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02.02.2007

La force publique - Mercenariat Noir pendant les Razzias Nègrières 

Un autre système de prime a vu le jour à la même époque, suite à la nécessité de remplacer les "étrangers" dans les rangs de la force publique (l’armée de l’EIC, officialisée en 1888, compta jusqu’à 19 000 officiers et soldats) qui enrôlait jusqu’alors des hommes venus de Zanzibar et de la côte Ouest. Concernant ce recrutement "d’étrangers", il apparaît que, de 1879 à 1895, 9 904 hommes arrivèrent au Congo, provenant pour la plupart de Zanzibar, des futurs Ghana, Nigeria et Sierra Leone et d’ailleurs dont le royaume du Dahomey. Certains furent des volontaires mais, bien qu’ils furent engagés en tant que travailleurs, beaucoup terminèrent dans la force publique à leur arrivée à Boma. Les autres étaient des véritables esclaves qui allaient servir l’administration coloniale. Cette fameuse prime, était liée au recrutement de Congolais. Et ce recrutement devait coûter le moins cher possible au trésor de l’EIC.

Quelques extraits d’une lettre de Vaneetvelde au roi en 1889 : " ..afin d’obtenir d’ici à 2 ans du recrutement indigène les 2 200 hommes nécessaires à la Force Publique, et d’accroître même ce nombre sans frais, si c’est possible…Je me permets d’attacher la plus grande importance au système de primes……sans ce stimulant…nous ne pouvons nullement compter nous passer désormais des contingents étrangers...". Il expliquait ensuite qu’un contrôle sévère devait être instaurer de manière à pouvoir établir le montant des primes à adjuger aux agents en fonction du nombre de recrues fournies.
Un moyen efficace était de transférer ces hommes dans un district autre que celui du recrutement et de contrôler les récépissés fournis par les agents réceptionnant les "engagés". A noter que cet éloignement forcé limitait par la même occasion l’évasion de "l’engagé". Les frais d’engagement, incluant la prime de recrutement, étaient fixés pour les hommes, les femmes et les adolescents. En outre, les articles 4 et 5 du règlement stipulaient qu’une prime supplémentaire serait versée à l’agent en fonction de la réduction des frais d’engagement.

Le recrutement

Les recrutés furent appelés "libérés". Ce type de "système de libération" avait déjà été appliqué avec grand "succès" par les Anglais , les Français et les Portugais, peu après la soi-disant abolition de l’esclavage.

Ces "libérés" étaient soit rachetés à leur propriétaire soit tout simplement enlevés, et devaient servir l’état pendant un temps déterminé (très souvent durant 7 années s’ils survivaient). Razzias, saisie de prisonniers de guerre et de fuyards, sanctions, achats étaient les divers moyens pour obtenir ces auxiliaires nécessaires au bon fonctionnement du système mis en place par Léopold II. Ces hommes allaient soit servir la force publique soit être utilisés comme forçats aux différents postes.

Quelques illustrations pour décrire ce marché du travail et la condition de ces hommes : "Poussez, je vous prie, la levée des soldats dans tous les districts : c’est la question capitale en ce moment. Qu’on prenne les hommes par la force-comme en Europe-ou qu’on les rachète, peu importe. L’État a le droit d’exiger ce service, et c’est pour lui une question de vie ou de mort. Les sources de recrutement à l’étranger nous feront défaut dans peu de temps." (Vaneetvelde à Wahis, gouverneur général à Boma avril 1892).
"Ces brigands [lisez les autochtones] se font constamment la guerre entre eux. Pour un fusil à silex ils vous donnent 10 hommes…[Le chef] Epali me prévient qu’il part en guerre demain. Comme il me dit qu’il me donnera tous les hommes qu’il prendra, je ne lui dis rien et je le laisse partir, à condition toutefois qu’il ira bien loin chez des gens qui n’ont pas de rapport avec le blanc...J’envoie un canot avec 2 hommes armés dans la rivière, avec ordre d’arrêter toutes les pirogues indigènes et de prendre le poisson s’il y en a. Puisqu’ils ne veulent pas venir me vendre leur poisson, je vais le leur prendre." (A.Daenen,chef de zone, journal de route, 1891). "Nous laissons la paix aux villages qui nous servent bien, mais nous faisons disparaître ceux qui voudraient entraver nos opérations." (Rousseau, chef de poste, 1892).

Voici des passages d’un rapport écrit par le juge Marcellin Desaegher adressé au Gouverneur général, daté de juillet 1892, lors d’une visite dans le Haut-Congo et concernant le sort de ces "libérés" : "…Un fait capital : les trois quarts des libérés périssent avant d’arriver à la destination où ils peuvent être utilisés, et parfois les déchets sont encore plus élevés . Il cite ensuite quelques chiffres d’hommes dont les contingents [venant du district de l’Ubangi-Uele] ont été depuis versés directement à l’Equateur …Il pose ensuite la question : Quelles sont les causes de cette grande mortalité ? de ces énormes déchets ? Le nègre adulte se plie difficilement à la servitude. L’emprisonnement, les fers ou les chaînes le tuent en peu de temps. C’est pourquoi les Arabes [les Swahilis] ne font guère de prisonniers mâles adultes.

