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Le Ngondo |
Ngondo 2004
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Paul Mylord Mbappè Bwanga comme président et Jacques Douglas Money Akwa II comme secrétaire général, voilà le tandem qui a reçu pour mission le 13 février 2005 de continuer la consolidation du Ngond’a sawa en 2005 et 2006.
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Le Ngondo Video
Deux nouveaux hommes pour de nouveaux défis L’Association traditionnelle du peuple sawa a tenu le 13 février dernier à Douala sa première assemblée générale de l’année.
Paul Mylord Mbappè Bwanga comme président et Jacques Douglas Money Akwa II comme secrétaire général, voilà le tandem qui a reçu pour mission le 13 février 2005 de continuer la consolidation du Ngond’a sawa en 2005 et 2006. Le premier, le chef supérieur du canton Bellè Bellè à la tête duquel il a succédé à son père Richard Enis Koum est cadre au Pari mutuel urbain du Cameroun (Pmuc). Le second est un prince de la famille régnante Bonadika Akwa. Opérateur économique dans le secteur immobilier, il est propriétaire de plusieurs immeubles. Il s’est par ailleurs distingué entre 1998 et 2000 par ses qualités de conciliateur et de meneur d’hommes lors du processus délicat de succession au trône des Akwa.
L’un et l’autre remplacent respectivement Sa Majesté Essaka Ekwalla Deido et le révérend pasteur Jangwa Etamè qui ont donc officiellement passé les témoins le 13 février pour de nouveaux défis. Mais le tout nouveau président est très prudent. A la question classique de savoir quel est son programme pour les deux prochaines années, il s’appuie sur cette sagesse séculaire des peuples ngala selon laquelle “ dibie le nde njangi ” (l’intelligence est une réalité collective). Il ne veut pas se montrer prétentieux pour certains. Mais pour couper l’herbe sous les pieds de ses éventuels détracteurs, il fait de la mise à jour du projet du règlement intérieur du Ngondo son cheval de bataille. Ce document contribuera, selon lui, à mettre en pratique le statut du Ngondo légué par Sa Majesté Din Dika Akwa III qui a présidé aux destinées du Ngondo de 2000 à 2002. Il ne manque pas de rendre hommage à son prédécesseur King Deido Essaka Ekwalla qui a laissé un siège à l’association entre 2002 et 2004. Avant eux, le prince René Douala Bell a transformé le Ngond’a Duala en Ngond’a Sawa. Nyasam Mbappè Bwanga entend également amener la jeunesse à s’intéresser et à s’impliquer dans le Ngondo qui, pour ce faire doit transcender son aspect “ folklorique ” pour prendre une dimension plus globale. Le chef des Bellè Bellè souhaite une implication plus efficiente de l’élite de la diaspora sur laquelle il compte énormément.
D’ores et déjà, la prochaine assemblée générale est en projet. Car c’est elle qui va préparer le prochain carnaval. Celui-là pour d’aucuns devra être celui de la relance. Par Jacques DOO BELL, Le Messager Le 18-02-2005
MARDI, 07 DECEMBRE , 2004 - 04:37 Culture : Ngondo 2004 : Le pardon des ancêtresLes deux dernières années ont été marquées par la discorde entre les élites sawa. Dippah Kayessé
Au terme d’une longue nuit de méditation, d’animation et d’angoisse quant au contenu du message des ancêtres en ce dimance 05 déceùbre, jour de clôture de la semaine de manifestations du Ngondo 2004, contrairement aux années antérieures, le voyage au fond des eaux du Wouri n’a pas drainé grand monde. Sur les berges du fleuve, lieu consacré aux festivités, hommes en sandja (pagne), femmes en kaba (longue et ample robe), ont bravé la forte canicule pour prendre part à la fête. En provenance des quatre coins de la ville de Douala et des villages de la côte camerounaise, ils attendent avec impatience le point culminant de ce rendez-vous annuel, à savoir, l’immersion du vase sacré. Fait inhabituel à cette occasion, l’absence de nombreuses élites Sawa sous les tribunes dont beaucoup de chaises étaient restées désespérément vides. Puis, les organisateurs requièrent le silence de la foule particulièrement agitée et bruyante. «C’est la principale condition pour que le plongeur descende dans l’eau, à la rencontre des ancêtres», explique un groupe de notables Sawa. Sur le plan d’eau du fleuve Wouri, surnage une pirogue de six initiés parmi lesquels le patriarche Ngangue Nyandi nya Wéa, 84 ans, qui depuis quelques instants a été coopté pour aller à la rencontre des ancêtres. Comme lors des précédentes éditions, une dizaine de minutes aura suffit à cet initié pour ramener à la surface de l’eau le message tant attendu des ascendants. Il y remontera avec deux poissons d’eau douce dans un panier, ceux-ci symbolisaient à la fois l’amour et la solidarité de tous les fils Sawa. «C’est un message entièrement positif pour le devenir de notre communauté. Les ancêtres nous pardonnent de tous nos égarements et disent être de tout coeur avec nous, leurs enfants. Ils nous réaffirment leur soutien afin que notre communauté ne sombre pas dans le malheur, les échecs dont nous portons l’entière responsabilité», c’est en substance le message des aïeux à la communauté Sawa cette année. Ce message a été reçu dans un panier tout trempé par Sa majesté Milord Bwanga Mbappé, chef supérieur du canton Bélé Bélé et nouveau président du Ngondo pour une période deux ans. Renaissance Il remplace à ce poste Sa majesté Ekwall’Essak’Ekwalla, chef supérieur du canton Deido, dont le mandat fut un des plus tumultueux et plein de rivalités. On se souvient encore de ses nombreux démêlés avec ses pairs sur la conduite du Ngondo. A l’exemple du boycott, l’an dernier, prôné et matérialisé par le prince René Bell du canton Njo Njo, qui l’accusait d’avoir «politisé le Ngondo». Avec le mandat de Sa majesté Bwanga Mbappé, à la présidence du Ngondo, c’est tout le peuple Sawa qui rêve d’une nouvelle ère pour cette institution qui depuis quelques années semble avoir pris du plomb dans l’aile. Sur le plan ludique et sportif, Florence Eboumbou Essoukan, du canton Njo Njo, a été élue Miss Ngondo. Eboa Eyango, du canton Deido, est le nouveau champion de lutte traditionnelle. Cependant que la pirogue Ewodi du Nkam a remporté la course. L’édition Ngondo 2004 dont le thème «Dia nongo dia nongo» (le Ngondo terre des associations), portait sur la mobilisation des différentes associations traditionnelles a finalement connu son apothéose. Selon les organisateurs du Ngondo, pareil thème n’était en rien le fruit du hasard. Dans la communauté Sawa, des associations qui ont existé dans les années 1800 dont la première fut Nguinya ka Mbella (Fort comme un aigle) ont joué un rôle prépondérant dans la vie des cantons. C’est ainsi que les plus structurées ont contribué a la lutte contre certaines épidémies, la pauvreté et les adversités de touts genres. Pour les responsables du Ngondo, il est donc question de ressusciter cette mobilisation d’antan des associations pour assurer à la communauté les lendemains meilleurs. Un challenge...
