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30.07.2007

"Appel à la Jeunesse Africaine" par Théophile Obenga 




























Photo: Diogene - Abel Goumba - Shebuel - Theophile Obenga

Rencontre avec le célèbre intellectuel africain à l’occasion de la sortie de son livre.

Dans son dernier livre, le Professeur Théophile Obenga sort de son registre habituel en lançant un grand Appel à la jeunesse africaine, paru ce vendredi aux Editions Ccinia Communication. Face aux nombreuses tragédies qui touchent le continent africain, celui qui a été l’assistant de Cheikh Anta Diop appelle cette jeunesse à se réveiller, à sortir de son état de désoeuvrement et à agir pour la Renaissance africaine.

samedi
28 juillet 2007, par Vitraulle Mboungou
www.afrik.com

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Appel à la jeunesse africaine est la dernière œuvre de l’historien, égyptologue et linguiste congolais, le Professeur Théophile Obenga. Persuadé que les Africains trouveront leur salut non en Occident, comme semblent le penser bon nombre d’entre eux, mais chez eux, il invite la jeunesse africaine à une meilleure connaissance de son Histoire. Théophile Obenga a étudié la philosophie à l’université de Bordeaux, l’histoire au Collège de France à Paris et l’égyptologie à Genève (Suisse). Il a également suivi une formation en sciences de l’éducation à Pittsburgh aux Etats-Unis. Docteur d’Etat ès lettres, ancien directeur général du Centre international des civilisations bantu à Libreville, au Gabon, il a participé à la rédaction de l’encyclopédie Histoire générale de l’Afrique réalisée sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Aujourd’hui, il est directeur du département d’études des civilisations africaines à l’université de San Francisco en Californie (Etats-Unis) et co-directeur de la revue d’égyptologie et des civilisations africaines Ankh éditée en France.

Afrik : Pourquoi Appel à la jeunesse africaine est il aussi différent de vos autres écrits ?

Théophile Obenga : C’est vrai, je m’occupe habituellement d’autres champs de recherche tels que l’histoire linguistique, l’anthropologie… Mais j’ai senti comme une nécessité d’écrire ce livre car nous vivons actuellement de grandes tragédies comme les pandémies, les jeunes qui meurent en mer dans les îles Canaries, le taux élevé de chômeurs dans les capitales africaines…La jeunesse est quasiment désœuvrée. En tant qu’intellectuel, je ne peux pas fermer les yeux sur tout cela. Je me pose donc des questions, je tente de comprendre le pourquoi du comment de ce malheur qui touche tout particulièrement la jeunesse en Afrique.

Afrik : En lisant votre livre, le moins que l’on puisse dire c’est que vous n’êtes pas tendre avec l’Occident : vous écrivez : « Dominer, coloniser, détruire, tel est le destin de l’Occident »...

Théophile Obenga : Notre couplage avec l’Occident dure depuis le XIII-XIVe siècle. Cela fait donc presque dix siècles que nous sommes ensemble. Nous parlons leur langue, leurs missionnaires ont étudié nos langues, ils sont venus chez nous, nous sommes venus chez eux, etc. Cependant quand nous faisons le bilan de cette longue cohabitation, que retirons-nous de bon ? Nous avons subi une longue traite négrière, il y a eu ensuite la découverte de l’Afrique qu’on a partagée à Berlin selon les intérêts exclusivement européens et non ceux de l’amitié Europe-Afrique. Puis il y a eu la grande colonisation, c’est-à-dire qu’on vous impose une culture, une langue, une administration, des manières de faire, de vivre et de penser qui sont celles du dominateur. On ne nous a jamais enseigné les langues africaines à l’école primaire mais seulement celle du colon. Même aujourd’hui, cette habitude perdure, le français reste la langue officielle dans des pays comme le Congo. C’est donc ce qu’on appelle l’aliénation culturelle, indépendamment de l’esclavage et de l’exploitation coloniale. Prenons l’exemple des matière premières comme l’uranium, lorsqu’ils le prennent au Gabon, ils s’en servent non pour aider au développement de l’Afrique mais pour construire des centrales nucléaires en France. Ils vident le continent africain de ses matières premières afin de développer leur propre continent. Aujourd’hui, ils apprennent la corruption aux chefs d’Etat africains, comment on vole l’argent destiné au service public. Je peux citer les exemples de Loïk Le Floch-Prégent qui a fait de la prison à la suite de l’affaire Elf au Congo, Paul Wolfowitz qui s’est servi dans la caisse de la Banque mondiale au profit de sa campagne, il a été contraint de quitter son poste de président parce que là-bas au moins il y a une justice. Je ne parle même pas de l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Et ce sont ces mêmes personnes qui sont condamnées pour corruption dans leur propre pays, qui sont pris comme conseillers auprès des Chefs d’Etat africains.

