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16.03.2008
GRAND SAWA: Du bon usage de la SAWANITE
Entre les Sawa d’Occident et les côtiers du Cameroun, entre le silence et l’engagement, l’impie et le sacré, la légèreté et la pesanteur, le lien pour 2008 s’épaissi encore un peu plus, renforcé par la perspective de relever ensemble de nouveaux défis.
Bona tétè, dans nos engagements quotidiens, les erreurs se paient parfois chères. Aussi faut-il savoir distinguer avec vigilance d’une part ce qui construit réellement une communauté faites d’hommes et de femmes qui n’ont pas vocation à s’ignorer et d’autre part, ce qui, n’étant pas seulement le sitcom d’une mouvance en déroute, essaime le venin de la manipulation entre nous.
En somme, avec cette sawanité qui se meut, il faut prendre des précautions à ne pas contribuer à la désublimation de cette réflexion qui a désormais valeur de bouée de sauvetage pour chacun nous. C’est exactement ce que fait peuplesawa.com, ce paramédia aux centaines de visiteurs par jour. Autrement dit vos félicitations et vos encouragements devenus nombreux sont aujourd’hui justifiés. Votre toile favorite en prend acte.
Mboa , si la transcendance est la condition de possibilité la plus évidente du progrès, la plus nécessaire de toute intelligence spirituelle alors, en vérité, le travail continu, l’effort perpétuel est le seul dépassement allant de soi. En témoigne le florilège de documents historiques inédits et des recherches érudites publiés sur ce site dédié à notre culture. Il ne s’agit pas de vouloir tout expliquer par le fait historique ; mai il faut reconnaître que vouloir empêcher l’esprit mémorialiste de se manifester c’est vouloir gommer. Car ce qui ne se dit pas finit systématiquement par s’étioler. La nature a horreur du vide.
Pendant longtemps, très longtemps nous avons fait une lecture lacrymale de notre mémoire au point que le mot sawa n’avait de sens que durant la quinzaine du Ngondo ; au point qu’il ne disait plus rien. C’était même le dernier mot précédant un long silence de douze mois.
Désormais, « sawa » est le mot du quotidien et avec lui la sawanité qui le meuble. Cette sawanité qui est devenue le point d’incandescence d’un projet et d’une démarche exigeante qui ne cessent depuis trois ans avec Paul Ngallè Menessier, Laurence Ndédi Priso et bien d’autres d’explorer le réel au plus près du passé et des sentiments, seuls critères pour ce portail de s’employer à écrire la vérité pour demain.
Aujourd’hui, fort est de constater que ce sont ces cliquetis de lumières du passé qui font de ce portail l’une des plus belle œuvre de cette singulière mémorialiste.
Car nous l’aurons compris, contrairement à ces marchands d’émotion qui souhaitent lester les classes de CM2 françaises d’une mémoire douloureuse de la shoah dont on n’a pas pourtant pas fini d’évaluer le fardeau. A ceux là nous disons : La vie n´est pas un feuilleton hollywoodien où il faut faire pleurer pour convaincre ou instruire. Aux historiens de l’Elysée nous disons que le devoir de mémoire n´est pas le sentimentalisme et il ne se confond pas avec l´Histoire.
La sawanité comme la négritude n’a rien à attendre de cette foire aux larmes. De cet appel à la concurrence malsaine et grotesque des mémoires. Voilà comment à partir d’une partialité manifeste doublée d’un zèle mégalomaniaque le chef de l’exécutif français prépare les ingrédients de la discorde des communautés, dissémine des graines d’ivraie. Comme si en hexagone, dans cette nation plurielle aux migrations centripètes, on pouvait espérer une réelle communauté de destin en hiérarchisant les micros mémoires des uns et des autres.
Avant-hier, la dérive généticiste avec les tests ADN, hier la provocation avec le Discours de Dakar et l’absolution implicite des délinquants humanitaires du Tchad ; décidément ce sinistré de la conjugalité collectionne les opprobres comme autant de trophées. Mêmes les gloses inhérentes à sa récente désunion n’auront pas suffit pour arrêter la fermentation de cette insoutenable obscénité. J’allais même dire, voyeurisme si le mot n’était pas brutal.