Ngondo 2004 : la fête a commencé Le Messager (Douala) 24 Novembre 2004 Vanessa Nana
Les festivités de l´édition 2004 du Ngondo, ont été lancées jeudi dernier, au mukand, (palais) Dika Akwa nya Bonambela par Sa Majesté Essaka Ekwalla, le chef du canton Deïdo, président en exercice du Ngondo. L´honneur est revenu au canton Akwa de recevoir en premier la visite du chef Essaka Ekwalla et sa suite, pour la traditionnelle sélection des Tolè (Miss) et Ngum (Champion de lutte). Il était 19h vendredi 19 novembre 2004. Dans l´enceinte de l´école publique d´Akwa qui s´est transformée en vaste scène pour l´occasion, hommes et femmes se démènent pour monter les tentes et ranger les chaises. Un disquaire installé sur une des vérandas de cette institution, distille de la musique traditionnelle et moderne. Peu à peu, la foule grandit, tandis que diverses groupes de danses traditionnelles prennent place. 20h 40. Youyous et chants donnent le signal de l´arrivée des chefs traditionnels. A la tête du cortège, Sa Majesté Essaka Ekwalla, président en exercice du Ngondo depuis 2003. A ses côtés, le prince Réné Bell, qui a brillé par son absence lors de l´édition 2003. Une présence qui confirme peut-être la réconciliation et renforce la solidarité. Prières, hymne de rassemblement des Bonambela, mot de bienvenue du chef des Akwa, Sa Majesté Din Din Akwa III, message du président du Ngondo et danses, meublent la première partie. La soirée ayant pris du retard, seul le chef Essaka s´est adressé à l´assistance impatiente de suivre les compétitions de Besua (lutte traditionnelle) et Tolè (élection de Miss) qui ont eu lieu dans la seconde phase du programme. Les plus forts et les plus belles Lorsqu´à 22h, Pamphile Yobe, chargé des affaires culturelles et sportives, alors impressario, annonce le début des Besua (lutte traditionnelle), c´est l´extase dans la foule. Une douzaine de robustes jeunes hommes fait son entrée sur scène. Accompagnés de chants et de battements de mains, les lutteurs s´affrontent en couple et les plus faibles sont éliminés au fur et à mesure que la nuit avance. Eyengué, un jeune lutteur intrépide donne du fil à retordre à ses adversaires. Il est le favori de plusieurs spectateurs. Mais, au moment où il se mesure à Dikonguè Cyrille qui a été finalement le champion ce soir-là, lors de la demi-finale, il a un choc à la hanche. Son transport à l´hôpital sonne comme la fin de la lutte chez les Akwa. Finalement, Dikonguè Cyrille et ses dauphins Ndedi Augustin et Macki II Richard représenteront les Akwa à la finale de cette année. Tout juste après, la scène est occupée par quatre gracieuses demoiselles, venues à la conquête du titre de Miss du canton Akwa. Il faut dire que les membres du jury ont eu toutes les peines du monde à départager ces nymphes toutes à l´aise face aux épreuves qu´elles avaient à surmonter : la maîtrise de la langue duala, leurs généalogies respectives jusqu´à l´ancêtre éponyme, l´art culinaire sawa et les autres travaux domestiques, l´éducation des enfants qui est la dernière trouvaille de Mme Epoupa Louise, la marraine des Tolè pour allonger cette course d´obstacles et donner plus de mérite à la future Miss Ngondo 2004. Au terme d´une passionante et exhaltante compétition mettant en exergue charme, connaissance et savoir-faire, c´est Mathilde Kwedi Rose Gertrude, étudiante en 3e année à la Faculté des Sciences économiques et gestion appliquée de l´Université de Douala qui est couronnée . La tournée dans les cantons a continué, samedi 20 novembre par Dibombari chez les Pongo, dimanche 21 chez les Bakoko à Japoma. Ici, c´est la jeune Epeti Moundi, 20 ans, élève en classe de terminale qui sera élue reine de beauté. La caravane du Ngondo et ses délices sera au canton Bell le 26 novembre , le 27 à Limbé puis chez les Bélè Bélè (Bonaberi). La boucle sera bouclée à Deïdo le 28.
Le Ngondo, fête de la ville
En prélude aux festivités marquant l´édition du Ngondo 2004, Sa Majesté Essaka Ekwalla était face à la presse jeudi 18 novembre 2004. Aux journalistes, le président du Ngondo a donné des explications sur la genèse de cette fête traditionnelle et les raisons du choix du thème de cette année " dia nongo dia nongo ". " Le Ngondo c´est le résultat d´un travail fait tout au long de l´année. Si ce n´était qu´une fête, nous n´aurions pas un siège. Le Ngondo c´est l´économie, les affaires sociales, la culture...C´est la plus grande fête de la côte ouest africaine. Elle draine plus d´une centaine de milliers de personnes le même jour au même endroit. Les associations étant un concept chez les Bantou, c´est à travers les associations que le peuple Sawa a évolué ( associations de classe d´âge...). C´est à travers les associations que nous pouvons construire le monde de demain et devenir des individus que nous sommes " a expliqué le président en exercice du Ngondo. Le chef des Deïdo souhaite que le Ngondo s´émancipe de son statut de fête traditionnelle du peuple Sawa pour devenir " la fête de la ville de Douala ".
