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05.05.2007
Douala : Un patrimoine culturel riche, ville d´art et d´histoire
Marion Obam Mutations
La capitale économique du Cameroun, Douala, accueillera le Salon urbain de Douala (Sud), du 9 au 16 décembre 2007. Organisé par l´espace d´art contemporain Doual´art, la programmation du Sud n´a été possible que grâce à la tenue effective de deux symposiums Arts & Urbis à Douala en 2005 et en mars 2007. Le Sud va projeter dans l´espace urbain des oeuvres d´art, des animations et offrir des espaces d´échange et de réflexion. Un événement dont la particularité réside non seulement dans le fait innovateur qu´il imbrique dans l´espace urbain un certain nombre de réalisations artistiques, mais également parce qu´il se situe au bout d´un parcours commencé depuis 2005, quand fut lancé le premier symposium Arts & Urbis. Mais l´action se déclenche par le lancement officiel par le ministère de la Culture, en 2001, de l´inventaire du patrimoine culturel camerounais.
"L´opération avait commencé en 2002 par la province de l´Ouest, mais nous nous sommes rendus compte que faire l´inventaire du mobilier (objet d´art) était un travail fastidieux et complexe. Il a été réorienté vers l´immobilier. La phase pré-inventaire a commencé dans le Littoral en 2004", explique Joseph Mayi Ongla, chef de service provincial du Patrimoine culturel pour le Littoral. Une opération qui avait deux objectifs, faire découvrir au camerounais quel est leur patrimoine culturel, mais aussi de faire une sélection des biens culturels susceptible de figurer sur la liste du patrimoine mondial de l´Unesco. Ce travail a permis de faire une classification d´une cinquantaine de monuments historiques de la province répartie en sept catégories : monuments et stèles, sites naturels, architectures coloniales, funéraires, palatales comme le palais Dicka Akwa, la pagode et religieuses ; enfin les structures de génie civil comme les ponts sur le Wouri et sur la Sanaga.
Difficultés
Ce document, qui a d´ailleurs donné lieu à une carte permettant de localiser le patrimoine immobilier à valoriser et à protéger, n´est pas encore validé. Joseph Mayi Ongla apporte des éclaircissements. "Il y a enlisement dans la procédure à cause de plusieurs paramètres. Le premier c´est que beaucoup d´objets et de sites appartiennent à des particuliers ou à des communautés. Ce qui demande des aspects juridiques importants si le gouvernement veut s´en approprier. Dans nos us et coutumes, il y a des objets qui ne peuvent pas être touchés ou transportés de peur de les désacraliser et de briser un mythe qui a longtemps entretenu la paix", explique-t-il. Il y a eu des propositions. Notamment, confier ces objets à l´Etat ou alors permettre aux détenteurs de ce patrimoine d´aménager un espace pour rendre le site ou l´objet visible et recevoir un appui technique et financier du gouvernement. Mais, jusqu´ici, elles n´ont pas encore été validées.
Doual´art a décidé d´apporter sa pierre à l´édifice en mettant sur pied le projet Douala, ville d´art et d´histoire. Il s´agissait, d´après Didier Schaub, directeur artistique de Doual´art "de faire un monument devant chaque trace ancienne de la colonisation, d´un évènement heureux ou malheureux qui a marqué la vie de la cité. De saisir chaque occasion de parler d´un pan de l´histoire". Le designer Sandrine Dole a conçu les œuvres, Blaise Njoya et Lionel Manga ont rédigé les textes. Au finish, des grandes arches en fer avec une planche en plastique incrustée au milieu, qui relate les résistances et les revendications des Camerounais, et aussi le sang qui a coulé, les assassinats, les fusillades et les pendaisons. "Ce travail vise également à redonner une dignité à ces Camerounais qui ont été des acteurs méconnus ou peu connus de l´évolution de la vie de ce pays", explique Marilyn Douala-Bell Schaub, directrice, responsable des activités de développement urbain de Doual´art.
La ville est un espace de vie mais aussi un lieu de passage, qui semble prôner la mobilité des individus et des flux. Certains s´arrêtent un instant, tandis que d´autres investissent plus longuement un banc, un parc ou un carrefour. D´autres encore ne font que défiler sans prêter attention à leur environnement immédiat. "Nous voulions réaliser des visuels avec ce qui existait pour fixer la mémoire de chaque Camerounais mais aussi des étrangers de passage ici", livre Didier Schaub. C´est pour cela que dans la ville de Douala, une vingtaine d´arches ont été déposées devant les bâtiments comme la villa Mandessi Bell, la Pagode, la Communauté urbaine de Douala, le Palais de Justice…
Ouverture
Artistes, architectes, promoteurs culturels, journalistes spécialisés, critiques d´art, et autres professionnels, qui ont observés la ville en mars dernier, ont effectué des recherches en vue de produire une base de données historiques, géographiques, démographiques et socioculturelles, qui vont elles même permettre de créer une vision inexplorée de la ville. Vision qui va porter des initiatives artistiques inédites pendant le Sud. Leurs travaux vont aborder des thèmes aussi divers que la mobilité ou la circulation urbaine, les sites historiques, les lieux dits, et les supports utilisés, vont de la vidéo à la peinture en passant par la photo, le son et l´écriture. Mais il est surtout question de démontrer comment l´art peut participer au développement de la communauté. Une initiative qui permettra de faire vivre et connaître le patrimoine culturel à Douala. Du moins, l´essentiel de ce qui est déjà recensé et classifié…
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