Afrik : Ne pensez-vous pas justement que ces chefs d’Etat ont leur responsabilité dans tout cela parce qu’après tout, on ne leur force pas la main ?

Théophile Obenga : J’affirme juste que le « mariage » avec l’Europe n’a rien donné, qu’il faut par conséquent passer à autre chose. Malheureusement, nos dirigeants ne l’ont pas encore compris. Beaucoup croient encore en l’Occident. Ce n’est pas mon cas, je sais que mon salut ne viendra pas de l’Occident. Je respecte l’Occident, je fais des affaires avec elle mais contrairement à d’autres je ne le fais pas comme un soumis, un nègre esclave incompétent qui a peur de l’Occident, qui est complexé et qui a un sentiment d’infériorité. C’est fini tout cela, s’il faut traiter avec elle, nous devons le faire d’égal à égal. Malheureusement en Afrique, au Congo en particulier, lorsqu’une personne donne son avis sur une situation, même s’il est bon, il sera toujours moins considéré que celui d’un Occidental. C’est malheureux que les Noirs soient encore esclaves de la sorte. Voilà pourquoi je critique ces relations. Je ne critique pas juste pour critiquer, j’affirme ce que je constate, à savoir la réalité. Concernant nos chefs d’Etats, ils ne comprennent pas l’importance d’être franc devant l’argent, car celui-ci représente un pouvoir extraordinaire. Son rôle est avant tout de permettre le bien-être et le bonheur social d’un pays. Seulement voilà, nos chefs d’Etat manquent cruellement de cette force morale, cette éthique devant l’argent. Le résultat est qu’ils gardent tout pour eux et leur clan au détriment du reste de la population. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’ils ont beau accumulé des millions dans des comptes cachés en Suisse ou ailleurs, à leur mort, cet argent ne leur appartient plus. Ni à eux ni à leur famille. Les héritiers de Mobutu, par exemple, n’ont rien touché des millions de dollars qu’il a laissé dans ses comptes suisses. Il est normal qu’un président ait un certain niveau de vie du fait de sa fonction mais il doit aussi penser au bien-être de son peuple. Ces chefs d’Etat manquent également de patriotisme, ce lien qui lie ton sang à celui de ton sol natal, ta nation. Il faut aimer son pays au-dessus de tout, c’est ce que font les Occidentaux. Le patriotisme, c’est lorsque Sarkozy dit « La France m’a tout donné et en tant que Président je vais tout lui donner ». C’est exactement ce qui nous manque. Avez-vous déjà entendu un leader noir africain dire cela ? A cause de ce manque de patriotisme, ils restent enfermés dans leur clan de villageois, leurs ethnies tout en dirigeant la nation. Dans une nation faite d’ethnies, il y aura toujours des crises et des guerres parce que c’est le Nord qui a le pouvoir, le Sud est frustré et ainsi de suite. Tout cela n’engendre rien de bon.

Afrik : Vous avez également des propos très durs envers le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ?

Théophile Obenga : Pour moi, ce sont des malfrats. Nommez-moi un seul projet de la Banque mondiale ou du FMI qui a bien marché sur le continent africain ? Aucun ! Le meilleur élève, c’était le président Rawlings au Ghana mais qu’en a retiré son pays ? Tout le monde le dit, la littérature anglophone est encore plus violente à ce propos. Le FMI et la Banque mondiale sont également coscientes de leurs échecs. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de pays les quittent, notamment ceux de l’Amérique latine, l’Argentine, le Venezuela, le Chili, le Brésil, etc. Où avez-vous vu une banque se créer pour aider quelqu’un à se développer ? L’essence même d’une banque, c’est de ne penser qu’à ses propres intérêts. Le FMI et la Banque mondiale ont détruit l’Afrique avec leurs plans qui n’ont ni queue ni tête et leur politique néo-libérale. On devrait les traduire en justice pour crimes économiques, il n’y a pas que les crimes de guerre ! Ils prétendent nous inculquer la bonne gouvernance alors que ce sont eux les plus corrompus, je me réfère encore au cas de Paul Wolfowitz.

