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01.08.2005

L´IDENTITE CULTURELLE EN QUESTION 

Décidément, on ne dira jamais assez haut ni d´assez diverse manière que, la culture, âme et carte d´identité de tout peuple, est la première des valeurs politiques à respecter. Car si dans la longue odyssée humaine on ne compte plus les tyrans et autres maniaques du pouvoir absolu qui ont rêvé de refaire leur monde - voire le monde tout court - à l´image exaltée de leur soif particulière et au mépris des structures, des acquis et des impératifs traditionnels, on ne connaît que trop bien les échecs et les ravages inscrits dans l´Histoires par ces rêves de fous; tant il est vrai que l´on ne détruit ni ne méprise impunément un patrimoine.

Campé au cœur du Golfe de Guinée, le Cameroun s´enorgueillit d´apporter au panorama mondial des civilisations l´une des plus riches, des plus vivaces mosaïques culturelles. Est-il plus belle occasion d´apprendre que, dans la mouvance perturbée de l´Actualité, pareil trésor ne saurait survivre, et encore moins éclore en harmonie durable, sans le respect précisément de cette mosaïcité essentielle que constitue la diversité des traditions, des sensibilités, des potentialités créatrices du pays ?

Le malaise des vieux pays d´Europe en la matière est éloquent. En France, on voudrait se souvenir qu´on est d abord auvergnat, normand, breton. Pour le Britannique ou l´Espagnol. il reste acquis qu´on est irlandais ou celte, basque ou andalou. A telle enseigne que. face au centralisme jugé dangereux, le régionalisme s´est instinctivement ressoudé. Le développement des dialectes respectifs, avec tout le reste culturel, n´en est-il pas aujourd´hui une vraie aubaine pour les gouvernements nationaux ainsi rendus à l´inéluctable évidence de la complémentarité des cultures ? Lesquelles d´ailleurs s´avèrent de véritables mines d´or, le tourisme et le sportaidant !

Quant aux nations les plus modernes de la planète, elles ont réussi parfois comme le Japon, à demeurer également les plus traditionnelles ; ou comme les USA, à tonifier spectaculairement leur mosaïcilé culturelle, par réaction sans doute aux effets déshumanisants de la technologie ; d´où la structuration, dans les grandes villes yankees, de véritables villages ethniques: africains, chinois, italiens, portoricains, portugais, amérindiens, pour ne citer que ceux-là ; ainsi que l´usage quotidien des langues correspondantes à des lins commerciales, religieuses, ou simplement de patriotisme atavique ou de survie culturelle. Non, l´Afrique n´est ni la seule, ni la première sur la voie de la réhabilitation des langues et cultures traditionnelles ; et son adoption des moyens d´Occident évoque par leur nouveauté et leur inadaptation celle-même des frontières coloniales délimitant les nations actuelles : bien tracées, mais maladroites et conflictuelles, elles trahissent inutilement le moi ancien et en installent une nouvelle image cadrant mal avec les exigences solidaires de la planète.

A l´heure donc où s´épanouissent et se multiplient de par le monde carnavals et autres manifestations d´affirmation et de sauvetage culturels, dont les plus célèbres (pensez à Rio, à La Havane) sont même d´inspiration ou d´orientation africaine : à l´heure des écoles, des universités axées sur la préservation et le redéploiement des cultures anciennes d´Afrique et
d´ailleurs. il devenait, avouons-le, surprenant qu´au cœur même du Vieux Continent, les creusets et les garants de la tradition soient comme frappes d´apoplexie par une volonté politique occulte, en tous points étrangère aux terroirs concernés. Mieux, avec la bénédiction complice des administrations, des églises et autres volontés locales, sans s´en rendre compte, se faisaient les instruments d´une fin programmée de leur propre personnalité.

