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06.04.2011

Et si l´Afrique refusait le développement ? La suite ... Axelle Kabou 

Vous avez publié en 1991 un ouvrage intitulé "Et si l´Afrique refusait le développement ?", qui a fait date, et qui a suscité beaucoup de débats et de controverses à l´époque. Dans ce livre vous tentiez notamment de montrer en quoi les mentalités africaines sont un frein au développement du continent. Mais depuis vingt ans, votre voix semblait s´être tue. Est-ce vraiment le cas? Et si oui, pourquoi un si long silence ?

Ce silence s’explique très simplement : je ne suis pas écrivain mais consultant indépendant en communication. Je traduis des textes, j’en assure la révision. Je conçois et organise des ateliers d’experts. Je participe à des réunions internationales. C’est dur de s’astreindre à écrire quand on ne vit pas de cette activité. Je le fais uniquement pour partager des connaissances durement acquises ; susciter des débats de bon niveau sur le thème de la place de l’Afrique dans le monde qui m’obsède. Bon nombre de mes lecteurs ont souhaité que je leur propose un deuxième ouvrage. C’est désormais chose faite.

Vingt ans après, où en sont selon vous, les mentalités en Afrique subsaharienne ?

Elles me semblent de plus en plus marquées par une immersion non contrôlée dans des sectes religieuses de toutes sortes ; par une lutte forcenée pour la survie dans un contexte où l’espoir de s’en sortir a quasiment disparu des radars du plus grand nombre. Mais pour revenir plus précisément à mon premier livre, je souhaiterais dissiper des malentendus concernant sa nature, les notions de mentalité et de refus du développement qui y occupent une place centrale : cet ouvrage est un pamphlet. Il a pour but de dénoncer l’emprise, sur les Africains scolarisés, d’une idéologie raciale, forgée par des élites postindépendances, qui postulent l’existence d’une correspondance, non démontrée, entre la couleur de la peau, des valeurs et des pratiques culturelles considérées comme immuables. Cette idéologie a dû son succès à l’existence d’affinités électives entre ses principales propositions (enracinement, retour à soi, « aux valeurs africaines », la chose du Blanc, la chose du Noir, etc.) et les discours identitaires ordinaires des Africains.

Il se trouve que le style de vie des couches dominantes des sociétés africaines de cette époque était déjà diamétralement opposé à ce qu’elles prônaient : leurs enfants naissaient à l’étranger ; accouchaient à l’étranger ; étaient scolarisés à l’étranger. Elles-mêmes se faisaient soigner dans des hôpitaux occidentaux ou soviétiques où elles mourraient. Elles vivaient déjà dans leur propre pays comme des touristes de luxe. Pendant ce temps, « cette caste aux dents longues », dont l’inutilité a été dénoncée par Frantz Fanon, fourguait aux populations une idéologie parasitaire, dérivée de la négritude, qui fonctionnait en réalité comme un outil de domination sociale et politique. Cette idéologie que j’ai appelée « refus du développement » a eu pour effet de : créer un homme noir phantasmé auquel on n’a assigné que des rôles subalternes, chez lui et dans le monde ; masquer le manque de désir de nos « dirigeants » de promouvoir la prospérité de leur peuple, tout en profitant de l’aide au développement.

Cette représentation identitaire a été véhiculée par une littérature dite militante. Elle a été propagée, par divers moyens, (programmes scolaires « africanisés », théories culturalistes de management, projets de développement misérabilistes et culturalistes, authenticité, diverses entreprises de tropicalisation, etc.). Ces activités, menées sous couvert d’africanisation, ont connu leur apogée dans les années 1970-1980, sous la houlette de trois ministères importants, dont l’action participait davantage de la propagande que de l’ingénierie sociale axée sur l’amélioration des conditions de vie des gens : ceux du développement social, de l’éducation et de la culture.

