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14.09.2005
Croyance, Réligiosité, Société Sécrète : Le Njée ou Gué
Le souci de tout peuple africain étant de maintenir son autorité, d´assurer la politique juridique et économique du pays, et de sauvegarder le patrimoine, de faire respecter les lois et les règles sociales, en assurant la sécurité des populations, en protégeant les faibles les gens de la tribu des Bakoko ne se sont pas démarqués de cette ligne qui veut que chacun se dote d´un élément de sécurité. C´est pourquoi ils ont créé le Njée, une association d´hommes, un gouvernement. Le Njée n´était ni une société sécrète, ni une société réligieuse à sa création. Le Njée est devenu une société sécrète par la force des choses, même comme cela ne se faisait pas publiquement sentir. Le Njée se voulait un mouvement d´hommes adultes, une association de gastronomie. Mais il fut considéré, à tort, comme une société sécrète.
Rôle Le Njée, dans la tribu des Mpôh, jouait un rôle très capital, d´ailleurs, comme toute autre société traditionnelle. La promulgation d´une loi ou la mise à mort des détracteurs de la loi sur le plan juridique était de son ressort, ceci avec le concessus des chefs de l´association. Bref nous pouvons dire, que la mission quasi difficile du Njée était d´instruire les différends, d´assurer la vie politique et économique du peuple, de « manger » ses victoires, de faire respecter la loi, d´assurer le respect et la sécurité des biens et d´autrui, etc…
Représentation matérielle Pour garder secret l´identité du Njée et pour éviter l´indiscrétion, on a fait au Njée une grande case. Cette dernière servait pour les grandes manifestations ; c´est là qu´on jouait du tam-tam pour appeler le Njée. Sur l´éthique du respect de la loi, il était scrupuleusement interdit aux femmes de connaître l´identité du Njée. La femme ne devait en aucun cas savoir que le Njée est un homme initié à cet effet. Pour les femmes, il devait rester un esprit extraordinaire, un être maléfique habitant sous terre et ne pouvant sortir que quand on avait besoin de lui.
Adhésion Le Njée était une association d´hommes. « Tous les enfants mâles de la tribu des Mpôh de 12 à 14 ans étaient membres de l´assocition ». Il fallait passer par le stade initiatique pour apprendre le secret du Njée. Tout membre de cette association pouvait prétendre au titre de chef, à une condition : payer une centaine d´objets. Tout homme désireux (noble, esclave, étranger) pouvait être membre du Njée (sauf les femmes), l´essentiel étant de connaître sa langue officielle (sécrète).
Manifestation Le Njée se manifestait par une grande fête gastronomique populaire. Le tribunal se déroulait des jours et des nuits durant où l´on mangeait à sa siété.
Autre cérémonie : La cérémonie dite de « l´expiation » Le jour de l´expiation (ou de la mise à mort du coupable), il se passait tout un cérémonial ; tout ceci pour confier au Njée toute sa puissance. Son langage consistait à utilise des expressions qui n´étaient pas accessibles aux non initiés.
Evolution Nous savons que beaucoup de nos mouvements ont subi l´influence de la civilisation (de la culture européenne) et surtout celle de l´évangelisation. La pénétration de la civilisation européenne dans nos us et coutûmes a beaucoup contribué à la disparition de nos cultures et de nos croyances voire de nos traditions. Mais avant que le Njée ne « meurt » sur le plan de sa juridiction, ses membres, constatant que la peine de mort vidait déjà la tribu et qu´elle n´était plus possible à appliquer, éliminairent cette pratique. Le Njée adopte une nouvelle forme d´expiation (pas la moindre) qui consistait à faire recours au pouvoir d´une plante appelée « janga » ou oignon. Cette plante mystique, selon le Pasteur Théodore Emmanuel Ebobisse était confiée à une seule personne jugée noralement capable d´assurer cette responsabilité. Il lui était interdit d´en faire usage sans motif valable, sous peine de mort. Cette plante avait la faculté de rendre malade, de provoquer la mort et même de rendre la santé au coupable rependant.
Certains membres de nos associations, face à l´évangile, n´ont pas hésité à trahir ; d´autres l´on fait par vengeance ou par simple animosité. Le Njée, association d´hommes de la tribu Mpôh, n´a pas échappé à ce contact avec le courant extérieur ou à l´esprit de destruction qui habite certains individus. De nos jours, ce mouvement si cher aux Mpôh n´existe plus. Même si on le retrouve encore aujourd´hui, c´est sous forme insignifiante : c´est tout simplement une déformation et un essai de reconstitution, une simple imitation plus ou moins réussie. Le Njée a subi une fin plus ou moins brutale et comme bien d´autres de nos mouvements, il n´a pas évolué.
Les missionnaires menant un combat ardu contre les manifestations du paganisme ancien, portèrent un coup fatal sur le Njée et sur bien d´autres entre les années 1888 et 1899. Mais particulièrement pour le Njée, un chef converti au christianisme avoua publiquement qu´il était le Njée et que Njée n´était pas « Dieu ».
Pasteur NDOUMBE NDOUMBE
Le JENGU
Le NGOUA
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