Serait-ce possible, avec tout ce qu´il faut comme organisation pour un tel événement? Wait and see. --------------------------------------------------------------------------------- Ngondo: Sous le vase sacré
Institution séculaire, l’assemblée traditionnelle du peuple sawa se trouve à la croisée des chemins. De Campo à Manfé, les Sawa sont venus nombreux le 05 décembre dernier, en tenue traditionnelle, envahir le banc de sable des berges du Wouri. Un lieu considéré de communion entre les ancêtres au fond des eaux et les populations sur terre. Moins de dix minutes suffiront alors pour voir le plongeur, sortir la tête de l’eau, tenant dans ses mains le vase sacré. Il était ainsi porteur du message des ancêtres à la communauté, qui devait être décrypté quelque temps après par un autre initié. « Au-delà du faste et de la solennité qui entourent cette fête, c’est là le point culminant des cérémonies, le message des ancêtres», a déclaré Pamphile Yobe, secrétaire général du Ngondo. L’immersion du vase sacré considérée comme le clou des festivités est généralement précédée de la veillée culturelle du Ngondo. Depuis une quinzaine d’années, celle-ci se déroule au Parc des Princes à Bali, dans le canton Njo Njo. Comme à l’accoutumée, la vaste cour décorée de feuillages, lianes, bambous et autres ronces rares, était pleine de monde.
Ce soir du 04 décembre, le peuple sawa mettait en évidence les différentes facettes de sa culture. Devant une forte délégation des chefs traditionnels et des invités, les groupes d’esséwé, d’abélé, d’ambass –bey, accompagnés de danseurs, se mettaient en valeur à tour de rôle, pour le grand bonheur d’une marée de spectateurs. Ces moments étaient de temps en temps entrecoupés par des épreuves sportives, comme les Bésua (rencontres de lutte traditionnelle) pour la désignation du Ngum (champion). Les contes au clair de lune retraçant l’histoire du peuple sawa et ses principaux exploits étaient tout aussi au programme. Au menu, plusieurs autres attractions et jeux aujourd’hui oubliés sont programmés, sous des roulements de tambours. Depuis quelques années, l’élection de la Tolé, Miss Ngondo, semble être l’activité la plus prisée des populations. « Il s’agit d’un concours décliné en de captivantes et savoureuses activités qui replongent les candidates en compétition dans un univers à la fois traditionnel et moderne », explique Désirée Ngassé, la Tolé de l’édition 2000. A tour de rôle, au milieu d’une foule en effervescence, les concurrentes, en kaba ou tenue de ville selon le personnage à incarner, démontrent leur habileté dans le rôle de fille, épouse et mère tout ceci non sans avoir retracé au public leur arbre généalogique.
Au fil des ans cependant, on a noté des dérives dans l’organisation des festivités du Ngondo. Devenu un « lobby politique », le Ngondo est dorénavant au centre d’interminables luttes d’intérêts, au détriment de son caractère culturel. « Le danger est la récupération politique…Il s’avère que la tradition paie sur le plan politique », met en garde Dou Bwemba Kaya, chercheur et égyptologue à Douala. En lieu et place de la promotion et de la perpétuation des valeurs culturelles, on tombe fatalement dans le culte de la personnalité et des dérapages de toutes natures. « Le Ngondo perd de sa substance traditionnelle. Entre le Ngondo d’aujourd’hui et celui que nous avons connu, rien à faire, beaucoup d’éléments nouveaux sont venus altérer le caractère sacré de cette fête », déclare André Ngangué, octogénaire et patriarche sawa. «Rares sont ceux qui connaissent l’origine de cette fête. Si les gens savaient ce qu’est le vrai Ngondo, ils n’en feraient pas n’importe quoi », ajoute il. Un fait qui heurte les sensibilités averties et fait sûrement les ascendants se retourner dans leur tombe.
Dans l’impossibilité de dater avec certitude les débuts de cette institution notoirement séculaire, de nombreuses sources orales situent son existence dans la première moitié des années 1800, avant l’arrivée des premiers missionnaires. « Il y avait autrefois à Pongo, au nord-ouest de Douala, un colosse qui passait pour un titan et semait la terreur dans les marchés. On l’appelait Malobé. Il commettait toutes sortes d’abus et d’exactions…Ses principales victimes étaient les Duala stricto sensu ». Dès que ce monstre apparaissait, chacun se tenait sur ses gardes. Les principaux dignitaires des quatre clans duala se réunirent afin de chercher ensemble une solution satisfaisante à cette affaire d’honneur et réparé l’impardonnable offense. « Cette assemblée reçut donc le nom de Ngondo, du même mot qui désigne en langue duala le cordon ombilical reliant encore le nouveau né à sa mère, après la délivrance ».
Genèse
De cette image, les Duala tirèrent l’idée de lien devant dorénavant les unir. Ainsi le Ngondo devint le symbole de leur unité, la concrétisation d’un front uni appelé à défendre l’honneur du peuple, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Résultat, le Goliath Malobé est finalement vaincu par Engomga, un Bakoko de Japoma. C’est ainsi que les duala retrouvèrent la paix. Autre version, « le Ngondo est d’abord le nom d’une rivière, aujourd’hui devenu le drain qui sépare le canton Bell de celui d’Akwa », explique Valère Epée, historien et dépositaire de la culture duala. Ce drain se situe plus précisément entre l’école Notre Dame et la montée de la compagnie aérienne Air Afrique à Bonanjo. A l’époque, cette rivière allait se jeter au fleuve Besseke, lieu de l’ancienne gare ferroviaire de Douala, où se tenaient les assises du Ngondo.
« C’est donc le nom de cette rivière frontalière, Tongo’a ndando, (Rivière de la discrimination), résultat de la division en deux cantons du royaume Duala , Akwa et Bell, que l’Assemblée traditionnelle du peuple sawa va porter Ngondo. Cette rivière devait donc ramener la paix entre les deux cantons. Ce qui peut expliquer la mission première de cette assemblée, la pacification », ajoute –il. Et c’est pour implorer la paix entre les cantons que le peuple sawa organisait la messe de l’eau, le Ngondo, au bord du fleuve tous les ans. « La messe de l’eau est la conséquence du divorce de Mangalé, fondateur de village Djébalé, une île sur le fleuve Wouri et de son épouse Jengu, une sirène, pour avoir insulté l’infirmité de celle-ci », explique Valère Epée. Elle retourna au fond de l’eau avec deux des quatre enfants du couple, sans aucune rancune. Et chaque année, Mangalé, avec une marmite de victuailles, allait à la rencontre de son épouse pour faire part des nouvelles de la famille et requérir les siennes. De ces visites annuelles serait née la pratique de l’immersion du vase sacré dans les profondeurs du fleuve.
