Downloads   Galeries   Forums   Audios   Vidéos   Liens   Livre d´or   Partenaires   Contact   
  Accueil
  Actualité
  Régions/Peuples
  Historique
  Sawanité
  Le Ngondo
  Tourisme
  Littérature
  VIP
  F.A.Q
  Agendas
  Evénements
  Annonces
  Projets
  Communauté



      


28.12.2004

Ngondo: Sous le vase sacré 



Institution séculaire, l’assemblée traditionnelle du peuple sawa se trouve à la croisée des chemins.

De Campo à Manfé, les Sawa sont venus nombreux le 05 décembre dernier, en tenue traditionnelle, envahir le banc de sable des berges du Wouri. Un lieu considéré de communion entre les ancêtres au fond des eaux et les populations sur terre. Moins de dix minutes suffiront alors pour voir le plongeur, sortir la tête de l’eau, tenant dans ses mains le vase sacré. Il était ainsi porteur du message des ancêtres à la communauté, qui devait être décrypté quelque temps après par un autre initié. « Au-delà du faste et de la solennité qui entourent cette fête, c’est là le point culminant des cérémonies, le message des ancêtres», a déclaré Pamphile Yobe, secrétaire général du Ngondo.
L’immersion du vase sacré considérée comme le clou des festivités est généralement précédée de la veillée culturelle du Ngondo. Depuis une quinzaine d’années, celle-ci se déroule au Parc des Princes à Bali, dans le canton Njo Njo. Comme à l’accoutumée, la vaste cour décorée de feuillages, lianes, bambous et autres ronces rares, était pleine de monde.

Ce soir du 04 décembre, le peuple sawa mettait en évidence les différentes facettes de sa culture. Devant une forte délégation des chefs traditionnels et des invités, les groupes d’esséwé, d’abélé, d’ambass –bey, accompagnés de danseurs, se mettaient en valeur à tour de rôle, pour le grand bonheur d’une marée de spectateurs. Ces moments étaient de temps en temps entrecoupés par des épreuves sportives, comme les Bésua (rencontres de lutte traditionnelle) pour la désignation du Ngum (champion). Les contes au clair de lune retraçant l’histoire du peuple sawa et ses principaux exploits étaient tout aussi au programme. Au menu, plusieurs autres attractions et jeux aujourd’hui oubliés sont programmés, sous des roulements de tambours. Depuis quelques années, l’élection de la Tolé, Miss Ngondo, semble être l’activité la plus prisée des populations. « Il s’agit d’un concours décliné en de captivantes et savoureuses activités qui replongent les candidates en compétition dans un univers à la fois traditionnel et moderne », explique Désirée Ngassé, la Tolé de l’édition 2000. A tour de rôle, au milieu d’une foule en effervescence, les concurrentes, en kaba ou tenue de ville selon le personnage à incarner, démontrent leur habileté dans le rôle de fille, épouse et mère tout ceci non sans avoir retracé au public leur arbre généalogique.

Au fil des ans cependant, on a noté des dérives dans l’organisation des festivités du Ngondo. Devenu un « lobby politique », le Ngondo est dorénavant au centre d’interminables luttes d’intérêts, au détriment de son caractère culturel. « Le danger est la récupération politique…Il s’avère que la tradition paie sur le plan politique », met en garde Dou Bwemba Kaya, chercheur et égyptologue à Douala. En lieu et place de la promotion et de la perpétuation des valeurs culturelles, on tombe fatalement dans le culte de la personnalité et des dérapages de toutes natures. « Le Ngondo perd de sa substance traditionnelle. Entre le Ngondo d’aujourd’hui et celui que nous avons connu, rien à faire, beaucoup d’éléments nouveaux sont venus altérer le caractère sacré de cette fête », déclare André Ngangué, octogénaire et patriarche sawa. «Rares sont ceux qui connaissent l’origine de cette fête. Si les gens savaient ce qu’est le vrai Ngondo, ils n’en feraient pas n’importe quoi », ajoute il. Un fait qui heurte les sensibilités averties et fait sûrement les ascendants se retourner dans leur tombe.

Dans l’impossibilité de dater avec certitude les débuts de cette institution notoirement séculaire, de nombreuses sources orales situent son existence dans la première moitié des années 1800, avant l’arrivée des premiers missionnaires. « Il y avait autrefois à Pongo, au nord-ouest de Douala, un colosse qui passait pour un titan et semait la terreur dans les marchés. On l’appelait Malobé. Il commettait toutes sortes d’abus et d’exactions…Ses principales victimes étaient les Duala stricto sensu ». Dès que ce monstre apparaissait, chacun se tenait sur ses gardes. Les principaux dignitaires des quatre clans duala se réunirent afin de chercher ensemble une solution satisfaisante à cette affaire d’honneur et réparé l’impardonnable offense. « Cette assemblée reçut donc le nom de Ngondo, du même mot qui désigne en langue duala le cordon ombilical reliant encore le nouveau né à sa mère, après la délivrance ».

