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15.07.2007
Douala: une Exposition de 8 Photographes
Exposition - Douala, vu par huit
L’exposition photos “Douala, vu par 8 regards de photographes” ouverte il y a deux mois au Ccf de Douala, a fermé jeudi dernier, avec son lot de mystères.
C’est plus d’une cinquantaine de tableaux photographiques qui ont été rangés le 15 juillet, après deux mois de présence significative sur les murs de la salle de lecture du centre culturel Blaise Cendrars de Douala. Des photos réalisées par huit photographes de la capitale économique, et qui présentent au public, les disparités de leur ville. Les “ visages ” de la ville en somme. Tant ces “ visages ” sont d’une part, l’expression visuelle des personnages filmés dans des circonstances autant douloureuses que gaies, et, d’autre part, l’expression du déséquilibre social des populations de cette ville.
Avant la fermeture de l’exposition, lesdits tableaux ne cessent de susciter de l’admiration. A l’image en premier des photos de Constantin Ledes qui présentent “ les oubliés de la cité ”, tel que lui même les qualifie. Une sorte de voile levé sur l’univers des multiples fous qui pullulent dans la ville. Chacun gardant sa particularité, dans son quotidien. Comme ce fou éternellement assis, le regard vide, à côté de la clôture du stade Mbappé Lépé, à Akwa. Tout à côté, ce sont les photos réalisées par Léopold Magloire Yando, qui est allé tutoyer quelques séances d’exorcisme, désormais courantes dans les quartiers de la ville. Imposition des mains et scènes de prières à l’endroit des malades qui sont dans une attitude plus ou moins compatissante. Des scènes extraordinaires et éprouvantes, tant la hargne des parents qui accompagnent les malades et celle des exorcistes à vouloir en finir, s’y lisent. Des pleureurs aux visages hideux s’en mêlent à leur tour. Et c’est là aussi l’un des mystères de l’exposition. Le travail proposé par Alain Wambo Géovani amuse autant qu’il irrite. Représenter des personnages ainsi n’est ni volonté de ceux-ci, encore moins un montage comme certains visiteurs le supposaient. Simplement, explique le commissaire de l’exposition, “ des images volées ” aux personnes en peine pour restituer exactement la réalité. Celle-ci étonne d’ailleurs par l’exactitude et la netteté des postures.
Amalgame “L’au-delà de Douala”, le pan proposé par Nicolas Eyidi, relève quant à lui du surréalisme. Des histoires de fantômes. Doit-on comprendre son travail? Des photos réelles réalisées avec des personnages vivants dans certains cimetières de la ville. Des personnages en mouvement, tout de blanc vêtus, la tête de chacun couverte d’un capuchon qui fait office d’épouvantail. Une présentation au grand jour, de la vie nocturne de ces sites tranquilles, mais redoutés et pleins d’histoires. A l’image de celle qui fait état des fantômes qui sortent de leur tombe, dès la tombée de la nuit pour se livrer à de multiples activités aux côtés des vivants.
La vie nocturne toujours, mais cette fois entre vivants, c’est le travail de Patrick Wokmeni. Le jeune photographe exorcise la prostitution par des images captivantes. Une mise à nu du quartier New Bell où sévit le fléau. Il donne à voir des images de scènes inattendues et révoltantes. Sa logique est simple : “ faire parler les prostituées” qui semblent dire aux visiteurs, “ nous le faisons, mais, ce n’est pas bon ” ”. L’ensemble est un amalgame d’insolites, de surprises, de nervosité, de frustrations qui allient originalité et esthétique, doté d’une force. Celle de l’image telle que rendue. Parmi les différents visiteurs qui se sont alternés dans la salle, la présence des personnes photographiées a été fortement saluée.
L’exposition “ Douala, vu par … 8 regards de photographes, est, selon le service culturel du Ccf de Douala, une sorte de suite au stage photo organisé il y a un an par cette institution. L’initiative vise à professionnaliser davantage les photographes et les amener à développer leur imagination créatrice et marquer l’histoire qui s’écrit aussi par ces images inhabituelles. Nicolas Eyidi, l’un des exposants, en est satisfait. Pour lui, “ c’est l’occasion de dire aux gens qu’il y a plusieurs façons de voir et de concevoir une photo en alliant imagination et réalité ”.
Louis Blaise Ongolo
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