Institution religieuse au départ, le Ngondo a autrefois mené des activités judiciaires. « Cet organe jugeait surtout les affaires d’Etat, des chefs devait réprimer les meurtres suivant la loi du Talion ». Ainsi en fut -il en 1876, de Eyum Ebelè, prince de Deido, qui, sur une sentence du tribunal du peuple, fut décapité et mis en morceaux sur un banc de sable du Wouri. En 1883 Ndumbè Lobè, roi des Bell fut condamné par son fils, Manga Ndumbè, juge suprême du Ngondo pour avoir séquestré la femme d’autrui. Plus tard, le Ngondo va déborder le cadre duala et devint l’Assemblée traditionnelle de tous les côtiers du Cameroun. Tout natif de la région du littoral camerounais en est membre naturel et de droit. Et dès cet instant, son glissement vers la politique était inévitable. Cette évolution prit corps à partir du moment où les Duala commencèrent à faire l’amère expérience des réalités coloniales. Il va donc jouer un rôle politique prépondérant avant et pendant l’occupation allemande. Sous la colonisation allemande, le Ngondo sera mis sous l’éteignoir à cause de ses activités judiciaires jugées contraires à la morale chrétienne. Depuis lors, plus aucune sentence de mort n’a été rendue par le tribunal du Ngondo. Avec la signature du traité germano –duala du 12 juillet 1884, le Ngondo sera dorénavant célébré ce jour.
Glissement A travers plusieurs actes de protestation, le Ngondo s’est illustré dans la lutte pour le rétablissement de ses droits. Sous l’administration française à partir de 1918, le Ngondo va être tenu à l’œil. « Selon la France, le Ngondo devait rester dans les limites du traditionalisme rigide et éviter justement de devenir politique ». Chose impossible pour l’assemblée traditionnelle du peuple sawa, qui tient à jouer un rôle prépondérant dans les mouvements de revendications politiques de l’époque. Résultat, le Ngondo est, de manière officielle, suspendu. Ressuscité en 1949, il fera école et inspirera de nombreuses autres associations traditionnelles : le Kumze des Bamilékés, la solidarité Babimbi, etc. En 1977, sous le règne d’Amadou Ahidjo, président de la République unie du Cameroun, le Ngondo est à nouveau suspendu pour ses élans « subversifs ». Il sera réhabilité en 1991 par le président Paul Biya, à la suite des textes sur les libertés politiques et d’association. Chaque année, la fête de l’eau est soutenue par un thème, une sorte d’invite à l’amour, à la solidarité, à l’espoir, etc.
La fin de l’année étant marquée par la saison sèche, la marée basse et la présence des bancs de sable sur les bords du fleuve Wouri, contrairement aux fortes pluies du mois de juillet, la fête sera déportée en fin novembre, début décembre. A la tête de cette illustre assemblée se sont succédé, depuis la réhabilitation en 1991 les chefs supérieurs Mbodi Conrad, du canton Bassa ; René Bell, de Njo Njo ; Din Dika Akwa, d’Akwa ; Essak’Ekwall’Essaka, de Deido. Et depuis le 05 décembre, c’est au tour de Sa Majesté Paul Milord Mbapé Bwanga, des Bèlè Bèlè(Bonaberi) de présider aux destinées de cette assemblée. Une tâche pas aisée au regard des turpitudes et des dissensions qui ont depuis quelques années émaillé cette fête et obligé les ancêtres à remuer les fonds des eaux en guise de sanctions. Mais, « Il y a lieu d’espérer si le tout nouveau chef s’entoure des connaisseurs et ne suit pas les traces de ses prédécesseurs. Il doit procéder à la réparation des dégâts causés dans les profondeurs du fleuve, ce qui nous vaut aujourd’hui une absence trop longue des messages des ancêtres. C’est à ces conditions que son règne sera mémorable et il aura fait quelque chose pour la communauté sawa », prévient Valère Epée. Autrement dit, la réconciliation avec le sacré reste incontournable pour l’avenir de ce peuple.
Grandeurs et travers du Ngondo. Eugène Dipanda
L’édition 2003 de la fête traditionnelle des Sawa semble moins animée que les précédentes…
Comme cela est de coutume depuis des décennies, le peuple Sawa, composé d’ethnies riveraines de la zone côtière du Cameroun, s’apprête à vibrer en communion. A l’occasion de la énième commémoration de la fête de l’eau, le Ngondo, qui se célèbre le dimanche 7 décembre 2003 prochain, c’est en effet la grande effervescence dans les foyers. Depuis quelques jours, c’est la ruée vers les marchés où est commercialisé le nouveau pagne de l’événement. Dans les ateliers de couture, privilège est fait à la confection des Kabas ngondo, les fameuses longues robes, que les femmes arboreront toutes le jour-J. En matière vestimentaire, les hommes, eux, revêtent généralement des chemises blanches et nouent leurs sanja (grand pagne) autour des reins. Certains, pour marquer leur réel encrage à la tradition, vont en plus s’armer d’un chasse-mouche ou, simplement, se coiffer d’un minuscule couvre-chef de couleur noire.
Depuis la semaine dernière, plusieurs manifestations ayant trait au Ngondo 2003, meublent d’ores et déjà le quotidien des populations de la capitale économique. En effet, en prélude à l’apothéose de dimanche sur les berges du fleuve Wouri, une foire dite artistique, commerciale, industrielle et gastronomique bat son plein depuis le 22 novembre dernier à la Salle des fêtes d’Akwa : Par le passé, c’est au Parc des princes, situé au quartier Bali, que se déroulait ladite foire. Un déménagement surprenant, qui aura eu une grosse incidence sur l’affluence du site actuel. Malgré la présence de nombreuses entreprises et autres particuliers dans les stands érigés pour la circonstance, malgré une animation musicale plutôt appréciable des lieux et quoique la bonne nourriture et la bière y soient vendues à bon prix. Côté public, la mayonnaise ne semble pas pour autant prendre. En dehors de quelques élèves curieux du lycée d’Akwa voisin, qui y vont faire un tour à la sortie des classes, le reste du temps laisse apparaître une ambiance terne ; tout le contraire de la chaleur carnavalesque qui précède habituellement le Ngondo.
