le fait même le cours de l’histoire. Convaincu que la vérité est un bien commun, il la partage sans arrière pensée.
Si nous ne développons pas cette vision de l’histoire des idées chez nous, ils seront toujours nombreux qui pratiquerons inutilement la politique de la chaise vide. Arrêtons de voir dans l’acte posé par nos intellectuels la recherche des postes. D’ailleurs, l’intellectuel est un citoyen du monde. J’en connais chez nous qui rédigent  la  constitution des pays voisins. C’est dire que lorsqu’ils sont présents au Cameroun, ils sont absents et revendiqués ailleurs. Gardons présent à l’esprit que certains de nos intellectuels, par leurs idées, ont apporté et apportent un silencieux plus au régime en place, sans nécessairement être en parfait accord avec tout le système. D’autres plus habiles, ont donné un coup de main habile à leur ancien camarade aux premières loges d’un département ministériel.  D’autres plus avisés, sont même allés représenter de façon digne d’éloges le pays lorsqu’il était en conflit avec les pays voisins. Comme disait Sœur Thérésa, le silence n’est pas l’absence de parole, c’est une présence. Un vrai éducateur n’a pas besoin d’ébruiter le BIEN. « L’avenir dépend des éducateurs du monde, à eux de prendre en mains la situation présente avec des vues larges et à longue portée, de la sagesse et un solide bon sens ». Mais un tel apport n’aura de l’impact que si les décideurs et tous les autres acteurs de la société politique comprennent la nécessité de leur faire confiance et de leur donner des moyens nécessaires. Pour effectuer de bonnes synthèses, il faut créer dans notre pays des observatoires spécialisés, où seront appelés toutes les masses critiques dotées dans le domaine qui est le leur, d’une bonne expérience reconnue. Celles-ci viendront introduire le culte de la division du travail, qui veut que certains pensent la stratégie à mettre en œuvre et des plans d’action pour instaurer la vraie solidarité d’idées, et que d’autres par conséquent, évaluent et donnent les moyens d’action. Il faudra dans le même sens redéfinir le profil des gens appelés à gérer nos vies.
C’est l’unique bonne manière d’identifier les compétences, et trouver l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, sans amalgames et sans suspicion : « QUI-DOIT-FAIRE-QUOI-QUAND et Où ? »Voilà un paradigme qui éloigne de la soumission aveugle pour faire place nette à la participation.
          Je termine donc en supposant que telle était la démarche de ceux qui avaient signé pour la réélection évoquée. S’engageaient-ils pour participer, chacun et tous à la fois à la gestion et à la construction du bien commun ? Nul ne sait puisqu’il faut juger le maçon au pied du mur. Je pense qu’il nous faudra résolument être humble et sincère dans nos choix de vie. Au lieu de s’engager pour se soumettre ou adhérer de façon charnelle, je pense qu’il faut participer, c’est-à dire prendre une part active quand la nécessité historique s’impose à la vie commune, à l’œuvre commune ; se rapprocher dans la différence, développer une culture politique de rassemblement dans le strict but d’ancrer l’homme dans cette vie sociale qui est nécessaire à la vie tout court.
Voilà autant pour moi, la vision de tout homme qui veut servir son pays, et non se servir de celui-ci ou des autres, à des fins égotiques, égoïstes, égocentriques et ethnocentristes ou ethno fascistes.
          Comment entrevoyez-vous l’avenir de la jeunesse camerounaise ? Les jeunes camerounais semblent désespérés. Quels conseils leur donneriez-vous ?
          Je viens d’écrire de très belles pages de ma vie de pédagogue à la jeunesse  du monde en général, et à celle de nos communautés africaines en particulier. Il faut lire mon livre pour vous rendre compte que je parle difficilement de l’avenir aux jeunes. Pour avoir exercé comme enseignant de philosophie dans les zones les plus reculées, et ayant parfois eu la chance comme conférencier,  d’être sollicité dans certaines prisons pour aller m’adresser à des  jeunes d’un nouveau type, j’ai compris qu’il faut leur parler de leur devenir au quotidien. Il faut apprendre aux jeunes à devenir au quotidien ce qu’il n’étaient pas hier soir. Une telle attitude évite la monotonie, l’esprit routinier, et prépare à l’amour du travail, qui nous éloigne tous de l’ennui, du vice et du besoin. C’est un peu ce que j’appelle la politique de l’abeille : toujours active à la production du bon miel. Ils sont devenus  nombreux aujourd’hui, les  jeunes filles et garçons qui se baladent à longueur de journée, les gadgets aux oreilles distillant des musiques recherchées, un pantalon de marque exceptionnelle sous le fessier, le nombril en éventail. A dire vrai, leur comportement n’est pas neutre. C’est une réponse à une excitation accentuée par les médias.  Je crois qu’il est temps de créer dans nos facultés des chaires d’anthropologie politique et culturelle, où s’élaboreraient des problématiques articulées sur l’identité et la transcendance. Le problème doit se poser en ces termes parce que nos jeunes semblent oublier qu’en copiant bêtement les modèles importés, ils cessent d’être eux-mêmes, se mettent dans la peau et la sensibilité de l’autre qu’ils admirent, se coiffent, s’habillent, marchent et sourient mécaniquement comme eux. Quel gâchis d’énergie au quotidien ? Quel bonheur de rester un peu soi-même ! Comment se projeter dans le futur lorsqu’on n’est pas libre ? Le devenir est un mouvement progressif par lequel les choses se transforment. Mais pour favoriser cette transformation, il faut non seulement se familiariser avec les sociétés du savoir, mais aussi pouvoir bénéficier d’abord de l’apport de soi-même, puis de celui  d’autrui.  « Méfie-toi de toi-même ». Tel est le précepte que je recommandais à un jeune homme, dépassé par les évènements, alourdi par sa grosse musculature, qui me demandait un jour de lui proposer quelques recettes lui permettant  de devenir un « grand » dans notre pays. C’est dire que lorsqu’on a réussi soi-même à faire son propre inventaire, lorsqu’on peut puiser dans les sources de son esprit, on peut humblement se mettre sous les auspices de quelqu’un. Certes la conjoncture est difficile pour tous. Mais si j’avais un souhait à émettre, c’est celui de créer dans nos grandes agglomérations des « Maisons de jeunes et d’éducation à la citoyenneté ». C’est pour moi, le seul gage pour favoriser l’épanouissement de la jeunesse. Les jeunes ont besoin de lieux où ils doivent se rencontrer en permanence pour débattre et pouvoir s’ouvrir aussi bien aux autres d’ailleurs qu’aux aînés. C’est une des exigences incontournables de la mondialisation. Je médite en ce sens !
         
Que doivent faire les jeunes ? Rester sur place ou s’exiler à leurs risques et périls ?
          Je ne peux en aucun cas conseiller l’exil aux jeunes. Je suis actuellement en séjour
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