« Politique de civilisation » par ci, « parrainage par un enfant de CM2 victime de la shoa » par là ou encore « L’Homme Africain… ». Ses allusions aux valeurs générales et généreuses, qui n’ont jamais l’heur de plaire sont toujours empruntées aux uns ou suggérées par d’autres. Que d’indélicatesses en si peu de temps ! Que d’incursions blessantes dans les intimités des gens.
N’en parlons pas des fonctions régaliennes qui incombent à ses Ministres délégués. Les pauvres. Rien n’échappe à son intrusion. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il ne laisse que désolation après son passage. J’en veux pour preuve ce ciment de toutes les Républiques modernes qu’est la Laïcité qu’il viens d’écorcher et que les Francs-maçons français sont aujourd’hui contraints de panser après un discours irresponsable à Saint Jean de Latran devant le Saint Père. Vous le prénommez Nicolas ?je dis Gaston (Pardon aux autres) !
Décidément cet homme, jadis candidat à la Présidence, dont on disait que le nez pointé sur la dénivellation qui sépare le talent et le géni est sa seule obsession est aujourd’hui, par sa faute, réduit à se débattre entre la pitié et médiocrité.
S’il est vrai qu’un quinquennat ne représentent même pas la durée d’une sieste à l’échelle géologique du temps. Il faut tout de même convenir que pour certains administrés Français, c’est une éternité qui les sépare de l’horizon 2012.
Haro sur leur Président Français? Non ! Seulement il faut reconnaître que ses agissements péremptoires s’incarnent dans l’idée qu’il est toujours possible pour de bonne raisons d’utiliser de mauvais procédés, ce qui justifiera un jour, si personne ne dit rien, qu’on puisse le faire pour de mauvaises raisons. Là est la subtilité de sa funeste méthode !
Dans cette Histoire pénible du XX siècle qu’on veut manipuler sans gants en classe de CM2, il y a vraiment des sanglots qu’il faut savoir ravaler au nom du bien-être infantile. Un peu moins de fumisterie ne fait de mal à personne !
Avec ses jougs et ses contraintes, ses douleurs et ses allégresses, ses meurtrissures et ses victoires avec cette tout simplement notre sawanité, celle que vous exprimez si bien, aucune distance intérieure n’est à plus à priori infranchissable. Nous dépasserons cette indignation dont nous connaissons les dangers.
Nul décret ne nous demandera d’associer la terre tout entière à la commémoration de notre douloureux passé ! De même que nulle décision ne nous interdira de prendre le chemin qui mène aux questions les plus hautes. Celle de l’amour fraternel par exemple. Entre l’enfer du sensationnalisme et ‘’ la bonne intention’’ il n’y a qu’un pavé à franchir. Même les plus louables vertus, pour peu q’elles soient utilisées à mauvais escient, peuvent ouvrir la porte au pire.
Non. Notre sawanité ne veut pas être oublieuse de l’âge d’or ou à l’inverse des années de plomb ; elle ne veut pas nom plus être l’expression d’une victoire d’une génération sur l’autre, d’un camp sur l’autre. Ce serait prosaïquement la déroute du sens commun de nos intérêts et du pacte des générations.
Mboa nous devons être guidés par la seule lumière de la raison et de tolérance, tractés par le rail de l’humanisme afin d’élargir aujourd’hui les sphères des possibilités humaines à coexister.
Bien que cela soit nécessaire, son rôle n’est pas seulement de venir au secours de nos vieilles lunes, de nos mythologies, de relayer nos idoles déchues. Son rôle est aussi de soutenir les enfants sawa dans leur émancipation. Voilà pourquoi la sawanité bien comprise est aussi une pédagogie de la liberté. C’est une injonction humaniste à produire du sens. Contrairement à ce que pourrait être une invitation tribaliste à ourdir le communautarisme, la sawanité essaie d’offrir une nouvelle frontière entre l’interdit moraliste de penser par nous même notre présent et le choix audacieux définir ensemble notre futur.
