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Suzanne Kala Lobè


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26.04.2009

La transmission du socle identitaire et culturel : la naissance de milliers d’étoiles au coeur des l 

Neni so nguengueti i ma panya o miso ma munami ”

“ J’ai alors vu des étoiles briller dans les yeux de mon enfant ”

“ Neni pe misodi mi ma sulea o miso ma munami ”

“ J’ai aussi vu des larmes couler des yeux de mon enfant ”

Etienne Mbappe


Cet après midi, j’écoutais de la musique en vaquant à mes occupations. Et voici que les paroles d’un chant que je connais pourtant depuis des années ont ouvert les vannes de mes sempiternelles cogitations. La voix du chanteur portait un message sur l’essentiel de la transmission des racines et de l’histoire à la descendance. Je ne prendrai même pas la peine de vous dire que l’écho de ces mots a rencontré en moi bien des résonances. Ceux qui ont entrebâillé quelques fenêtres sur moi savent que ce sont des problématiques qui me sont importantes. Voici ce que chantait l’artiste :

“ Mon fils grandit, il arrive à l’âge de raison. J’ai pour lui un secret qui m’a été transmis par mon père. Car il faut qu’il sache, qu’il connaisse l’histoire de ce pays, qu’il connaisse notre histoire ”.

Le chant si j’en traduit le titre s’appelle “ les yeux de mon enfant ”. Le chanteur parle des nuances dans le regard de son enfant pour poser des choses qui lui semblent essentielles. Par un chant de quelques minutes à peine il touche à un domaine à mes yeux fondamental, celui de la transmission générationnelle, du passage de témoin de la mémoire, de l’histoire, de “ l’être ensemble ”. Sont ce des résonances de mon africanité ? Peut-être, mais je pense que ce sont plus largement celles de mon humanité. Cette humanité qui a besoin d’être reliée à une famille, à un passé, à une histoire . Sous toutes les latitudes l’humain a me semble t-il besoin de lien social dans le présent et en relation avec le passé.


Comme vous pouvez le constater, il y a des thématiques qui déclenchent chez moi, comme dans un réflexe pavlovien des cogitations déambulatoires. Les hélices sous mon crâne prennent leur envol pour emmener mes réflexions vers des rivages qui cette fois prennent leur source en moi. Ils m’ont conduite à repenser les chemins de mes cheminements identitaires ou d’identisation


La transmission de la langue comme celle de l’histoire sont essentielles dans la construction de celui qui arrive dans la lignée familiale.

Pendant des années, j’ai affirmé avec conviction que le français était ma langue maternelle. Cela m’était d’autant une vérité que la définition de la langue maternelle était pour moi celle de la langue des échanges primaires avec sa figure maternante, le plus souvent avec sa mère. Avec ma mère comme avec mon père, mes frères sœurs et moi communiquions en langue française. Et c’est en français que toute la gamme des émotions dans ma famille se traduisait en mots. Cette langue était par conséquent pour moi ma langue maternelle.

La langue maternelle dans mon appréhension est celle dans laquelle une voix unique rassurait l’enfant que l’on a été. C’est la langue dans laquelle l’enfant apprend à reconnaître les inflexions qui disaient l’humeur de la mère. C’est la voix qui encourageait, qui consolait, reprenait, etc.

La langue de mes pères passait à l’époque en second au palmarès de mes langues d’identifications tandis que je m’enracinais dans l’expression en français. Ce qui demeure pour moi une grande richesse. La français est devenu pour moi la langue de l’expression de la pensée, de la précision du sens, de la communication ciblée. C’est étrange de voir combien quand je m’exprime en français j’ai une quête consciente ou non du mot juste, alors que dans la langue héritée de mes pères je m’autorise de surprenantes approximations, cela d’autant que j’ai en Duala des lacunes abyssales.

