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30.03.2009
Voyage au cœur de Yabassi. le Nkam fait du surplace. D’aucuns pensent qu’il est maudit”
Voyage au cœur de Yabassi
Rallier le chef-lieu du Nkam par route n’est pas une sinécure.
Les flonflons d’un départ
Il est 8 heures ce jeudi 5 mars 2009 lorsque le car de 18 places affrété par le département de la communication et de l’information de l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec) s’ébranle en direction de Yabassi où se déroulent les travaux du 53ième synode général. Après une longue épreuve de nerfs consécutive à une attente interminable de certains confrères, Richard Antoine Lobé en véritable chef d’orchestre intime l’ordre au chauffeur de ne pas faire des arrêts sur le long du parcours. C’était sans compter avec le zèle d’un agent communal posté au lieu dit Pk14. Le grincheux exige que le véhicule ayant à son bord des journalistes rebrousse chemin question pour le chauffeur de s’approprier le ticket de transport que vend la Communauté urbaine de Douala (Cud) au prix de 500 Fcfa.
Richard Antoine Lobé, commandant de bord propose à l’agent communal de percevoir les 500Fcfa et qu’au retour qu’il délivre le fameux sésame objet d’une brouille matinale. Ce dernier consent et donne le feu vert. Entre-temps un bouchon s’est constitué illico presto non loin du poste de contrôle. Une longue file de voitures, klaxons au vent, moteurs en ébullition, est l’objet d’un concert cacophonique. Des jérémiades des passants couplées aux engueulades et à la forfanterie de certains taximen aux nerfs à fleur de peau complètent le tableau du spectacle. C’est dans ce capharnaüm que notre minibus après s’être frayé un chemin s’est mis à dévorer des kilomètres sur une route bitumée et serpentée par endroits. Le passage sur des dos d’ânes et autres nids de poules qui jonchent une route étroite entraîne des secousses qui tirent Benjamin Lissom Lissom de Cameroon Tribune, Claire Paule Ntomo, Paulin Foam Deffo Toukam de la Crtv-Littoral et deux autres caméramans des bras de Morphée. Juste à temps pour qu’ils soient ivres d’admiration.
Le paysage dont la verdure est irréprochable, des bâtisses en “carabottes”, des paysans houes sur des épaules, machettes en main qui devisent en arpentant les sentiers qui mènent aux champs… ne laissent personne indifférent. “Ça me rappelle mon enfance au village ” lance un caméraman de Stv qui fait remarquer qu’au fur à mesure que le bolide avance sur un bitume crevassé de part en part, le paysage change. Après le village dit Tondé, le spectacle de la destruction de l’écosystème est désolant. Des arbres abattus, les traces visibles de l’impact des feux de brousse sur plusieurs hectares et l’éboulement qui a rétréci la chaussée avec comme séquelle un gouffre effrayant laissent songeur. Et nous voilà au carrefour de Bonepoupa. Ici, c’est la démarcation entre le bitume et la piste latéritique. C’est également une jonction qui indique une voie qui mène à Edéa, et une autre qui conduit dans la commune rurale de Yabassi.