Ces institutions ont abruti des enfants africains pourtant très créatifs au départ ; contribué à créer une unité de style, une manière de réfléchir, se percevoir, percevoir sa place dans le monde qui a été un frein à l’appropriation élargie de pratiques culturelles, de stratégies susceptibles de changer notre rôle et notre rang dans le monde. Cette idéologie n’est pas tout à fait morte. Elle renaît aujourd’hui, dans des propos d’intellectuels africains, derrière la revendication, légitime, à un droit à la différence qui demande à être clarifié, sous peine de générer des horreurs : on entend ainsi des constitutionnalistes africains de renom naturaliser les autoritarismes politiques africains ; disqualifier les aspirations des Africains à l’alternance par des références non vérifiées à une « culture politique africaine » mythique, etc.

Ceci dit, dans un monde aussi poreux que le nôtre, marqué par une forte mobilité, voire par le nomadisme et de fortes aspirations à l’évasion hors d’Afrique, de telles techniques d’envoûtement sont de moins en moins efficaces. Il y a cependant un problème : les pratiques et les modes de consommation des couches dominantes des sociétés africaines sont démasquées mais très convoités en Afrique.

Les Africains, aujourd’hui, ne craignent pas de perdre leur âme en s’appropriant les outils, les langages et les modes d’organisation qui permettent aux autres de les dominer. Ils aspirent, semble t-il, plutôt au cosmopolitisme, refusent la dilution de leur identité dans un universalisme perfide dans lequel ils troqueraient le mépris de leurs couches dirigeantes, pour eux, contre celui de leur pays d’accueil : en d’autres termes, ils n’émigrent pas parce qu’ils ont des problèmes identitaires mais parce qu’ils ont des problèmes, politiques, économiques sociaux chez eux ou des aspirations à la consommation qu’ils ne peuvent satisfaire que par le détour de l’émigration. Le recours à l’émigration, pour les raisons que je viens d’évoquer est une pratique universelle.

Sauf que dans nos pays, elle revêt un caractère spécifique : le fait que des Africains continuent de mieux réussir à l’étranger que dans leur continent d’origine tend à montrer que la question de savoir qui a le droit de devenir riche dans nos pays, par quels moyens, qui ne l’a pas et pourquoi est loin d’être superflue. Qu’il ne faut pas minimiser la capacité de nuisance et de nivellement de l’Etat et du social en Afrique. Certains de nos intellectuels sont, à cet égard, suspects : on peut se demander s’ils peuvent continuer, sans danger, à affirmer que des Africains, en passe d’être « envahis » par des Chinois sont « culturellement » enclins à travailler moins et gagner moins, afin de jouir de leurs activités sociales. S’agit-il de culturalisme ou d’une question de démocratie, de confiscation de la parole des Africains, par des Africains repus ? La dénonciation de l’ultralibéralisme est salutaire. Mais pourquoi faut-il toujours qu’elle passe par la réhabilitation du bon sauvage, qui (surprise !) occupe invariablement la position du dominé ?

Je voudrais clore ces quelques précisions en relevant qu’une accusation d’afro-pessimisme me colle aux basques, comme si une humeur ou une opinion pouvait influer sur les stratégies déployées dans la réalité par des acteurs historiques. En quoi le pessimisme est-il honteux ? Qu’il y a-t-il, du reste, de pessimiste à proposer la révision radicale de politiques culturelles carcérales, qui assignent à l’homme noir des rôles subalternes, comme condition sine qua non d’un reclassement sur l’échiquier mondial ? À exiger le rapatriement de la notion de responsabilité historique en Afrique, pour de simples raisons de dignité ? N’est-il pas dangereux, de prendre prétexte de l’échec de la globalisation à se muer en destin humain, pour ériger le droit des peuples à se soustraire à la compétitivité économique internationale en certitude ? Quel prix les Africains sont-ils censés payer pour résister à des modes d’accumulation venus d’ailleurs ? La résistance supposée à ces modèles épuise t-elle le problème, critique, de l’abîme qui sépare nos ambitions à la consommation et la capacité de nos systèmes de production actuels à les satisfaire ? C’est étrange, il semble que les questions posées par mon premier livre soient loin d’être obsolètes.

Dans votre dernier essai intitulé Comment l’Afrique en est arrivé là, vous postulez la marginalisation de l´Afrique. Quelle signification donnez-vous à cette notion? Et est-ce le principal frein au développement de l´Afrique ?