Le sawanité ne gagnera pas le paradis dans les cieux ; c’est ici sur sa terre littorale, aux rivages enchanteurs, qu’elle devra bâtir son paradis de fraternité. Ce ne n’est pas son destin mais sa vocation.
Des incartades ils en existent sur cette toile, il en existera toujours. Et fort heureusement des congratulations aussi. Elles ne suffisent pas à elles seules à faire un destin, il ne faut pas rester à l’écume des choses. Mais il n’est pas de destin où on ne trouve pas la trace des oppositions.
Composée d’hommes et de femmes braves, la communauté sawa du Cameroun va un jour, demain peut-être, se fonder sur le triple principe de la tolérance, de l’union et de l´espérance. Espérance non pas dans l´utopique avènement définitif d´un sawaland meilleur mais dans l’idée que des hommes peuvent encore désobéir à un futur souvent difficile à changer. Œuvrant pour une nouvelle communauté de valeurs et d´éthique, présents dans le monde sans jamais en être des figurants passifs, la sawanité cherche, guidée par la providence sans se laisser porter par elle, à retrouver le chemin du beau et à défendre chaque jour la chance de pouvoir se tenir debout et l’honneur de s´engager pour tout les sawa du monde entier.
Toutefois, ce n’est pas parce que la sawanité se veut être une réflexion indépendante et ouverte que toutes les proximités sont acceptables en son sein. Ce n’est pas le réceptacle de toutes les infamies, de toutes les basses insinuations qui continuent à naviguer en sous-main dans les neurones de certains, comme des images salaces circulent dans les cartables des adolescents malotrus. Les anathèmes et les opportunismes de mauvais aloi n’y trouveront pas leurs nids. Pas plus que des guerres intestines de pouvoir.
La sawanité est rebelle, elle n’est pas l’obligée des politiques sawa, ni d’une bien-pensance quelconque. C’est pourquoi la raison ici à coutume d’offenser l’habitude et les certitudes les plus ancrées.
Cependant, il faut bien le reconnaître, de sa nature protéiforme, chaque enfant sawa a appris depuis trois ans à chercher dans son incommensurable richesse un véritable miroir de l’âme.
Est-il encore utile d’ajouter que cette sawanité est également une passeuse de relais d´une certaine conception de pensée propre à notre culture, afin que les générations futures aient encore les moyens de se dresser et de lever fièrement l´étendard des sursauts mystiques ?
Par la science, les arts, la parole, la rectitude, le discours, le questionnement métaphysique, l’interrogation de l’indicible ou la pratique du bien et tous les moyens restant encore à découvrir, la sawanité cherche à faire renaître la force du lien communautaire, cette puissance incroyable de la consanguinité, de l´amour désintéressé pour l´autre, pour celui qui, au delà de toutes les superficielles divergences, partage le même rapport au monde.
Pour une communauté d´hommes et de femmes côtiers debout, dans le tumulte de la fête comme dans le chaos des combats, un seul mot : la sawanité
Sachant d´où ils viennent et conscients de ce qu´ils sont, les sawa du Cameroun ne sont ni sectaires, ni haineux, préférant la politique de l´exemple à celle du bouc émissaire. Ayant pris acte de la prégnance de l’effort de chacun dans le devenir de tous, constatant le tragique échec des mirages élitistes la sawanité promeut, par devoir bien plus que par goût, toutes les formes d’amitiés et de régulation qui peuvent assurer une coexistence supportable entres ces sommes de faiblesses que sont les hommes.
Elle n’est pas un sentiment mais une exigence, une nécessaire décision, une responsabilité, un renoncement aussi et une abnégation enfin. C´est ce vers quoi doit aboutir, pour nous, toute obligation éthique, qui dépasse par principe une éthique de la loi.
La sawanité ne donne pas quelque chose de différent d´elle, un quelconque don numineux et mystérieux, mais se donne elle-même comme une bouée providentielle s’offre au naufragé des mers.
Vive la Sawanité
Mboa o boho
R. Mandjombe
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