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19.06.2007

BAKASSI : Découvrez la péninsule - Discover the Peninsula 

© LUKONG Pius NYUYLIME, Cameroon Tribune


Ce coin du Cameroun déjà chargé d’histoire marque à sa manière l’esprit de ceux qui, après un long périple, s’y aventurent. Découverte(s)...

Des tessons de lumière dansent à la surface de l’eau. Le soleil se mire dans la mer au moment de se lever. Fendant les flots, une embarcation rapide de l’Armée camerounaise, partie avant l’aube de Limbe, trace un sillon d’écume persistant en direction de son objectif : la péninsule de Bakassi. Celui qui se déplace pour la première fois en direction de cette partie du pays située dans le département du Ndian, province du Sud-Ouest, peut nourrir quelques fantasmes. Alors que l’air du large lui fouette le visage, que sous ses yeux, à la faveur de l’aurore, le Mont Cameroun commence à percer le manteau de la nuit et que quelques poissons s’écartent prestement de la route du bateau, le voyageur songe peut-être à une plaque du genre " Welcome to Bakassi ". Il en sera pour ses frais, ce moussaillon. Bakassi, c’est un ensemble de localités, dont la visite se révèlera riche en enseignements pour l’équipe de CT ayant opéré la descente. Après avoir vogué sur l’océan, le Rio del Rey et le Ndian, les reporters ont atteint ce qui est probablement la région reculée la plus célèbre du Cameroun.

1- Akwa : belle mer et bonne terre

Le nouveau venu voit d’abord le drapeau du Cameroun qui claque au vent. Puis il est frappé par la quantité d’arbres, porteurs de fruits et dispensateurs d’un ombrage opportun en ces lieux fort ensoleillés. Les oiseaux, rarement absents des beaux tableaux de la Nature, gazouillent à cœur joie. Non loin de la base militaire se dresse la sous-préfecture de Kombo Abedimo. Le même vert-rouge-jaune est réaffirmé sur la plaque. A l’entrée, bien visibles, des affiches convient les citoyens à exercer leur devoir civique lors des prochaines élections législatives et municipales. Ceux qui voudraient être rassurés le constatent : l’armée et l’administration sont bien présentes dans cette partie du pays. Et qui encadrent-elles ? Une population qui semble calme et laborieuse. Accueillante aussi. " You are welcome ", esquissent quelques habitants. Des dizaines de cases, de petits commerces, lieux de culte, etc. complètent le décor. " Le sol est très fertile ici. Les enseignants du Cetic ont mis des plants en terre et les choses poussent vite ", confie un Camerounais en service dans la zone. Ce n’est pas tout.

" Les lundis et les vendredis, les populations d’Akwa et de localités voisines vont faire leur marché à Ikang [au Nigeria]. Les deux monnaies [Cfa et naira] circulent ", précise notre source. Avec les autorités, il n’y a apparemment aucun problème. Les populations ont défilé le 20 mai dernier, assure un gendarme, pour qui le spectacle " était formidable ". Depuis janvier 2007, des actions civilo-militaires sont menées dans la localité, portant notamment sur l’amélioration d’infrastructures (adductions d’eau, écoles, centre de santé). Ce qui profite évidemment aux habitants.

2- Mbenmong : fruit des champs

Selon des autorités camerounaises rencontrées sur place, la localité compte quelque 300 habitants. Un bon nombre d’entre eux doit se consacrer au travail de la terre. A Mbenmong, les champs de manioc et autres arbres fruitiers se taillent une belle place dans le paysage. Peut-être une trop grosse place. Le directeur de l’école primaire du coin reproche à certains parents d’élèves — non contents de ne pas acheter de fournitures à leurs enfants, au motif que l’administration nigériane le faisait — de détourner leurs rejetons des salles de classe au profit de quelques sillons à creuser en brousse. Quoi qu’il en soit, l’école est là et ce n’est pas la seule structure dont bénéficie la population. Une population qui présente pratiquement toutes les tranches d’âge. Ici, un gamin puise de l’eau. Là, deux jeunes filles regardent, apparemment intriguées, la troupe qui vient de débarquer dans le village. Là-bas, un planteur débouche du sentier, une cuvette de provisions sur la tête…