Afrik : Vous préconisez donc que l’Afrique cesse sa collaboration avec ces institutions comme l’a fait l’Amérique latine. Seulement, il semblerait qu’elle ait peur de ne pas s’en sortir sans elles…

Théophile Obenga : C’est juste une décision à prendre, les autres l’ont bien fait. Ce n’est pas si dur que cela. Seulement une fois que cette décision a été prise, il ne s’agit pas de rester là à jouer au tam-tam. Il faut s’organiser. Dans le cas de certains pays comme le Congo, ils ont l’hydrocarbure, c’est source de beaucoup de richesse, de plus ils ne sont pas nombreux. En gérant mieux, on peut aider le pays à se développer sans avoir à s’endetter. Maintenant s’il faut s’endetter, on n’ait pas obligé de passer par la Banque mondiale ou le FMI. Les Etats-Unis et la France qui sont des grandes puissances ont des budgets déficitaires. Ils ont une grosse dette vis à vis des pays comme la Chine. Pourquoi n’empruntent-ils pas l’argent à ces deux institutions ? Ils préfèrent, eux, se tourner vers d’autres Etats.

Afrik : Vous prônez également la Renaissance africaine, le panafricanisme : « le futur de l’Afrique est panafricain », dites-vous …

Théophile Obenga : J’ai constaté en étudiant l’histoire du monde que lorsqu’un peuple a été dans la misère, la souffrance, il cherche souvent à renaître. C’est arrivé au Japon avec ce qu’on appelle l’ère Meiji, en Turquie avec la venue d’Atatürk qui a complètement réformé le pays, aux Juifs avec la naissance de l’Etat d’Israël, l’Europe avec la renaissance européenne initiée par Churchill…Cette renaissance s’impose aussi en Afrique car nous avons subi le malheur pendant plusieurs siècles. Que nous reste-t-il, à part renaître à nouveau, reprendre un nouvel élan, un nouvel essor ? Il suffit de se servir de ses ressources naturelles, son intelligence pour se développer. C’est tout à fait normal si l’on suit l’histoire des peuples.

Afrik : Pensez-vous que cela soit possible à l’heure actuelle ?

Théophile Obenga : C’est tout à fait possible, nous avons tout ce qu’il faut, les cerveaux, l’imagination. Nous sommes largement gâtés par la nature avec les différents fleuves africains, les forêts encore vierges, les animaux sauvages qui n’existent qu’en Afrique, nous avons le sous-sol le plus riche du monde…. On réunit toutes les forces vives de l’Afrique, on fait ce qu’on peut faire pour notre génération. Chacun doit mettre son expérience personnelle et professionnelle au profit du continent. Et s’il y a des obstacles, il suffit de les contourner.

Afrik : D’où la phrase « la diversité culturelle africaine est une force » ?

Théophile Obenga : Bien sûr. L’idée que les différentes ethnies d’un pays ne peuvent s’unir, c’est n’importe quoi. Plus il y en a, plus nous sommes riches. Il suffit d’avoir une bonne méthodologie pour exploiter toute cette richesse. En France, il y a bien des Bretons, des Bourguignons, des Normands, des Picards, ils sont même plus divers que nous. Et comme ils ont l’esprit, l’âme française, ils n’ont aucun problème de cohabitation. C’est ce qui manque au peuple africain.

Afrik : Vous incitez également dès le début du livre, l’Afrique à se tourner vers l’Asie. Pourquoi ?

Théophile Obenga : La Chine ne nous a pas colonisés, nous n’avons pas vécu avec elle pendant des siècles. Ils viennent pour leurs intérêts, ils ont leur paradigme. Faisons affaire, « tu gagnes, je gagne ». Après, il suffit d’être vigilant afin de sauver ses intérêts. Alors qu’avec l’Occident, « c’est je fais, je gagne, si tu blague, je te tue ». Les Chinois n’ont pas tué Lumumba. Voilà pourquoi l’Europe est en train de perdre son pré-carré en Afrique. Ils vont perdre le Soudan où il y a du pétrole, le Niger où il y a l’uranium.