Quand le synode entraîne le développement
Carrefour Yingui. A quelque 24 kilomètres de Yabassi, un bulldozer est en action. Traçage des drains le long des deux bordures de l’axe, nivellement de la chaussée crevassée et cabossée sur une bonne distance. Au même moment, une niveleuse s’occupe du reprofilage. On eût dit une ruche. D’où l’épaisse couche de poussière qui enveloppe la nature au passage des véhicules. Toutes choses normales au plus fort de la saison sèche qui bat son plein en ce début du mois de mars. Par réflexe, chaque passager à son corps défendant, se couvre le nez à l’aide des mouchoirs dont la couleur blanche initiale est littéralement transformée en rouge après qu’on se soit frotté le visage. Claire Paule Ntomo, prévenante, s’est servie de son large foulard pour se blottir tel un nouveau né. On brave néanmoins la poussière. On se laisse séduire par des efforts des pouvoirs publics et de la commune. Ici on peut apercevoir des plaques indicatives. Celles-ci portent entre autres mentions, “ attention pont, virages à 300mètres, synode Eec… ”
Comme quoi, la tenue du synode à Yabassi a débouché sur la mobilisation des fonds et sur la volonté des autorités à assainir la route. C’est dans cette optique que les travaux orchestrés par les bons soins de la municipalité pour salutaires qu’ils soient ont visé à faciliter l’accès des délégués au synode, des invités et autres touristes au théâtre de l’évènement. Après avoir traversé environ 7 ponts, une grosse plaque indique Bienvenue à Yabassi. Nous sommes au carrefour Ndog-bere, à quelques encablures de la resplendissante maison de l’international Camerounais, Njanka Béaka bien connu dans les arènes de football. La traversée du pont sur le Nkam est un régal. Chacun cherche à immortaliser à l’aide d’une caméra, d’un téléphone ou d’un appareil photo numérique le long fleuve ayant donné son nom à tout un département. Le lycée classique de Yabassi, probablement l’un des plus grands de la région du Littoral est au loin majestueux à travers ses bâtiments étalés sur une grande surface. Non loin de cette structure d’encadrement de la jeunesse se trouve le centre administratif qui a fait peau neuve. Des murs badigeonnés. La cour nettoyée. Des vitres astiquées…
Même le temple de Bonabeke, siège de la région synodale du Nkam qui abrite par ailleurs les travaux du synode général n’est pas resté en marge de la dynamique du relookage. La bâtisse est encore en chantier. Pas de portes, pas de fenêtres, pas de plafonds, pas de carreaux au sol encore moins sur le mur qui a reçu quelques couches de peinture blanche…néanmoins, le joyau présente une architecture plutôt futuriste. Et lorsque les travaux seront achevés, le temple new look qui en sortira va changer qualitativement le décor dans une ville qui a besoin de nombreux investissements pour sortir la tête des eaux dormantes.
Un géant aux pieds d’argile
Incontestablement, le département du Nkam et singulièrement la ville de Yabassi est un vivier majeur qui regorge de nombreuses compétences intellectuelles dont l’aura s’est développée au plan mondial. Au risque d’être moins exhaustif, l’on peut citer, Ebénézer Njoh Mouéllé, philosophe, ancien membre du gouvernement, Titi Pierre, membre du gouvernement, Moukoko Mbonjo Pierre, juriste, ancien membre du gouvernement, Narcisse Mouelle Kombi, directeur de l’Iric, Nkwedi Samuel, maire de Yabassi, Dr Malonté Pierre, commissaire divisionnaire, Dr Essousse Eric, Nith Pierre, commissaire divisionnaire, Komba Gaston, député…
Pourtant, Yabassi malgré l’impressionnante qualité de la ressource humaine, les potentialités au niveau des ressources agricoles, halieutiques, fauniques… reste à la traîne. Le constat a été rappelé au goût du jour par le préfet du Nkam, Njikam Aboubakar dans son mot de circonstance à l’ouverture du 53ième synode général de l’Eec. “Situé non loin du port de Douala, entouré de 6 départements, le Nkam fait du surplace. D’aucuns pensent qu’il est maudit” a affirmé le numéro 1 du Nkam qui estime par ailleurs que “Dieu nous a fait un clin d’œil à travers les états généraux du Nkam qui, ont permis de se regarder dans le miroir, et la tenue du synode général qui est un moment de fraternité et de solidarité. Que la foi transforme les velléités de cacophonie en une symphonie joyeuse qui verra le Nkam sortir de l’ornière” Comme pour dire que l’heure du décollage du Nkam a sonné. Alors trêve de batailles politiciennes, exit les querelles byzantines, il est temps d’entonner à l’unisson l’hymne du développement d’une unité administrative au creux de la vague. Yabassi, le monde entier te regarde…
Par Alain NJIPOU, envoyé spécial à Yabassi
Le 25-03-2009
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