Chez le chef, homme d’âge mûr, l’équipe de CT apprendra qu’à Mbenmong, les villageois ont aussi des attentes. Au nombre des doléances adressées au gouvernement, figurent pêle-mêle les problèmes de route, d’électrification, mais aussi… la demande d’un hôtel de ville. Il y a sans doute plus urgent, comme la lutte contre la maladie, menée sur les lieux par l’armée camerounaise. L’actuelle responsable du centre de santé, l’adjudant Hélène Meyo, assure que les accès palustres, la diarrhée ou les mycoses feraient encore plus de ravages sans une réponse appropriée.

3- Issobo : la pêche d’abord

C’est étonnant ce que Bakassi peut présenter comme visages variés. A Issobo, dans l’arrondissement d’Isangele, le sable et les coquillages sont partout. Les filets de pêche achèvent d’asséner l’évidence : vous êtes en plein dans un village de pêcheurs. Mais également de commerçants. A ce stade du voyage dans la péninsule, le voyageur est probablement arrivé au point le plus animé — pour le moment.

Des antennes paraboliques en version locale — en fait, un bambou avec un dispositif métallique au sommet — fusent de nombreuses cases faites en paille. Quelques postes crachent de la musique. Des enfants jouent sur le sable et devant ce salon de coiffure voici deux femmes à l’air résolu… Il y a même des poteaux électriques munis des fils qui vont avec (même si l’énergie électrique provient uniquement d’un groupe électrogène). Une légère impression de promiscuité se dégage toutefois. Cette bande de terre est densément peuplée. Il faut dire que dans la zone, la pêche semble une activité plutôt lucrative, ce qui peut attirer du monde. " Les eaux sont très riches en poisson ". L’affirmation a été faite par plus d’une source. Et puis, il y a cette activité commerciale relativement importante.

Issobo a d’autres particularités. Ici, les autorités camerounaises ont en projet de réhabiliter le réseau électrique. En attendant, le centre de santé rénové — et tenu par du personnel du ministère de la Défense — apporte soulagement contre les dermatoses, les plaies infectées et les vers intestinaux. Dans la structure, du niveau d’une infirmerie de district, la consultation et les médicaments sont gratuits, assure l’infirmière en chef. De quoi faire rêver d’autres coins du pays. Des attentes existent, cependant. Entre autres choses, un renfort en enseignants (ils sont deux actuellement), et l’implication d’Issobo dans la vie politique nationale, à travers les consultations électorales notamment.

4- Kombo Amundja (I, II et III) : business land

Une chèvre au bord de la mer ça ne semble pas courant. Le caprin aux flancs ballonnés broute pourtant des palmes sur les berges de Kombo Amundja II ce samedi matin. D’autres détails capteront le regard. Le commerce du bois par exemple. La mangrove, avons-nous appris, est sujette à une intense exploitation. Aussi n’est-il pas surprenant de voir des entassements de fagots. C’est une autre des richesses de Bakassi. Les habitants de Kombo Amundja I, II et III (des hameaux si proches que de l’un on voit les deux autres) se livrent aussi à la pêche aux crevettes. Sur la plage, un jeune homme a ses deux sacs de crevettes fumées d’au moins douze kg chacun, qu’il vend 10 000F le sac. Au Nigeria voisin — il n’a pas accepté la proposition du reporter de les lui acheter.

Selon des informations recueillies sur place, les pêcheurs vont à l’eau tous les jours et la mer semble permanemment généreuse. A terre, des espaces sont aménagés pour servir de fumoirs géants. Le petit commerce, lui, semble également florissant : produits manufacturés — provenant du Nigeria ou au Cameroun, comme ces produits des brasseries —, de l’huile, etc. sont proposés. " Les populations étaient hostiles ici après le retrait des troupes nigérianes. Mais depuis lors, ça va mieux ", confie un officier à CT. Une des préoccupations maintenant est d’améliorer le cadre de vie des résidents. La mer est tellement proche qu’à intervalles réguliers, elle s’invite dans les demeures.