Entre-temps heureusement, il est annoncé un petit festival de musique sur le site, avec une compétition de ballets du terroir. Ce 4 décembre, un " Grand Prix Découverte " a également opposé plusieurs chanteurs en herbe, avant l’organisation, dans la matinée de samedi prochain, d’un semi marathon à travers différentes artères de la ville de Douala. Autant de rendez-vous qui, comme d’habitude, devraient faire foule. Une marée humaine est autant espérée au cours de la grande veillée traditionnelle, prévue dans la nuit du 6 décembre. C’est en ce moment notamment que sera élue la Miss Ngondo 2003. Un programme nocturne qui prévoit entre autres, des animations par des chorales, des concours de danse et une compétition de lutte traditionnelle. Selon des sources introduites auprès de l’assemblée générale du Ngondo, l’endormissement observé autour de l’édition 2003 de la fête des Sawa ne relève cependant pas du hasard. Au-delà des remous de surface, les divergences semblent importantes entre les dépositaires de la culture Sawa que sont les chefs traditionnels des divers cantons. Ces désaccords seraient d’ailleurs à l’origine (malgré la pompeuse version officielle qui fait état de l’exiguïté du Parc des princes) du déménagement de la foire du Ngondo de Bali vers Akwa.
Selon les mêmes sources, les formules managériales et la forte inclinaison politique du président actuel du Ngondo, Sa majesté Essaka Ekwalla, chef supérieur du canton Deido, ne feraient pas l’unanimité auprès de ses pairs, et notamment auprès du prince René Bell, chef supérieur du canton Bell. Résultat des courses, la plupart des réunions de préparation du Ngondo 2003 ont été boudées par nombre de chefs " dissidents ". L’ouverture du tout nouveau siège du Ngondo, sis au palais Dika Akwa, n’a pas été courue non plus. Une indifférence qui aurait pesé lourd sur le choix du thème de la fête de cette année, " Oa na mba " (toi et moi), qui renvoie à l’amour, à l’entente et à la solidarité entre tous les " frères " Sawa ; un préalable incontournable, pour lui redonner toute sa dimension culturelle et festive d’autrefois… Sur les origines du Ngondo justement, l’histoire raconte que " l’existence de l’assemblée traditionnelle du peuple Sawa est antérieure à l’arrivée, en 1943, des premiers missionnaires à Douala. Son année de création peut se situer approximativement en 1930… ".
Son assemblée, qui a autrefois mené des activités judiciaires, " devait réprimer les meurtres suivant la loi du Talion, et ceci, quel que soit le rang social de leur auteur ". Le Ngondo joua également un rôle politique d’envergure, à travers protestations et luttes de résistance, avant et pendant l’occupation allemande du Cameroun. Interdit pour ses élans " subversifs ", puis réhabilité grâce à la volonté populaire, le Ngondo n’a cessé d’être ballotté par des vagues de dérivations. Par souci d’innovation, on a en effet vu, au fil des années, les populations non originaires de la région côtière du Cameroun, prendre une part active à la fête. Plus grave, les prises de positions politiques des chefs traditionnels Sawa, " au nom de tout leurs peuples ", ont diversement été partagées. Cette année encore, le Ngondo se présente comme un vaste cercle de rassemblement des peuples, sans aucune considération sur leurs origines. Ce 7 décembre, en tout cas, ils seront encore des centaines à découvrir, avec un intérêt certain, les réjouissances populaires des Sawa sur les berges du fleuve Wouri ; l’ambiance surchauffée des courses de pirogues, ou, simplement, l’épisode toujours épatant de l’immersion du vase sacré, qui va définir, à travers le message des divinités, le mode de vie et les prévisions des fils de l’eau pendant les douze prochains mois. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- Ngondo : La délégation de Douala fait escale à Yaoundé. Dorine Ekwè
Le bureau de Yaoundé a été officiellement installé.
Partant du carrefour Warda pour le Palais des congrès de Yaoundé, les membres des associations Sawa, vêtus de leurs tenues traditionnelles: pagnes de toutes les couleurs ceints autour des reins et chemise pour les hommes, Kaba-Ngondo pour les femmes, n`ont pas manqué, dans la matinée de samedi dernier, de retenir l`attention des personnes qui se retrouvaient sur leur chemin. Chantant, dansant, et faisant à certains moments retentir des cloches, c`est dans la bonne humeur que tout ce beau monde est monté là-bas, sur les hauteurs du Palais des congrès de Yaoundé, pour communier avec ses chefs Essaka Ekwalla Essaka de Deido, Paul Milord Mbappè de Bonabéri et Madiba Songuè, chef Babkoko de Japoma. Le prétexte de ce grand rassemblement était celui de la visite du bureau Ngondo de Douala à la communauté Sawa de Yaoundé. Une visite qui entre par ailleurs dans le cadre des manifestations organisées chaque année, deux ou trois semaines avant le grand rassemblement sur les berges du Wouri, généralement prévu pour la première semaine de décembre, et dont les festivités s`étendent sur une semaine.
Désormais, et selon les explications de Louis Roger Manga, chargé de la communication du Ngondo-Yaoundé, Yaoundé est désormais considéré comme un des villages Ngondo que compte la communauté. Ceci, parce que " Nous comptons beaucoup de Sawa dans cette ville. Dans la plupart du temps, ces personnes n`ont pas toujours le loisir de se rendre à Douala pour assister à ce grand rassemblement de notre peuple qu`est le Ngondo. C`est pour leur montrer l`importance que nous leur accordons, que nous avons choisi de lancer notre tournée par Yaoundé " Loin des eaux ensorcelantes du Wouri, donc, c`est au Palais des Congrès de Yaoundé, et sous une fine pluie, considérée alors comme la bénédiction des dieux, que le rassemblement a eu lieu, après l`entrée sur le site de la pirogue, instrument de base d`un événement dont, la grande attraction a toujours été la course des pirogues. Et, en dehors des chants scandés ici et là, l`attraction était également cette case faite de matériau locaux (nattes, raphia, bambou...), située à l`entrée du Palais des congrès de Yaoundé. A l`intérieur, le peintre Jacques Eyoum proposait à ses visiteurs plusieurs fresques qu`il a mises sur pied, représentant plusieurs aspects de la culture Sawa.
