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04.02.2010

Interview NDOUMBE MARCELIN sur ILIMBE-ILIMBE 

Frères et soeurs Malimba,

Il faut remonter à des temps immémoriaux pour voir deux personnalités Malimba de premier rang accepter de se prêter au délicat jeu des questions / réponses de leurs cadets. Qui plus est, en temps de crise. Tout le mérite est donc pour ces sieurs qui n´ont pas hésité à livrer leurs sentiments sur les questions d´actualité Malimba. Cette interview croisée nous livre deux grilles de lecture différentes qui vont bien au delà des rumeurs distillées par les dépêches de chapelle. Voilà le débat contradictoire tant attendu!

Les commentaires en ligne qui s´en suivront (comme d´habitude) devront emboîter le pas de nos deux interviewés dans la phase de (re) construction si chère aujourd´hui aux Malimba. L´insulte, même appuyée, n´a jamais été un argument solide dans un débat de cette facture. Faites de l´usage de votre parole (j´allais dire de vos syllabes) une contribution utile pour Malimba.

Bonne lecture à tous.


1 - Quelle opinion avez-vous du blog Malimba, l’organe de communication virtuelle ?

NDOUMBE MARCELIN: Il faut saluer l’arrivée de ce blog qui permet de faire bouger les choses, les lignes qui étaient déjà figées. Il permet aussi de nourrir l’espoir d’un indispensable débat que de nombreuses élites ont voulu éluder. Le seul regret est que le blog ne concerne qu’une très infime partie de notre communauté. Cette lacune peut être relativisée si ceux qui y ont accès éclairent leur entourage à la lumière de ce qu’ils en tirent positivement.

2- Le blog (nos débatteurs) aura-t-il contribué à cerner les urgences d’aujourd’hui pour la communauté Malimba tout entière ?

NDOUMBE MARCELIN: A ce jour, pas tout à fait. Il faut reconnaître que le blog est très jeune (environ 04 mois). On ne peut pas demander à un nourrisson de courir. Je suis persuadé qu’il y contribuera dans l’avenir.
3- Avez-vous-une idée de ce qui mine Malimba dans son développement ?
NDOUMBE MARCELIN: Territorialement, Malimba n’est pas un. Chaque territoire Malimba connaît des problèmes spécifiques. Il faut d’abord identifier les difficultés propres à chaque territoire, les analyser et réfléchir à leurs solutions. Par contre la démarche peut être commune à tous ces terroirs dans la mesure où certains maux sont communs :

•L’ignorance du passé (de l’histoire)
•L’exode (surtout des élites) sans volonté de retour
•La disparition d’attaches familiales dans les villages
•La méconnaissance des enjeux
•L’absence de plan pour l’avenir de la communauté

Ces maux entraînent une absence totale de stratégie et de prise de conscience.

4- Selon vous, quelles sont les pistes possibles pour une réconciliation totale et définitive entre Malimba ? Par ailleurs, pour notre meilleure compréhension, nous vous remercions de classer les maux suivants par ordre de gravité :

L’égoïsme, Les luttes intestines, Des élites très peu participatives, L´absence de synergie, le manque d´argent.

NDOUMBE MARCELIN: Je pense qu’il faut d’abord extirper les qualificatifs « totale et définitive » de cette question pour qu’elle soit plus digeste. Parler de réconciliation suppose qu’il y a problème(s). Or jusqu’à présent, personne ne nous dit de manière claire et simple quel(s) est (sont) le(s) problème(s).

Feu EYOUM Félix (paix à son âme), un personnage dont l’ambivalence était connue de tous, m’avait avoué le constat qu’il avait fait chez « ceux d’en face » comme il les appelait, que ce n’était qu’un problème de jalousie. Or pour moi, la jalousie est un sentiment ; s’il y a des Malimba qui en font un problème, il est évident qu’il sera difficile à résoudre.
Pour être précis, il faut identifier les problèmes ou lister les sujets de mésentente, en débattre, trouver des compromis pour espérer une réconciliation si tel est le cas.
Le classement des maux que vous avez listés serait le suivant, à mon avis, par ordre décroissant de gravité :

1 Les luttes intestines ou d’hégémonie
2 Des élites très peu participatives
3 L’absence de synergie
4 L’égoïsme
5 Le manque d’argent

5- Quelle thérapeutique serait la mieux indiquée pour en sortir ?
NDOUMBE MARCELIN:En évitant l’amalgame, nous aurons fait un grand pas en avant.

