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06.12.2004
Musique : Le bon jus de Coco
Marion Obam
L`auteur compositeur de Sépia et Siséa a conquis le public de Douala.
Le pire a failli arriver, alors que tout avait bien commencé, comme annoncé à la conférence de presse le jeudi 2 décembre 2004. Le concert de Coco Mbassi du vendredi 3 décembre dernier dans la salle de spectacle du Centre culturel Blaise Cendrars de Douala avait effectivement débuté à l`heure, c`est-à-dire à 20h30. Le décor planté, la salle pleine et les musiciens installés. On ne l`attendra pas longtemps: La diva, sanglée dans une veste couleur ambre et une jupe sombre avec traîne apparaîtra, douce et majestueuse, pour s`emparer du micro et donner du plaisir à ceux qui ont fait le déplacement. Après avoir aiguisé l`appétit du public avec O ma Kwalisane te mo, Coco enchaînera avec My soul`s love. Alors que les premières notes de ce gospel s`élèvent, transportant le public, une coupure d`électricité survient. Sacrilège !
Après quelques secondes de surprise le public, constitué à moitié de fans, a accompagné l`artiste avec les claquements rythmés des mains. Un show sans instruments, mais de bonne qualité. Ensuite, Coco Mbassi a donné le meilleur d`elle-même. Les interprétations de Profunda sensao et de Muna Muto ont rarement été aussi bien réussies. On se noyait de plaisir dans sa voix généreuse aux variations uniques. Coco n`avait pas besoin de séduire. Pourtant, tout, dans le geste, la tenue de scène et les déplacements mesurés
qui, sans le vouloir, enveloppaient sa prestation d`une grande sensualité, le faisait. Sentant le public à sa merci, elle l`a conduit dans un domaine où elle excelle le mieux, la mélancolie.
Dans un slow accompagné seulement de Serge Ngando Mpondo, son bassiste, contre-bassiste et époux, Coco a chanté. Ici, dans le timbre vocal, on pouvait sentir le coeur, les tripes et tout son être dans une alchimie qui a plongé les invités dans un silence admiratif. Des airs jazzie où toute la religiosité de la chanteuse éclot. L`assistance n`est pas nécessairement chrétienne, ne comprend pas toujours le Duala, mais adhère. De toute évidence, Coco et ses musiciens, Thierry Sandjo au piano, Meibo à la guitare acoustique, Steve Ndzana à la batterie et un magnifique trio de voix aux choeurs constitué de Nono Flavie, Tiki et Monique, ne leur laisse guère le choix.
O bi, un peu d`esèwe, a fini par convaincre ceux qui étaient encore assis, que ce n`est que debout qu`on pouvait entièrement profiter de cette musique. Sur la bonne voie, Coco a continué avec Asensor da bica, Kumba, Ndum, etc. La salle était chaude. Une belle revanche sur le spectacle manqué du mois d`août dernier, sur lequel elle avait bâti plusieurs espoirs. Les cris: "Bissez ! Bissez" du public, en réponse aux aurevoirs de Coco Mbassi avec Ewiyé, titre à succès de son premier album Sépia, rechaufferont certainement, pour longtemps encore, son grand coeur d`artiste.
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