Genèse
De cette image, les Duala tirèrent l’idée de lien devant dorénavant les unir. Ainsi le Ngondo devint le symbole de leur unité, la concrétisation d’un front uni appelé à défendre l’honneur du peuple, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Résultat, le Goliath Malobé est finalement vaincu par Engomga, un Bakoko de Japoma. C’est ainsi que les duala retrouvèrent la paix. Autre version, « le Ngondo est d’abord le nom d’une rivière, aujourd’hui devenu le drain qui sépare le canton Bell de celui d’Akwa », explique Valère Epée, historien et dépositaire de la culture duala. Ce drain se situe plus précisément

ESPACE PUBLICITAIRE


entre l’école Notre Dame et la montée de la compagnie aérienne Air Afrique à Bonanjo. A l’époque, cette rivière allait se jeter au fleuve Besseke, lieu de l’ancienne gare ferroviaire de Douala, où se tenaient les assises du Ngondo.

« C’est donc le nom de cette rivière frontalière, Tongo’a ndando, (Rivière de la discrimination), résultat de la division en deux cantons du royaume Duala , Akwa et Bell, que l’Assemblée traditionnelle du peuple sawa va porter Ngondo. Cette rivière devait donc ramener la paix entre les deux cantons. Ce qui peut expliquer la mission première de cette assemblée, la pacification », ajoute –il. Et c’est pour implorer la paix entre les cantons que le peuple sawa organisait la messe de l’eau, le Ngondo, au bord du fleuve tous les ans. « La messe de l’eau est la conséquence du divorce de Mangalé, fondateur de village Djébalé, une île sur le fleuve Wouri et de son épouse Jengu, une sirène, pour avoir insulté l’infirmité de celle-ci », explique Valère Epée. Elle retourna au fond de l’eau avec deux des quatre enfants du couple, sans aucune rancune. Et chaque année, Mangalé, avec une marmite de victuailles, allait à la rencontre de son épouse pour faire part des nouvelles de la famille et requérir les siennes. De ces visites annuelles serait née la pratique de l’immersion du vase sacré dans les profondeurs du fleuve.

Institution religieuse au départ, le Ngondo a autrefois mené des activités judiciaires. « Cet organe jugeait surtout les affaires d’Etat, des chefs devait réprimer les meurtres suivant la loi du Talion ». Ainsi en fut -il en 1876, de Eyum Ebelè, prince de Deido, qui, sur une sentence du tribunal du peuple, fut décapité et mis en morceaux sur un banc de sable du Wouri. En 1883 Ndumbè Lobè, roi des Bell fut condamné par son fils, Manga Ndumbè, juge suprême du Ngondo pour avoir séquestré la femme d’autrui.
Plus tard, le Ngondo va déborder le cadre duala et devint l’Assemblée traditionnelle de tous les côtiers du Cameroun. Tout natif de la région du littoral camerounais en est membre naturel et de droit. Et dès cet instant, son glissement vers la politique était inévitable. Cette évolution prit corps à partir du moment où les Duala commencèrent à faire l’amère expérience des réalités coloniales. Il va donc jouer un rôle politique prépondérant avant et pendant l’occupation allemande. Sous la colonisation allemande, le Ngondo sera mis sous l’éteignoir à cause de ses activités judiciaires jugées contraires à la morale chrétienne. Depuis lors, plus aucune sentence de mort n’a été rendue par le tribunal du Ngondo. Avec la signature du traité germano –duala du 12 juillet 1884, le Ngondo sera dorénavant célébré ce jour.

Glissement
A travers plusieurs actes de protestation, le Ngondo s’est illustré dans la lutte pour le rétablissement de ses droits. Sous l’administration française à partir de 1918, le Ngondo va être tenu à l’œil. « Selon la France, le Ngondo devait rester dans les limites du traditionalisme rigide et éviter justement de devenir politique ». Chose impossible pour l’assemblée traditionnelle du peuple sawa, qui tient à jouer un rôle prépondérant dans les mouvements de revendications politiques de l’époque. Résultat, le Ngondo est, de manière officielle, suspendu. Ressuscité en 1949, il fera école et inspirera de nombreuses autres associations traditionnelles : le Kumze des Bamilékés, la solidarité Babimbi, etc. En 1977, sous le règne d’Amadou Ahidjo, président de la République unie du Cameroun, le Ngondo est à nouveau suspendu pour ses élans « subversifs ». Il sera réhabilité en 1991 par le président Paul Biya, à la suite des textes sur les libertés politiques et d’association. Chaque année, la fête de l’eau est soutenue par un thème, une sorte d’invite à l’amour, à la solidarité, à l’espoir, etc.