Afrik : Vous finissez le livre sur quelques orientations panafricaines…

Théophile Obenga : Il est important de s’organiser. Par exemple, la jeunesse africaine va se réunir à Bamako et créer un bulletin de liaison de la jeunesse panafricaine, clair et simple que tout le monde puisse lire et comprendre. Un bulletin qui sera aussi diffusé sur Internet et qui informera de l’action des jeunes partout sur le continent africain.

Afrik : Vous travaillez depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Pourquoi ce choix et pourquoi pas au Congo par exemple ?

Théophile Obenga : Avant j’avais une grande maison à Brazzaville, elle a été brûlée pendant la guerre. J’avais l’une des bibliothèques les plus riches d’Afrique. J’avais par exemple Le Code noir publié au temps de Louis XIV, les notes et les lettres que m’écrivait à la main Cheik Anta Diop, une bibliothèque que j’ai mis trente ans à constituer. J’étais complètement anéanti après cela, j’avais l’impression qu’on avait détruit mon cerveau. Il m’était donc impossible de rester au pays. J’ai voulu venir enseigner en France, mais ici la fonction publique ne recrute pas au delà de 50 ans. Ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis. Ils recrutent n’importe qui tant que tu leur apportes quelque chose, l’argent ou le savoir.

Afrik : Qu’espérez-vous concrètement en sortant ce livre ?

Théophile Obenga : Initier un grand débat sur la Renaissance africaine, ouvrir les yeux à cette jeunesse africaine qui accepte par dépit d’aller mourir dans la Méditerranée, et surtout à nos chefs d’Etats.

Théophile Obenga, Appel à la jeunesse africaine, Editions Ccinia Communication, juillet 2007, 19€

Obenga Appel Jeunesse Africaine

Théophile Obenga est en conférence de presse le mardi 31 juillet, à 11h00, au CAPE (Maison de la radio, 116, avenue du président Kennedy, 75016, Paris).

Appel à la Jeunesse Africaine de Théophile Obenga
www.congopage.com

« L’étonnant, c’est que la politique des présidents-à-vie, quoique élus au suffrage universel, démocratiquement, ne s’étonne de rien. Notre vie collective, publique, est vécue normalement, passivement, sans éveil critique, sans étonnement, sans questionnement (ce serait « subversif », et les capitaux étrangers n’aiment pas le « bruit », sic !). L’Afrique paralyse sa propre Jeunesse dans la non-pensée. C’est notre héritage culturel, ce genre de leadership, rassure-t-on. », P. 20


Linguiste, philosophe et historien de l’antiquité, Théophile Obenga, a de temps en temps visité l’histoire immédiate ou contemporaine. Comme on le sait, le domaine de l’histoire immédiate est souvent, sinon toujours, l’événement politique brutal, explosif, massif qui détruit les complexités sociales et psychologiques. L’évènement-traumatisme devenant traumatisme historique, par conséquent, le temps social en prend un sérieux coup.

« Appel à la Jeunesse Africaine : Contrat Social Africain Pour le 21ème siècle » , est le nouvel ouvrage du Pr Théophile Obenga, paru le 27 juillet 2007, aux Editions Ccinia communication, au prix de : 19 €, représentées par le pasteur Shebuel Mowhou (voir photo à droite). Avec la collaboration de Henda Diogène Senny (voir photo à gauche), militant panafricain.

Les thèmes suivants y sont traités : « L’enjeu de l’Immigration ; L’Occident : obstacle majeur au développement de l’Afrique ; La Gouvernance du Monde ; Francophonie/Commonwealth ; Patriotisme ou Corruption politico-financière ; VIH/SIDA en Afrique ; Symboles irréductibles de la Jeunesse Africaine - Jeunesse Africaine & Géopolitique mondiale ; Jeunesse Africaine - Renaissance Africaine - Etat Fédéral Africain - Mœurs contemporaines (sexualité, philosophie, spiritualité…) »

Livre politique, pamphlet particulièrement virulent de 124 pages, dans le style du célèbre « Discours sur le Colonialisme » du chantre de la négritude, Aimé Césaire, « Appel à la Jeunesse Africaine : Contrat Social Africain Pour le 21ème siècle » , est l’expression d’une colère ou encore la rupture d’un silence considéré comme une complicité face au chaos dans lequel est plongé la Jeunesse Africaine. Ainsi, la formule Théophile Obenga en page 7 : « Devant cette situation globale de mort collective lente il est de peu d’avantage de témoigner, même en observateur lucide. Ce qui est impérativement requis, c’est un Appel à la Jeunesse Africaine, pour qu’elle soit debout, de nouveau, qu’elle comprenne et qu’elle agisse, en une formidable chaîne d’union panafricaine ».

