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19.02.2007
Kribi : Le maire et le député se déchirent
L’accès au quartier Mboa Manga a été interdit à Grégoire Mba Mba par Serge Benae. Perin Melchior Nzie (Correspondance particulière) ---------------------------------------------------
Grégoire Mba Mba, maire de la commune urbaine de Kribi, a été interdit de circuler dans la ville hier, jeudi 15 janvier 2007.Le conseil municipal a démarré une tournée économique dans les différents quartiers et villages périphériques de la ville. Dans sa 4e étape, la tournée devait se tenir aux quartiers Mboamanga et Talla ce jeudi. Mercredi 14 février, les tracts circulaient déjà dans cette partie de la ville, lesquels tracts traduisaient une motion d´interdiction de la tournée du maire dans lesdits quartiers.
Hier matin à Mboamanga, quartier situé de l´autre coté du pont sur la Kienke, toutes les entrées sont barricadées. La route centrale est pleine de pneus. De part et d´autre de la route se trouvent de vigoureux garçons aux torses nus et apparemment éméchés. Le commissaire de sécurité publique était déjà dans ces quartiers très tôt ce jeudi 15 et a instruit aux miliciens de dégager la voie publique. Ce qui n´a pas suffi pour apaiser les manifestants. Martial Madiba, 2e adjoint au maire de la commune urbaine de Kribi et natif du quartier, affirme que la milice a été formée par Serge Benae, député Rdpc de l’Océan-sud et fils du regretté chef d´Etat major du Président de la République, le général de brigade Blaise Benae Mpeke."Il était lui-même devant cette milice quand je lui ai dit face à face de ne pas enrôler les innocents dans une bataille qui ne les concerne pas. Je suis de Mboamanga et ils sont venus même barrer l´entrée de ma maison", ajoutait il totalement courroucé.
De son coté, le maire Mba Mba, dans une correspondance, a affirmé que même le chef de groupement Batanga sud, sa majesté Michel Mahouve, a interdit la tenue de cette tournée économique, dont le but proclamé est de demander aux populations des différents quartiers de mettre sur pieds des projets pour un financement qui proviendrait de la Cotco. Les premières négociations dans ce sens entre la mairie et cette entreprise démarre le 20 février prochain. "Il [Serge Bénaé] m´a dit au téléphone que c’est lui qui a donné l´ordre de fermer tout et que la tournée ne devait pas se tenir dans son territoire", affirme le maire.
Casse "Les gars qu´on a monté pour barrer la route sont sous l´impulsion de sa majesté Mahouve et "Babou", le sobriquet du député en question", ajoute le maire. Ces jeunes sont allés au quartier Talla où se trouve l´antenne de la Crtv, et ont déchiré les bâches et détruit les poteaux prévus pour l’implantation des tentes de la cérémonie."J´ai perdu mes bâches, mes poteaux, tout mon matériel, qui me paiera cela?", s´interrogeait le principal organisateur de cette tournée au quartier Talla.
Joint au téléphone, le chef de groupement Batanga-Lohove, sa majesté Michel Mahouve, magistrat en service au ministère de la justice, nous a révélé qu’il se trouvait à Yaoundé. Mais qu’il a été informé, la veille de la tenue de ce meeting à Mboamanga. Il aurait alors appelé le maire Mba Mba, qu’il dit être son ami par ailleurs, pour lui suggérer de différer ce rassemblement à l’intérieur de son groupement, parce que "nous avons une tradition qui nous impose, pendant au moins un mois, le respect dû aux morts. Nous avons enterré notre frère, le général il y a peu et nous ne sommes pas encore prêts pour des manifestations politiques ". Il indique que le maire lui aurait répondu que personne ne pouvait l’empêcher de tenir meeting dans un quartier de sa ville, ni quand il pouvait le faire.
Le chef de groupement ajoute que, selon ses informations, " le maire se serait présenté non pas accompagné des membres de son exécutif communal, mais plutôt avec des candidats annoncés aux prochaines élections législatives. Ce qui confirmait l’option d’un meeting politique que nos jeunes n’ont pas dû apprécier ". Alerté, le préfet de l’Océan, Jean-François Vilon a convoqué le député Serge Benae, le maire Mba Mba et les forces de maintien de l´ordre pour une réunion de crise. Au sortir de ladite réunion, le préfet a invité chacun des protagonistes à prendre ses responsabilités et à préserver l’unité du parti au pouvoir, le Rdpc. Cet incident est survenu au moment où la ville de Kribi abritait la cérémonie de reconstitution du sommier politique lancée par le comité central du Rdpc qui est en guerre contre la création anarchique des unités de base. A l´intérieur de la maison du parti hier matin se trouvaient les protagonistes de la crise qui ont failli en venir aux mains. Le climat politique dans la cité balnéaire est très tendu alors que les élections municipales et législatives se profilent à l’horizon avec déjà des étincelles en perspective lors du renouvellement des organes de base du Rdpc et des primaires au sein de cette formation politique qui est dominante dans le chef-lieu du département de l’Océan, province du Sud. La moindre action menée par un acteur politique entraîne un débordement. La ville apparaît divisée en deux clans, notamment celui du maire et le celui du député.
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