La fin de l’année étant marquée par la saison sèche, la marée basse et la présence des bancs de sable sur les bords du fleuve Wouri, contrairement aux fortes pluies du mois de juillet, la fête sera déportée en fin novembre, début décembre. A la tête de cette illustre assemblée se sont succédé, depuis la réhabilitation en 1991 les chefs supérieurs Mbodi Conrad, du canton Bassa ; René Bell, de Njo Njo ; Din Dika Akwa, d’Akwa ; Essak’Ekwall’Essaka, de Deido. Et depuis le 05 décembre, c’est au tour de Sa Majesté Paul Milord Mbapé Bwanga, des Bèlè Bèlè(Bonaberi) de présider aux destinées de cette assemblée. Une tâche pas aisée au regard des turpitudes et des dissensions qui ont depuis quelques années émaillé cette fête et obligé les ancêtres à remuer les fonds des eaux en guise de sanctions. Mais, « Il y a lieu d’espérer si le tout nouveau chef s’entoure des connaisseurs et ne suit pas les traces de ses prédécesseurs. Il doit procéder à la réparation des dégâts causés dans les profondeurs du fleuve, ce qui nous vaut aujourd’hui une absence trop longue des messages des ancêtres. C’est à ces conditions que son règne sera mémorable et il aura fait quelque chose pour la communauté sawa », prévient Valère Epée. Autrement dit, la réconciliation avec le sacré reste incontournable pour l’avenir de ce peuple.
 

Source: Mutations | Hits: 26546 | Envoyer à des amis  ! | Imprimer ! | Réagir(0)

PLUS DE NOUVELLES


  Ngondo 2007 prolongé au 08.Dec : Les Miengu recommandent l´unité Sawa
( | 03.12.2007 | 39450 hits  | 0 R)

  Peuple Sawa, Tous à L´unisson. Sawa Ancestors Predict Blessings For 2008
( | 03.12.2007 | 34402 hits  | 0 R)

  Les Elog Mpo’o (Mpoo) se ressourcent à Edéa
( | 01.12.2007 | 38706 hits  | 0 R)

  Exclusif ! Entretien avec le Pr. NJOH MOUELLE
( | 30.11.2007 | 41504 hits  | 0 R)

  MANGA BEKOMBO Priso: Conflits d´autorité au sein de la société familiale chez les Dwala du Sud-Cameroun
( | 27.11.2007 | 40742 hits  | 0 R)

  Remember Manga Bekombo Priso (1932-2004)
( | 26.11.2007 | 38659 hits  | 0 R)

  Cet enfant de NEW-BELL NKONGMONDO: MBOM EPHREM, ancien Lions Indomptables
( | 23.11.2007 | 49048 hits  | 0 R)

  Hommage : Elle s’appelait Else Ekindi
( | 21.11.2007 | 52542 hits  | 0 R)

  "Du racisme français, Quatre siècles de négrophobie" par ODILE TOBNER
( | 21.11.2007 | 36762 hits  | 1 R)

  Et si Nkongsamba vous était contée
( | 20.11.2007 | 52525 hits  | 0 R)

  Alucam - les manifestations du cinquantenaire lancées à Edéa
( | 20.11.2007 | 39833 hits  | 0 R)

  Nkongmondo - Le miroir de la misère ambiante
( | 20.11.2007 | 38212 hits  | 0 R)

  Le Ngondo s´ouvre au Grand Sawa
( | 20.11.2007 | 32822 hits  | 0 R)

  Richard Bona parle
( | 20.11.2007 | 29769 hits  | 0 R)

  Sawanité: le pari de l’alliance
( | 12.11.2007 | 28879 hits  | 0 R)

  Bakassi Enquête: Affairisme, trafic d’armes, convoitisme du Nigeria... la tuerie
( | 11.11.2007 | 37151 hits  | 0 R)

  Fritz Dikosso-Seme : Interview "Le Ngondo en plein Sahel"
( | 11.11.2007 | 31532 hits  | 0 R)

  Entretien avec Marcien Towa
( | 11.11.2007 | 30083 hits  | 0 R)

