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27.04.2010
Indépendance, la désullision?
Comme de nombreux citoyens des dix sept pays concernés par cet anniversaire j´aurais voulu célébrer avec faste le cinquantenaire des indépendances. Mais au vu des résultats a-ton le droit de se réjouir?
Sur deux plans essentiels de la vie d´une nation à défaut d´avoir fait du surplace, le continent a reculer.
Au lendemain des indépendances le panafricanisme et les Etats-Unis d´Afrique rêves chers à Krumah et à Lumumba sont à l´origine de la création en 1963 de l´Union Africaine. En 2003 l´organisation change de nom et devient l´Union Africaine. Quarante sept ans plus tard de sommet en sommet les chefs d´état renvoient à plus tard la création de cette entité supranationale. La fragilité des unions régionales qu´elles soient politiques ou économiques, étape primordiale à la création des Etats-Unis d´Afrique demeurent un frein.
Sur le plan de la gouvernance on est certes passé du parti unique au multipartisme, mais la démocratie ne s´est point enracinée. Le continent cherche toujours sa voie, au vu des nombreux écueils les princes qui nous gouvernent seraient bien avisés de trouver un modèle de gouvernance propre au continent. Pour l´heure c´est une savante combinaison entre un état moderne, puisque les institutions existent, et le pouvoir traditionnel. Comme les chefs traditionnels dont le pouvoir est intemporel, les chefs d´état du continent désirent être élus à vie. Trois exceptions confirment cependant la règle: le Bénin, le Mali et le Sénégal. Trois cas d´alternance sur dix sept, avouez que le bilan est bien maigre.
Pour la plus part instruits, tout portait pourtant à croire que la jeune génération de chefs d´état ferait mieux que celle qui a conduit les pays à l´indépendance. A l´exception de Senghor et d´Houphouet Boigny la majorité d´entre eux avait pour seule référence leur passé de militant ou de syndicaliste.
Enfin que dire des coups de force et des assassinats politiques? S´ils ont caractérisé la première décennie des indépendances: 1961 l´assassinat de Lumumba au Congo, 1965 le coup d´état de Mobutu au Congo, 1965 le coup d´état de Bokassa en Centrafrique, en 1967 le coup d´état de Eyadéma au Togo, en 1968 celui de Moussa Traore au Mali, en 1972 celui de Mathieu Kérékou au Bénin, la même année à Madagascar Didier Ratsiraka dirige la révolution socialiste, en 1979 le coup d´état d´Obiang Nguéma en Guinée Équatoriale etc... De 1980 à nos jours ce mode de prise de pouvoir compte encore de nombreux adeptes qui par le biais des élections gagnées d´avance légalisent leur coup de force avec en prime les félicitations de la communauté internationale.
Sur le plan économique la désillusion est égale. L´ancienne puissance coloniale est partie pour mieux revenir. Cinquante ans plus tard, le tissu économique est contrôlé à près de 90% par des entreprises étrangères. Dans certains cas avant de se retirer le colonisateur a pris soin de signer des accords lui garantissant la préséance dans les négociations économiques. Certes l´arrivée de nouveaux acteurs a permis de redistribuer les cartes. Mais dans le fond cela ne change pas grand chose. La Chine, le Brésil et l´Inde ne sont pas des nations philanthropiques. Attirées par les matières premières dont regorgent le sous-sol africain ces nations privilégient leur développement. C´est ce réalisme économique qui guident également les acteurs continentaux que sont le Maroc, la Tunisie, l´Afrique du sud et l´Egypte. En conclusion un drapeau et un hymne national ne suffisent pas à faire d´un pays un état I N D E P E N D A N T.
Denise Epote blogs.tv5.org
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