Votre question en contient trois, en réalité, la première se rapportant au contenu de mon dernier livre. Je commencerai par la dernière : la marginalisation de l’Afrique est un processus, le produit sans cesse exacerbé de l’interaction, sur la très longue durée, d’une série de contraintes historiques que nous n’avons pas su ou pu desserrer, juguler. Elle reflète, essentiellement, l’inaptitude géo-historique de nos sociétés à secréter des structures économiques et politiques capables de jouer un rôle dominant sur l’échiquier mondial.

S’agissant de la deuxième question, la notion de marginalisation est largement décortiquée dans mon livre en raison de sa dangereuse polysémie ; d’une utilisation qui confine au vagabondage lexical. Dans mon livre, elle est loin de désigner un déficit d’intérêt des grandes puissances pour l’Afrique, et ne commence pas dans les années 1970, comme c’est souvent le cas. Elle sert, au contraire, à explorer la capacité des couches dominantes des sociétés africaines, en tant qu’acteurs historiques, à se constituer en couches dirigeantes, dans des espaces graduellement territorialisés ; aller à la conquête du monde ; s’arrimer à l’extérieur de manière à changer significativement de figure d’historicité, c’est-à-dire : le rapport à la connaissance, le mode de production, d’accumulation des richesses et enfin, l’orientation ou le sens donné à ces activités.

En tant que processus historique, aux séquences aisément repérables, la marginalisation des économies subsaharienne reflète l’émergence, la consolidation, la cristallisation, sous l’action combinée de divers facteurs identifiés dans mon livre, d’un déficit pondéral originel qui s’est mué en incapacité persistante à devenir l’un des deux, dans cette conversation à trois qu’entretiennent l’Occident, l’Orient et l’Afrique depuis les VII-VIIIe siècles, au moins.

Il importe, pour terminer, de préciser que mon nouvel essai est une espèce de rétrospective qui part de notre situation actuelle dans les échanges mondiaux à la mise en place de systèmes de production alimentaire, au sortir de la préhistoire. En dénonçant la nocivité de ce mythe international prégnant, qui impute les débuts de la marginalisation de l’Afrique subsaharienne aux crises énergétiques, financières et alimentaires des années 1970, avec, à la fin de cette décennie, le Plan d’Action de Lagos comme solution rêvée, ce livre attire l’attention sur trois séries de questions qui ne sont que rarement débattues :

- les systèmes économiques subsahariens participaient à des échanges intercontinentaux bien avant la colonisation, les indépendances et la crise du pétrole. En exportant des bifaces et des hachereaux jusqu’en Angleterre et en Inde méridionales, au cours du processus d’hominisation, les hommes sortis d’Afrique ont, d’une certaine manière, initié ce type d’échanges. Pourquoi cette Afrique, autrefois pionnière, en avance, d’après certains historiens, joue t-elle un rôle subalterne dans les affaires de ce monde ? De quand date ce phénomène ? Et surtout, par quels processus cette avance originelle a-t-elle été perdue ?

- le débat sur la place de l’Afrique dans le monde tend à être monopolisé par l’économie et l’économisme : que gagne t-on à y intégrer l’apport d’autres disciplines (historiens de l’économie, historiens, archéologues géographes, pédologues, démographes, chercheurs en sciences politiques, etc.) ?

- en vidant des traites négrières, qui se sont étalées sur plus d’un millénaire, de leur contenu politique, social, économique ; en considérant la colonisation et les indépendances comme des points de départ de la marginalisation de l’Afrique subsaharienne, ne se prive t-on pas de la possibilité de cerner ce qui devrait se produire dans cette région pour qu’elle puisse changer de rôle et de rang dans le monde ?

Il est plus facile d’aligner des statistiques, produire des « scénario de sortie de crise » euphorisants, multiplier des économies émergentes sur le papier que d’expliquer comment une marginalité historique originelle s’est graduellement muée en marginalisation ; ce qui a principalement eu pour effets de : rendre la vente d’êtres humains plus rentable, sur plus d’un millénaire, que leur mise au travail ; structurer puissamment des aspects vitaux de l’existence au Sud du Sahara et les modes d’insertion des acteurs économiques de cette région dans le monde. Je pense y être parvenue, de manière convaincante.