La fibre patriotique, ce sentiment inexplicable qu’on a d’appartenir à une collectivité, à mon avis peut s’exprimer dans ILIMBE-ILIMBE qui pour moi, peut être l’âme du peuple Malimba.
Les terroirs, il faut se rendre à l’évidence qu’il y en a quatre : Malimba-Océan, New Malimba, Dizangué, Manoka. Chaque terroir est « autonome » et a sa propre administration traditionnelle. Il faut éviter des ingérences sur certains points particuliers dont celui là.

6- La situation juridico-foncière de YOYO est-elle encore maîtrisable par les Malimba ?

NDOUMBE MARCELIN: Oui si nous organisons un front commun autour de ce problème. Les élites qui ont entrepris les procédures d’immatriculation à titre personnel sont essentiellement celles-là mêmes qui ont torpillé la démarche collective d’appropriation des terres par la communauté Malimba.

7- ILIMBE-ILIMBE comme tremplin. Est-il souhaitable que ILIMBE-ILIMBE soit une arrière base politique pour les politiques Malimba ?

IL faut d’abord préciser que ILIMBE-ILIMBE est une association apolitique ; elle ne saurait donc servir d’arrière base pour les politiques fussent-ils Malimba.
ILIMBE-ILIMBE de mon point de vue est le peuple Malimba. Il n’y aurait aucune honte à ce que notre communauté apporte son soutien à ceux de ses enfants en particulier et aux Camerounais en général qui travaillent à la satisfaction de ses aspirations.

8- Envisagez-vous notre ILIMBE-ILIMBE inféodé à nos chefs ?

NDOUMBE MARCELIN: NON. Les chefs, les élites, tout(e) Ilimbè est une émanation du peuple. Il est impensable que notre communauté soit inféodée aux chefs qui n’en sont que des représentants de familles.

9- L’engagement politique de nos dirigeants pourrait-il avoir une traduction palpable sur le terrain au profit des Malimba ? Le cumul est-il handicapant ?

NDOUMBE MARCELIN: Je dirais qu’il aurait dû, mais ce n’est pas toujours le cas au regard des réalisations. Il n’y a ni échanges, ni dialogue, ni synergie et le peuple ne s’approprie pas les quelques réalisations d’infrastructures pourtant publiques qui malheureusement tombent très rapidement en désuétude.
Le cumul ne me semble pas handicapant, il doit simplement être accompagné d’une réelle volonté de bien faire. Nous sommes un peuple ultra minoritaire et en manque de compétences.

10- Au regard de l’antériorité de votre action et de votre connaissance de Malimba en général, quels sont selon vous les facteurs de division ?

NDOUMBE MARCELIN: De nombreux autres Malimba m’ont précédé et en mieux dans l’action. Notre génération ne doit pas manquer le passage du témoin, sinon ce serait extrêmement difficile pour nos enfants. Les facteurs de division sont nombreux mais les plus importants de mon point de vue sont les suivants :

•La méconnaissance de l’histoire de Malimba
•L’absence de repères
•Le désintérêt de l’élite
•Les intérêts personnels privilégiés

11- Deux ILIMBE-ILIMBE est-ce une vue de l’esprit ?

NDOUMBE MARCELIN: Il n’est ni souhaitable ni envisageable d’avoir formellement deux ILIMBE-ILIMBE mais il faut se rendre à l’évidence de la situation qui prévaut.
La première, celle de 1999 ne souffre d’aucune contestation quant à sa légalité et son existence.
Pour celle de 2005 qui a une nouvelle appellation et de nouveaux Statuts, il suffit que ses tenants nous précisent s’il s’agit de la mutation de la première ou d’une nouvelle Ilimbè-Ilimbè.
S’il y a eu mutation, il n’y aura qu’à produire aux Malimba l’acte de convocation régulière de l’Assemblée Générale Ordinaire et celui par lequel l’administration préfectorale prend acte du changement de la dénomination et de la modification des Statuts.
N’est-ce pas simple de le faire pour éviter toute polémique?
Si d’aventure ces documents n’existaient pas, vous comprendrez d’où vient le désordre et par qui il arrive. Leurs promoteurs devront assumer. En attendant force est de constater qu’il y a deux ILIMBE-ILIMBE.

12- Pourquoi l’histoire de notre peuple est-elle si méconnue ? Est-ce à cause de nos complexes ?