Si l’Occident avec ses divers satellites (Banque Mondiale - FMI) sont mis au banc des accusés, leurs mandataires africains n’en sont pas moins épargnés et contre qui le Pr Obenga invite la Jeunesse Africaine à se détourner des méthodes et pratiques responsables du chaos : « La Jeunesse Africaine doit faire bouger les choses, développer des idées novatrices, s’organiser au plan continental panafricain, ambitionner une Afrique différente de celle des « pères-fondateurs » et des « présidents-à-vie » (protégés par l’Occident, pour les seuls intérêts occidentaux) » , P. 10

C’est l’abandon national qui livre la Jeunesse, pourtant levier fondamental du développement, sur les routes dangereuses de l’Immigration pour échapper à l’enfer africain : « Ces fils et filles d’Afrique partent du Cameroun, de la RCA, du Nigeria via la Libye jusqu’en Sicile ; de cette même Afrique profonde via le Niger, l’Algérie, le Maroc jusqu’à Melilla, en face Ceuta, ville espagnole. Longues pirogues de mer, bien incertaines, parties des côtes sénégalaises, mauritaniennes et guinéennes (Guinée-Bissau), abordent péniblement les rivages de Tenerife, chaque jour ou presque, depuis des semaines, des mois. La loi de ces rivages solitaires est expresse : la mort. » , P. 12

Passant outre les conventions, comme un appel à la subversion, le Pr Obenga dénonce l’attitude des dirigeants africains qui consiste à ankyloser l’énergie juvénile : « L’étonnant, c’est que la politique des présidents-à-vie, quoique élus au suffrage universel, démocratiquement, ne s’étonne de rien. Notre vie collective, publique, est vécue normalement, passivement, sans éveil critique, sans étonnement, sans questionnement (ce serait « subversif », et les capitaux étrangers n’aiment pas le « bruit », sic !). L’Afrique paralyse sa propre Jeunesse dans la non-pensée. C’est notre héritage culturel, ce genre de leadership, rassure-t-on. » , P. 20

Il poursuit : « L’Occident ne perçoit jamais l’Afrique que comme simple réservoir des matières premières stratégiques (…) Aucun amour de l’Occident pour l’Afrique. Aucun. C’est encore le moindre mal. Mais le non-amour des Africains pour l’Afrique frôle la folie criminelle. On ne peut pas se battre pour le développement d’une Afrique que l’on n’aime que du bout des lèvres. Des multi-milliardaires politiciens Africains ont sombré dans la non-reconnaissance africaine : c’est une leçon » , P 54.

Le Pr Théophile Obenga (au milieu), Henda Diogène Senny (à gauche, militant panafricain) et le Pasteur Shebuel Mowhou (à droite, Editions Ccinia Communication). Les 3 donneront une conférence le mardi 31 juillet 2007 au CAPE (Centre d’Accueil de la Presse étrangère - détails en fin d’article).

 

Loin, d’un catalogue de lamentations, toute une série de propositions pour mettre fin à la souffrance de la Jeunesse émaillent cet ouvrage. Sans enfermer la Jeunesse, non plus, dans l’homme révolté d’Albert Camus dont le succès importe peu, tant s’en faut, c’est véritablement d’une conscience victorieuse sous le vigoureux slogan « Africa must unite » de Kwame Nkrumah qu’il souhaite susciter chez la Jeunesse Africaine. Ainsi des « Symboles irréductibles » de M. Garvey à Th. Sankara en passant par B. Boganda, P. Lumumba, A. Cabral, S. Biko… dont le sang preux a été versé pour la dignité de l’Afrique sont rappelés à la mémoire de la Jeunesse Africaine.