Cette visite aux " frères de la capitale ", a également été l`occasion, pour le président du Ngondo, Sa Majesté Essaka Ekwalla Essaka, chef des Deido (dont le mandat prendra fin lors de la célébration du Ngondo 2004), et sa suite, de procéder à l`installation officielle du bureau Ngondo de Yaoundé. On se souvient en effet qu’il y a près de deux ans, ce bureau avait été mis sur pied de façon quelque peu clandestine, sans l`accord officiel des responsables. Ainsi, l`installation de samedi dernier, outre qu`elle règle un différend, rend légales et légitimes les actions futures que le bureau Ngondo de Yaoundé mènera. On se souvient qu`en 1998, la manifestation a subi une sorte de mutation, et a été organisée à Yaoundé, sur les rives du lac municipal, une initiative que l`on ne souhaiterait plus renouveler, quand on sait que, selon Jacques Eyoum : " le Ngondo n`est pas une affaire de diaspora, on ne peut l`expurger de sa quintessence ".
Un bureau dont la présidence et la vice-présidence sont respectivement assurées par Paul Moby Etia, directeur de l`institut national de cartographie, et Mbella Ngom. Les missions de ce bureau sont, entre autres, de rassembler les Sawa de Yaoundé, de procéder à un échange d`informations entre les différentes associations installées à Yaoundé ou ailleurs, mais surtout, de servir de courroie de transmission du Ngondo au près de ces associations. Ce bureau a également été installé, dit-on, pour être plus proche des autorités administratives du pays, dont le soutien, au cours des célébrations " n`est guère négligeable ". Après Yaoundé, la caravane poursuivra son périple du côté de Bali, Bonabéri, Pongo et d`autres villages, jusqu`au 29 novembre prochain, jour d`ouverture du Ngondo 2003 qui se terminera le 07 décembre prochain.
Les trophées du Ngondo chez Tomi
27.01.2005
“En ce début de l’an 2005, il nous est particulièrement agréable de nous approcher de la grande institution que vous dirigez avec flegme et charisme, pour lui témoigner notre gratitude, pour tout le soutien qu’elle apporte à la culture camerounaise en général, et à sa branche traditionnelle en particulier. Nous venons aussi vous présenter nos champions qui, par leur ardeur et leur endurance, ont brillé dans les diverses compétitions organisées lors de la célébration de la dernière fête du Ngondo 2004 ”. Ces propos ont été tenus par Raymond Kotto Touoh, chef de la délégation venue présenter les trophées remportés lors de la dernière fête de l’eau, à M. Jean Baptiste Tomi, directeur général du Pari mutuel urbain camerounais (Pmuc). Ces trophées étaient ceux de la lutte traditionnelle () remporté par Eboa Eyango, de la danse traditionnelle (), revenu pour la troisième fois consécutive au groupe de danse Mulema M’ebelebele ou le coeur de tous les Ebele et du prix de la course de pirogue enlevé une fois de plus par l’équipe Njoh’a bwalo du département du Nkam. Au terme de cette présentation de trophées, le directeur du Pmuc qu’entouraient ses directeurs adjoints, Tatiana Eldin, Jean-pierre Tosi, Gérard Atangana, Jean Dominique Casamarta... s’est dit très honoré par une telle attitude. Car, “ les traditions sont très importantes. Portées par les jeunes, elles vont perdurer ”, a-t-il affirmé. Une scène de compétition de pirogues est venue clore cette soirée. Dobet Gnahoré au Ccf
Eugène Dipanda L’édition 2003 de la fête traditionnelle des Sawa semble moins animée que les précédentes… Comme cela est de coutume depuis des décennies, le peuple Sawa, composé d’ethnies riveraines de la zone côtière du Cameroun, s’apprête à vibrer en communion. A l’occasion de la énième commémoration de la fête de l’eau, le Ngondo, qui se célèbre le dimanche 7 décembre 2003 prochain, c’est en effet la grande effervescence dans les foyers. Depuis quelques jours, c’est la ruée vers les marchés où est commercialisé le nouveau pagne de l’événement. Dans les ateliers de couture, privilège est fait à la confection des Kabas ngondo, les fameuses longues robes, que les femmes arboreront toutes le jour-J. En matière vestimentaire, les hommes, eux, revêtent généralement des chemises blanches et nouent leurs sanja (grand pagne) autour des reins. Certains, pour marquer leur réel encrage à la tradition, vont en plus s’armer d’un chasse-mouche ou, simplement, se coiffer d’un minuscule couvre-chef de couleur noire. Depuis la semaine dernière, plusieurs manifestations ayant trait au Ngondo 2003, meublent d’ores et déjà le quotidien des populations de la capitale économique. En effet, en prélude à l’apothéose de dimanche sur les berges du fleuve Wouri, une foire dite artistique, commerciale, industrielle et gastronomique bat son plein depuis le 22 novembre dernier à la Salle des fêtes d’Akwa : Par le passé, c’est au Parc des princes, situé au quartier Bali, que se déroulait ladite foire. Un déménagement surprenant, qui aura eu une grosse incidence sur l’affluence du site actuel. Malgré la présence de nombreuses entreprises et autres particuliers dans les stands érigés pour la circonstance, malgré une animation musicale plutôt appréciable des lieux et quoique la bonne nourriture et la bière y soient vendues à bon prix. Côté public, la mayonnaise ne semble pas pour autant prendre. En dehors de quelques élèves curieux du lycée d’Akwa voisin, qui y vont faire un tour à la sortie des classes, le reste du temps laisse apparaître une ambiance terne ; tout le contraire de la chaleur carnavalesque qui précède habituellement le Ngondo. Entre-temps heureusement, il est annoncé un petit festival de musique sur le site, avec une compétition de ballets du terroir. Ce 4 décembre, un " Grand Prix Découverte " a également opposé plusieurs chanteurs en herbe, avant l’organisation, dans la matinée de samedi prochain, d’un semi marathon à travers différentes artères de la ville de Douala. Autant de rendez-vous qui, comme d’habitude, devraient faire foule. Une marée humaine est autant espérée au cours de la grande veillée traditionnelle, prévue dans la nuit du 6 décembre. C’est en ce moment notamment que sera élue la Miss Ngondo 2003. Un programme nocturne qui prévoit entre autres, des animations par des chorales, des concours de danse et une compétition de lutte traditionnelle. Selon des sources