Vous semblez chercher dans les méandres de l´histoire, les débuts de la marginalisation de l´Afrique, comme s´il s´agissait d´une nation, et non pas d´un continent. Et à vous lire, on ne sait pas vraiment dater ce phénomène. N´est-ce pas finalement une « chimère » ?

Mon livre est un effort d’exploration et de restitution. Son principal intérêt est de traiter, pour une fois, de la marginalisation de l’Afrique subsaharienne en donnant la parole à diverses disciplines qu’on entend trop peu, malgré leur importante contribution à l’analyse de cette question critique ; en partant du principe que les couches dominantes des sociétés africaines sont des acteurs historiques à part entière et non des pantins à la solde d’on ne sait quels intérêts. L’historicité des sociétés africaines est, à la fois, un honneur et une banalité scientifique et non un stratagème visant à disculper l’Occident, comme on tend à le croire.

Il est normal, compte tenu de ce qui précède, de trouver présentés et analysés, dans mon livre, une multiplicité de points de départ supposés et de facteurs explicatifs convergents ou non, par ailleurs, diversement pondérés. La variété des dates et des facteurs proposés sert à illustrer l’étonnante richesse, la grande profondeur d’un débat rabougri par l’économisme ambiant. Elle n’annihile en rien l’intérêt, la pertinence de la thèse, centrale, d’une marginalité originelle, inaugurée par la dispersion des blocs climatiques tropicaux à l’échelle mondiale, renforcée par le retour du Sahara ; qui s’est enkystée avec le temps, notamment, par des processus qu’une approche « transdisciplinaire » de la question permet clairement de repérer.

Pour ce qui concerne l’approche nationale ou continentale, je sais qu’il est convenu de parler des Afriques et non de l’Afrique. Il n’en est pas moins vrai, cependant, que la diversité historique, bien réelle, des économies africaines subsahariennes précoloniales cache mal, dans la perspective de l‘insertion dans laquelle mon livre se situe, leur identité génétique: les systèmes économiques subsahariens se sont insérés, dès le départ, dans les échanges intercontinentaux, pour des raisons identiques, sur un mode dépendant dont ils n’ont pas su ou pu s’extraire. Les couches dominantes des sociétés africaines ont, peut-être, plus que leurs homologues d’autres continents, compté, pour réaliser leur ambitions de domination interne, sur l’extérieur, pour acquérir trois choses essentielles: la mobilité intercontinentale et régionale, donc la compréhension et l’interprétation du monde extérieur ; les outils permettant de dépasser les appartenances claniques, tels que le monothéisme et l’écriture; les outils et les techniques permettant d’améliorer la production et la productivité économiques.

Dans un contexte de concurrence internationale forcenée, marqué notamment par des luttes hégémoniques féroces entre l’Occident et l’Orient ; la chrétienté et l’islam, les chrétiens d’Orient et ceux d’Occident, luttes dans lesquelles les juifs ont souvent joué un rôle de médiateur, de tels handicaps sont rapidement devenus rédhibitoires.

L’or du « Soudan », il importe de le rappeler, a servi à structurer l’économie mondiale pendant des siècles ; bâtir et conforter les systèmes politiques du Maghreb, de l’Egypte et d’Europe ! La prospérité du Moyen-Orient, l’avance du monde euro-américain sur le reste du monde pendant des siècles restent, en effet, incompréhensibles sans la prise en compte de l’or et des esclaves africains ; sans la participation involontaire mais massive des Africains à la construction de leur propre assujettissement.

On s’est demandé pourquoi nous avons exporté des hommes pendant plus d’un millénaire au lieu de les mettre au travail pour produire de la richesse et dominer le monde. Pourquoi nous nous sommes attardés dans ce commerce, universel, à l’origine. La traite des Blancs a, après tout, précédé celle des Noirs. Pourquoi la mise au travail des gens, en Afrique, reste t-elle si problématique ? Pourquoi, les hommes politiques africains actuels tendent-ils à se comporter comme des expatriés dans leur propre pays ? Cette dernière question, reformulée récemment par un illustre historien africain, notamment, n’est tout de même pas dénuée d’intérêt. On reparle de « l’éthos esclavagiste » de nos couches dominantes et c’est très rafraîchissant.