Aussi, profitant de mon exposition personnelle à la chose culturelle et à la Tradition Sawa en particulier, de mon background académique de linguiste, des devoirs de ma charge au sein du Ngondo, et par dessus tout, de ma dette d´honneur vis à vis de la consécration reçue du Fleuve le dimanche 3 décembre 1995, j´ai pris sur moi de raconter ici à nos enfants ce que je tiens moi-même de mes parents et grands-parents, de certains aînés et amis, de mes études et recherches. Enfin, la découverte toute fraîche d´un livre (1), en fait du tout premier livre de la littérature camerounaise écrite (que le Cameroun lui-même ne connaissait pas) m´est apparue sous les doubles traits d´une révélation et d´un symbole : la révélation que le premier écrivain de mon pays est mon propre grand-père, puis le symbole d´une mission à remplir. Certaines découvertes vous donnent, n´est-ce pas, des responsabilités à vous ôter le
sommeil...

Le livre en question, que nous détaillerons plus loin dans le chapitre XI, avait disparu de la circulation autour de l´année 1919 marquant l´arrivée des Français au Cameroun ; lesquels initièrent leur colonisation du pays sur des accents de coups de fouet, de violations intempestives de domicile et d´incarcérations arbitraires aux fins de découvrir, de saisir et de détruire tout vestige germanique. Les Duala en furent les premières et les plus grandes victimes. "Le moindre document en allemand découvert dans une case, disait mon père à ses petits frères souvent réunis autour de lui, valait au maître du logis une humiliante raclée de 25 coups devant épouses, enfants, voisins et curieux presque invités à la fête du châtiment exemplaire. A Douala, la Civilisation Française, c´était d´abord le spectacle de parents tremblants, creusant fiévreusement des trous derrière la case pour y enterrer
leurs lectures préférées, leurs documents d´identité parfois, les certificats, diplômes et que sais-je encore ?" (2 ) autrement dit, toute preuve de leur émancipation intellectuelle. On repartait à zéro, contraint d´oublier tout ce qu´on avait été jusque-là. Tout comme des esclaves débarqués sur un nouveau territoire hostile et lointain, aux allures d´enfer et aux couleurs de
cauchemar.

Et nos jeunes intellectuels de s´exiler dans l´anonymat social ou simplement vers d´autres cieux, pour éviter l´infamie de n´être pas francophones. Dans la ville d´après-guerre, la culture avait pris des relents de poudre à canon, et les cadres qui y restaient devaient accepter soit de collaborer, soit de sacrifier ce qui avait jusqu´alors fait leur fierté. Ainsi le Vicomte
Oswald Njo Dibone plus que tout autre dut-il oublier le prestige social de son titre de noblesse reçu à Berlin de l´épée impériale, oublier l´amitié de l´Empereur Guillaume II, oublier même qu´il fut le professeur de maints petits Blancs en Europe qui avaient lu, peut-être étudié son œuvre tant célébrée, pour s´habituer désormais à la seule image de son moi qui avait encore quelque poids aux yeux des siens : celle de l´homme de tradition qu´en fait il ne cessa jamais d´être, et qui tout naturellement alla se joindre au combat camouflé et pluriel de son jeune cousin le pasteur Adolf Lotin´a Same, (3 ) comme pour mieux poser au monde la grande interrogation du dilemme culturel africain, que j´illustrerai ci-après par mon cas personnel, assez représenta-tif d´une génération sacrifiée ; puis par celui d´un prêtre français, mon maître et confesseur d´hier, aujourd´hui mon ami, et, au sein de la Communau-té, le seul initié de race blanche, adopté au titre de Njan´a Moto et parfois violemment contesté par des voix du Duala Profond dans ce qu´on pourrait appeler le Grand Quiproquo.

(1) "MARCHEN AUS KAMERUN".
(2) La révolte de mon père lui valut en 1936 une affectation disciplinaire à Kribi, interprétée comme une déportation..
(3) Son combat camouflé dans la musique résida dans les paroles de ses cantiques aussi bien que dans son ostentatoire acceptation des incarcérations.
 

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