NDOUMBE MARCELIN: Nous nous devons de rechercher les éléments de notre histoire, de l’écrire et de la divulguer. Personne ne le fera à notre place mieux que nous-mêmes. Il ne s’agira pas de faire du sensationnalisme, mais un travail bien fouillé, étayé et sérieux.
Il ne s’agira pas, comme quelqu’un l’a écrit sur le blog, de dire qu’il détient par devers lui des documents de vente de terrain de 1801 entre indigènes Malimba sans pouvoir dire dans quelle langue ils sont écrits.
Les complexes ont énormément reculé avec la création de ILIMBE-ILIMBE, la sortie du tissu-pagne et la construction de la pirogue. Les Malimba s’affichent de plus en plus et affirment leur « malimbanité ».
Il faut maintenant aller au-delà du décomplexé et de manière résolue.

13- Que pourrions-nous faire pour la vulgariser ?

NDOUMBE MARCELIN: Nous devons d’abord nous accorder, écrire et la vulgarisation en sera possible au regard de l’évolution et de la multiplicité des moyens de communication.

14- Le silence assourdissant de nos Universitaires exacerbe-t-il nos divisions ?

NDOUMBE MARCELIN:Je ne perçois pas les choses de la même façon. Le temps des Universitaires n’est pas encore arrivé. Nous ne sommes qu’au début d’un processus où nous découvrons une technique de communication (le blog), l’écriture, la contradiction, la structuration des idées, l’insulte, la calomnie, la mauvaise foi, le mensonge, la volonté d’imposer une pensée, la démission, la résistance, la persistance, l’émerveillement, etc… Après nous nous regarderons dans le miroir pour découvrir notre face que nous ne connaissons pas et les choses reviendront progressivement à l’endroit.
Cette phase nécessaire à mon avis permettra ensuite à nos intellectuels d’appréhender les problèmes et de les poser clairement. Ensuite donc nos Universitaires entreront dans le vrai débat pour expliquer les problèmes, ébaucher des solutions qui déclencheront à nouveau la marche vers la prise de conscience et le développement.

15- Que nous vaut la dénomination de « peuple minoritaire » ?

NDOUMBE MARCELIN: C’est d’abord un état que nous n’avons ni voulu, ni choisi. Il est toutefois accentué par le manque d’organisation et d’affirmation, le défaitisme que traduit cette volonté de certains de se fondre dans d’autres peuples (suivez mon regard) en adoptant leur langue, leurs us et coutumes à défaut de s’en référer systématiquement comme modèle.

16- Dans votre esprit quel contemporain Malimba souhaiteriez-vous remercier pour son action par rapport à la communauté ?

NDOUMBE MARCELIN: La question étant posée au singulier, mes remerciements vont incontestablement à l’endroit de Mme BEBOY KOUTTA Sarah, épouse KALA LOBE. Cette octogénaire originaire de Bonamoulèndè à Moulongo a inspiré plus d’un grâce à son engagement pour Malimba son peuple, pour lequel elle travaille beaucoup.
Il serait souhaitable que les responsables du blog ou les professionnels de la communication prennent son attache pour avoir des informations sur le sens de son combat, ses réalisations, son histoire : ce serait très intéressant pour l’histoire et la postérité.

17- Mulimba moto mô, Bwambo bô, Bwemba bô, l’année 2010 sera-t-elle année de réconciliation du peuple Malimba ? Et êtes-vous prêt à faire des concessions majeures pour atteindre cet idéal ?

NDOUMBE MARCELIN: L’année 2010 sera l’année de la clarification et dans la famille de ce mot, il y a clarté qui rappelle la lumière : cela veut tout dire.
Parlant de clarification est-ce que quelqu’un a jamais interrogé le peuple Malimba pour savoir ce qu’il veut, quel est son problème ? Nous voulons d’une réconciliation pour le peuple mais sans le peuple. Ceux qui l’évitent savent pourquoi.
Si la réconciliation concerne le peuple, il lui reviendra de faire des concessions. Quant à ce qui me concerne, je m’inclinerai devant toute décision du peuple. Je peux déjà assurer que j’évite d’être esclave de quoi que ce soit dans la vie : cela me laisse une très grande liberté d’action et de décision dont je me réjouis.