La richesse rencontrée dans la langue de Molière me demeure précieuse. Elle porte mes inspirations, elle met des mots précis sur ma pensée, sur mon ressenti de l’instant. Mais il y a l’autre langue, celle qui structurait les échanges de mes ancêtres, de mes pères, et qui structure encore celle de mes pairs, cette langue qui vient habiller les expressions émotionnelles indicibles autrement que par elle. Cette langue qui se révèle au fil du temps celle de mes intériorités et dont les sonorités influencent mon accent quand je m’exprime en français. Cette langue qui malgré mes approximations et la conscience de mes lacunes, m’est de plus en plus signifiante, de plus en plus essentielle. Il y a cette langue qui m’ouvre à des onomatopées porteuses davantage de sens que les plus belles locutions en français. Il y a cette langue qui au fil du temps est passée du chuchotement intérieur au cri, à une affirmation de mon ancrage en moi et dans un peuple dont la terre est irriguée par le fleuve Wouri. Langue de mes douleurs et de mes joies, langues de mes soupirs, langue qui dans un soupir vient aux secours de mes incompétences sémantiques. Pour autant que j’en ai conscience elle n’est pas pour moi un véhicule d’indifférence.

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Dans le pays qui a recueilli mon premier cri et qui je l’espère accueillera mon dernier souffle il y a deux langues nationales venues d’ailleurs le français et l’anglais. Ces langues nous ont ouvert à des pans immenses de la culture francophone et anglophone. Nous avons eu accès aux textes fondateurs de la culture occidentale, à la poésie, à la philosophie et à bien d’autres portes ouvertes sur cette culture. Il est des maximes venues d’occident qui font désormais partie intégrante de nos expressions, elles sont inscrites en nous et coulent naturellement. Nous sommes enrichis de cet ailleurs qui nous relie à des mondes, des continents lointains. Cet enrichissement malheureusement s’accompagne bien de fois de l’anémie des fondations culturelles et de lacunes concernant les langues dites vernaculaires.


Dans des pays comme le Sénégal ou le Congo (ex Zaïre) et bien d’autres en Afrique, la langue nationale est une langue issue du pays tandis que les langues reçues de l’extérieur sont langue officielle. Au Sénégal le Wolof est parlé dans toutes les sphères de la société et, même si ce n’est pas la langue unique, c’est une langue qui semble donner un sentiment d’unité aux sénégalais. J’ai eu la même impression en écoutant les congolais exprimer leur rapport au lingala. Je ne sais pas si ceci est spécifique à ceux que j’ai croisé mais quand ils sont réunis, c’est tout naturellement qu’ils parlent lingala. Chez moi il y a tant de langues que ce serait quasiment impossible d’en extraire une en excluant les autres sans provoquer de remous. L’unité linguistique se fait obligatoirement par une langue étrangère, par une langue véhicule d’une culture allogène. Au Cameroun nous avons deux langues nationales qui sont des langues importées, reçues, imposées par la force et ou par l’histoire. Après une incursion dans la langue allemande jusqu’à la première guerre mondiale, les logiques des vainqueurs de la guerre et la partition consécutive des “ possessions ” coloniales a fait entrer le français et l’anglais au Cameroun. Nouveaux apprentissages pour les autochtones. Nécessité de se défaire la langue apprise pour en réapprendre une autre selon que l’on était du Cameroun occidental ou non. Anglais pour les uns, français pour les autres.

Mon grand père paternel né en 1899 gardait des bribes de la langue expulsée du Cameroun en même temps que les allemands. Dans mon enfance, des bâtisses anciennes nous rappelaient que les allemands avaient fait escale sur la terre de nos pères. Mais de leur langue, pratiquement plus de traces sinon quelques appropriations insérées dans des langues locales.


Mes parents ont grandi dans le Cameroun francophone et ont fait leurs études en français. Les échanges primaires avec leurs ascendants leur avaient donné des langues maternelles autres que celles venues par bateau sur les rivages de fleuve Wouri. Ils ont grandi bercés par les légendes et les mythes fondateurs de leurs cultures, racontés dans leurs langues maternelles. Mythes fondateurs et essentiels pour l’identisation d’un être parce que ce dernier agit comme un cordon ombilical qui le relie à la terre mère. Ils se sont approprié par la connaissance de l’histoire des fiertés de leurs lignées familiales.

Le mythe, comme l’histoire des siens agissent pour celui qui la découvre comme des trait d’union entre les générations, entre soi et les siens vivants ou semence nourrissant déjà la terre. Ces traits d’union sont essentiels et sont parfois des lacunes dans les fils d’Afrique de la diaspora et les fils de l’Afrique post coloniale. Nourris à l’histoire d’un autre continent et à une histoire parcellisée de leur continent, les fils et filles d’Afrique font parfois penser à des oiseaux qui ont un potentiel d’envol énorme mais qui ne déploient qu’une seule aile. Ils sont comme des oiseaux qui n’auraient pas appris à se servir de leurs deux ailes. Comment pourraient-ils voler ?

