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16.08.2007
l’héritage de Rudolph Douala Manga Bell
Débat houleux sur l’héritage de Rudolph Douala Manga Bell
Le célèbre roi des Bellois est entré au panthéon des patriotes. Mais les principaux axes de son combat restent méconnus.
“ Que reste-t-il du combat de Rudolf Duala Manga Bell ? ” Tel est le thème de la conférence donnée la semaine dernière à Douala par Martin Ntoné Kouo et Me Evelyne Mandesi Bell, dans le cadre des cérémonies marquant la 93è commémoration de la mort du chef historique Sawa. Les exposés de ces conférenciers ont suscité un débat contradictoire. Il est reproché aux conférenciers de réduire l’œuvre du roi Rudolf Duala Manga Bell à celle d’un simple chef de clan, et de remener son combat aux revendications foncières. Après des échanges très houleux, toutes les parties arrivent à la conclusion que le règne du roi Rudolf Duala Manga Bell a été celui d’un homme prônant la paix et le rassemblement. “ Restez unis et solidaires, c’est le moyen de triompher de vos ennemis. ” Telle était sa dernière confidence à la veille de sa pendaison.
Il reste que son combat, mieux son plaidoyer dans le contentieux domanial contre le pouvoir colonial, demeure la démarche fédératrice et fondatrice de la nation camerounaise. “ Ce qui fait de lui, pas simplement une icône Douala, mais une légende nationale ”, relève Suzanne Kalla Lobe. A ce titre, les idéaux défendus par Rudolf Duala Manga Bell en sont un héritage pour le peuple camerounais, même si la communauté Sawa en général et la communauté Bele Bele en particulier se glorifient de ses exploits et en font un exemple. D’où le cri de ralliement “ Ngum a jemea ! (La foi inébranlable !)”, scandé pendant les différentes cérémonies marquant la commémoration. Car, pour le peuple camerounais, son combat a été celui d’un nationaliste. A ce titre, il inspire des valeurs de patriotisme, de courage, de paix, de plaidoyer et de la non-violence.
Historique
Le Tet’ekombo a été créé pour redonner vie à cette œuvre grandiose et valoriser ses valeurs. “ Il s’agit de célébrer le héros, le martyr, le mythe, la légende, pour davantage le faire connaître.” Chaque année, la communauté Sawa en général et Bele Bele en particulier organise les festivités commémoratives de la mort du roi Rudolf Duala Manga Bell. Dimanche 12 août, la mobilisation était encore plus grande. La cérémonie de clôture a été marquée par trois temps forts : le culte œcuménique à la paroisse Uebc Dipita Bali, l’inauguration du tissu Bona Bele et une procession dans la ville de Douala. “ Il n’est plus question de pleurer, mais de rendre hommage à Rudolf Duala Manga Bell”, précise Dina Manga
En 1910, Théodore Seitz, gouverneur allemand au Cameroun, soutient un projet d´urbanisation dit “ Gross Douala ” qui doit faire de la ville, l´un des plus grands ports d´Afrique. Il est prévu pour cela, d´exproprier les Duala (et les noirs en général) des plateaux Joss, Akwa et Deido, leur lieu d´habitation traditionnel devant devenir la ville européenne. De nouveaux lotissements (New-Bell, New-Akwa, New-Deido) seront aménagés à l´arrière du pays pour les autochtones, selon le nouveau plan d´urbanisation. Ces nouveaux lotissements seront séparés de la ville européenne par un No man´s land d’un kilomètre de large.
Rudolf Douala Manga va s´opposer à ce projet qu´il qualifie de “projet d´apartheid.” Pour mener cette résistance, il est mandaté par les peuples autochtones et d’ailleurs. C’est ainsi que, le 8 août 1914, celui qui conduit la première résistance nationaliste et tous ses alliés sont, soit pendus, soit fusillés par l’administration coloniale allemande qui les a jugés et condamnés pour “ trahison ”. Pendant que Duala Manga Bell est pendu à Douala en même temps que son secrétaire et cousin Adolf Ngosso Din et Richard Din Manga, Martin Paul Samba est fusillé à Ebolowa, Madola à Kribi. Les lamibé de Kalfu et de Mindif subissent le même sort. Il en est de même pour cinq dignitaires du Lamidat de Maroua.
Par Mathieu Nathanaël NJOG
Le 16-08-2007
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