En conclusion, avec une pédagogie soignée, le Pr Obenga a écrit un chapitre spécial ressemblant à un hymne à la Jeunesse, intitulé : « Appel à la Jeunesse Africaine », nous n’avons pu nous empêcher de produire quelques extraits ci-dessous :

(…) D’autres, parmi nous, n’entendent pas avec leurs oreilles et ne voient pas avec leurs yeux. L’imagination elle-même est en dysfonctionnement. L’aliénation, profonde, persiste. Heureusement ceux qui entendent et voient, imaginent et espèrent, doutent mais luttent, sont nombreux, et ardemment panafricains : Africa must unite.
Vaste cri de ralliement. Immense clameur continentale. La Jeunesse Africaine réalise de plus en plus, et nettement, que vivre dans l’histoire, en tant que sujets historiques, c’est imprimer sa marque aux temps historiques qui passent.

Les êtres humains en effet vivent dans un monde éthique, c’est-à-dire un monde de réflexion et de responsabilité : il est salutaire que la Jeunesse Africaine se fasse à l’idée de Renaissance Africaine, d’Etat fédéral panafricain continental, - ce qui est une idée de Grandeur Historique pour l’Afrique et pour la civilisation humaine qui s’en vient. La Grandeur est l’autre face du Bien, son immense signe dans l’Histoire.

Certaines notions empiriques et positivistes doivent être abandonnées, afin que la Jeunesse Africaine se dresse et s’engage résolument dans le monde éthique de l’histoire humaine.

Jeunesse Africaine, fière, brave, debout ! Le moment historique approche opportunément !

Regarde ! Le soleil ardent du continent est à son horizon oriental, juste levé, t’apportant vie et santé, énergie et intelligence, amour et contentement plénier. Tu espères, par ton travail, donner le meilleur de toi-même au continent.

Il se raconte beaucoup de choses à ton sujet. La politique des programmes d’ajustement structurel, neufs et vieux, t’est suicidaire. L’immigration, même agréée, est choisie. Il n’est pas certain que ton bonheur puisse définitivement en dériver. Coriace, le virus du sida t’a été inoculé par la méchanceté occidentale. C’est la logique constante des pays du Nord depuis les codes noirs du Siècle des Lumières : atteindre, paralyser, au mieux éliminer les forces vives et juvéniles du continent pour le pomper en toute tranquillité. Les « pères fondateurs » et les « présidents-à-vie » ferment les yeux et croient servir l’Afrique.

Jeunesse Africaine, fière, courageuse, debout ! Les circonstances te sont plus que jamais favorables.

Sache, tu le sais : la paix dans le monde n’est pas encore au rendez-vous avec elle-même, en dépit des efforts de Albert Luthuli, Martin Luther King, Nelson Mandela, Desmond Tutu et Wangari Maathai, tous Prix Nobel de la Paix. Il est à remarquer que l’ANC est le seul parti politique à avoir reçu trois fois le Prix Nobel de la Paix au 20ème siècle.

Tu le sais tout autant : l’énergie (pétrole, gaz naturel) divise profondément les nations, la communauté internationale (ce qu’il en est de ce mythe du 20ème siècle).

Ainsi aussi de la science et de son application : la maîtrise et la pleine possession du nucléaire sont cause de conflits éventuellement tragiques pour l’humanité. Mais cela n’exclut pas de penser sérieusement au Programme du Nucléaire civil africain. En se globalisant, le commerce engendre des puissances géopolitiques et géostratégiques diamétralement opposées. Ainsi va la mondialisation. Outre l’amère ironie, la remise des dettes des pays très pauvres n’a rien qui vaille. La corruption ? Son royaume de prédilection est tout l’Occident, constant donneur de leçons. C’est son eurocentrisme tyrannique. Le paradigme Afrique-Asie paraît plus négociable, sans les vieilles couches psychologiques datant de l’ère coloniale.

Sache, tu ne l’ignores pas, Jeunesse Africaine : tu possèdes des symboles, nombreux, pour résister, lutter, réfléchir, imaginer, méditer, créer et gagner : de la reine Nzinga à Christiane Taubira en passant par Mary McLeod Bethune, Anna Julia Cooper, Sojourner Truth, Ida B. Wells, et Winnie Mandela et Miriam Makeba. Et aussi de Nat Turner à Lumumba, de Lumumba à Tom Mboya, de Tom Mboya à Cabral, de Cabral à Steve Biko. Telle est la chaîne panafricaine, solide.