Comment prendre son envol avec une seule aile déployée ? Il y a de fortes chances que le pauvre oiseau ne puisse que tourner en rond, et qu’en plus il épuise la pauvre et unique aile fonctionnelle. Résultat, à terme il risque de tomber et de se faire très mal.


Plus le temps passe plus il m’apparaît essentiel d’enraciner la génération qui nous suit, celle de nos enfants dans la connaissance de ses racines africaines, dans ses racines au cœur d’une famille, d’un clan, d’une histoire non pour faire de la micro identité une raison d’exclure l’autre, mais plutôt d’un tremplin pour aller vers soi, se trouver pour mieux s’ouvrir à l’autre dans une relation apaisée. Par crainte de non adaptation des enfants à un système éducatif occidental de nombreux parents ont volontairement coupé leurs enfants de la langue de leurs pères, de peur que cette dernière soit un handicap à l’adaptation au monde tel qu’il se dessinait. Des amis originaires de la France d’outremer m’ont raconté que de nombreux parents interdisaient l’usage du créole aux enfants de peur qu’ils ne soient pas insérés dans la modernité, dans le progrès, dans la France. Dans certaines appréhensions parentales le progrès était occidental et ce qui était local relevait du folklore, de l’accessoire.

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J’ai eu le privilège (c’est ainsi que je le vois à posteriori) d’avoir des grand- parents paternels “ illettrés ” au regard de la langue française bien que lisant couramment le Duala. Parce qu’ils ne parlaient pas un mot de français nous avons dû accéder à eux par la langue de nos pères. Je leur suis reconnaissante de n’avoir pas voulu ou pas pu entrer dans le français pour communiquer avec nous. Nous avons dû enrichir notre apprentissage de la langue française de celle de nos père pour communiquer avec nos grands-parents. L’enfance est un socle favorable aux apprentissages et il n’a pas fallu longtemps pour réussir à communiquer avec eux et avec d’autres membres de la famille qui étaient exclus des échanges avec nous par la non maîtrise de la langue de Molière.

Heureusement pour moi nos grands parents ne se sont pas mis au français parce que j’aurais perdu la possibilité recevoir mon héritage culturel de l’intérieur, par le biais de la langue et des échanges avec les miens. C’est par eux que j’ai intégré les mots, les sons, les onomatopées uniques propres au Duala. C’est grâce à ce nécessaire apprentissage qu’aux pieds de mon grand père j’ai entendu des légendes fondatrices de l’être Sawa comme l’histoire mémorable de Jeki la Nyambe. C’est grâce à ce passage obligé pour être reliée avec mes aïeux que j’accède aujourd’hui à des intimes de moi qui s’insèrent je le découvre peu à peu dans un intime du peuple Sawa, le peuple de la Côte, celui dont je suis issue. Malgré tout, parce que cette langue est venue à moi comme une seconde langue, une langue apprise en second importante mais pas vitale, pas essentielle pour bâtir mon futur, j’en ai une maîtrise largement discutable. C’est probablement ce qui explique des lacunes dans mes enracinements et des expressions qui me sont propres et qui provoquent des explosions de rire dans ceux qui m’écoutent alors que je m’aventure dans certaines expressions en Duala. Mais je persévère. Cette langue est mienne et gravée en moi, et je ne l’abandonnerai pas. Les lacunes, j’essaie de les combler par la connaissance progressive de notre histoire, de mon histoire, de celle que je voudrais transmettre à la génération d’après pour la relier à celles d’avant.

L’expérience d’une migration durable m’a enseigné et m’enseigne encore qu’un profond enracinement dans ce que l’on est et dans le lieu d’où l’on vient permet d’accueillir l’ailleurs sans craindre de se perdre. Elle permet d’accueillir les changements intrinsèques à la migration tout en gardant une continuité au coeur de l´inévitable changement. Demeurer le même dans l´essentiel de l´être. Elle permet de recevoir sans être trop ébranlé les écueils liés à l’altérité et parfois au rejet de sa différence.