L’EIC préconisait la création de camps d’instruction pour les "libérés" dans le but de les former. Apparemment le gouvernement recommandait le bon traitement de ces hommes. Mais, Desaegher écrit qu’il n’a pu constater l´application de ces instructions, et c’est la première et indubitablement une des grandes causes des mécomptes. Le libéré est enchaîné. Soit, c’est une nécessité; souvent brutalisé et toujours abandonné dans la solitude…J’ai vu les lieux de détention de Yakoma, Djabir, Bumba, rien de plus horrible ni de plus pitoyable. Non pas les habitations mêmes, mais ces groupes d’hommes, de femmes, d’enfants mal nourris, exténués, crasseux, malades. Plusieurs moribonds tremblants de frayeur, attachés à la même chaîne et couchés pêle-mêle sur la terre…Si tous les agents s’acquittaient de ce si facile devoir d’humanité que le gouvernement prescrit en termes si formels, si on améliorait un peu le bien-être matériel, en leur donnant une natte par exemple, l’occasion de se baigner, etc…nous verrions décroître les décès dans de notables proportions. On devrait aussi envoyer partout des chaînes en acier qui remplaceraient les anciennes lourdes chaînes de bateau avec lesquelles on les amarre actuellement.

…Que dirais-je des enfants ? Il y en a partout. Je ne parlerai que de Djabir, où ils se trouvent par centaines et où il arrive des quantités chaque jour, appartenant à des races magnifiques. Ils sont une des richesses de l’état. On ne sait combien il y en a , il n’y a pas de contrôle, on ne s’en occupe pas…et les petits malheureux vivent dans le camp au hasard. Beaucoup meurent des misères de la route , dit le docteur chef de station [le médecin E.Vancampenhout] , des misères de la station, prétend M.Daenen [le chef de la zone de Djabir]. Quoiqu’il en soit, j’ai vu quantité de petits squelettes ambulants et ceux-là meurent faute de soins. L’un d’eux agonisait à ma porte. Je demande au docteur s’il n’y a plus rien à faire ? Rien me dit-il-Mais avec des soins?- Je ne sais, peut-être- Alors, donnez-moi cette petite fille. Malgré les fatigues de la route à dos d’homme et en pirogue, l’enfant se porte actuellement bien.[Le docteur et le chef de zone] m’ont reconnu l’un et l’autre que toutes les petites filles de la station -oh, de tout petits enfants, étaient violées. On le sait et on a rien su faire pour les protéger..."

Ensuite le juge Desaegher indique les remèdes à appliquer selon lui. Il en vient à parler de la création de colonies pour les enfants, pour leur éviter les routes qu’il estime pour eux impraticables. Cette idée de colonies fut alors exposée aux missionnaires. Voici la fin d’un rapport adressé par Fivé, inspecteur d’état, au gouverneur général, sur la "libération"dans le district de Lualaba :"…et la mortalité était effrayante au témoignage du commissaire de district Gillain…Les causes générales de mort sont nombreuses chez nos libérés, entre autres : 1) les fatigues et les inévitables privations de la route; 2) la chaîne, l’emprisonnement, le spleen ; 3) la famine et tous ces maux…Je me résume. Le gouvernement fait d’inutiles sacrifices pour assurer par la libération le recrutement de la force publique. La difficulté n’est pas d’avoir des hommes , mais de leur assurer dans le district d’origine assez de bien-être pour qu’ils n’y meurent pas, de ne pas les laisser gaspiller, de les transporter dans des bonnes conditions au lieu de leur destination. Les camps militaires et les camps sanitaires sont des mesures conservatoires. C’est au gouvernement de parer à la crise d’abondance par l’organisation d’un service régulier de transport……". Quelques notes supplémentaires du même Fivé : "Quantité de cadavres pourrissent aux alentours de l’ hôpital... Des libérés, la chaîne au cou traversent un pont, l’un tombe, il entraîne toute la chaîne qui disparaît…".

Plus tard, le terme de "libéré" fut remplacé par le terme "milicien". Ce qui n’allait pas modifier, bien au contraire, la terrible situation de ces hommes. Pour preuve, quelques lignes écrites par le missionnaire Camille Varonslé à son supérieur en Belgique, le père Vanaertselaer, après une tournée au Congo en 1895 : "…On trouvait que nous étions en présence d’un spectacle d’esclavagisme en grand…Les caravanes qui descendent la route à Boma jonchent la route de cadavres…"

Les tâches principales des agents de l’EIC consistaient donc à faire récolter l’ivoire, le caoutchouc et à recruter des hommes par la force selon les dires de Ch.Lemaire, sous-lieutenant qui déclarait : "Mon éducation africaine commença dans les coups de fusil et de canon, dans les incendies de villages "à mettre à la raison", en un mot dans l’abus et le sur abus de la force avec tous ces excès".

Comme on l’a déjà signalé, les achats se faisaient en échange d’armes mais parfois aux moyens de produits tels que des étoffes voire en argent-or lors de certaines transactions avec les Swahilis (musulmans originaires de la côte est de l´Afrique). A noter que les factoreries ne pouvaient pas vendre d’armes.
 

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