La question du point de départ de la marginalisation des économies subsahariennes est importante. Il ne s’agit pas d’une chimère. Le fait est qu’elle compte moins, en réalité, que la compréhension des processus par lesquels les économies subsahariennes en sont arrivées à occuper leur place actuelle dans le système international. Le mot subsaharien est, à cet égard, lourd de sens : il renvoit à une succession de décalages par rapport au Croissant fertile non africain ; au dynamisme de l’Egypte. Il désigne une perte de dynamisme de l’Afrique, qui était à l’unisson de l’évolution du reste de l’ancien monde ; attire, plus précisément, l’attention sur les conséquences monstrueuses de cet événement-traumatisme qu’a été le retour graduel mais impitoyable du Sahara, sur la démographie, le peuplement et la mise en place des systèmes de production alimentaire, dans des environnements peu propices à ce genre d’exercice. Autant d’éléments décisifs dans la course à la domination mondiale. Nos civilisations, à en croire, Braudel, sont, par leurs assises, plus proches du Néolithique qu’il n’y paraît. Or, en 1980, Joseph Ki-Zerbo, qu’on ne saurait accuser de mépris pour les civilisations africaines, nous invitait froidement à sortir de la préhistoire !

Selon vous, les traites négrières sont au cœur de cette notion de marginalisation. Mais en même temps, vous semblez dire que si les traites et l´occupation coloniale sont dues aux faiblesses internes de l´Afrique, ce sont des phénomènes qui ne sont pas, ne serait-ce qu´en partie, la cause de la situation actuelle du continent. Une domination due à des faiblesses structurelles peut-elle être sans conséquences?

Le paradoxe que vous relevez n’est qu’apparent. Je ne minimise ni la contribution des traites négrières ni celle de la domination coloniale sur la formation de notre classement actuel dans le monde. Pour tenter d’expliquer ce qu’ont été les traites négrières et la domination coloniale, j’avance essentiellement trois choses :

- premièrement, pour être au cœur de la marginalisation de l’Afrique, les traites négrières (qui ne relèvent pas de la domination extérieure, mais bien du partenariat commercial) le « commerce légitime » (ce grand moment d’incertitude) et la domination coloniale, ne sont pas à l’origine de la marginalisation de l’Afrique. Ils l’ont, tout au plus, consolidée, à des degrés divers.

- deuxièmement, l’intérêt des traites négrières, pour l’analyse de la marginalisation de l’Afrique, est de permettre de voir clairement comment une stratégie de recherche de domination, universelle, qui a réussi à cette Europe qui a vendu des esclaves blancs à l’Orient, a précipité des structures politiques et économiques subsahariennes, en cours de constitution ou de refondation, dans le chaos, avant de les fixer dans les bas-fonds du commerce mondial, pour l’éternité peut-être.

- troisièmement, l’intérêt de l’étude de la domination et de la collaboration coloniales, pour ce qui concerne la marginalisation de l’Afrique, est de permettre de voir clairement comment le contrôle de partenariats politique et commercial négriers, gérés au départ par des Noirs et des Blancs, dans des instances de transaction hégémoniques africaines bien rôdées, a graduellement échappé aux princes marchands africains et même aux métis ; s’est amenuisé dans le cadre du « commerce légitime », pour finir en peau de chagrin dans le cadre de la collaboration coloniale, avant de reprendre de l’ampleur dans le cadre du commerce post-indépendances. L’observation de ces séquences permet de comprendre comment les couches dominantes des sociétés africaines, chargées en principe de promouvoir la prospérité de leurs peuples, n’ont cessé de s’en autonomiser au point de ne rien leur devoir aujourd’hui ! C’est tout simplement ahurissant !