Cette expérience migratoire m’enseigne que c’est dans la négation des origines que l’on court le risque de planter les semences des ébranlements futurs, pour soi ou pour sa descendance. La connaissance précoce de ses racines peut à mon sens être un bouclier contre les replis identitaires sismiques né d’une découverte tardive de ses racines au détour d’un rejet de la terre de migration. Si l’on sait d’où l’on vient et qui l’on est, si l’on a une histoire et des référents mythologiques positifs et constructifs, alors les vêtements identitaires dévalorisants proposés par l’autre par celui qui nous méprise, par celui qui rejette sur le prisme de la différence glisseront sur nous sans nous marquer. Je le crois de plus en plus alors que je regarde quelquefois passer des enfants africains de la diaspora qui, bien qu’ayant tout la panoplie vestimentaire de la modernité ont le regard vide d’histoire, mais habité par la défaite, la colère ou la résignation. Il y en a des zombies dans la nouvelle génération, façonnée par l’absence d’ancrage identitaire positif, n’ayant à disposition que celui de la honte et de la dévalorisation de ses origines. S’il est des plafonds de verre à combattre dans les sociétés dans lesquelles nous vivons, il est impératif de faire exploser tous les plafonds de verre intérieurs. Rien ne doit empêcher un être d’être lui même dans complexité et dans la totalité de tout ce qui forme l’identité d’un être. Sa relation au passé, sa place dans le présent et ses capacités à se projeter dans le futur me semblent de ce point de vue liés. L’explosion de ces murs et plafonds de verre intérieurs relève pour moi de l’urgent et du nécessaire.

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Pendant longtemps, à cause de mon histoire familiale personnelle, j’ai cru que le français était ma langue maternelle, puisqu’elle était la langue essentielle de mes échanges avec mes parents. Depuis le temps a passé et des événements essentiels, parfois traumatiques m’ont révélé l’enracinement dans la langue qui fonde mes racines. Cette langue traversant toute la palette de mes émotions pour les exprimer en mots, en onomatopées, voire en soupirs aux accents spécifiques. Ce rapport à la langue s’accompagne parfois de mouvements corporels que je découvre pouvoir faire bien que ne les ayant pas expérimentés auparavant. Il faut croire que s’il est vrai que l’on s’enracine dans une culture, il semble tout aussi vrai que cette dernière s’enracine aussi en nous. Il m’apparaît de plus en plus qu’il est un langage corporel propre à ma culture qui fait partie de moi et que je découvre alors qu’il s’exprime naturellement en moi. La langue de mes père est visiblement en moi un langage non verbal. Elle est l’écho de ma culture, de l’histoire des miens, des scènes de courses de pirogues sur le fleuve Wouri, des luttes traditionnelles sous le grand fromager, des contes et légendes racontées par la voix de mon grand père, des mythes fondateurs dont le chant se transmet de génération en génération. La découverte et l’appropriation de tout cela ont posé en moi des fiertés et des liens pérennes avec ma terre, avec mon pays, mon village, et mes racines.

Je reconnais avoir une maîtrise sémantique bien approximative de la langue de mes pères devenue mienne par héritage et par apprentissage. Je reconnais que cette maîtrise ne s’améliore pas avec la distance et le manque de pratique. Malgré ces failles je l’ai inscrite en moi. Je porte en moi la langue de mes pères avec son univers sonore, sensitif, culturel. Mes onomatopées essentielles ont leur source près du fleuve Wouri. Onomatopées d’extase, de douleur, de joie, d’ironie, de défi, d’amour, elles sont gravées en moi par les nuances propres à la langue de mes pères. La transmission de la langue est l’un des secrets de l’être Duala que j’ai reçu de mes pères par “ l’accident ” de “ l’illétrisme ” des mes aïeux. La langue est encore pour moi une clé d’entrée dans le “ nous ” qui constitue le socle identitaire des miens. Plus je prends conscience de la fonction essentielle de la langue plus je réalise la profonde ineptie qui structurait la pensée selon laquelle on lierait la nationalité française au renoncement à la langue de ses pères. Mais quelle génération de zombies on voudrait préparer pour la France ! Au secours…

Pourquoi la quête des origines, la connaissance de ses racines et leur appropriation le cas échéant par la langue serait elle dangereuse ? Même si la comparaison a des limites évidentes, aurait-on idée de reprocher à un enfant adopté sa quête des origines histoire d’unifier son histoire et les parts de son être pour avancer ? Ca n’aurait pas de sens.