LUKONG Pius NYUYLIME


Le champ militaire

L’armée s’est piquée d’agriculture sur un des sites de la péninsule.

"Nous récolterons bientôt des tonnes d’arachides ici ". L’officier en service à la Base logistique avancée (Bla) de Kombo Etindi se veut sérieux à au moins 50%. Et c’est non sans fierté qu’il balade l’équipe de reporters à travers ce qu’il appelle le champ expérimental de l’armée. Quelque trois hectares de terre sont mis en valeur, à en croire notre officier. A terme, le champ devrait atteindre cinq hectares. Pour l’instant, la promesse des fleurs annonce du manioc et de la pistache. " Nous travaillons avec l’Irad d’Ekona. Nous avons reçu des plants de manioc sélectionnés ", explique notre guide. Cette espèce de manioc est censée produire en grande quantité. " La terre est très fertile dans la région ". Ce qui devrait donner une combinaison plus que gagnante.

Après le manioc, nos planteurs visent donc l’arachide. Et d’autres cultures comme l’igname. Un des objectifs de l’armée, dans le cadre de cette opération précise, est de démontrer que l’agriculture est une activité qui peut s’avérer payante ici. Question de donner quelques idées aux populations qui pourraient un jour venir s’installer là. A Kombo Etindi, en plus de la forêt de type clairsemé et la savane boisée, il y a évidemment l’ouverture sur la façade maritime. Le poisson, qui ne manque pas ici, pourrait bien s’accommoder d’une sauce pistache avec des ignames cuites à point.

A. N.


Living on Fish and Mangrove

These are the two main resources that provide revenue for the people.

The swampy peninsula and associated small islands are strategically located with surrounding waters rich in fish, mangrove forest and submarine oil deposits. Until the oil exploitation effectively goes operational, the major economic activities, though uncoordinated revolve on fishing and exploitation of mangrove. Agriculture is minimal with a few villagers in Isangele and Kombo Abedimo sub divisions cultivating cassava for processing into gari, a palatable dish in the area. They equally transport some to Nigeria for sell.

Fishing in the various localities of Bakassi is still getting out of its primitive phase. Apart from the presence of a few engine boats popular called, Flying boat, there are no other indicators as to the activity having some modern undertones. But the Bakassi man swears and lives by the fish. The creeks harbour quite a great deal of various species of fish which is caught, smoked and sold in Oron in Nigeria.

According to Assurance Inyang, the Secretary General of Kombo Amunja II, the setup did not favour the marketing of fish in Cameroon. "So far, we have been selling our fish in Nigeria and we hope with the settling of the problem between Cameroon and Nigeria, we will start taking some to other parts of Cameroon", he told Cameroon Tribune.

As far as mangrove exploitation is concerned, the Gidi-Gidi area remains the nerve centre. Almost half of the mangrove trees at the river banks have been floored. The population says, the mangrove wood is extremely good for fish smoking. The local administrative and military authorities however say much of it is exploited and sold in Nigeria. The chief of post for forestry and Wildlife has admitted this would be his major challenge to arrest the abusive cutting. "The area is really large. For now, I have no equipment to follow up this activity. I need an engine boat to track down culprits", he said. The tracking down will certainly take place after the five years of special regime set by the Green Tree Agreement are elapsed. While waiting for this period, the forestry authority will simply monitor the activities and prepare his strategy.

The mangrove wood is equally used in the area for construction and as fuel wood. Mangrove wood burns even when it is fresh! This, as explained by the local people, is because of the presence of petrol in the area.

And talking about petrol, prospects of the area being completely transformed into an economic bastion are rife. KOSMOS ENERGY, a private international oil exploration and production company with headquarters in Dallas, United States, recently agreed to carryout exploration activities on the Ndian River block. According to a press release from the National Hydrocarbons Corporation (NHC) issued on February 13, a contract will be signed to that effect to enable the American company carryout exploration activities for a three-year period. The American company is expected to, among others, conduct aeromagnetic and gravimetric surveys in the block.

