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16.10.2005

Tradition et Modernité: Rites de Veuvage chez les Duala 

Les traditions animistes ancestrales continuent de courir. Mais, comme toute chose mal conservée, elles perdent progressivement de leur authenticité et sont, quelques fois, travesties par une application approximative et même souvent odieuse.


La célébration de la mort comme celle de la naissance obéissent à une symbolique sociale bien précise. La peur de la mort impose qu’il faille absolument la repousser, l’éloigner à travers des rites. Il en va de même pour le veuvage. Théoriquement, les rites du veuvage chez les Douala pourraient se résumer en quatre grands moments: les lamentations, la purification et l’obole des femmes, la neuvaine et le port du deuil proprement dit. La mort du mari est une épreuve particulièrement éprouvante. Au-delà du trouble émotionnel de la perte d’un être cher, la veuve doit se conformer à un certain nombre d’exigences qui, avec l’emprise du modernisme, ont pris des connotations regrettables, du moment où leur valeur originelle s’effrite, lorsqu’elle n’est pas simplement méconnue. C’est ainsi que, dès la disparition du mari, l’organisation des funérailles devient la plateforme de toutes sortes de règlement de comptes parfois injustifiés, mais sous le couvert de la tradition. Toujours est-il que commence, pour la veuve, une semaine intrépide où il faut faire face à une série d’obligations. Obligations financières pour l’ordonnancement des cérémonies funéraires, la décoration du funérarium, l’achat des cercueil et vêtements du décédé, la location des bâches et des chaises, ainsi que l’achat de la boisson et la préparation des repas à servir aux personnes qui se sont installées au domicile, etc. L’essentiel des rites commence la veille de l’enterrement. La veillée comporte un programme de prières et de recueillement chrétien, commun à tous. Au petit matin, les sœurs et les femmes du patelin du défunt s’installent dans un coin de la cour, et forment un cercle à l’intérieur duquel la veuve viendra danser et pleurer son époux. Sonorités et chants particuliers composent l’"Essewe" qui, en d’autres circonstances, suscite beaucoup de joie et un certain plaisir des yeux et d’écoute.

C’est en réalité un exutoire qui devrait permettre à la veuve de crier sa peine, d’extérioriser sa douleur, sous forme de chants dont elle dit les paroles. Le tout accompagné des maracas, de cymbales et de tambours. Le reste de la cérémonie se déroule presque tranquillement, conformément au programme annoncé, jusqu’à la mise en terre. Juste après, la veuve est désormais confiée à ses belles- sœurs, presque à leur merci. Elle n’a plus le droit de sortir, sauf dans des cas exceptionnels. Ce sera le cas le troisième jour après l’enterrement : elle se rendra sur la tombe de son époux pour y déposer des fleurs. A son retour et, précisément, dans l’après-midi (aux environs de 16h), on lui coupera les cheveux. Sa chambre et son lit seront entourés de tiges de "l’arbre de la paix". Sous son matelas, on posera des feuilles de bananier séchées. Tout ceci, pour la protéger des esprits chagrins, porteurs de malédictions, dit-on. C’est également le lieu du règlement de l’obole des belles-sœurs. Cette exigence est péremptoire et, selon certaines femmes, elle sert à dédommager les belles sœurs qui ont tout perdu, à savoir, leur frère, et ses biens qui, pour la plupart, appartenaient à leur père: la tradition commande en effet que ces biens reviennent à la veuve et aux enfants du défunt. Il est aussi question de déterminer le repas que la veuve doit préparer, en prélude à la neuvaine. Cette agape doit comporter trois mets différents, dont nécessairement le Ngondo et les Miondos (mets de pistaches et lamelles de bâtons de manioc) : ce mets est en effet au centre du cérémonial de l’eau. Aux aurores du neuvième jour après l’enterrement, la veuve est conduite à la rivière pour la pratique du rite de la purification.

Epreuve du feu

Il s’agit, en réalité, de chasser toute entreprise funeste en invoquant le mort, pour qu’il intercède auprès des ancêtres. Il s’agit d’inviter l’eau de la rivière à emporter avec elle toutes les malédictions, de telle sorte que la mort ne frappe plus cette famille. On offrira donc à l’eau qui coule ce mets de pistaches, ainsi que les lamelles de bâtons de manioc, accompagnés de bière. C’est une épreuve difficile, au cours de laquelle la veuve n’a plus aucune intimité. Elle est entourée d’une pléthore de femmes, surtout de sa belle famille, certaines compatissantes, d’autres malicieuses. Elles profitent généralement de cette circonstance pour dire toutes sortes d’obscénités et humilier la veuve. C’est dans ces conditions que la veuve sera ceinte d’une corde comportant neuf nœuds, en signe de chasteté, tout au moins pendant la période du port de deuil. Ce cordon noué ne sera défait que si un autre prétendant se manifeste de manière décisive. Il devra donc, à ce qu’on dit, reverser une importante somme d’argent à la veuve, avant de couper le cordon et de bénéficier des faveurs de l’éplorée. A la sortie de l’eau, la veuve arbore donc sa tenue bleue, sous laquelle on trouve des sous-vêtements de même couleur. Dans certaines familles, une procession est organisée avec la pratique de l’Essewe. Pendant son exécution, on rappelle à la veuve son nouveau statut, en même temps qu’on lui assigne un nouveau nom : Moukoussa (veuve). Dès que le cortège retour se met en branle, des femmes changent le décor de la chambre dans le domicile de la veuve, dans laquelle elles installent des rideaux et draps bleus de même que les autres plantes. Tous ces objets seront calcinés, et ordre sera donné à la veuve de traverser neuf fois les flammes du feu ainsi allumé. A la dernière enjambée, elle se dirigera directement dans sa chambre sans se retourner, au risque de se faire rattraper par les mauvais esprits. Dès qu’elle accède à sa chambre, sa belle-sœur (la gardienne de la veuve) va la faire asseoir neuf fois sur son lit. Ce dernier rite se déroule entre 4 h30 du matin et 7h. A 7h justement, toute la famille se retrouve au cimetière. La doyenne des gardiennes de la veuve lui lavera son visage, ses mains, ses pieds en professant des intentions positives pour l’avenir, surtout pour la progéniture du défunt, en invoquant tous les précédents morts de la famille. La veuve et ses enfants seront conviés à traverser trois fois les pieds de la tombe. A son retour du cimetière, la veuve sera automatiquement ramenée dans sa chambre et elle n’aura plus droit de sortir de sa concession, pendant trois mois.


Michèle Ebongue
 

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