introduites auprès de l’assemblée générale du Ngondo, l’endormissement observé autour de l’édition 2003 de la fête des Sawa ne relève cependant pas du hasard. Au-delà des remous de surface, les divergences semblent importantes entre les dépositaires de la culture Sawa que sont les chefs traditionnels des divers cantons. Ces désaccords seraient d’ailleurs à l’origine (malgré la pompeuse version officielle qui fait état de l’exiguïté du Parc des princes) du déménagement de la foire du Ngondo de Bali vers Akwa. Selon les mêmes sources, les formules managériales et la forte inclinaison politique du président actuel du Ngondo, Sa majesté Essaka Ekwalla, chef supérieur du canton Deido, ne feraient pas l’unanimité auprès de ses pairs, et notamment auprès du prince René Bell, chef supérieur du canton Bell. Résultat des courses, la plupart des réunions de préparation du Ngondo 2003 ont été boudées par nombre de chefs " dissidents ". L’ouverture du tout nouveau siège du Ngondo, sis au palais Dika Akwa, n’a pas été courue non plus. Une indifférence qui aurait pesé lourd sur le choix du thème de la fête de cette année, " Oa na mba " (toi et moi), qui renvoie à l’amour, à l’entente et à la solidarité entre tous les " frères " Sawa ; un préalable incontournable, pour lui redonner toute sa dimension culturelle et festive d’autrefois… Sur les origines du Ngondo justement, l’histoire raconte que " l’existence de l’assemblée traditionnelle du peuple Sawa est antérieure à l’arrivée, en 1943, des premiers missionnaires à Douala. Son année de création peut se situer approximativement en 1930… ". Son assemblée, qui a autrefois mené des activités judiciaires, " devait réprimer les meurtres suivant la loi du Talion, et ceci, quel que soit le rang social de leur auteur ". Le Ngondo joua également un rôle politique d’envergure, à travers protestations et luttes de résistance, avant et pendant l’occupation allemande du Cameroun. Interdit pour ses élans " subversifs ", puis réhabilité grâce à la volonté populaire, le Ngondo n’a cessé d’être ballotté par des vagues de dérivations. Par souci d’innovation, on a en effet vu, au fil des années, les populations non originaires de la région côtière du Cameroun, prendre une part active à la fête. Plus grave, les prises de positions politiques des chefs traditionnels Sawa, " au nom de tout leurs peuples ", ont diversement été partagées. Cette année encore, le Ngondo se présente comme un vaste cercle de rassemblement des peuples, sans aucune considération sur leurs origines. Ce 7 décembre, en tout cas, ils seront encore des centaines à découvrir, avec un intérêt certain, les réjouissances populaires des Sawa sur les berges du fleuve Wouri ; l’ambiance surchauffée des courses de pirogues, ou, simplement, l’épisode toujours épatant de l’immersion du vase sacré, qui va définir, à travers le message des divinités, le mode de vie et les prévisions des fils de l’eau pendant les douze prochains mois.
------------------------------------------------------------------------------------------------------- Dorine Ekwè
Le bureau de Yaoundé a été officiellement installé. Partant du carrefour Warda pour le Palais des congrès de Yaoundé, les membres des associations Sawa, vêtus de leurs tenues traditionnelles: pagnes de toutes les couleurs ceints autour des reins et chemise pour les hommes, Kaba-Ngondo pour les femmes, n`ont pas manqué, dans la matinée de samedi dernier, de retenir l`attention des personnes qui se retrouvaient sur leur chemin. Chantant, dansant, et faisant à certains moments retentir des cloches, c`est dans la bonne humeur que tout ce beau monde est monté là-bas, sur les hauteurs du Palais des congrès de Yaoundé, pour communier avec ses chefs Essaka Ekwalla Essaka de Deido, Paul Milord Mbappè de Bonabéri et Madiba Songuè, chef Babkoko de Japoma. Le prétexte de ce grand rassemblement était celui de la visite du bureau Ngondo de Douala à la communauté Sawa de Yaoundé. Une visite qui entre par ailleurs dans le cadre des manifestations organisées chaque année, deux ou trois semaines avant le grand rassemblement sur les berges du Wouri, généralement prévu pour la première semaine de décembre, et dont les festivités s`étendent sur une semaine. Désormais, et selon les explications de Louis Roger Manga, chargé de la communication du Ngondo-Yaoundé, Yaoundé est désormais considéré comme un des villages Ngondo que compte la communauté. Ceci, parce que " Nous comptons beaucoup de Sawa dans cette ville. Dans la plupart du temps, ces personnes n`ont pas toujours le loisir de se rendre à Douala pour assister à ce grand rassemblement de notre peuple qu`est le Ngondo. C`est pour leur montrer l`importance que nous leur accordons, que nous avons choisi de lancer notre tournée par Yaoundé " Loin des eaux ensorcelantes du Wouri, donc, c`est au Palais des Congrès de Yaoundé, et sous une fine pluie, considérée alors comme la bénédiction des dieux, que le rassemblement a eu lieu, après l`entrée sur le site de la pirogue, instrument de base d`un événement dont, la grande attraction a toujours été la course des pirogues. Et, en dehors des chants scandés ici etlà, l`attraction était également cette case faite de matériau locaux (nattes, raphia, bambou...), située à l`entrée du Palais des congrès de Yaoundé. A l`intérieur, le peintre Jacques Eyoum proposait à ses visiteurs plusieurs fresques qu`il a mises sur pied, représentant plusieurs aspects de la culture Sawa. Cette visite aux " frères de la capitale ", a également été l`occasion, pour le président du Ngondo, Sa Majesté Essaka Ekwalla Essaka, chef des Deido (dont le mandat prendra fin lors de la célébration du Ngondo 2004), et sa suite, de procéder à l`installation officielle du bureau Ngondo de Yaoundé. On se souvient en effet qu’il y a près de deux ans, ce bureau avait été mis sur pied de façon quelque peu clandestine, sans l`accord officiel des responsables. Ainsi, l`installation de samedi dernier, outre qu`elle règle un différend, rend légales et légitimes les actions futures que le bureau Ngondo de Yaoundé mènera. On se souvient qu`en 1998, la manifestation a subi une sorte de mutation, et a été organisée à Yaoundé, sur les rives du lac municipal, une initiative que l`on ne