The Ndian River block is known to have witnessed several sequences of geophysical and drilling activities in the past where three wells were drilled. The latest was drilled by ELF SEREPCA in 1997 and it unveiled oil and gas reserves. The Ndian River block has seen no other significant exploration since 2001.

LUKONG Pius NYUYLIME


We Are the Residents

The Efik people remain the indigenes of the Bakassi peninsular.

The big question on every lip after August 14, 2006 when the Green, White, Green flag belonging to the Federal Republic of Nigeria was lowered at Akwa, one of the localities in the Bakassi peninsula to give way to the Green, Red, Yellow flag of the Republic of Cameroon in application of the United Nations Supervised Green Tree Agreement, is who lives in Bakassi? In effect, the Bakassi peninsula with a total area of 1,000 sq km, located on the Cameroon-Nigeria border, at the south east end of the Gulf of Guinea, is traditionally inhabited by the Efik people, the majority of whom are fishermen of Nigerian extraction.

They speak mostly Efik language. English and French are virtually absent. However, Pidgin English is used especially when communicating to people foreign to the area. About 99 per cent of the population has their ancestral leanings to Nigeria. The few Cameroonians found in the villages in Bakassi are on government assignment. Most of them were sent there at the commencement of the application of the Green Tree Agreement. They are mostly teachers, sub divisional officers and delegates of some government ministries. The latter live in makeshift structures. In Akwa II for instance, the chief of post for forestry and wildlife lives in the D.O’s office with the D.O. and his assistant. In Akwa I, the headmaster and only teacher of the school under rehabilitation lives in one of the classrooms without a window. However, the serious renovation work going on in the school and carried out by the military engineers has earmarked a suitable room for him.

In Bakassi, each village has a traditional chief or chiefs and a secretary general. From Chief Samson Etim of Anke Akwa I, Etim Okon Etim of Akwa II to Maurice Okon of Akwa III, all is well between them, their population and representatives of the administration. "We feel comfortable staying with Cameroonians here", Chief Samson Etim told Cameroon Tribune. "We live here like brothers and sisters", he added. Victorine Adrianki, one of the people who represented her people in Yaounde for March past during the last Youth Day celebrations, is extremely happy with the Cameroonian government. "What government has done here in terms of infrastructure is more than what we expected", she said.

Peculiarities

Apart from the administration that has started trickling into the peninsula, life in the area, development projects are basically in the hands of the Cameroon military engineers who are busy constructing schools, health centres and hospitals, water points and administrative buildings. The nurses that we find there are all of the military. Their presence in these sectors besides their protectorate military role enkindles hope in the population who are certain of the brighter future for the area.

But the Bakassi people have their own way of looking at life. Even with the presence of the school, they wouldn’t like to send their children there. Reason; the Cameroonian education system has just been introduced to replace the Nigerian system. Some children who were already well ahead in primary six for instance are obliged to start anew or slide backward to an inferior class. Many are not happy with the situation. Those that have accepted the new dispensation complain of inadequate number of teachers. "We have only one teacher and the children are complaining", Chief Maurice Okon of Akwa III said.

The building and rehabilitation of health centres is well appreciated by the Efik people. But they are still to understand the importance of a health centre. Many women continue to give birth at home and preferably in church houses. As explained by the Assistant Divisional Officer for Kombo Abedimo, Soh Fokam Jean Blaise, the Efik man does not like any other person to see the nakedness of his wife. The major illnesses common among the people of Bakassi are abdominal pain and other stomach disorders. Malaria is not common. "In spite of the free treatment administered to the population by the military, very few people go to hospital", an authority of the hospital at Isobo said.

In Bakassi, the main religious denomination is the apostolic church. Saturdays are serious days of worship during which almost all the villages are emptied into the church houses. Like any other African community, Bakassi people also believe in witchcraft. In Kombo Amuja II, a young man was seriously harassed by the population for putting witchcraft into a woman’s food.

As the Afik people continue to live in the area, there are questions as to when and how soon Cameroonian population will install in the area.

LUKONG Pius NYUYLIME
 

Source: Cameroun tribune | Hits: 32033 | Envoyer à des amis  ! | Imprimer ! | Réagir(0)

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