La richesse, la dimension essentielle de la langue et de la culture de mes pères m’apparaît d’avantage aujourd’hui probablement à cause de la distance, sous l’effet de la maturité, sous l’effet d’une quête croissante d’essentiel et du désir de transmettre ces essentiels aux générations d’après. Il est des valeurs qui sont transmises par l’éducation nationale, par des ancrages républicains ou autres et ce sont des valeurs reconnues avec raison comme essentielles. Ce sont des valeurs que l’on retrouve dans toutes les strates de nos tissus sociaux. Mais il en est d’autres qui se perdraient si nous ne prenions pas la décision de la transmettre, si nous ne décidions pas dire à nos enfants l’histoire de leurs pays, leur histoire. On va arrêter le coup de la bibliothèque qui brûle pour structurer la transmission inter générationnelle. Quand ils iront à la rencontre de leur histoire, des histoires spécifiques à leur village, à leur pays, à leur continent, il y aura, comme dans la chanson dont il est question plus haut, des étoiles qui illumineront leurs regards. Etoiles parce qu’ils découvriront un socle de référence fondateur, des histoires mythiques ou réelles, des histoires qui fondent ce “ nous ” grâce auquel il sauront n’être pas seuls où qu’ils aillent. Ce socle de référence grâce auquel ils sauront qu’un cordon ombilical invisible les enracine dans une histoire, dans une lignée, dans un autre héritage qui vient les enrichir. Il sauront, particulièrement ceux de la diaspora que ce cordon ombilical les relie aussi à une terre même lointaine sans remettre en cause d’éventuels enracinements en terre d’adoption. Ils découvriront les raisons d´être fiers de leur héritage et de leur histoire. Ils découvriront qu´il n´y a pas de honte à être issus de la terre de leurs pères. Ils découvriront que pour se réaliser ils n´ont pas besoin de nier des pans entiers de ce qu´ils sont. Des étoiles de fierté, de réconciliation avec l´histoire et par conséquent avec soi.

Le chanteur dit avoir vu naître dans les yeux de son fils des milliers d’étoiles et des larmes alors que ce dernier découvrait des images d’Epinal de sa terre d’origine. Emerveillement et émotion d’un petit enfant vivant en occident qui, à peine dans l’âge de raison qui découvre le pays dont il est issu. Quel cadeau fait à un enfant que celui de l’enraciner dans son héritage alors qu’il est encore petit, et qu’il arrive à un âge où il peut comprendre. L’âge de raison. Quel privilège pour un parent que celui de voir naître des étoiles dans les yeux de son enfant. Quel bonheur que celui de voir se lever dans son regard des astres précieux qui éclaireront son parcours alors qu’au fil de la vie il se construira. Et ces larmes d’émotion qui semblent dire en écho aux étoiles “ je sais d’où je viens, je découvre une part de moi que je connaissais pas. Une part de moi dans laquelle courent des gazelles, et léopards et autres animaux mythiques. Une part de moi qui m’enracine dans un lieu qui n’est pourtant pas la terre sur laquelle je vis”

J’aime les mots de bénédiction du chanteur à son fils “ va mon enfant le ciel et la terre te protégeront et toutes sortes de portes s’ouvriront si tu sais lire entre les lignes[…] sache lire entre les lignes, sache entendre entre les mots ”

Lire entre les lignes, entendre entre les mots grâce à la connaissance de son histoire, grâce à l’enracinement à sa terre. Entendre le battement de cœur, les rythmes et les respirations de la terre mère. Entendre la mémoire de son peuple. Entendre ce que ne se dit pas mais que l’on entend parce qu’on adopte et on respecte ce que l’on découvre. Et cet enfant qui sait concilier son enracinement identitaire à ses enrichissements venus de connaissances plus “ universelles ” peut déployer ses deux ailes et voler très haut à la rencontre de lui même. J’aime à penser que ces enfants complets sauront comme les aigles trouver les vents ascendants qui les conduiront vers les sommets magnifiques de la réalisation de soi.


J’aime l’idée que des milliers d’étoiles jailliront des larmes de nos enfants. J´aime l´idée qu´en écho à ce chant des parents pourront dire :


“ Neni so nguengueti i ma panya o miso ma munami ”

“ J’ai alors vu des étoiles briller dans les yeux de mon enfant ”

“ Neni pe misodi mi ma sulea o miso ma munami ”“

J’ai aussi vu des larmes couler des yeux de mon enfant “

Relayé de:
http://dipitadidia.unblog.fr/
 

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