Il y a, au moins, trois drames historiques dans les traites négrières. Le premier concerne celui bien connu de la douleur des individus qui ont été capturés et transportés par des moyens violents et des horreurs infligées à leurs descendants. Le deuxième, qu’on évoque un peu moins, d’une manière générale, tient à l’échec des systèmes négriers africains à effectuer des remontées de filières, utiliser ce commerce pour changer de rôle et de rang dans le monde, maîtriser les outils permettant d’effectuer ce reclassement. Les traites négrières n’ont jamais constitué une fin en soi mais un moyen de parvenir au pouvoir ou de s’y maintenir dans un monde qui n’avait aucune objection à la vente d’êtres humains. Le troisième drame tient aux legs, complètement méconnus, semble t-il, de ce commerce à l’Afrique.

Ils sont pourtant considérables. Leur degré de cristallisation, d’induration est même effarant. Ces traites n’ont pas seulement informé, structuré notre rapport à nous-mêmes et au monde, nous leur devons: notre répertoire politique, diplomatique, économique, religieux actuel ; la faible institutionnalisation des modes de conduite des affaires et de gouvernement ; notre goût prononcé pour la prédation et l’extraction au détriment de l’investissement dans la production. Nos modes d’accession et de maintien au pouvoir ont été radicalement bouleversés par la prolifération des armes légères consécutives à la bataille de Lépante, puis aux guerres napoléoniennes, etc. Nous devons aux traites négrières, la guerre comme mode privilégié de contestation politique et d’organisation économique. Cette pratique renvoit clairement à nos États-brigands du XIXe siècle et d’aujourd’hui. Nous leur devons la question de l’hétérogénéité des populations à gouverner, à laquelle les théocraties djihadistes peules et les Lunda notamment se sont heurtés, longtemps avant les dirigeants de nos partis uniques; l’autonomie structurelle et grandissante de nos couches dominantes par rapport au reste de la population ; leur incapacité à se muer en couches dirigeantes ; nos frontières actuelles, issues en grande partie des guerres de capture des esclaves et figées par des traités qui ont marginalisé nos princes marchands dans leur partenariat avec les Européens, etc. Cet héritage, pour considérable qu’il soit, s’explique, en dernière analyse, par l’incapacité des négriers africains à utiliser la vente d’êtres humains pour changer leur mode d’inscription dans le monde. Il n’est pas inutile de chercher à comprendre pourquoi ils ont échoué.

Dans votre livre, vous faites un parallèle entre la traite négrière atlantique et les 50 millions d´Européens qui ont rejoint le nouveau monde entre 1880 et 1930. Ces deux événements sont-ils vraiment comparables?

À l’évidence, non et je le dis clairement dans mon livre. Le point commun est la migration, vers le Nouveau Monde, d’effectifs humains considérables. Dans le cas des Européens, il s’agissait de migrations plus ou moins volontaires qui ont eu pour effet de délester l’Europe de ses excédents démographiques, tandis que les autres étaient tondus en usine et dans les champs. L’Occident a créé des bagnes ultramarins, criminalisé ces pauvres hères dont elle n’avait que faire ; les a expédié Outre-Atlantique, réduits à n’avoir pour horizon que l’émigration. Toutefois, dans les pays de réception de ces émigrés, l’Occident, pour parler comme Braudel « recommence ». L’Europe a utilisé ces expatriés volontaires ou non pour écouler sa production industrielle, investir dans ces pays, dilater sa civilisation, renforcer son emprise sur le « reste » du monde.

Il en va tout autrement des traites négrières. Il ne s’agit, dans ce cas, que de migrations forcées ; de la plus grande migration forcée de l’histoire de l’humanité, de la plus grande entreprise économique lancée, par des Africains en Afrique précoloniale, pour reprendre l’expression de Hopkins. Les effets, au plan local, ont été dévastateurs: insécurité permanente ; dépression démographique ; périodes de boom économique, très localisées, aussitôt suivies de déclin et d’effondrement ; émergence d’Etats brigands éphémères ; apparition d’une classe de riches voraces et sans scrupules ; apparition de nouveaux groupes ethniques ; bouleversement radical des modes d’accession au pouvoir ; mise en place de systèmes politiques branlants, violents et éphémères; généralisation de la prédation en tant que mode d’accumulation des richesses ; guerres endémiques de captures des esclaves ; destruction du tissu économique existant (textile et métallurgie, notamment) ; gel des connaissances et des techniques ; dépendance accrue à l’égard de l’extérieur dans divers domaines ; inexistence d’une diaspora susceptible de venir proposer aux populations restées sur place, une lecture articulée du monde extérieur ; insertion des émigrés Noirs par le bas, et maintien de ces derniers au bas de l’échelle dans les pays de réception, etc. Ces deux processus ne sont donc pas comparables. L’histoire des affranchis réinstallés au Liberia le montre amplement.