18- Si chaque Malimba prenait sa part de responsabilité de nos échecs, si faire amende honorable avait un sens chez nous, si nous imaginons le Mulimba perfectible, n’est-il pas grand temps de tourner définitivement la page même si individuellement des éventuels recours restent possibles ?

NDOUMBE MARCELIN: Je passe outre le fait que la question est imprécise et comporte des contradictions, il faut peut-être tourner la page, mais laquelle ? Quelqu’un a écrit dans ce blog quelque chose du genre : combattez le diable qui est dans votre maison sinon vous le retrouverez sur votre chemin. Je partage entièrement cette sagesse.

19- Durant cette crise inter-Malimba, qu’est-ce qui vous a le plus touché chez tes contradicteurs ?

NDOUMBE MARCELIN: Je voudrais d’abord, à l’attention des Malimba, rappeler que je ne dois de l’argent à personne dans la communauté, au contraire…, que je n’ai arraché quoi que ce soit à qui que ce soit, que j’œuvre pour l’essor de la communauté depuis de nombreuses années. En termes de responsabilité directe :

Je suis président du CREPMA (Cercle de Réflexion et d’Etudes pour la Promotion de MAlimba) dont les activités sont en veilleuse depuis 1999, année de création de ILIMBE-ILIMBE, pour ne pas faire ombrage à cette dernière.
Je n’ai eu aucune responsabilité formelle dans ILIMBE-ILIMBE depuis sa création bien que j’y ai énormément travaillé jusqu’en 2005.
Ce rappel fait, je dirais qu’il y a deux catégories de contradicteurs :
•La première est composée d’une coalition de quatre personnes : KUTTA DOOH Henri, MOUBANDJE Jean Paul, EDOUBE Lucien Célestin et MOUTYMBO Rosette, épouse AYAYI.
KUTTA était le tout premier candidat déclaré à la chefferie supérieure du canton Malimba-Océan, il avait comme lieutenant MOUBANDJE qui tirait lui-même ses propres ficelles comme vous le constatez aujourd’hui. Ils avaient des liens particuliers depuis leur village Bossambo-farm et dans la vie. C’est normal.
EDOUBE était le dernier candidat à la chefferie supérieure du même canton. Beaucoup ne le savent pas. Mais sa stratégie était à deux volets : bloquer la procédure d’homologation de ma désignation, susciter sa candidature par le camp des vaincus appuyé par les chefs BONNY Sadrack, EWANDJE et KEMA. Cette stratégie lui avait réussi dans la conquête de la Mairie de Mouanko en 2002. C’est normal.
Mme AYAYI était le soutien fort et inconditionnel du candidat EBOUE dont elle avait la mission de promouvoir la candidature. Il fallait qu’elle obéisse au village dont ils sont tous les deux originaires (Boongo), qui le lui demandait. C’est normal.
•La deuxième est composée de seconds couteaux, agitateurs en mal de bravoure et de popularité entraînés dans un jeu dont ils ne maîtrisent ni les enjeux, ni les conséquences.
Il est aisé de comprendre qu’en dehors de MOUBANDJE qui est de nature exubérante parce qu’il veut s’affirmer, les véritables acteurs sont muets et cachés. Les autres sont des porteurs d’eau qui font diversion et sur lesquels il n’y a pas lieu de s’attarder.
Ceux qui ont été battus avant d’avoir combattu tiennent ferme à leur revanche et à n’importe quel prix.
Cet éclairage apporté, pour répondre à la question, le constat que je fais est le suivant : la lâcheté, le mensonge, la fourberie, l’inconsistance, l’incohésion, l’obscurantisme, le manque de lucidité et d’objectivité, l’exploitation de la crédulité et de la pauvreté du Malimba.

20- Quelle a été pour vous l’heureuse surprise pour cette année 2009 qui s’est achèvé ? de plus, la diaspora, nos élites et universitaires, ont-ils été à la hauteur ?

NDOUMBE MARCELIN: En toute honnêteté, la prise de conscience, la détermination et la résistance des populations de Malimba-Océan.
Nous espérons qu’au fur et à mesure des clarifications, ils (NDLR: les intellectuels) ne tarderont pas à se manifester et à participer.

21-Un vœu pour 2010 au peuple Malimba ?

NDOUMBE MARCELIN: Santé, paix, détermination et solidarité dans des actions pour le développement.

Le Blog Malimba vous remercie de votre disponibilité
PROPOS RECUEILLIS PAR BLAISE DIBOTO et THEODORE BOONGO
 

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