souhaiterait plus renouveler, quand on sait que, selon Jacques Eyoum : " le Ngondo n`est pas une affaire de diaspora, on ne peut l`expurger de sa quintessence ". Un bureau dont la présidence et la vice-présidence sont respectivement assurées par Paul Moby Etia, directeur de l`institut national de cartographie, et Mbella Ngom. Les missions de ce bureau sont, entre autres, de rassembler les Sawa de Yaoundé, de procéder à un échange d`informations entre les différentes associations installées à Yaoundé ou ailleurs, mais surtout, de servir de courroie de transmission du Ngondo au près de ces associations. Ce bureau a également été installé, dit-on, pour être plus proche des autorités administratives du pays, dont le soutien, au cours des célébrations " n`est guère négligeable ". Après Yaoundé, la caravane poursuivra son périple du côté de Bali, Bonabéri, Pongo et d`autres villages, jusqu`au 29 novembre prochain, jour d`ouverture du Ngondo 2003 qui se terminera le 07 décembre prochain. (...) Institution séculaire, l’assemblée traditionnelle du peuple sawa se trouve à la croisée des chemins. De Campo à Manfé, les Sawa sont venus nombreux le 05 décembre dernier, en tenue traditionnelle, envahir le banc de sable des berges du Wouri. Un lieu considéré de communion entre les ancêtres au fond des eaux et les populations sur terre. Moins de dix minutes suffiront alors pour voir le plongeur, sortir la tête de l’eau, tenant dans ses mains le vase sacré. Il était ainsi porteur du message des ancêtres à la communauté, qui devait être décrypté quelque temps après par un autre initié. « Au-delà du faste et de la solennité qui entourent cette fête, c’est là le point culminant des cérémonies, le message des ancêtres», a déclaré Pamphile Yobe, secrétaire général du Ngondo. L’immersion du vase sacré considérée comme le clou des festivités est généralement précédée de la veillée culturelle du Ngondo. Depuis une quinzaine d’années, celle-ci se déroule au Parc des Princes à Bali, dans le canton Njo Njo. Comme à l’accoutumée, la vaste cour décorée de feuillages, lianes, bambous et autres ronces rares, était pleine de monde. Ce soir du 04 décembre, le peuple sawa mettait en évidence les différentes facettes de sa culture. Devant une forte délégation des chefs traditionnels et des invités, les groupes d’esséwé, d’abélé, d’ambass –bey, accompagnés de danseurs, se mettaient en valeur à tour de rôle, pour le grand bonheur d’une marée de spectateurs. Ces moments étaient de temps en temps entrecoupés par des épreuves sportives, comme les Bésua (rencontres de lutte traditionnelle) pour la désignation du Ngum (champion). Les contes au clair de lune retraçant l’histoire du peuple sawa et ses principaux exploits étaient tout aussi au programme. Au menu, plusieurs autres attractions et jeux aujourd’hui oubliés sont programmés, sous des roulements de tambours. Depuis quelques années, l’élection de la Tolé, Miss Ngondo, semble être l’activité la plus prisée des populations. « Il s’agit d’un concours décliné en de captivantes et savoureuses activités qui replongent les candidates en compétition dans un univers à la fois traditionnel et moderne », explique Désirée Ngassé, la Tolé de l’édition 2000. A tour de rôle, au milieu d’une foule en effervescence, les concurrentes, en kaba ou tenue de ville selon le personnage à incarner, démontrent leur habileté dans le rôle de fille, épouse et mère tout ceci non sans avoir retracé au public leur arbre généalogique. Au fil des ans cependant, on a noté des dérives dans l’organisation des festivités du Ngondo. Devenu un « lobby politique », le Ngondo est dorénavant au centre d’interminables luttes d’intérêts, au détriment de son caractère culturel. « Le danger est la récupération politique…Il s’avère que la tradition paie sur le plan politique », met en garde Dou Bwemba Kaya, chercheur et égyptologue à Douala. En lieu et place de la promotion et de la perpétuation des valeurs culturelles, on tombe fatalement dans le culte de la personnalité et des dérapages de toutes natures. « Le Ngondo perd de sa substance traditionnelle. Entre le Ngondo d’aujourd’hui et celui que nous avons connu, rien à faire, beaucoup d’éléments nouveaux sont venus altérer le caractère sacré de cette fête », déclare André Ngangué, octogénaire et patriarche sawa. «Rares sont ceux qui connaissent l’origine de cette fête. Si les gens savaient ce qu’est le vrai Ngondo, ils n’en feraient pas n’importe quoi », ajoute il. Un fait qui heurte les sensibilités averties et fait sûrement les ascendants se retourner dans leur tombe. Dans l’impossibilité de dater avec certitude les débuts de cette institution notoirement séculaire, de nombreuses sources orales situent son existence dans la première moitié des années 1800, avant l’arrivée des premiers missionnaires. « Il y avait autrefois à Pongo, au nord-ouest de Douala, un colosse qui passait pour un titan et semait la terreur dans les marchés. On l’appelait Malobé. Il commettait toutes sortes d’abus et d’exactions…Ses principales victimes étaient les Duala stricto sensu ». Dès que ce monstre apparaissait, chacun se tenait sur ses gardes. Les principaux dignitaires des quatre clans duala se réunirent afin de chercher ensemble une solution satisfaisante à cette affaire d’honneur et réparé l’impardonnable offense. « Cette assemblée reçut donc le nom de Ngondo, du même mot qui désigne en langue duala le cordon ombilical reliant encore le nouveau né à sa mère, après la délivrance ». De cette image, les Duala tirèrent l’idée de lien devant dorénavant les unir. Ainsi le Ngondo devint le symbole de leur unité, la concrétisation d’un front uni appelé à défendre l’honneur du peuple, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Résultat, le Goliath Malobé est finalement vaincu par Engomga, un Bakoko de Japoma. C’est ainsi que les duala retrouvèrent la paix. Autre version, « le Ngondo est d’abord le nom d’une rivière, aujourd’hui devenu le drain qui sépare le canton Bell de celui d’Akwa », explique Valère Epée, historien et dépositaire de la culture duala. Ce drain se situe plus précisément entre l’école Notre Dame et la montée de la compagnie aérienne Air Afrique à Bonanjo.
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