Faut-il te rassurer en t’indiquant le chemin que tu connais déjà ? Ce long chemin qui va de Marcus Garvey à Thabo Mbeki en passant par Kwame Nkrumah et Cheikh Anta Diop et qui a pour nom : Panafricanisme, Etat fédéral panafricain continental, Renaissance Africaine. Et Bob Marley et Pierre Akendengué ont vivement célébré ce chemin d’espoir.

Suis ce chemin de gloire, d’honneur, de fidélité et de sacrifice. Suis-le. Elargis-le selon tes outils de travail, ton corps, ton esprit, ton intelligence, ta foi, ton amour patriotique.

En effet, la quête du destin africain et son accomplissement, à l’échelle humaine, n’est que ce chemin d’unité, de solidarité, de partage, de concertation panafricaine, de grande vision continentale, transcendant lignages, clans, villages, tribus, ethnies, Etats-nations, plaies des guerres civiles, précarités sociales, vulnérabilités psychologiques, fragmentations et fragilités politiques au plan mondial, international, planétaire. Dure et longue est par conséquent la tâche.

Dans le système solaire qui est le nôtre, l’être humain a ses origines paléontologiques, culturelles, sexuelles, spirituelles et réflexives en Afrique, berceau de l’humanité actuelle. Le savoir implique que l’Afrique sera toujours là, présente, active, dans la fabrication du futur de l’humanité. Il faut y préparer sa jeunesse.

Jeunesse Africaine, sois éveillée, plus que jamais ! Il s’agit de Toi, de ton avenir. De l’Afrique, de son futur. De l’humanité, de son ouverture à elle-même, de ses grands idéaux de civilisation.

L’Afrique n’a que trop subi le descriptif des autres : « l’Afrique noire est mal partie », « l’Année de l’Afrique » (qu’une pauvre année !), « l’Afrique des colonels », « l’Afrique fantôme », « l’Afrique ambiguë », « l’Afrique des tribus », « l’Afrique bloquée », « l’Afrique marginalisée », « l’Afrique pauvre, très pauvre, très endettée dans le sous-développement durable »…

C’est le découragement, source de pessimisme, que l’on veut théoriser pour mieux paralyser l’Afrique et, de la sorte, la piller systématiquement, sans le moindre scrupule. Parfois, souvent, avec des complicités politiques africaines.

Il y a un déficit théorique à combler. La Jeunesse Africaine, rurale, urbaine, intellectuelle, politique, artistique… doit produire ses propres paramètres et paradigmes : sur l’Afrique, ses nombreux problèmes d’éducation, d’emploi, de santé, d’économie, de solidarité, de législation, de coopération continentale, de nucléaire africain, d’ouverture mondiale, de science, de technologie, d’environnement…

Doit-on douter de la capacité de la Jeunesse Africaine à penser, à réfléchir sur la traite négrière, l’esclavage, la colonisation, le racisme, l’exploitation néo-coloniale, la francophonie, le commonwealth, le sous-développement, les cultures de rente, les programmes d’ajustement structurel ?

Doit-on minimiser la capacité de la Jeunesse Africaine à produire des idées, des cas de figure, des programmes, des activités à la suite de la lecture de Marcus Garvey, W.E.B. Du Bois, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Steve Biko ?

Les idées comptent, plus qu’avant, dans le monde contemporain : idées de démocratie, d’économie mondiale, de recherches scientifiques, d’identité et diversité culturelle, de philosophie, de violence ou de non-violence, de fondamentalisme théologique ou non, de sexualité humaine ou animale, de spiritualité, de gnose, de la vie dans l’univers. Quelles sont les idées des Africains, de façon originale et profonde, sur toutes ces immenses problématiques contemporaines qui engagent déjà le futur de l’humanité ?

Consommer les efforts réflexifs des autres, être pillé par les stratégies politiques et économiques des autres, jouer et chanter en marge de l’essentiel de « la Marche du Monde » : est-ce véritablement vivre en assumant sa part de responsabilité humaine ?

Les masques africains parlent à qui sait entendre et comprendre. Ils disent la vie, dans une affirmation presque dramatique. C’est qu’ils savent aller au fond d’eux-mêmes et des choses. Ils ont ainsi développé un grandiose et majestueux dialogue avec la nature. Retenons au moins cette capacité de tenir conversation entre nous-mêmes, avec nous-mêmes, avec le monde, avec les autres peuples, les autres civilisations de notre humanité. (…)


Panafricainement,

Hannibal

 

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