Et dans le même ordre d´idée, peut-on mettre sur le même plan la traite transatlantique et les autres traites, simplement parce qu´elles ont comme dénominateur commun les esclaves ?

Oui, on le peut et on le devrait. Il suffit pour cela de se garder de réduire les traites négrières atlantiques et orientales à des questions importantes de statistiques en négligeant l’identité de leurs causes et de leur impact.. Cette équivalence est évidente si on part du principe que les hommes produisent de la richesse, paient des impôts ; que leur travail peut, sur la très longue durée, avoir pour effet d’améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, par des moyens divers (négociations, guerres, autres types de conflits, etc.).

Dans son principe, la traite d’êtres humains, leur exportation en somme, prive nécessairement les zones d’origine de la possibilité de changer de figure d’historicité. Partout l’esclave a eu pour fonction de produire l’inégalité, à l’échelle locale ou mondiale. Que les traites orientales et les traites par l’Atlantique aient été d’ampleur variable est, dans cette perspective, secondaire, bien que la question des effectifs prélevés ne soit pas anodine. Il ne s’agit pas de savoir si les Africains et les musulmans sont moins coupables que les chrétiens dans ces échanges, mais de prendre la mesure des implications pour le déploiement de soi, de l’exportation d’êtres humains pendant plus d’un millénaire. Nous avons beaucoup de mal à sortir du registre de la morale et du tribunal pour aborder ces questions. Pourtant, aujourd’hui, les jeunes africains courent moins le risque d’être vendus que celui d’être refoulés ou engloutis notamment dans les eaux du Détroit de Gibraltar ou de l’Atlantique d’où leurs ancêtres ont été embarqués de force vers les pays du pourtour de la Méditerranée et vers les Amériques. Comme dirait un célèbre historien africain, nos dirigeants ne peuvent plus nous vendre. Ils n’arrivent pas non plus à nous mettre au travail.

Dans votre avant-propos, vous affirmez que « les capacités concurrentielles d´une région donnée relèvent, avant tout, de la production de soi et du changement social, compris comme des processus historiques et non comme le résultat de tripatouillages, de conjectures écrites à l´encre rose. Le premier de ces processus commence par un drame fondateur universel ayant pour enjeu la capacité des sociétés de produire et maîtriser leur histoire ». Que doivent faire les pays africains pour enclencher ce processus?

Rien, à mon humble avis, qu’on puisse prescrire ; rien, en tout cas, qui ne soit issu des luttes multiformes en cours actuellement en Afrique. Je m’explique : le cahier des charges de la production de soi, dans un monde régi par des rapports de force divers, est bien connu. Il suffit de se référer à la littérature économique institutionnelle ou au Plan de Lagos, par exemple, pour s’en rendre compte. Les choses se compliquent, cependant, quand on écoute des chercheurs en sciences politiques et des historiens pourtant peu enclins à transformer le passé en destin. On se rend compte que pour les uns, on est confronté à des processus lourds qui relèvent du lent travail de l’Histoire et ses convulsions, là où les institutions internationales et les peuples africains qui souffrent de la misère ne voient que des problèmes de volonté politique. Ce qui ne disqualifie en rien un volontarisme dont la portée demande simplement à être relativisée.

