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09.07.2007
La Pagode: Le palais royal transformé en centre d’affaires
Du 5 au 13 août 2007, la communauté belloise a commémoré le 93e anniversaire de l’exécution du roi Rudolf Duala Manga Bell. Alors que son patrimoine est altéré.
Depuis 1936, soit 50 ans déjà que sur initiation de la communauté Belle Belle, l’on commémore chaque année la mort de Rudolf Duala Manga. “ Tet’ekombo 2007 ”, a encore rendu hommage à cet homme exécuté par les Allemands. Avec lui, ses compagnons de combat (Ngosso Ding, Martin Paul Samba, Madolla) pendus le même jour (8 août 1914) et de ses plus proches collaborateurs. Pour que le Cameroun tout entier se souvienne des martyrs morts pour la patrie. Dommage que la cérémonie soit encore réduite à la communauté belloise, mieux Sawa. Pourtant ce martyr est l’un des premiers nationalistes africains. Car, son combat n’était pas celui d’un chef de communauté, mais celui de la défense de l’intégrité nationale. A ce titre, il a été élevé au rang de héros national en 1985 par le président de la République en reconnaissance de la justesse de son combat. Il n’en demeure pas moins que son histoire et son œuvre sont rentrées dans le patrimoine culturel camerounais. En témoigne aussi les livres d’histoire qui l’ont révélé aux jeunes générations. Présentant une fresque émouvante de la vie et de la mort de l’un de ses nationalistes les plus valeureux. En mettant en exergue ses exploits, son courage, sa bravoure pour le montrer en exemple et immortaliser son combat.
Malheureusement sur le terrain on se rend bien compte que le patrimoine légué par Rudolph Duala Manga Bell n’est ni identifié, ni restauré, ni préservé et ni valorisé comme le veut le décret N°98/003 du 8 janvier 1998, portant organisation du ministère de la Culture et précisant les missions de la direction du patrimoine culturel. Ils stipulent que cette dernière est chargée, conformément à l’article 24, dudit décret entre autres “ du suivi des opérations d’identification, de restauration, de préservation et de promotion du patrimoine culturel. ” Il est resté une simple affaire du canton Bell, mieux de la communauté Sawa.
Abandonné aux orties
Pourtant l’un des symboles de ce court règne (1908-1914) du roi Rudolf Duala Manga Bell (12e de la dynastie), mais à l’immense héritage, est la Pagode. Située en plein cœur de Bonanjo où on trouve quelques bâtiments remarquables datant de la colonisation. C’est dans cette résidence royale que l’administration allemande est venue le capturer et l’emmener manu militari au camp miliaire allemand en territoire Bell (Bonanjo). Nous étions alors le 10 mai 1914, Rudolf Duala Manga Bell est arrêté à Douala sous l’inculpation “ de haute trahison et incitation à la rébellion.” C’est dans ce camp que va se dérouler le procès sommaire de 3 heures de temps. Il est présidé par le juge Niedrmeyer. La Cour le déclare coupable et le condamne à mort par pendaison. Il sera exécuté samedi 8 août 1914 à 16 heures et enterré dans le cimetière indigène (bois des singes). Il en va de même de son secrétaire Adolf Ngosso Din.
Le palais royal du chef Duala. Construit en 1905 par les Allemands, est la de résidence au roi des Bell, Auguste Manga Ndumbè (père de Rudolf Manga Bell), en est l’architecte et le propriétaire de la Pagode à Bonanjo. Elle a été habitée par deux rois Bell uniquement, Rudolf Manga Bell et son père Auguste Manga Ndumbè (1897-1908).
La Pagode est l’un des bâtiments les plus emblématiques de la ville de Douala tant pour son histoire que pour sa qualité architecturale. La dénomination Pagode vient de l’écrivain français Louis Ferdinand Destouches, plus connu sous son nom de plume de Louis Ferdinand Céline qui a séjourné à Douala de 1916 à 1917 et qui désignera ainsi cette résidence royale dans son roman “ Voyage au bout de la nuit. ”
Depuis 1920, elle est occupée par différents locataires. Même si elle demeure la propriété de la famille royale. A ce jour, elle est devenue un centre des affaires, que plusieurs opérateurs économiques occupent. La façade principale est occupée par un centre de massage et de rééducation (Kinecam), son aile droite est occupé par le Café des arts, l’aile gauche est occupé par une agence de voyage (Sdv voyage) et à l’arrière un centre médical privé et une société d’envoi et de réception de courrier à international. Le hall de cette Pagode a été aménagé par Marilyne Duala Bell (l’une des petites-filles de Duala Manga Bell), pour servir d’espace culturelle de référence, dénommé doual’art. Il propose et appuie la mise en œuvre des politiques artistiques et culturelles municipales. Initiateur et noyau d’un réseau de créateurs contemporains d’Afrique centrale, doual’art propose également son expertise à d’autres villes de la sous-région.
Par Mathieu Nathanaël NJOG Le 22-08-2007
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