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17.02.2006
Isaac Sinkot : la révélation d’Abidjan 84
Les apparences sont trompeuses. Derrière la réputation d’un homme " dur " qu’Isaac Sinkot traîne comme un fardeau se cache en effet un gentleman. Il n’a suffi que d’un petit coup de fil et le rendez-vous a été pris dans la foulée, dans un lieu symbolique. Le bureau de John Balog, un ancien président de la Dynamo de Douala, club où il passe les 2/ 3 de sa carrière de footballeur, sert de cadre à l’entretien réalisé dix minutes seulement après l’appel. Sinkot, de son surnom " Ndjasso " (ciseaux en bassa) est un homme disponible qui ne se fait pas prier pour discuter et dévoiler les grandes lignes de son cursus de footballeur.
Une compétition a une place particulière dans le cœur du défenseur : la coupe d’Afrique des nations de 1984. Isaac Sinkot raconte le contexte de son incorporation dans le groupe de Ognanovic et Zutic Branko. " Lorsque je suis retenu, dans ma tête, c’est clair, c’est pour être remplaçant. Je suis l’un des meilleurs défenseurs du pays avec mon club de cœur, la Dynamo. Lors de notre premier match contre l’Egypte, l’entraîneur se retrouve avec trois bons défenseurs centraux sous les bras, Ndoumbé Léa, Ndjeya et Aoudou. Comme il ne peut pas faire " chauffer " Aoudou qui est un professionnel et par ailleurs un très bon joueur, il décale Aoudou sur le côté droit. Sa prestation est moyenne. L’Egypte nous bat (1-0). Au deuxième match, contre le Togo, la défense est remaniée. Mbassi remplace Aoudou. Nous gagnons par un large score, 4 à 1.
Titulaire
Mais lors des réunions d’autocritique, le staff n’est pas très satisfait. Les consultants (Zacharie Noah, Emmanuel Mvé) qui assistent le coach lui proposent de m’aligner au dernier match contre la Côte d’Ivoire, décisif pour la qualification. C’est comme ça que je deviens titulaire. Le défenseur de la Dynamo assure et " cimente " sa place. Il est même à l’origine du deuxième but camerounais, l’unique inscrit par Roger Milla au cours de cette compétition. 21 ans après, l’action défile encore dans sa tête. " Djonkep contrôle le ballon. Je dédouble au niveau de la médiane. Il me remet le ballon. Je fais une montée normale et j’adresse un centre décisif de la gauche vers la droite. Milla suit mon geste et assure le but d’une tête piquée ". La CTV est encore en gestation en 1984. Racontée avec une telle précision, l’action fait saliver. La défense camerounaise retrouve l’équilibre. Sinkot dispute le difficile match contre l’Algérie, conclu sur un score vierge. Les deux équipes se départagent aux tirs au but. Mais Sinkot rate son penalty. L’entraîneur ne lui en tient pas rigueur et le reconduit pour la finale.
Fidélité
Après cette CAN, " Ndjasso " redevient discret avec les Lions mais participe à la CAN en Egypte et aux Jeux olympiques de Los Angeles.
Le récit d’Isaac Sinkot, ancien joueur de Heros de Muyuka (D2) est plein de vie. Le gamin commence à taper dans le ballon au fin fond du Sud-Ouest. Il fréquente alors un établissement technique de la ville où il apprend la " mécano ", un métier qui le conduira plus tard à l’Office national des ports du Cameroun (ONPC), l’ancêtre du PAD où il officie toujours.
Le natif de Ndom rallie ensuite Douala et s’engage avec l’équipe de Nkongmondo, la Dynamo. Il scelle un pacte de stabilité et de fidélité avec les " Bon ba job ", (les enfants de Dieu). L’union dure de 1975 à 1988. Elle se poursuivra même sous une autre forme. Isaac Sinkot a été l’entraîneur de la Dynamo à plusieurs reprises. Il a aussi encadré Port de Douala. Actuellement, il est l’adjoint de Roger Feutmba dans l’Union mais continue de suivre de très près l’actualité de la Dynamo. Une véritable idylle lie vraiment l’homme à ce club.
Cameroon-Tribune
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