Le débat, concernant votre question, est très ambigu. Il porte moins sur ce que des acteurs clairement identifiés devraient faire, que sur la conjonction d’événements qui devraient se produire en Afrique et hors d’Afrique pour que les Africains soient capables d’affermir leur emprise sur la production de leurs sociétés. En d’autres termes, on n’ose plus réfléchir en termes d’ingénierie politique ou sociale, depuis la déconfiture des systèmes socialistes mais plutôt en termes de processus, de secrétions, de produits de convulsions historiques. Dans cette perspective, les 6 millions de morts des conflits des Grands Lacs relèvent de la problématique de l’intégration économique par des moyens virils, etc. L’ennui, c’est que dans le même temps, les institutionnels font l’apologie du développementalisme en tant que projets de sociétés mis en œuvre par des systèmes politiques asiatiques autoritaires, qui sont, il est vrai, des produits de l’histoire de cette région.

On assiste par ailleurs, au retour, en Afrique, d’un vieux débat concernant le sens, la direction à donner à cet effort de production de soi. Certains intellectuels africains, kidnappant le droit à la parole de leurs compatriotes, réaffirment aujourd’hui que les sociétés africaines répugneraient à adopter des modes d’organisation sociale, des rythmes et des modes de vie porteurs de compétitivité à l’échelle internationale, au profit de la préservation du lien social. Cette discussion est opportune, face aux barrages opposés un peu partout à la prétention de la globalisation et de l’ultralibéralisme à s’ériger en destin obligé du genre humain. On est libre d’être allergique à l’individualisme euro-américain et ses hautes solitudes ; rétifs aux chiens de compagnie pour les vieux et aux maisons de retraite.

Toute la question est, cependant, de savoir si les sociétés africaines parviendront, par leurs interactions, à secréter des formes d’organisations sociales capables de satisfaire les formidables ambitions à la consommation qui les rongent depuis l’apparition des traites négrières ; concilier ces ambitions avec une volonté collective supposée de privilégier le social au détriment de l’argent. Ces questions, de vision, de projection de soi, de leadership sont, on le voit, loin d’être claires. Elles devraient être débattues de manière démocratique en Afrique.

L´un des derniers chapitres de votre essai est intitulé « Une défaite totale ». Selon vous, l´Afrique noire est-elle irrémédiablement mal partie ?


L’échec total des stratégies mises en œuvre par les couches dominantes des sociétés subsahariennes pour s’insérer dans les échanges intercontinentaux, voire dans leurs échanges avec l’Afrique du Nord et l’Egypte est patent. Je suis cependant incapable de répondre à la question de savoir si l’Afrique est irrémédiablement mal partie. En supposant qu’une telle phrase ait un sens, je ne sais même pas quelle direction l’Afrique devrait prendre tant le débat sur cette question de vision, d’ambition collectives reste obscur, squatté par le culturalisme, l’autoritarisme de certains de nos intellectuels et la roublardise de nos politiciens.

Je suis affligée par la rareté des travaux exploratoires et analytiques concernant l’Afrique. Ici, le normatif, la prescription règnent en maîtres. On parle beaucoup des aspirations des Africains mais qu’en savons-nous réellement ? Où leur donne t-on la parole ? Quel prix sont-ils prêts à payer pour les satisfaire ? Il s’agit de questions centrales. Je lis beaucoup de choses désespérées ou euphoriques qui me semblent participer d’une même inquiétude concernant les futurs possibles de l’Afrique. Je souhaite que se multiplient des explorations sérieuses visant à mettre en évidence des processus plausibles par lesquels des économies africaines subsahariennes pourraient mettre fin à notre inscription subalterne dans le monde. Le « démographisme» mercantile ambiant, qui voit l’Afrique promise à un sort meilleur, en raison de la densification de ses populations, l’intensification de l’urbanisation, la demande continue de matières premières, etc. ne me convainc pas. Il repose sur des hypothèses dont la fragilité est clairement reconnue par ses promoteurs et tend à sous-estimer des legs historiques prégnants concernant la nature du pouvoir, celle de nos classes dominantes, leur rapport au reste de la société, la qualité de nos politiques publiques, la capacité de nos sociétés à sortir de la prédation et de l’extraction comme modes privilégiés d’accumulation, etc.

Propos recueillis par Christian Eboulé
Relayé de Culture Sud
Souligné pour PeupleSawa par Brother Metu
 

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