  Bakassi: Sanglante attaque des Nigerians; 21 militaires camerounais tués et 6 blessés
( | 10.11.2007 | 36821 hits  | 0 R)

  Festival : Douala accueille le SUD (Salon Urbain de Douala)
( | 09.11.2007 | 35026 hits  | 0 R)

  Manu rend Hommage aux Tirailleurs Sénégalais
( | 09.11.2007 | 29391 hits  | 0 R)

  Fête du NGUMA MABI 2007
( | 05.11.2007 | 32775 hits  | 0 R)

  BlackExploitation videos & movies
( | 05.11.2007 | 32539 hits  | 0 R)

  Le Ngondo 2007 - les Sawa se préparent
( | 31.10.2007 | 31988 hits  | 0 R)

  Athlétisme : Françoise Mbango rompt le silence
( | 31.10.2007 | 29993 hits  | 0 R)

  EMOTION - Comment capitaliser nos ressources à cette veille du NGONDO
( | 30.10.2007 | 23719 hits  | 0 R)

  Clubs mythiques SAWA: « CAIMAN AKWA CLUB DE DOUALA »
( | 25.10.2007 | 73959 hits  | 0 R)

  Le Peuple Sawa salue la montée de Caïman en D1
( | 25.10.2007 | 26491 hits  | 0 R)

  FAKO Mountain Race of Hope 2008
( | 23.10.2007 | 33941 hits  | 0 R)

  LIMBE - Fishermen Accuse Chinese Trawlers Of Destructive Fishing By Francis Tim Mbom
( | 23.10.2007 | 27013 hits  | 0 R)

  Ebénezer Njoh Mouellé, le philosophe et la vie quotidienne
( | 19.10.2007 | 48083 hits  | 0 R)

  Ekambi Brillant et Valère Epée “ ressuscitent ” la culture camerounaise
( | 19.10.2007 | 33034 hits  | 0 R)

  TOKOTO ASHANTY, L’homme de chèvre, revient
( | 14.10.2007 | 32959 hits  | 0 R)

  EBOA LOTIN: UN POETE BANTOU
( | 08.10.2007 | 36831 hits  | 0 R)

  Quelques mélomanes parlent de ce qu’ils gardent de Samuel Eboa Lotin
( | 08.10.2007 | 36378 hits  | 0 R)

  Discours de Ruben Um Nyobe a l´ONU le 17/12/1952 et Hommage d´Achille Mbembe
( | 20.09.2007 | 38967 hits  | 0 R)

  Ruben Um Nyobe : modèle d’homme de culture
( | 13.09.2007 | 36785 hits  | 0 R)

  Steve Bantu Biko: Your memories - 12 September 1977.
( | 12.09.2007 | 42720 hits  | 0 R)

  Le Prince Alexandre
( | 09.09.2007 | 38995 hits  | 0 R)

  Les Ibos de la diaspora appellent à "l’union de tous"
( | 06.09.2007 | 35280 hits  | 0 R)

  France-Afrique: the idiocies that divide us
( | 01.09.2007 | 36103 hits  | 0 R)

  Une Television Africaine (LCA1 TV) en ligne
( | 29.08.2007 | 25297 hits  | 0 R)

  Henri Bandolo : Hommage manqué à un virtuose de la plume
( | 27.08.2007 | 45280 hits  | 0 R)

  Les descendants des Pharaons à travers l´Afrique (Extrait page.62-63)
( | 26.08.2007 | 47007 hits  | 0 R)

  Prince Bétotè DIKA AKWA nya BONAMBELA
( | 21.08.2007 | 50961 hits  | 0 R)

  FELA - a Commommeration
( | 17.08.2007 | 46593 hits  | 0 R)

  Fela Anikulapo kuti… for ever !
( | 17.08.2007 | 32278 hits  | 0 R)

  A Great Loss: The Passing of Dr. Asa Grant Hilliard III (Amankwatia Baffour II) (1933-2007)
( | 16.08.2007 | 42677 hits  | 1 R)

  l’héritage de Rudolph Douala Manga Bell
( | 16.08.2007 | 34043 hits  | 0 R)

  Valère Epée : Duala Manga Bell, un exemple de patriotisme
( | 12.08.2007 | 34859 hits  | 0 R)



   0 |  1 |  2 |  3 |  4 |  5 |  6 |  7 |  8 |  9 |  10 |  11 |  12 |  13 |  14 |  15 |      ... >|



Jumeaux Masao "Ngondo"

Remember Moamar Kadhafi

LIVING CHAINS OF COLONISATION






© Peuplesawa.com 2007 | WEB Technology : BN-iCOM by Biangue Networks